L'origine des doctrines adventistes (1/2 par JL Chandler) (12.08.2008)

 

1848 est l’année qui marque le vrai début du groupe fondateur de la future Eglise adventiste du septième jour. Sous la direction de Joseph Bates et de James White, les adventistes se regroupent : le groupe de Frederick Wheeler dans le New Hampshire, les deux groupes du Massachussett (Joseph Bates à New Bedford et Othis Nichols à Boston), celui d’Hiram Edson dans l’état de New York, et d’autres éléments dispersés dans la Nouvelle Angleterre. A ce moment là, les adventistes sont une centaine

Pensées sombres

En quête.jpgC’est une période de grande difficulté pour James et Ellen White. Ils ont de nouvelles responsabilités avec la naissance, le 26 août 1847, de leur premier fils, Henri Nichols White. (Le deuxième prénom lui est donné en souvenir d’Othis Nichols qu’ils apprécient beaucoup). La famille s’est aggrandie mais les possibilités de travail ne sont pas nombreuses à Gorham. James et Ellen acceptent la proposition de la famille Howland de résider chez eux à Topsham, une autre localité dans le Maine. Ils déménagent en octobre. James a toutes les peines du monde à récolter le peu d’argent qu’on lui doit pour son travail. Ellen ne se plaint pas mais son moral est au plus bas. Pourquoi leur vie est si rude ? Elle est si abbatue qu’un beau jour, elle pleure pendant des heures jusqu’à-ce qu’elle s’évanouisse.
James et Howland prient avec ferveur en sa faveur. Quand Ellen reprend connaissance, elle exprime le regret de s’être laissée envahir par le dérouragement. A la suite de cet incident, elle apprendra dans une vision qu’ils ne doivent pas s’installer définitivement dans une maison car ils iront de lieu en lieu annoncer la bonne nouvelle du salut aux perdus. Elle est loin d’imaginer qu’elle parcourera un nombre incalculable de kilomêtres dans l’avenir à travers l’Amérique et au-delà des mers

 

Les conférences du sabbat

Un certain Chamberlain prend le premier l’initiative d’inviter les adventistes à une rencontre qui se déroule du 20 au 24 avril 1848 dans la maison d’Alben Belden à Rocky Hill dans le Connecticut. Une cinquantaine d’adventistes y assistent à leurs propres frais. C’est la première d’une série de rencontres, que les historiens appellent « les conférences du sabbat » parce que les participants se désignent comme étant « les amis du sabbat ». En août 1848, au cours de la deuxième conférence du sabbat à Volney dans l’état de New York, Joseph Bates, James et Ellen White rencontrent pour la première fois Hiram Edson, le propagateur de la doctrine de l’instruction du jugement. A cette occasion, celui-ci accepte la doctrine du sabbat.Au moins quatre autres conférences du sabbat se déroulent en 1848. Il en aura six en 1849 et dix en 1850. Pour Joseph Bates et James White, qui dirigent les réunions, leur but est missionnaire. Elles visent à présenter leurs découvertes bibliques aux millérites. Mais dans les faits, les choses se passent quelque peu autrement. Les adventistes ont beaucoup de questions à l’esprit. Ils se livrent à des recherches intenses dans la Bible. Les discussions sont âpres, les prières ferventes, avant de parvenir à l’assurance commune sur un point doctrinal.A la grande désolation d’Ellen White, sa participation aux discussions est minimale. Elle indiquera plus tard que son esprit a été fermé par Dieu à toute compréhension théologique élaborée durant ces trois années :« Durant tout ce temps je ne parvenais pas à comprendre le raisonnement des frères. Mon esprit était fermé et je ne comprenais pas la signification des Ecritures que nous étudions. Ce fut l’une des plus grandes douleurs de ma vie. Je fus dans ces conditions d’esprit jusqu’à-ce que tous les points principaux de notre foi deviennent clairs à nos esprits et en harmonie avec la Parole de Dieu. » Les adventistes comprennent qu’ils doivent sonder pour eux-mêmes les Ecritures. Les visions d’Ellen White ne remplacent pas l’étude avancée de la Bible. Elles servent seulement de confirmations aux recherches bibliques. Ellen White rapporte : « Les frères savaient que je ne comprenais pas ces choses quand je n’étais pas en vision. Ils recevaient les révélations comme une lumière directe venue du ciel. »
Dans quelques cas, elle reçoit une vision « quand ils arrivaient à un stade de leur étude où ils disaient : nous ne pouvons rien faire de plus ! » Elle explique qu’alors « l’Esprit du Seigneur descendait sur moi. J’étais ravie en vision et il m’était donné une explication claire des passages que nous avions étudié » (Manuscrit 46, 1904).

 

Les piliers de l’adventisme

Durant les conférences du sabbat, les adventistes se mettent d’accord sur quatre doctrines bibliques :

  1. L’instruction du jugement avant le retour du Christ.
  2. Le retour visible de Jésus avant le millénaire d’Apocalypse 20.
  3. La perpétuité des dix commandements - et du sabbat (Exode 20).
  4. L’immortalité conditionelle de l’être humain – et l’inexistence de l’enfer.

La plupart de ces doctrines ont été découvertes par des chrétiens non-adventistes. Cependant l’historien George Knight remarque dans l’excellent ouvrage En quête d’identité que les adventistes n’assemblent pas des enseignements bibliques disparates. Ils les intègrent dans une théologie du temps de la fin. Le centre de leur unité théologique se trouve dans l’Apocalypse.Car contrairement à une idée très répandue, l’Apocalypse est un livre d’espérance et de grandes réjouissances. Le mot apocalupsis signifie « révélation ». Quelle révélation ? : Jésus-Christ ! (Apocalypse 1.1). Plus qu’un déroulé de l’Histoire et qu’un scénario de la fin, l’Apocalypse présente le Champion de l’espérance, le Vainqueur qui étendra la paix, la justice et sa domination éternelle à une Terre recréée, ce Conquérant bienveillant plus grand que Jules César et tous les autres, qui s’écrirait : « Je suis venu, remonté et je reviens ». « Celui qui est, qui était et qui vient » déclare l’Apocalypse (1.8). Or l’espérance du retour du Christ, on ne le dira jamais assez, c’est la colonne vertébrale de l’adventisme.Ellen White dira que les doctrines acceptées lors des conférences du sabbat sont « les piliers » qui soutiennent « la plateforme de la vérité » - aussi appellée « la vérité telle qu’elle est en Jésus ». Il convient néanmoins de ne pas accorder une importance démesurée à ce concept de piliers doctrinaux. Uno, parce que les adventistes acceptent sans discussion les doctrines fondamentales du protestantisme, qui ne sont pas moins importantes à leurs yeux : l’inspiration de la Bible, Sola Scriptura (la Bible comme seule règle de foi), la création génésiaque, le salut par la grâce, la double nature du Christ ou sa mort expiatoire et de substitution. Même s’il y a à l’époque, on le verra, certains détails à éclaircir, notamment sur la trinité.
Deuxio, les doctrines développées durant les conférences du sabbat ne sont pas le vrai centre de la théologie adventiste. Certes, elles aident à définir l’adventisme, la vision biblique du monde et la volonté de Dieu pour notre vie mais elles gravitent autour d’un seul centre auquel elles sont toutes étroitement liées : Jésus-Christ ! – le Créateur, Législateur, Souverain, Sauveur, Médiateur, Avocat, Juge, Prince de la paix, Pourvoyeur et Maître de l’Univers. Le christianisme est une rencontre, une relation, un contact permanent, un cheminement avec une Personne ! Jésus est « le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14.6). Les enseignements de la Bible n’ont de sens qu’en Lui.

 

De la peur à la joie

revelation.jpgPour les adventistes, les « piliers » sont une énorme libération et un très grand sujet de joie. Ils découvrent des aperçus nouveaux et lumineux du caractère de Dieu. Ils passent progressivement de la peur à la joie. Dans l’ouvrage Escape from the flames, Alden Thompson souligne que nul n’a cheminé aussi intensément dans cette direction qu’Ellen White elle-même. Ce cheminement spirituel commença au début de la décennie 1840, quand sa mère, Eunice Harmon, partagea ses doutes sur les doctrines jumelles de l’immortalité de l’âme et des flammes éternelles de l’enfer. Dans sa compilation de Six sermons en 1842, le dirigeant millérite, George Storrs, objectait contre ces croyances qui angoissaient beaucoup de gens. « Notre Père céleste était présenté à mon esprit, se souvient Ellen, comme un tyran qui trouve du plaisir dans l’agonie des réprouvés » (Testimonies for the Church, vol 1, p.24). Storrs jugeait cela inconcevable et incompatible avec la révélation biblique d’un Dieu juste et aimant.
« J’écoutais ces nouvelles idées avec un intérêt intense et douloureux, écrira Ellen White. Quand j’étais seule avec ma mère, je l’interrogeais. Croyait-elle vraiment que l’âme n’était pas immortelle ? Sa réponse était qu’elle craignait que nous fussions dans l’erreur sur ce sujet et sur bien d’autres » (Testimonies for the Church, vol 1, p.39-40).

- Mais mère, croyez-vous vraiment que l’âme dort dans la tombe jusqu’à la résurrection ? Pensez-vous que le chrétien ne va pas au ciel quand il meurt, ni le pécheur en enfer ?

- La Bible n’apporte aucune preuve d’un enfer qui brûle éternellement. S’il existe un tel lieu, il doit être mentionné dans le Livre sacré.

- Mère, pourquoi ?, s’écria Ellen au comble de l’étonnement. Quelle étrange parole de votre part ! Si vous croyez cette étrange théorie, ne laissez personne le savoir. Je crains que les pécheurs trouveront de la sécurité dans cette croyance. Ils ne désireront jamais trouver le Seigneur.

- C’est une saine vérité de la Bible. Au lieu d’empêcher le salut des pécheurs, elle sera le moyen de les amener à Christ. Si l’amour de Dieu n’invite pas le rebelle à se repentir, les terreurs de l’enfer éternel ne l’y conduiront pas davantage. De plus, cela ne paraît pas un bon moyen de convaincre les gens, en faisant appel aux plus bas niveaux de l’esprit, à la peur répugnante. L’amour de Jésus attire. Il fait fondre le coeur le plus dur ».

« Dans mon esprit, reconnut Ellen White, la justice de Dieu éclipsait son amour et sa miséricorde » (Testimonies for the Church, vol 1, p.24). En réfléchissant sur cette expérience, elle estimera qu’aucune croyance n’aura autant contribué au rejet de la Bible que celle de l’enfer. « Elle outrage son sens [celui de l’incroyant] de la justice, de la miséricorde et de la bonté. Et puisque cela est présenté comme un enseignement de la Bible, il refuse de l’accepter comme la Parole de Dieu » (The Great Controversy, p.525).

 

Une vérité progressive

Pour les adventistes, les (re)découvertes bibliques des conférences du sabbat sont le point de départ d’une grande les adventistes ont-ils raisons.jpgrecherche et d’une restauration des vérités bibliques. Il y a à la fois cette assurance d’être sur la bonne voie : « Nous avons la vérité, nous le savons, Dieu soit loué ! », écrira Ellen White à la famille Hasting (lettre du 11 janvier 1850). Et cette conviction, chère aux réformateurs protestants et à William Miller, que la vérité est progressive : « Il y aura un développement de notre compréhension, car la vérité est capable d’une expansion continuelle... Notre exploration de la vérité est incomplète. Nous avons rassemblé seulement quelques rayons de lumière » (lettre à P.T. Magan, 27 janvier 1903).
Cette compréhension des doctrines adventistes nous amène à considérer un autre aspect de leur genèse. Leurs sources d’influence. Car elles n’apparaissent pas ex nihilo, comme à partir de rien. Nous examinerons cet aspect des choses dans le prochain article.

04:36 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : doctrines adventistes | |  Facebook