James White : le leader des adventistes sabbatistes par JL Chandler (09.05.2008)

1909321401.jpgAu début de l’année 1845, James Springer White (1821-1881), un jeune prédicateur millérite de Palmyra dans le Maine, entend parler d’Ellen Harmon, qui dit-on, a reçue une vision (le sentier étroit). Il se rappelle qu’il l’a entendue témoigner un an plus tôt à Portland et qu’il avait été surpris par sa taille fine et sa frêle apparence. Quand il se rend à Orrington pour récupérer un traîneau qu’il a prêté à son ami Jordan, il a vite l’occasion de se faire une opinion. Harmon raconte la vision à un groupe de millérites rassemblés dans une maison. Ce que James entend ce soir là le persuade qu’elle est une messagère de Dieu. Il propose aussitôt d’accompagner Ellen et la soeur de Jordan dans la tournée des congrégations millérites du Maine qu’il faut encourager et mettre en garde contre le fanatisme.

White et le millérisme

James est le cinquième des neuf enfants de John et d’Elisabeth White. Il a connu une enfance difficile. A l’âge de deux ou trois ans, une maladie de plusieurs semaines le rendit partiellement aveugle et l’empêcha de suivre une scolarité normale. A cause de sa mauvaise vue ou peut-être d’une dyslexie, il semblait incapable de lire. Selon ses propres mots, les lettres dansaient devant ses yeux. Aussi, à quinze ans, il se mit à travailler dans la ferme familiale.
A dix-neuf ans, James est devenu un grand gaillard, fort physiquement et d’une santé robuste. Mais surtout, sa vision redevient normale. Or, il est assoiffé d’un grand désir de connaissances. Contre l’avis de ses amis qui le conseillent de rester à la ferme, il s’inscrit au lycée local de St-Albans. Il se jette à corps perdu dans les études. Il décroche un certificat d’étude et un poste d’instituteur l’année suivante. Son objectif est clair : il veut aller au college (l’université). Mais c’est alors, au début de 1840, que sa mère lui parle de ce qui captive l’attention de beaucoup de personnes :

- Tu sais, James. Frère Oakes de Boston tient des réunions à l’école qui montrent dans la Bible que Jésus reviendra sur terre vers 1843. Beaucoup de gens du voisinage croient qu’il dit vrai et se sont convertis.

James fronce les sourcils. A quinze ans, il a été baptisé dans l’Eglise chrétienne (les connexionistes) mais il s’intéresse peu aux choses spirituelles. Il estime qu’il n’a pas le temps pour cela.

- Veux-tu dire qu’il est un millérite ?

- Je suppose que tu peux l’appeler comme cela, bien que ses enseignements viennent de la Bible et non d’un homme.

- Mais mère, William Miller n’est qu’un fanatique sur le sujet. Il prétend en savoir plus que Jésus lui-même qui dit qu’il ne connaît pas le jour et l’heure de sa venue.    
A la surprise de James, sa mère répond à toutes ses objections. Pour lui faire plaisir, il assiste aux réunions. En entendant les sermons puissants et les témoignages de ses camarades d’école, il acquiert la conviction que Dieu dirige le mouvement millérite. A son grand déplaisir - car il veut acquérir une grande éducation - il ressent l’appel d’avertir le monde de sa venue prochaine. Il résiste, il supplie Dieu de lui enlever ce fardeau. Un jour, il sort en plein air. Il frappe le sol du pied et crie presque : « Non ! Je n’irai pas ! » L’instant d’après, il rassemble ses livres et ses vêtements. Il prête le cheval de son père et il part pour Newport Academy. Mais il n’arrive pas à se concentrer sur les études : il ne parvient à chasser la pensée d’annoncer le retour du Christ.
En septembre 1842, White écoute les causeries de William Miller et de Joshua Himes à Castine dans le Maine. Il est impressionné par l’intelligence, la gentilesse et l’humilité de Miller. A partir de ce moment là, il se lance à plein temps dans la prédication. Il parcourt à cheval les villes et les villages de la région – dont  certaines localités complètement incroyantes. Durant l’hiver 1843-1844, plus de mille personnes sont baptisées après l’avoir écouté prêcher et chanter : « Vous verrez le Seigneur revenir (ter) dans quelques jours. Alors qu’un ensemble musical (ter) résonnera dans les airs. » Son activité évangélique ne passe pas inaperçue. Quand il retourne à Palmyra en avril 1844, sa congrégation le consacre au ministère pastoral.  

 

L’idylle de James et d’Ellen

Après quelques mois de tournée dans le Maine, Ellen Harmon reçoit une lettre de sa mère qui la désarme : « Entre à la maison, Ellen ma fille. De faux rapports circulent contre vous. Tu ne devrais pas voyager ainsi dans la campagne. Ce n’est pas convenable pour des gens de votre âge ». Pour couper court aux médisances, Ellen suit ses conseils. Mais les invitations des congrégations millérites continuent d’affluer. Elle se rend au New Hampshire et dans le Massachussetts, accompagnée de sa soeur Sarah ou de son amie Louisa Foss. Les rigueurs de l’hiver 1845 font qu’elle voyage à nouveau avec James White qui possède un traîneau. Elle l’apprécie et il a sa confiance.
Malgré la présence d’adultes qui les accompagnent, les rumeurs malveillantes reprennent de plus belle. Pour préserver leur réputation,  James propose à Ellen de se séparer. Elle n’est guère enchantée. Alors il réalise que la seule solution serait qu’ils se marient ! Il n’y avait jamais songé. En fait, il pense qu’on n’a pas le temps de développer ce genre de relations. Ignorant tout pour l’instant de la recherche biblique d’Hiram Edson sur l’instruction du jugement, les millérites (comme Bates et White) qui maintiennent leur confiance dans la prophétie de Daniel 8.14 pensent que la porte de la grâce s’est fermée le 22 octobre 1844 et que le retour du Christ est retardé, peut-être d’une année ou d’un peu plus. A quelques jours du 22 octobre 1845, Ellen reçoit une vision et les avertit : l’espérance du retour du Christ n’est pas usurpée mais elle ne se réalisera pas à cette date. Le 22 octobre 1844 a marqué la fin des dates prophétiques.
Sur la question du mariage, Ellen ne veut rien précipiter. Elle propose à James de consacrer, chacun de son coté, du temps à la prière. Quand ils se revoient la décision est prise. Une décision pas facile pour James ! Qui pensait que le mariage n’était pas une option durant l’attente du retour du Christ. Il avait même écrit une lettre à un couple qui planifiait son mariage, les accusant de renier la foi en le faisant. Et voilà qu’il prépare maintenant le sien et qu’il jette de la confusion dans l’esprit de plusieurs. 
 

Rencontres avec Bates

Au cours du printemps 1846, Ellen et Sarah Harmon sont en tournée dans le Massachussetts et visitent pour la première fois Joseph Bates dans sa maison à New Bedford. Bates a entendu parler des visions d’Ellen et il en est troublé. Durant la rencontre, elle partage son expérience et il saisit l’occasion pour lui parler du sabbat. Ni l’un ni l’autre n’est convaincu.
Bates ne préjuge pas de la sincérité d’Ellen mais il lui avoue : « Je suis un Thomas qui doute. Je ne crois pas aux visions ». Il écrira deux ans plus tard : « Bien que je ne vis rien en eux qui s’opposèrent à la Parole, je me suis sentis alarmé et j’ai lutté contre avec excès pendant un long moment, incapable de croire que ce n’était rien d’autre que l’état débilitant de son corps ». La crainte des fausses prophéties explique sa réserve !
De son coté, Harmon décrit Bates comme « un vrai gentleman chrétien, courtois et bon. Il me traita aussi tendrement que son propre enfant ». Mais elle ne saisit pas l’importance du sabbat. « Je pensais, écrira-t-elle plus tard, qu’il errait en mettant trop d’emphase sur le quatrième commandement par rapport aux neuf autres » (Life Sketches, p.236-237).
En août 1845, James White visite Bates à son tour. Celui-ci saisit l’occasion immédiate de lui offrir le livre The Seventh Day Sabbath qui vient tout juste de sortir de presse. Il l’invite à le lire avec attention et à considérer la question du sabbat dans un esprit de prière. White promet de le faire et retourne à Portland où il va se marier dans quelques jours.        
Joseph Bates, Ellen Harmon et James White : les trois fondateurs de la future Eglise adventiste du septième jour se connaissent à présent. Sous leur impulsion, les sabbatistes vont se regrouper, formuler des doctrines et établir une organisation. Mais comme deux biographies - James White de Virgil Robinson et James White de Gerald Wheeler - le soulignent, si Bates est l’initiateur de l’adventisme sabbatiste, si Harmon en sera le guide spirituel, c’est White qui s’affirmera comme son leader incontesté. Avec ses grandes idées, son labeur inlassable et sa foi pour reculer les limites de l’impossible.  

11:53 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : james white, millérisme, historique | |  Facebook