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Rechercher : religion de la santé

  • Camps de Roms évacué à Villeneuve d'Ascq: clin d'oeil au réseau associatif religieux

     

    Camp de Roms, Villeneuve d'AscqLe camp qui a été démantelé ce jeudi 9 aout 2012 n'est pas loin du métro 4 Cantons, un des deux arrêts qui desservent l’Université de Lille 1. Ces derniers temps ils ont été l'objet d'investissement des travailleurs sociaux. Cependant les Roms cristallisent tous les fantasmes. Il n'existe pas de politique adaptée à ses européens. Leur mode de vie est souvent source de tension pour les riverains. Mais les tensions sont le fait de la précarité et non des caravanes.
    En sortant de Lille 1 où se situe le camp ou de Lille 3 (juste quelques 3km du camp environ) les familles Roms sont entrées dans le paysage de Villeneuve d'Ascq. Aux heures de repas beaucoup d'étudiants offrent des sachets repas du CROUS aux Roms. Une solidarité tacite est ainsi mis en place dans les gestes anodins. Autour des Roms existent aussi une économie souterraine. Sans la défendre, notons qu'elle est plus en cohérence avec l'incohérence du statut des Roms. Je m'explique : quand un groupe social est relégué dans la négation totale et que tout lui est rejeté, l'économie souterraine devient pour ce dernier une évidence pour vivre. C'est la cohérence de la marginalité, mais la grande incohérence de notre société. Le malheur loin des yeux, loin de sa porte, de son quartier est le souhait de tous. Lutter contre idées reçues sur les Roms ou enrayer la délinquance Roms imposent de lutter contre la paupérisation de cette population en l'acceptant comme étant constitutive du corps social.
    La solidarité du quotidien qui s'est mise en place dans les gestes du quotidien et structurée par les associations est importante pour les Roms de Villeneuve d'Ascq. Les groupes religieux protestants sont actifs. Lla solidarité catholique est de loin la plus importante au sein des organisations religieuses. L'exemple du Père Arthur, personnalité très active pour la solidarité en faveur des Roms est un exemple.
    Le démantèlement va indiscutablement complexifier le travail des associations. Premièrement il s'agira de renouer avec des individus qui vont inéluctablement s'installer autre part avec l'ambition d'être plus discret pour ne pas être délogé de nouveau. Les conversions religieuses de Roms sont là importantes. Elles sont en plus de l'adhésion à une organisation et éventuellement en une croyance, des liens relationnels qui permettront de garder les liens. C'est le ressort du lien religieux. Il sera très actif (comme le sont d'autres types de liens au sein des autres associations non religieuses).
    Il n'échappe à personne que le démantèlement survient avant l'inauguration du Grand Stade de Lille. Les Roms étaient placés sur un lieu stratégique entre les transports collectifs, les nouvelles places de stationnement, ou encore les grands axes de circulation, faisant d'eux un tableau qui dépareillerait lors de la grande fête d'inauguration.
    Il reste à souhaiter que la Communauté urbaine de Lille, la Ville de Villeneuve d'Ascq et la Préfecture accompagneront les Roms par une politique volontariste, surtout que le réseau associatif en connexion avec les Roms est dense. Cette réussite passe aujourd'hui incontestablement par les liens établis par les groupes religieux dont ceux construits par des organisations protestantes dans la discrétion. Anecdote importante ; l'organisation religieuse la plus proche géographiquement de l'ex-camp était l'Eglise Protestante du quartier du Triolo.

     

    LES COMMENTAIRES POUR CE POST SONT FERMES EN RAISON DES DERAPAGES RECUS

  • Diffusion de mon interview ce mercredi 8 décembre, 18h30 sur RCI Guadeloupe

    radio_caraibes_international.jpgLe magazine culturelle de Radio Caraïbe Internationale, première radio des Antilles, fait une place à mon livre Entre espérance et désespérance, ce mercredi à 18h30 (heure de la Guadeloupe). Merci à Ingrid Séna qui m'a accueilli dans les locaux de RCI afin de proposer un autre regard sur les Antilles. J'en profite pour de nouveau saluer Judith qui fut la première à m'accorder une interview.

  • Francis Lalanne, mon livre ENTRE ESPERANCE ET DESESPERANCE et la fin de la tournée aux Antilles

    00FA00AA01034694-c1-photo-oYToxOntzOjU6ImNvbG9yIjtzOjU6IndoaXRlIjt9-francis-lalanne.jpgLa présence dans les médias d'Entre espérance et désespérance aux Antilles continue jusqu'à la dernière minute de la promotion. Mon passage à Guadeloupe 1ere TV le 8 décembre dans l'émission En attendant l'info avec Francis Lalanne a été un véritable moment où un grand public a pu découvrir le livre. Ce mercredi 8 décembre a été bien géré par Event & Com qui gère mon passage aux Antilles puisqu'alors que j'étais en direct sur les écrans TV, je passais aussi sur la première radio RCI.

    L'échange en off et en direct avec Lalanne fut très intéressant. J'ai découvert un artiste très intéressé sur les problématiques autour des minorités. J'ai eu plaisir à échanger avec ce dernier qui semble sensible à l'émergence des cultures caricaturées.

    Dimanche 12 décembre fut un grand moment de radio sur Tanbou avec Wozan (Rosan) Mounien ex secrétaire générale de l'UGTG principal syndicat guadeloupéen.

    guadeloupe 1ere.jpgLa tournée de promotion se termine vendredi sur Guadeloupe 1ere (ex RFO) dans l'hebdo culturel à 18h15.

    Autre chose: plusieurs d'entre vous m'indiquent la difficulté à trouver le livre. Il est désormais dans toutes les enseignes à quelques exceptions. Certaines sont en cours de réapprovisionnement en raison de la forte demande. Cette demande fait de l'ouvrage le premier aux Antilles sur l'analyse des conflits sociaux.

    Couverture Entre espérance et désespérance.JPG

    Je reviendrai avec vous sur le contenu des échanges avec les lecteurs. Il y a là, me semble t-il des explications au succès. N’hésitez pas à commander le livre si vous êtes aux Antilles. Dans l'hexagone aucune rupture de stock est signalée. Alors qu'une grève générale tente d'être mise en place par le LKP depuis le 14 décembre, comprenez mieux les conflits antillais dans Entre espérance et désespérance.

     

  • Islam et accommodements raisonnables des pratiques de soins en institution et dans l'exercice libéral

    Interventions en communication médicale

    Lieu: Sens, IFSI
    Public: Etudiants, Professionnels
    Date: mardi 12 janvier, 10h00

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    Université Catholique de Lille, 
    Faculté Libre de Médecine,
    Public: Professionnels, Eetudiants
    Ecole de Sage-femmes
    Date 26 janvier, 14h00

     


    Pas besoin de faire des détours, la question de la compatibilité des pratiques thérapeutiques et des pratiques de musulmans doit se poser. Spontanément on pense ici aux difficultés rencontrées en gynécologie obstétrique. Mais la réflexion doit être menée à une échelle bien plus large.
    A l'opposé de ce qui est classiquement avancée, une bonne communication augmente considérablement les chances de contourner les difficultés et tensions que peuvent susciter les demandes et attentes de musulmans qui ont des pratiques et croyances qui rentrent en conflit avec les pratiques médicales d'une part et l'éthique du praticien d'autre part. A l'aide d'une Pédagogie par étonnements il est possible de renverser la communication en situation de conflits afin que le praticien exerce avec la confiance du patient, même quand ce dernier manifeste des résistances, voire des oppositions sur la base de ses croyances et pratiques religieuses.
    Mais la Pédagogie par étonnements impose de mieux connaitre l'Islam et surtout les conceptions de musulmans qui peuvent être en friction avec les exigences de bon fonctionnement d'un service de soin.
    Quels sont les éléments qui relèvent de l'équipe de soin ? Quels sont les points à anticiper ? Quelles actions peuvent être mises en place ? Comment cette réflexion s'intègre-t-elle plus largement dans les échanges incontournables d'une équipe de soins ? Quels sont les enjeux éthiques et les effets sur le praticien ?
    Ces questions laissent la place à la notion d'accommodements raisonnables développée lors d'expériences canadiennes. Voie de réponse à exploiter les accommodements raisonnables sont une perspective qui a pour avantage d'offrir des réponses directement applicables par le professionnels en institution mais également pour ceux qui exercent dans le cadre libéral.

  • Chronique : diversité adventiste et la Revue adventiste. Phase 1 « La leçon de frère Guido »

    adventist review.jpg1999, j’entame après une année de réflexion mes recherches sur l’Eglise Adventiste. Je travaillais comme veilleur de nuit dans un hôtel. Toutes mes demandes de bourses n’eurent que des réponses négatives. Tout le monde me disait une seule chose : pourquoi aller subventionner une étude sur un groupe religieux inconnu ? L’équation était simple : pas d’argent = pas de recherche. Mais une solution pointait du nez.

    adventist review 01.jpg« La vie est faites de rencontres », ce qui est une maxime célèbre mais aussi une constatation. 3 ou 4 ans avant, un adventiste, aujourd’hui décédé, « Guido », ancien membre de l’Eglise Adventiste de Lille m’avait profondément encouragé à faire des études sur l’Eglise Adventiste. Il me disait « pas de théologie garçon, il y en a déjà qui font du bon boulot, il faut des gens pour comprendre les adventistes d’Afrique à la France en passant par des pays que je ne connais pas ». Je réalisais à ce moment des observations et entretiens exploratoires. Entendez par là, une étape de recherche en sociologie qui permet de bien définir la recherche à venir. Cette invitation de ce membre d’Eglise qui avait participé à mes entretiens exploratoires m’embêtait. Pourquoi : c’était une magnifique idée, et mon ambition de toujours. Il fallait rendre compte de la pluralité de l’adventisme. Mais comment faire sans argent ? Sans le savoir « Guido » enfonça le clou. Surtout il avait raison.

    Le samedi qui suivi ce très bref échange, j’étais absent. Je voyais Guido, l’entrepreneur, toujours assis aux côtés de son épouse. Guido m’impressionnait. J’étais tout jeune étudiant. J’osais lui demander : « Frère (j’étais membre de la communauté) Guido : analyser les adventistes du monde entier, sans faire de la théologie, oui, mais comment faire ? ». Et là, « Guido » était désarçonné. Dans son regard, j’ai vu que j’avais posé une question qu’il ne fallait pas. Il répond « voyages, sortez du Nord, allez dans les autres pays ». Et là n’en pouvant plus je lui dit : « mais cela coute !!! ». Guido réfléchissa… L’échane dura moins d’une minuté et je ne sais pas s’il l’a marqué. Il se termina par un Guido qui me donna une Revue Adventiste visiblement imprimée en Roumanie. Une seule phrase de Guido « C’est déjà cela ».

    J’avais compris l'idée de Guiido environ 4 ans après. Face aux difficultés financières il fallait une ingéniosité. Je ne pouvais adventist review antigua.jpgpas me déplacer dans les adventismes du monde mais pourquoi ne pas les amener à moi ? C’était cela l’idée de Guido avec sa Revue adventiste étrangère. Alors je me suis donné pour mission de récolter des revues adventistes de la même période, en provenance de différents pays pour les comparer. Mon idée était de noter comment la Revue était traduite dans les différents pays. Et c’est là qu’un formidable échec va se réaliser et forger ma vision de l’adventisme. Mais cela je vous en parlerai la prochaine fois.

  • Ellen White : une mission prophétique (2/2 de JL Chandler)

    7ecc3a5ec151dee2ac8df0a0b11124d5.jpgContrairement à ce qu’on pourrait penser, la plupart des Américains ne sont pas religieux quand Ellen Harmon commence son ministère en 1845. La Bible n’est pas lue, encore moins étudiée. Dans de nombreux secteurs du monde, elle est même interdite. D’un point de vue théiste, c’est une catastrophe : « Mon peuple périt faute de connaissance » (Osée 4.6). Au sein du christianisme, des idées non bibliques persistent. Un grand mouvement d’athéisme s’apprête à effacer la croyance en Dieu. La critique de la Bible la présente comme un livre de mythes et d’affabulations. La mission d’Ellen Harmon sera donc d’exalter Jésus-Christ et d’encourager l’étude de la Parole de Dieu.

  • Ce qu'enseigne la conversion à l'adventisme de l'ex dictateur Manuel Noriega

    Manuel NoriegaLa mort de Mauel Noriega l’ex agent double de la CIA et des services cubain, ex dictateur du panama renversé par les Etats Unis qui ne le soutenaient plus, a été relayé rapidement par la presse. L’information a fait le tour de la blogosphère protestante car Noriega s’était converti en prison à l’Église adventiste du septième jour. C’est l’entretien donné par l’aumônier adventiste José Daniel Sanchez, qui a accompagné Noriega en prison pendant six ans adventiste, à la Division Interaméricaine adventiste qui déclenché l’intérêt.
    Daniel Sanchez indique l’importance de l’école du sabbat dans le processus de conversion de Noriega. Je rappelle que l’école du sabbat (EDS) est un espace de formation continue des croyants qui forme la première partie de la rencontre sabbatique dans les communautés adventiste. Ce sont des moments d’échange et de construction collective de la réflexion, balisés par un support pédagogique. Sanchez rajoute l’importance des études bibliques. C’est d’ailleurs après six mois d’étude que Noriega demanda à se baptiser et devint membre de l’Église adventiste en 2011. « Pasteur Jose Daniel Sánchez est reconnaissant d’avoir eu l’opportunité d’exercer un ministère auprès de Manuel Noriega. Il a entendu que Manuel Noriega a demandé pardon publiquement à ceux à qui il a fait du tort pendant son régime, dans une déclaration faite depuis sa cellule »
    Sanchez rajoute que « Manuel Noriega a raconté comment il a demandé aux deux aumôniers Adventistes qui le visitaient en prison aux Etats Unis à être baptisé après six mois d’études bibliques. D’après pasteur Sánchez, Manuel Noriega aimait lire les livres de la pionnière de l’Eglise Adventiste, Ellen G. White, y compris la Tragédie des Siècles, Jésus-Christ, Patriarches et Prophètes, Prophètes et Rois et d’autres. « Nous avons parlé du vrai sabbat, du pardon que Dieu accorde dans Sa puissance, et de Sa miséricorde, » a dit pasteur Sánchez. « Manuel Noriega m’a dit qu’il aimait étudier et apprendre davantage au sujet de Jésus. Je suis une personne différente depuis que j’ai donné ma vie à Christ,’ disait Manuel Noriega. ‘Je parle à Dieu chaque jour et je sais que Jésus est mon sauveur qui m’a pardonné mes nombreux péchés ; C’est à Lui uniquement que je les confesse,’ disait-il. ».

    La conversion de Noriega met en évidence les fondamentaux adventistes que sont :
    - Le christocentrisme,
    - l’étude systématique et intensive du texte biblique,
    - la formation permanente des membres par l’Ecole du sabbat,
    - la tradition prophétique,
    - le rapport positif à la mémoire adventiste.

    Outre ces traits, la conversion de Noriega à l’adventisme montre aussi la conscience de la communauté accueillante de la nécessité d’accompagner tous les types d’individus, y compris les plus sanguinaires. D’autre part, cela manifeste une conscience que même si l’individu est converti, il ne reste pas moins un être polémique dont les conséquences de ses actes marquent négativement et de manière permanente.

  • Pâques : l'illustration de l'insertion adventiste dans le tissus local.

    Le week-end pascale marque une forte montée des manifestations organisées par différentes communautés chrétiennes. La PQR (Presse quotidienne régionale) a regorgé de cas où les communautés protestantes et catholiques ont construit des espaces de rencontres avec la population. Il faut dire que Pâques retrouve un regain d'intérêt dans la population. On peut regretter qu'il s'agisse de plus en plus d'un espace commercial. Mais qu'est-ce qui peut encore échapper au commercial dès qu'il y a un engouement populaire ?!

    Observateur de l'adventisme francophone, je constate, en France, en Suisse et Belgique de plus en plus de fêtes coorganisées entre églises chrétiennes où l'adventisme prend une part significative. En Suisse la presse numérique catholique a souligné la participation adventiste. La PQR parle avec excès d’œcuménisme. Parfois, pour des raisons pratiques des organisateurs mêmes reprennent la notion d’œcuménisme, mais il s'agit simplement de rencontres interconfessionnelles car l'objectif de construire une croyance commune n'existe pas. Ces instants sont construits à partir de traits communs, fondamentaux des communautés chrétiennes. Et, là, Pâques est le terrain idéal. L'innovation pédagogique est aussi prolifique à ce moment ce qui permet d'indiquer l'expo à La Neuveville

    La participation adventiste permet de souligner l'augmentation des rapports adventistes avec les autres communautés. Bien plus que des relations de bons voisinages, l'adventisme français participe à la création d'un langage pédagogique sur les croyances centrales du christianisme. De plus, il se fait connaître (pas toujours) au grand public quand cela est possible à partir d'une opportunité sociale, un trait commun fermant de l'histoire chrétienne en Europe que sont les fêtes pascales. D'autres moments sont également propices à cela, mais ce qu'il faut souligner c'est l'ambition pédagogique et non prosélyte de l'adventisme faisant de cette organisation religieuse, une institution qui construit des liens convergents avec la société française. Il ne peut donc se résumer aujourd'hui dans les points de tensions, qui sont d'ailleurs inhérents à toutes structures religieuses messianiques dans son rapport à la société globale. Tout cela alimente le dynamisme adventiste dont il est souvent fait état dans ce blog.

     

  • Près de 50% des nouveaux convertis quittent l'Eglise adventiste du septième jour

    statistiques,eglise adventiste du septième jourLes nouvelles statistiques publiées par l’Église adventiste du septième jour conduisent à souligner deux points. Premièrement c’est une organisation religieuse en forte croissance. L’adventisme dit du sud (Afrique, Brésil… ) contribue grandement. Mais globalement, bien que l’on compte plus de 19 millions d’adventistes, presque un converti sur deux abandonne les rangs. Si en 2000 43 % des convertis officiels (baptisés) désertaient, en 2015 ce taux est de 49 %. C’est exactement celui que m’indiquait Régis Dericquebourg pour les jéhovistes mais une génération. Commentant ces données, Religioscope fait le parallèle avec l’Église des saints des derniers jours via la célèbre étude de Charles Carter (2011). Par projection, la revue Adventiste Magazine note qu’en l’absence de ce phénomène le contingent adventiste serait de 50 millions d’individus.

     

    La constatation est double concernant les causes des désaffections. Premièrement des explications sont extra ecclesia. C’est dans les caractéristiques des sociétés où les déconversions sont nombreuses qu’il faille regarder pour comprendre le phénomène. Cela conduit à la deuxième cause. En quoi l’adventisme a t-elle intégré les changements des sociétés séculières pour être en phase avec les questions, attentes, besoins, des individus de ces dites sociétés ?

    C’est dans cette deuxième assertion où il faut rechercher au sein même de l’adventisme que l’organisation religieuse qu’est l’Eglie adventiste peut plus facilement agir.
    La difficulté d'une Eglise à l'organisation mondiale est d'arriver à adapter son fonctionnement, son discours localement en fonction des spécificités de terrain. Attirée par les facteurs de succès dans des régions du monde aux exigences différentes et souvent opposées aux contextes des sociétés sécularisées, la SDA ne semble pas avoir trouver le bon équilibre. Le rejet de l'ordination des femmes sous le poids de l'adventisme du sud en est une illustration. En d'autres termes les facteurs de succès dans un coin du monde peuvent devenir un frein dans d'autres régions! Un sacré casse-tête pour des dirigeants d'une organisation à l'approche holiste, centralisée. Ce n'est évidemment pas une spécificité adventiste.

    Mon enquête en cours de finalisation sur les raisons des déconversions à l’Église adventiste du septième jour en France me permet déjà de souligner que la capacité de cette communauté à adapter son langage, ses actions, son management, sans pour autant changer ses croyances est un enjeu fondamental. Mais le résoudre implique de tisser des liens avec des experts extra ecclesia, ce qui est loin des habitudes. Et justement, ce sont les habitudes qui expliquent en grandement les déconversions. 

    Les déconversions renvoient donc à la capacité de l'Eglise adventiste du septième jour à se réinterroger. C'est le plus difficile. D'ailleurs il n'existe aucune organisation religieuse, politique... qui influence directement plus de 19 millions de personnes et qui arrive à développer une grande flexibilité.

  • L'Eglise adventiste du septième dans le film ”Tu ne tueras point” de Mel Gibson

    Tu ne tueras point, Mel Gibson, Eglise adventiste du septième jourLes critiques sur le film de Mel Gibson, dont l'engagement au sein du christianisme est connu oscillent entre l'admiration et le rejet. Globalement, les critiques reconnaissent l'évolution du travail de Gibson qui ne se contente plus de montrer les horreurs de la guerre. Pour l'analyste de l'Eglise adventiste du septième jour que je suis, des critiques de médias sont au mieux marquées d'ignorance ou au pire de mauvaise foi. C'est surprenant que des critiques ne se soient pas renseignées sur l'Eglise adventiste qui est en arrière fond du film avant d'y porter un avis influant. 

    Desmond Doss, Eglise adventiste du septième jourComment ne pas être surpris quand parfois nous croisons la notion de prosélytisme. Même s'il pourrait être un support pour découvrir l'adventisme, parler de prosélytisme à partir d'un film interdit aux moins de 12 ans est posé certainement pour attirer les réactions. Dans les critiques que j'ai parcouru la prime de l'incompétence va aux Inrocks. Je site : « Tu ne tueras point relève presque du cas psychiatrique et fait basculer le cinéma de Gibson dans l'ère du "catho-porn", cet Hollywood parallèle destiné à remplir les multiplexes de l'Amérique bigote ». Je ne sais ce qu'est le « Catho-porn », peut être parce que je rentrerai dans la case d'une autre expression inconnue « d'Amérique bigotte ». La Croix se démarque peu en écrivant sous la plume de Jean Claude Raspiegas que « sous prétexte de tirer le portrait d’un objecteur de conscience héroïque pendant la Deuxième Guerre mondiale, le réalisateur signe un film abject et complaisant ». Le Journal Le Monde y voit le fameux prosélytisme, tandis que 20 minutes y voit une regards hallucinant sur les violences de la guerre. Artistiquement les critiques semblent positives même si le choc des terreurs marque. C'est le site A voir A lire qui semble le plus emballé en indiquant que « Mel Gibson bâtit une fable sur le pacifisme sur un monument de violence. Le résultat visionnaire déroute et questionne. Mais surtout il passionne. Preuve de la grandeur du film ». (pour une vision générale des critiques voir : AlloCiné). 1165735105.jpgDe son côté la presse adventiste porte un regard sobre et distant.Mais la critique qui me semble la plus juste et évite de voir dans un le film un prétexte prosélyte ou un simple déversement d'hémoglobines nous vient du Figaro sous la plume de Marie Noëlle Tranchant. Le journal porte le film sans ambages en indiquant que « Tu ne tueras point, qui jette un Américain non-violent dans l'enfer de la bataille d'Okinawa, une des plus terribles de la guerre du Pacifique. À mains nues, puisqu'il refuse de porter une arme, cet objecteur de conscience patriote ramènera, sous le feu ennemi, 75 combattants blessés. Si c'était une pure fiction, on trouverait peut-être exagérée cette formidable antithèse entre la douceur héroïque d'un seul homme et le déchaînement général de la violence. Mais l'histoire est vraie. Desmond Doss, interprété dans le film par Andrew Garfield, a réellement accompli ce haut fait qui lui a valu, en 1945, la Médaille d'honneur, la plus haute distinction ».


    Venons à la raison qui m'a porté vers Tu ne tueras point: En quoi la restitution faite des croyances de Desmond Doss correspondrait à mes observations de terrain sur l'Eglise adventiste du septième jour ?
    Le nom de l'Eglise adventiste du septième jour est indiqué qu'une ou deux fois dans le film (J'ai certainement oublié une ou deux mentions). Le film ne fait pas un étalement des croyances adventistes mais insiste sur des croyances religieuses générales en premier lieu l'interdiction de tuer. Une autre croyance religieuse et pas proprement adventiste et encore moins exclusivement chrétienne est mis en évidence. Il s'agit de l'interdiction de relation sexuelle avant le mariage. Desmond Doss se dévoue à sa dulcinée et a une relation sexuelle avec elle une fois mariée. Il faut être vigilant dans la rapidité de la séquence sur l'arrivée de la bague des mariées!


    Tu ne tueras point, Mel Gibson, Eglise adventiste du septième jour, Desmond DossAvec sa Bible en main, le caractère adventiste se voit dans la pratique du sabbat de Desmond. Tous les adventistes ne sont pas objecteurs de conscience même si nombreux l'ont été. En France, lors de la période dite du service militaire, des adventistes se sont opposés au commandement militaire pour obtenir le sabbat et parfois pour ne pas porter les armes. (De même la seconde guerre mondiale a suscité des "justes" adventistes en France à l'instar d'Emile Bernard. Voir à ce sujet l'ouvrage de Patrick Cabannel, Les justes en France, 2012).

    Dans une tranchée, Desmond ne mange pas une conserve militaire parce qu'elle contient de la viande et laisse un camarade consommer celle-ci. Là aussi une croyance fortement encouragée par l'Eglise adventiste est rappelée en 5 secondes, la préférence pour le végétarisme.

    Que retenir par ces brèves informations ? Tu ne tueras point n'est pas un film de propagande, de prosélytisme. Dans les grands classiques hollywoodiens, il y a une surcharge d'hémoglobines et l'interdiction aux moins de 12 ans me semble insuffisante tant des passages sont réalistes mais inutilement choquant pour un jeune public. C'est du Mel Gibson!
    Par contre, le film invite à réfléchir sur la cohérence des choix d'un homme, qui assume ses croyances et les renverse pour le bénéfice de tous, là où personne ne l'envisagerait. C'est ce qui devrait être source de débat de réflexion par les critiques.
    La fin du film, avec l'insertion des témoignages de compagnons de Desmond dont il a sauvé la vie et surtout un extrait d'interview de Desmond donne une réalité à la problématique de la cohérence entre croyances et pratiques qui réinterroge tout être humain.

  • Les délégués de l'Eglise adventiste votent contre l'ordination des femmes

    Conférence générale des Eglises adventistes, San Antonio 2015, Consécration des femmes, Femmes pasteur, Eglise adventiste, Après des années de travaux, de réflexions, de consultations, les délégués de l'Eglise adventiste ont rejeté l'ordination des femmes lors de sa Conférence générale (Assemblée générale) ce 9 juillet 2015 à San Antonio. Dans un tohu-bohu et une ambiance électrique, sur les 2363 délégués votants, 977 votèrent oui et une majorité de 1381 opta pour le non (5 abstentions). Bien plus que le résultat ce sont les débats qui interpellent. Un clivage entre deux adventismes c'est fait criant faisant échos à mes travaux. Les délégués d'Afrique et d'Amérique du sud pesèrent fortement vers le non.

     

    Conférence générale des Eglises adventistes, San Antonio 2015, Consécration des femmes, Femmes pasteur, Eglise adventiste, Malgré différents rappels à l'ordre de Mike Ryan, Vice Président de la Conférence générale, les débats furent d'une tension extrême et l'absence de respect lors des échanges a marqué les esprits. L'ancien Président de la Conférence générale, Jean Paulsen, ferme défenseur du oui à l'ordination des femmes, cibla les délégués d'Afrique et d'Amérique du Sud ce qui attisa les tensions.

    Les arguments objectifs sont nombreux en faveur de l'ordination, mais c'était sans oublier l'impact des délégués qui représentent des églises où la place de la femme dans le religieux et l'ensemble de leurs sociétés n'est pas la même que dans les pays dit du nord. Finalement, à l'image des différences entre le protestantisme du Nord et du Sud, pour reprendre l'expression de Jean Pierre Bastian, l'adventisme n'échappe pas au clivage du religieux installé dans les pays développés et ceux qui sont en développement. Le problème n'est pas qu'adventiste. Les autres groupes protestants ou encore le catholicisme composent aujourd'hui avec ces oppositions.

    Conférence générale des Eglises adventistes, San Antonio 2015, Consécration des femmes, Femmes pasteur, Eglise adventiste,

    Pourtant, l'accès ou pas des femmes au rang de pasteur n'est pas une croyance fondamentale adventiste. Les crispations entraînées par ce débat et le refus qui en découla dans une église en grande partie fondée théologiquement par une femme, Ellen G. White porte à questions. Notons que l'argumentation rationnelle ne résiste pas aux influences culturelles dans le débat. Les arguments théologiques que se lancent les partisans du oui ou du non ne font que traduire les différentes perceptions culturelles et sociales de la place des femmes et des enjeux qui l'accompagne.

    Les responsables de la Conférence générale avaient pourtant pris les précautions nécessaires sachant les sensibilités sociales et culturelles qui entourent plus largement la place des femmes. Ainsi la question soumis aux délégués de la Conférence générale proposait une liberté d'application de l'ordination des femmes dans les différents territoires (appelés Divisions) de l'Eglise adventiste. Concrètement, après une longue introduction de Tedd Wilson, Président reconduit de la Conférence générale, les délégués pouvaient voter : « en faveur », « en défaveur » ou « dans l'indécision ». La question posée fut la suivante – remarquez l'ensemble de précautions :

    Après avoir dans un esprit de prière étudié la question de la consécration dans la Bible, les écrits d'Ellen White et les rapports des commissions d'études, après un examen attentif de ce qui sera le mieux pour l'Eglise pour l'accomplissement de sa mission, jugez-vous acceptable que les comités exécutifs des Divisions, s'ils l'estiment appropriés dans leur territoire, puissent prendre des dispositions en vie de la consécration des femmes au ministère pastoral ?

    Conférence générale des Eglises adventistes, San Antonio 2015, Consécration des femmes, Femmes pasteur, Eglise adventiste,

    La question intégrait donc la possibilité d'une application nuancée ou différentes en fonction des aires territoriales. Targuant l'unité de l'Eglise, les délégués qui étaient contre pesèrent en leur sens. De plus, l'Eglise adventisme étant une église où l'interconnexion par migration et les échanges entre communautés sont importantes, voter oui apparaissait comme ouvrir la boite de Pandore.

     

    Quoi qu'il en soit, ce sont dans les délégués des espaces culturels où l'adventisme connaît sont plus fort dynamisme que les réticences et le refus existent massivement. Cela donne à penser, à réfléchir sur le devenir adventiste. Les nombreuses questions de sociétés auxquelles cette Eglise doit faire face n'est donc pas une simple question théologique, mais un enjeu social aux conséquences religieuses.

  • Nouveau tirage de ”Regards croisés sur l'Eglise adventiste du septième jour”

    Mon dernier livre Regards croisés sur l'Eglise adventiste du septième jour » sera rapidement réimprimé pour faire face à votre demande. En attendant vous pouvez le télécharger chez les libraires en ligne.

     

     

     

  • Le rejet silencieux et croissant de la dîme dans l'Eglise adventiste du septième jour: (I) sept critiques répandues

    La dîme est le principal pilier de financement de l’Eglise adventiste du septième jour. Elle est une exigence légitimée théologiquement selon laquelle les membres doivent donner 10% de l’ensemble de leur revenu à l’Eglise adventiste du septième jour. En plus de la dîme d’autres dons, appelés offrandes sont laissés à la libre appréciation des membres. Nous l’avons déjà montré dès 2005 ; la dîme apparaît pour financer le fonctionnement de la SDA qui connaît une forte croissance, fin du XIX et début du XXè siècle. Elle stabilise les ressources économiques afin de payer les pasteurs qui, pour nombres, vivaient dans une précarité. Comme pour d’autres choix polémiques elle s’impose charismatiquement et par des démonstrations théologiques a postériori. Dans la profession de foi adventiste, le nouvel adhérent indique son adhésion à la dîme. 
    Aujourd’hui j’observe de manière récurrente dans les entretiens une poussée des postures réfractaires vis-à-vis de la dîme. Même s’ils ne le clament pas, des adventistes incontestablement de plus en plus nombreux, rejettent la dîme. Récemment, dans son manuel de formation continue de ses membre l'Eglise adventiste introduisait l'idée d'une deuxième dîme. Indiscutablement, cela a ravivé les critiques et amplifié les rangs des réfractaires. Surtout cela intervient après l'affolement adventistes de voir les dons reculer avec l'avènement en France de l'impôt à la source. Nous en avons déjà parlé dans deux précédentes notes (ICI et ICI AUSSI).
    Regardons les raisons qui résument provisoirement les raisons pour pour lesquelles des membres adventistes interviewés manifestent un rejet de la dîme. Dans un autre note nous reviendrons sur une dernière raison.

    1. Une légitimation théologique rejetée:
      S’appuyer uniquement sur une ancienne légitimation bureaucratique et un contexte historique de la fin du XXe et du début du XIXe ne permet plus de convaincre des esprits rationnels. En effet ces derniers notent de plus que : « le lien entre dîme et 10% de tous les revenus n’est pas ». Cette affirmation redondante pose donc une critique essentielle. Comment théologiquement, sans raccourci, objectivement, dire que la dîme renvoie à une proportion des revenus ? De plus, les détracteurs sont nombreux à souligner que la dîme est un ancien impôts de l'Eglise abandonnée en 1789. Elle est admise dans la SDA par des pionniers influencés par des groupes méthodistes et baptistes principalement (certains de ces groupes ont abandonné ou considèrent aujourd'hui la dîme comme un don libre).

    2. La dîme est bien plus qu’une proportion des revenus:
      En comparaison avec d’autres organisations religieuses, des membres considèrent la dîme comme 10% de l’ensemble des moyens dont ils disposent. Elle peut être vue sous l'angle financier, mais aussi en termes de temps mis à disposition, de matériels, et de toutes autres ressources.

    3. L’Eglise adventiste du septième jour comme unique bénéficiaire de la dîme :
      Cette critique est présente surtout chez les membres qui sont engagés dans des activités humanitaires et solidaires hors adventismes. Considérer l’Eglise adventiste comme unique destinataire d’une éventuelle dîme c’est pour eux ne pas prendre en compte d’autres actions aussi légitimes et qui permettent d’assister, d’aider des individus que l’Eglise adventiste ne peut atteindre. Donner de manière univoque à l’Eglise adventiste la dîme ce serait pour eux limiter les actions au sein d’autres structures.
      En interne ils doivent faire face à la critique qui distingue offrande et dîme. Mais d’un revers de main elle est rejetée car la capacité de dons n’est pas illimitée. 
      Cette critique est surtout, au-delà de la dîme une relativisation de la SDA comme structure de plausibiité ultime. Pour ne pas s’enfermer dans ce vocabulaire technique, cela revient à dire qu’intégrer d’autres groupes, associations, organismes… dans la dîme c’est considérer l’Eglise adventiste du septième jour comme une structure au même rang que ces dernières, et donc pas comme un espace parmi d’autres qui donne du sens aux liens, aux relations sociales, éthiques et religieuses.
    1. La dîme confiscatoire :
      10% des revenus est considéré comme un don élevé. Les réfractaires n’hésitent pas à faire le lien avec la fiscalité et notent que la dîme est supérieure à l’impôt ! De fait, la prise est ici vu comme une confiscation de pouvoir d’achat. Cet argument prend de l’ampleur dans un contexte de crise économique et social.

    1. La fonction bureaucratique :
      Les détracteurs reprochent à la dîme d’avoir pour fonction que le financement de la bureaucratie adventiste, surtout le paiement de fonctionnaires du culte (pasteurs) et administratifs. Ils invitent à remarquer que biens des leaders bibliques et historiques avaient d’autres sources de revenus que les simples dons des membres.

    1. L’inégalité perçue face à la dîme :
      La dîme est vécue comme profondément inégalitaire car soumettant de manière identique les individus sans prise en compte des revenus réels. C’est une perception bien loin de la réalité car le caractère proportionnel en fait une contribution égalitaire.

    2. La dîme conditionnaliste:
      C'est une critique récurrente selon laquelle la fidélité en la dîme conditionnerait les bénédictions divines. C'est donc considérer, indirectement, qu'il est possible d'influencer la volonté divine par la fidélité en des dons financiers. Vous comprenez bien que  théologiquement, éthiquement, moralement les critiques sont nombreuses. C'est d'ailleurs pour cette raison que nombres de groupes l'ont abandonné ou réduit à un don libre.

    Ces critiques sont de plus en plus partagées. Surtout, les pasteurs adventistes n'interpellent plus les membres individuellement pour le "manque de fidélité" à la dîme craignant aussi d'être considérés comme un groupe à tendance sectaire. 

    Outre ces critiques une autre, nouvelle, touchant au développement de l'Eglise adventistes du septième jour et des Etats est née, dans les pays pauvres, avec Haïti pour tête de prou dès la théologie de la libération. En Afrique elle est aussi massive avec les mouvements de réappropriation identitaire et de critique post coloniale. Elle est extrêmement importante. Nous y reviendrons dans la prochaine note. Affirmons déjà que cette critique majeure prend en compte toutes celles que nous avons présenté pour les dépasser et leur donner un plus fort impact.

  • Le rejet silencieux et croissant de la dîme (II) : Un frein au développement économique politique et social.

    Nous continuons à présenter les arguments d’adventistes opposés à la dîme et qui ne participent plus au financement de l'Eglise adventiste du septième jour par ce biais. Dans la note précédente nous présentions une synthèse incomplète des arguments synthétisés d’adventistes qui rejettent la dîme autour de sept points. Cette opposition n’est pas une action collective. Il y a une véritable tension chez les opposants à la dîme. Ils veulent être cohérents avec leur vision négative et refusent de financer l’adventisme par la dîme, mais ils se rendent compte qu’une adhésion massive à leur position serait source de déstabilisation de la SDA. De fait, ils veillent à garder privé leur choix, à ne pas se coaliser. C’est en ce sens que l’on ne peut pas parler d’action collective. Tout semble fait pour l’éviter. Il s’agit de choix individuels, intimes, privés. De fait, le rejet de la dîme par des adventistes ne peut pas être considérer comme une action qui vise à une protestation politique globale.
    J’indiquais qu’une autre raison, découlant des sept précédentes devenait importante. Il s’agit d’un rejet de la dîme en raison d’une lecture politique de cette dernière dans le cadre du développement économique et social. Plus précisément il s’agit d’une perception de la dîme comme un outil de la domination économique et social dans un mode libéral, postocolonial. Comprenons de quoi il s’agit et des conséquences autour de la dîme évaluée à 3,2 milliards de dollars US.

    La dîme : 3,2 milliards de dollars US.
    La critique envers la dîme au sein de l’Eglise adventiste du septième jour par de plus en plus de membres s’appuient sur une diversité d’arguments. Nous en avons présenté schématiquement quelques-uns qui reviennent avec récurrence. La dimension politique est de plus en plus importante et c’est dans les pays dits du protestantisme du sud que cette dernière émerge. En 2018 la dîme a atteint la somme de 3,2 milliards de dollars soit une progression de 3,6% selon Juan Prestol-Puesán, lors de la présentation du rapport financier en avril 2019. Au regard de cette somme importante qui permet le fonctionnement administratif de la SDA et son développement, des adventistes des Pays En Développement (PED) et des pays pauvres, s’interrogent sur une meilleure optimisation de leurs dons, au bénéfice de leurs besoins économiques et locales.

    Une privation de ressources locales.
    L’Eglise adventiste du septième jour via ses agences et associations dont l’ADRA participent au développement et à divers actions humanitaires et économiques pour le développement dans PED. Ces actions ne sont pas financées par la dîme mais par des dons spécifiques, des offrandes. Elles résultent donc d’un don supplémentaire, non obligatoire, laissé à la libre appréciation des membres.
    Les détracteurs mettent en évidence ici une incohérence. La dîme par son caractère obligatoire et proportionnel va attirer l’essentiel des dons des individus vers le développement de l’adventisme où les contraintes bureaucratiques sont nombreuses. Le financement des actions humanitaires bien qu’important ne sera pas privilégié. Il ne s’agit d’opposer, l’un l’autre naïvement, car le développement administratif (l’évangélisation) et humanitaire sont liés inextricablement. Cependant dans des économies où vivre en dessous du seuil de pauvreté est une réalité massive, ne serait-il pas plus logique, biblique, de ne pas ponctionner la dîme et laisser de tels revenus aux membres ou, sur place, les concentrer et utiliser. Payer la dîme pour qu’elle soit gérée, orientée, par l’administration centrale adventiste aux USA, loin du terrain fait de plus en plus réagir.

    Des demandes de suspension du paiement de la dîme
    Ainsi, on voit de plus en plus circuler sur les réseaux sociaux des pétitions, des courriers, demandant à la Conférence générale, de manière temporaire, d’accepter de sursoir à la perception de la dîme afin de permettre aux populations locales d’obtenir des moyens supplémentaires de développement. Cette demande, bien pensée, s’accompagne de propositions de gestion sur place par l’administration adventiste locale des fonds en faveur d’action sociales et économiques (Construction d’école, investissement dans le social, accompagnement des investisseurs…).
    Cette demande revient à réorienter ontologiquement la dîme vers les offrandes. Mais c’est la finalité qui est mis en avance, à savoir un investissement plus efficace localement pour le développement et la lutte contre les inégalités.
    Bien que l’administration adventiste reste jusqu’à ce jour muette face à cette demande croissante, elle ne pourra faire fi trop longtemps en cette période où la quette d’égalité et de développement traverse les sociétés.
    En 2005, je proposais de considérer symboliquement, pour l’analyse, l’Eglise adventiste du septième jour comme une multinationale du religieux. Nous pouvons aller plus loin dans le symbole économique en parlant de franchise. La dîme dans ce cas pourrait être assimilée à la redevance du franchisé envers le franchiseur. De fait, en demandant de suspendre le paiement de la dîme, les détracteurs essentiellement des jeunes comme c’est le cas en Haïti, poussent à repenser le système économique adventiste.

    Un outil de domination postcoloniale
    En Afrique, la montée des discours contre les politiques postcoloniales a des effets sur les réfractaires à la dîme. Ici la dîme est présentée comme un moyen de domination. En effet, en ponctionnant des moyens économiques dès PED vers les USA, elle amplifie la dépendance dans une logique libérale. La dîme, contrairement aux ambitions affichées serait ainsi un outil postcolonial de la domination économique, social, et religieuse. Ici c’est une lecture politique de la dîme, voire géopolitique qui est proposée. Même les actions humanitaires de la SDA n’échappent pas à la critique. C’est d’ailleurs la même qui est faite plus globalement à l’assistance humanitaire venue des pays riches. Dans cette perspective, l’humanitaire (y compris adventiste) est vu comme une politique postcoloniale qui amplifie la dépendance. Elle empêche un développement endogène. Surtout elle est la main qui pense les plaies venues du libéralisme, l’autre main du postcolonialisme. En d’autres termes, il suffirait pour les défenseurs de cette logique, d’annuler la domination postcoloniale pour qu’un développement économique se réalise et rende ainsi caduque toute aide humanitaire.

    Appliquée à la dîme cela revient donc à considérer qu’il suffirait d’annuler le versement de la dîme et plus largement de tout financement de groupes religieux exogène à la culture locale, pour bénéficier de fonds en faveur du développement local. La nécessité d’avoir donc une action sociale religieuse diminuerait ou disparaitrait.

     

    Ce que l’on peut retenir des détracteurs qui opposent dîme et développement

    La dîme est de plus en plus considérée comme une privation de ressources économiques. Sa base théologique étant fragilisée et surtout son caractère obligatoire vu comme une privation de pouvoir d’achat, la dîme est de plus en plus vécue comme un frein au développement local. Elle semble devenir pour certains adventistes, souvent très éduqués et diplômés, un outil qui s’est refermé sur lui. Il permet le fonctionnement administratif, le développement en s’éloignant de la prise en compte des attentes élémentaires d’égalité, d’équité, de développement local. Sa critique pousse la SDA à revoir son modèle économique.

    Pour l’heure telle n’est pas la perspective. Mais la montée des crises au sein de la gouvernance adventiste, sous toutes les latitudes ne pourra empêcher cette organisation religieuse à repenser son modèle économique. Cela a évidemment des conséquences théologiques majeures. Nous reviendrons sur les crises actuelles en espace francophone de la SDA par la suite.