Ellen White : une mission prophétique (2/2 de JL Chandler) (24.02.2008)

7ecc3a5ec151dee2ac8df0a0b11124d5.jpgContrairement à ce qu’on pourrait penser, la plupart des Américains ne sont pas religieux quand Ellen Harmon commence son ministère en 1845. La Bible n’est pas lue, encore moins étudiée. Dans de nombreux secteurs du monde, elle est même interdite. D’un point de vue théiste, c’est une catastrophe : « Mon peuple périt faute de connaissance » (Osée 4.6). Au sein du christianisme, des idées non bibliques persistent. Un grand mouvement d’athéisme s’apprête à effacer la croyance en Dieu. La critique de la Bible la présente comme un livre de mythes et d’affabulations. La mission d’Ellen Harmon sera donc d’exalter Jésus-Christ et d’encourager l’étude de la Parole de Dieu.

La miraculée

Dans un premier temps, Ellen a eu peur d’être rejetée par les millérites. Elle est jeune (17 ans), timide, petite (1.57 mêtre), menue (40 kilos) et en mauvaise santé. Sa courte existence a déjà été marquée par une grande tragédie personnelle. En 1836, - elle a alors neuf ans - une fille en colère lui lance une pierre à la figure après la sortie de l’école. Le projectile lui casse le nez. Le sang jaillit abondamment. En hâte, elle est transportée à la maison mais trop affaiblie, elle sombre dans un coma pendant trois semaines. C’est une miraculée ! Mais sa vie est bouleversée. Elle ne peut pas poursuivre une scolarité normale. Souffrant d’une faiblesse chronique, elle a souvent des étourdissements et des évanouissements – mais heureusement, sa santé s’améliorera au fil du temps. Quand elle essaie d’écrire, sa main tremble comme une feuille. Elle est forcée de renoncer à son rêve d’être une savante. Résultat, elle a une grosse déprime. Elle s’afflige sur son malheur et reporte son amertume contre Dieu. Elle se sent misérable et trop souillée pour qu’il l’accepte.

Au fond de ce gouffre, Ellen fait néanmoins une expérience spirituelle significative. Ses parents, Robert et Eunice, sont des méthodistes pieux et fervents. En mars 1840, ils écoutent les prédications de William Miller et ils acceptent son message. Ils ont huit enfants. Ellen et sa jumelle Elisabeth sont les deux dernières. L’espérance du retour du Christ remplit Ellen de joie. En juin 1842, les jumelles acceptent Jésus par le baptème. Ellen a trouvé la paix de Dieu et se sent pardonnée.

La déception d’octobre 1844 ne ternira jamais sa merveilleuse expérience. A sa surprise, sa foi se renforce. Elle écrira : « Ce fut l’année la plus heureuse de ma vie. Mon coeur était rempli d’une joyeuse attente. Nous étions unis comme un peuple dans une prière sincère pour une véritable expérience et une évidence indiscutable d’avoir été acceptés par Dieu » (1 Testimonies, p.54).

Contre toute attente, c’est donc à cette miraculée, « la plus faible des faibles », que Dieu transmet des messages pour les millérites dans la confusion. Ellen visite les congrégations pour les encourager et les réconforter. Mais la grande majorité suivra la position anti-visionnaire des dirigeants du mouvement. Seul un groupe minuscule au départ, les adventistes sabbatistes, examinera sérieusement son ministère. L’apparition de prophètes auto-désignés n’est pas un phénomène nouveau dans l’histoire chrétienne et religieuse, mais leur densité est singulièrement élevée au XIX ème siècle, notamment parmi les femmes – Ann Lee (les Shakers), Helen Blavatsky (la société théosophique) ou Margaret Fuller (les Unitariens) par exemple. Les prudents sabbatistes découvriront les quatre tests bibliques du vrai prophète.

 

 

Test 1 : Des enseignements bibliques

« A la loi et au témoignage, si l’on ne parle pas ainsi, il n’aura point d’aurore pour le peuple. » (Esaïe 8.20)

Les enseignements du vrai prophète doivent s’accorder avec ceux de la Bible. Pour les sabbatistes – les futurs adventistes du septième jour -, c’est un critère d’identification de choix. Ils sont très attachés aux vérités bibliques. John Andrews a ainsi déclaré : « J’échangerai volontiers mille erreurs contre une vérité de la Bible ».

L’ensemble des écrits d’Ellen White est volumineux. (Pour notre propos ici, nous appellons Ellen Harmon par son futur nom d’épouse). Son oeuvre représente cent-mille pages manuscrites incluant des livres, des articles, des lettres et son journal. Ses livres couvrent presque tous les aspects de la vie chrétienne et des enseignements bibliques. Elle cite des dizaines de milliers de citations de la Bible, pour expliquer, illustrer ou clarifier ses instructions. Ce matériel est essentiellement dévotionnel et pastoral. Elle n’est pas une exégète, une linguiste, une théologienne ou une historienne. Ses messages sont profonds mais ce ne sont pas des exposés théologiques détaillés.

Les adventistes estiment que les enseignements d’Ellen White sont bibliques, qu’ils soient : 1. acceptés par tous les protestants - l’inspiration divine de la Bible et la seule règle de foi, la trinité, la double nature du Christ, sa mort expiatoire et de substitution, le salut par la grâce, le retour du Christ, le jugement final, 2. acceptés par certains protestants – le choix libre de l’être humain, la création en six jours littéraux, le sabbat, le baptème par immersion, l’immortalité conditionnelle, la pérennité de la loi morale, l’abstinence des produits nocifs à la santé, ou 3. uniques à l’adventisme – l’instruction du jugement.  

 

Test 2 : Confesser l’incarnation du Christ

« Voici comment savoir s’il s’agit de l’Esprit de Dieu ; tout esprit qui reconnaît que Jésus-Christ est devenu véritablement un homme, vient de Dieu. » (1 Jean 4.2)

C’est peut-être le test le plus facile à appliquer à Ellen White. En effet, elle a beaucoup écrit sur la-préexistence du Christ, ses enseignements, son ministère terrestre et céleste, et sur sa seconde venue. Ses livres, Jésus-Christ, Paraboles, ou Vers Jésus en sont un clair exemple.

 

Test 3 : Une vie chrétienne exemplaire

« C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. » (Matthieu 7.20)

La vie du prophète ne doit pas contredire les enseignements de la Bible.  Unaniment, les critiques et les intimes d’Ellen White la décrivent comme une femme équilibrée, d’une grande piété et bonté. Elle n’est pas parfaite mais son caractère courteois, sa personnalité agréable, son comportement chrétien et ses contributions sont très appréciés. A sa mort, le News-Tribune de Détroit commente : « Madame White était une femme remarquable sous bien des aspects. Elle était profondément religieuse. Ceux qui la connaissaient intimement n’ont jamais douté de sa sincérité ». Le Star de Saint Helena écrit : « Ses presque quatre-vingt dix ans furent remplis de bonnes actions, de mots gentils et de prières sincères pour toute l’humanité ». Dudley Canright, sa critique la plus acerbe, a assisté à son enterrement. Profondément ému devant son cercueil, il déclare : « Une noble dame chrétienne est partie ».

 

Test 4 : L’accomplissement des prédictions

« Alors, maintenant, un prophète annonce la paix ; on saura s’il est réellement envoyé par l’Eternel seulement si sa prédiction se réalise. » (Jérémie 28.9)

Pour l’essentiel, l’oeuvre d’Ellen White consiste à guider et à conseiller une église naissante. En soixante-dix ans de ministère, ses écrits – comme ceux des écrivains bibliques - contiennent relativement peu de prédictions. La plupart d’entre elles se rapportent à l’avenir, à des évènements qui précèdent le retour du Christ. Certaines prophéties se sont déjà réalisées. Elle a prédit des choses impensables à son époque, qui semblaient étranges à ses contemporains, mais qui ne nous choquent plus aujourd’hui, tels que l’avènement du spiritisme moderne (le New Age), la recherche d’unité des confessions chrétiennes, le déclin des valeurs morales, les conflits sociaux ou des milliers de navires coulés (ce qui est arrivé durant la seconde guerre mondiale). C’est un fait qui a frappé le journaliste René Noorbergen, un expert sur les voyants et le charlatanisme, dans son livre Ellen White - Prophet of Destiny : sa vision du temps de la fin n’a jamais été démentie par les évènements. 

 

Le peuple de la Bible

Ellen White ne s’est jamais proclamée prophétesse. Cette conclusion éventuelle est laissée à ceux qui examinent sa vie et ses messages. Par humilité, elle concèdera néanmoins être « la messagère du Seigneur ». Sur Sociologiser, je présenterai au fil du temps le profil de sa vie, de ses visions majeures et de ses écrits. Sa documentation volumineuse est accessible à tous. La Fondation Ellen White possède tous ses manuscrits originaux. Son site officiel, www.whiteestate.org, fournit une mine d’informations au public. Plusieurs « centres de recherches Ellen White » dans le monde, dont celui du Centre universitaire adventiste du Salève en France, sont ouverts aux chercheurs. Deux CD-ROMs, Ellen G. White Writtings et Legacy of Light (avec des photos et d’autres biographies adventistes) contiennent le corpus complet de ses écrits – livres, articles, lettres et journal. Parmi les nombreux ouvrages sur Ellen White et l’adventisme, les biographies plus importantes sont : son auto-biographie Life Sketches of Ellen White, Ellen G. White en six volumes d’Arthur White, Ellen White’s World et Walking with Ellen White de George Knight.

Nous l’avons souligné, la mission d’Ellen Harmon est d’exalter Jésus-Christ et d’inciter les gens à étudier la Bible. Sous son impulsion, les adventistes sabbatistes vont beaucoup sonder le texte biblique. Ils découvriront des vérités. Une à une, ils rassembleront des doctrines oubliées.

07:05 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : Historique, Ellen Gould White | |  Facebook