Le blog oblige le chercheur en sciences sociales (01.04.2006)

L’Internet était déjà une révolution dans le monde de la recherche scientifique. Depuis quelques années cet outil a passé à une vitesse supérieure, en rajoutant à l’instantanéité, la facilité, la convivialité et surtout une amplification de l’interactivité. Ainsi est né le blog. D’ailleurs dans des blogs vous retrouvez des photos, des réflexions, qui parlent plus que les médias professionnels (une fois être bien orienté dans le filet de la toile). Reste une question : quelles sont les implications de cette nouvelle pratique de réflexion et d’échange, dans la production du savoir des sciences sociales.

Le blog marque de manière plus flagrante les traits des formes de restitution et de constitution d’aujourd’hui du savoir, quand on fait le choix de l’interactivité.
  1. Une exigence de concision. Pas de blabla, direct au but. Si pour tous les individus au premier chef les journalistes ceci est une évidence et un acquis, à mon avis, c’est une révolution en sciences humaines, où nous aimons prendre des précautions, avant de dire les choses. Maintenant il faudra toujours avoir les mêmes exigences de justesse, mais il faudra faire, concis, concis, concis. Alors pas plus je passe au point 2.
  2. La concision accompagne l’immédiateté que les médias connaissent.
  3. Si au départ l’immédiateté et la concision trouvaient des justifications dans la vulgarisation du savoir, le tournant est que désormais, ils sont constitutifs de la production scientifique, même entre chercheurs. Prendre le temps est un luxe qui se construit dans des espaces bien précis. Pas ici.
  4. Les théories et concepts qui permettent de lire la réalité en sciences humaines, sont eux aussi touchés par l’immédiateté et la concision. L’un des critères de validation d’une théorie demeure la capacité de celle-ci à permettre de comprendre notre entourage. Si elle ne le permet pas immédiatement, efficacement et simplement si possible, elle aura certainement de plus en plus de mal à se diffuser, malgré sa pertinence. Comme pour le thermomètre et la maladie, il se peut (et on en pleure déjà, tout en creusant la tombe) que ce soit le support qui fasse la théorie ! Aïe, aïe, aïe.
  5. Le grand avantage reste la réflexion en réseau. Avec le blog nous touchons, nous voyons, le savoir progresser par ajustement successif, ce qui était plus difficile avant
  6. Il y a maintenant une obligation de prendre en compte une pluralité de faits sociaux et les ramener ici, à interrogation
  7. Avec le blog, finalement, ce n’est pas la réponse aux questions qui importe le plus, mais la capacité à poser, à verbaliser, simplement des questions sociales. N’est-ce pas ce que cherche à faire les sciences humaines ?
  8. Un dernier point avant que vous en rajoutiez : Le sociologue devient un acteur social malgré lui ! Il ne peut plus se retrancher derrière sa fonction pour se contenter de décrire et d’analyser les faits sociaux. Maintenant il est pleinement acteur puisqu’il s’engage en proposant des angles d’approches, des versions, de la réalité. Et cela ne reste que des versions qui l’exposent. Il faut bien se mouiller un moment où l’autre. On ne peut pas tout le temps dire que l’on a quelque chose de particulier à dire sur les individus, sans tenter de porter un regard, compromettant sur la réalité en cours.
  9. A vous…

11:55 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Sciences Humaines | |  Facebook