Après un pasteur adventiste, un prête catholique condamné au TPI (29.06.2006)

Après le pasteur adventiste, Elisaphan Ntakirutimana, le premier homme d'église jugé par ce tribunal de l'ONU et condamné à 10 ans de prison, le Tribunal Pénal International  pour le Rwanda sans doute suivre les réquisitions de son procureur, contre l'Abbé Athanase Seromba.

Le procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a requis mardi, la prison à vie contre l'abbé Athanase Seromba accusé de "génocide, complicité de génocide et d'extermination", a-t-on appris de sources judiciaires à Arusha, en Tanzanie.

L'abbé Athanase Seromba, qui est le premier prêtre catholique jugé par la juridiction onusienne, avait plaidé non coupable. Selon l'acte d'accusation, il répond surtout du massacre de 2.000 Tutsis qui s'étaient réfugiés en avril 1994 dans son église de Nyange (ouest).
Gregory Tounsend, représentant du bureau du procureur, a déclaré dans son réquisitoire que Seromba est responsable de toutes ces victimes.
Le juriste américain a allégué que Seromba avait ordonné à un conducteur de bulldozer de détruire l'église à la mi-avril 1994. "Détruisez l'église, nous les Hutus, nous sommes nombreux, nous allons en construire une autre", aurait lancé le prêtre au conducteur, selon le représentant du procureur.

"Non seulement, il a donné l'ordre, mais il aussi payé pour ce faire et supervisé l'exécution de son ordre. Après la destruction, il a distribué de la bière, en guise de récompense", a poursuivi le substitut du procureur.

Tounsend a indiqué que la commune de Kivumu dans laquelle se trouvait l'église de Nyange était à 85% chrétienne et que Seromba, en tant que représentant de l'église catholique dans la région, jouissait d'"une autorité morale" sur la population.
De son côté le conseil principal de la défense, Me Patrice Monthé (Cameroun), a plaidé l'innocence de son client, accusant l'opinion publique d'avoir déjà condamné le prêtre avant le jugement.
L'avocat a dénoncé les allégations "spécieuses" du procureur et "les témoignages à décharge vagues et contradictoires", avant de nier les allégations du procureur selon lesquelles le prêtre avait les pouvoirs de prévenir ou d'arrêter les massacres de l'église de Nyange.
Seromba s'est rendu au TPIR en février 2002 depuis son exil en Italie où il avait pu poursuivre son ministère religieux dans une paroisse de Florence. Cette reddition lui aurait été conseillée par le Saint-Siège.
Deux autres prêtres catholiques, les abbés Hormisdas Nsengimana et Emmanuel Rukundo, sont détenus par le TPIR mais leurs procès n'ont pas encore débuté.
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Le plus haut responsable religieux arrêté par le tribunal, l'évêque anglican Samuel Musabyimana est mort en détention début 2003.
Basé à Arusha, en Tanzanie, le TPIR est chargé de rechercher et juger les principaux responsables présumés du génocide d'avril à juillet 1994 qui a fait, selon l'ONU, près de 800.000 tués, essentiellement des membres de la minorité tutsie.
Il a prononcé à ce jour 25 condamnations et 3 acquittements.

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06:20 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Droit et religions, Eglise Adventiste | |  Facebook