Retour de légitimation intellectuelle du racisme d'A. Finkielkraut sur fond d'antiracime et d'anti-antisémitisme (06.01.2007)

medium_finkielkraut_alain.jpgL’approche de l’humain par la sociologie de la religion produit souvent des conclusions qui déroutent ceux qui restent enfermés dans une vision monochrome du Monde tel Alain Finkielkraut. Après avoir traité les antillais de fainéant, au mépris de l’évidence historique d’individus qui courbèrent l’échine sans un sou de salaire (Cf. à ce sujet la réponse de R. Confiant), monsieur Finkielkraut, profite de son auditoire grandissant pour de nouveau faire l’amalgame voulu, maitrisé et provocant entre antisémitisme et revendications noires en France. 

Remettons les choses dans leur contexte. Lors d’un entretien A. F. rappelle avec conviction, force et raison, les dangers du retour d’un racisme antijuifs, en s’appuyant sur l’actualité géopolitique. Répondant à l’animatrice en fin d’entretien au sujet de la candidature de Claude Ribbe, sous les couleurs de l’UDF, face à Dominique Strauss Kahn, A.F. ne peut s’empêcher de noter que C. R. participe à une nouvelle configuration de la haine – antijuive – et que l’ouvrage de C. R. Le crime de Napoléon, qui démontre l’utilisation des gaz par Napoléon contre les esclaves noirs est "un livre de haine parce que c’est un livre, justement, inspiré si vous voulez, par une sorte de rage victimaire, une manière quand même de dire aux juifs qu’ils occupent indûment la place de la victime et que celle-ci revient aux descendants d’esclaves, descendants parfois d’ailleurs autoproclamés".

Au-delà de la polémique d’historiens, je ne comprends pas cette fixation passionnelle contre C. R de la part de l’A.F. et plus largement sa tendance obsessionnelle à voir de l’opposition entre noirs et juifs, là où justement il se dresse un espace historique, social, de rapprochement. Pourquoi construire de la haine quand la tolérance, la compréhension, l’admiration mutuelle veut devenir un socle commun ? Même si A. F. ne veut pas l’admettre, sa grande méconnaissance des complexités et des réalités des peuples descendants d’esclaves, antillais surtout, alimente chez lui une rationalisation d’un racisme contre les noirs, voire même comme il l’a déjà démontré un anti-antillais. Monsieur A. F ne sait pas, comme les lecteurs de ce blog, qu’aux Antilles il existe une forte présence d’individus qui aiment les juifs et font de ce peuple un modèle à plusieurs niveaux (historique, religieux, civique, etc.). Plus de 30 000 antillais en Guadeloupe et en Martinique déclarent ouvertement au travers de leur pratique religieuse, être plus proche d’Isaac que des leaders politiques et historiques noirs ! Ils arrêtent toutes activités le sabbat, appliquent les interdits alimentaires du Lévitique, ne consomment pas d’alcool, connaissent des chants en hébreux et certains manient les subtilités de cette langue. De plus en plus, comme dans un pèlerinage ils vont en Israël, prient pour qu’Israël obtiennent une suprématie politique et militaire déterminante dans la région, considèrent qu’ils sont des fils d’Abraham dans la ligné d’Isaac. Ils espèrent, ces antillais, si dénigrés (le terme est tellement juste) par A. F. hériter de la "Nouvelle Jérusalem", le paradis. Ils sont Adventistes, du Monde A Venir principalement. Certains se disent simplement sabbatistes. D’autres aiment à rappeler l’existence de juifs noirs. Ils forment un groupe social important, diversifié, influant et respecté. Ils sont présents dans toutes les sphères de la vie antillaise.
De plus, comme les antillais sont loin d’être comme le pense A. F. une communauté standardisé, on retrouve au-delà des religieux pro-israéliens, voire pro-juifs, une variabilité et une variété des opinions, comme dans tous les peuples.

D’autre part, pourquoi s’étonner que C. Ribbe, sous les couleurs de l’U.D.F défende un projet qu’il présentera à un électorat ? Personnellement, je ne suis pas proche de l’U.D.F pourtant, de la bouche de C. R., il y a déjà plusieurs semaines, j’ai appris sa candidature face à D. Strauss Khan. J’en ai pris note en espérant que s’il rencontre une adhésion populaire, il sera un tremplin vers le meilleur pour sa circonscription. Je n’ai pas vu une once de haine antijuive, venant d’un intellectuel qui voudrait fomenter un complot voulant dénoncer une trop grande place donnée à la mémoire des crimes nazis!

En vivant aux Antilles, avec par exemples les adventistes (je ne fais une promo, mais je constate une réalité), A. F aurait pu déjà constater depuis longtemps que la mémoire de la Shoah cohabite, fait corps, de manière quasi inextricable, et tant mieux, avec la déportation des peuples noirs aux Antilles. Certainement il y a là, une cause extra religieuse, expliquant la grande admiration qu’ont de nombreux antillais pour les juifs de tous les bords (ce n’est pas l’unique). Sauf si ce tableau ne lui disconvienne, monsieur A. F. devrait apprendre à regarder les antillais, réels descendants d’esclaves comme le produit de complexités, dont C. R. et d’autres, sont des produits, des surgeons, qu’il doit apprendre à lire au prisme du dynamisme social de ses sociétés. Faire fi de cette exigence conduit A. F. à s’enfermer dans une intellectualisation du racisme, qui déshabillé des formules, demeure, un racisme.

12:25 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Finkielfraut, Claude Ribbe | |  Facebook