L'adhésion adventiste à la Fédération Protestante de France (1) (21.06.2006)

medium_FPF.gifMalgré les nombreux mails je n’ai pas commenté l’adhésion à la Fédération Protestante de l’Eglise Adventiste. En effet, il me semble que le sociologue doit se tenir à ce que Weber appelle, la neutralité axiologique. Entendons par là que pour mener à bien ses analyses, le chercheur dans un exercice de frustration doit savoir s’abstenir quelques fois dans l’intérêt de sa recherche. Il ne faut pas voir là une absence d’opinion, mais une tentative de maîtriser des interférences qui pourraient être négatives, inutiles et improductives. De fait, je pense que le rôle du sociologue n’est pas de connoter cette stratégie. Cependant ce dernier peut avoir une analyse permettant d’éclairer les enjeux que renferme cette adhésion.

Premièrement il s’agit pour le sociologue de se demander, avant la question de l’adhésion en quoi l’adventisme s’inscrit dans le protestantisme ? Deuxièmement, comment cette adhésion participe à l’évolution du protestantisme français.
Si la filiation adventiste au protestantisme américain tombe sous l’évidence, l’entrée dans la F.P.F marque bien le tournant évangélique (si on accepte que ce terme peut s’appliquer à l’adventisme) dans le paysage religieux français. Mais ce qui demeure plus intéressant pour moi, qui défends l’idée qu’il faille développer des regards de l’intérieur des groupes religieux, c’est la réception d’une telle adhésion au sein même de l’adventisme. Sur ce point il apparaît, sur la base de simples observations un clivage entre la hiérarchie adventiste et une large partie des membres. Sans s’initier dans les débats internes d’ailleurs en cours d’apaisement, l’intégration officielle au sein du protestantisme français fut possible qu’en raison de la forme organisationnelle de l’adventisme, qui facilite la prise de décision par le haut. De fait il reste maintenant, surtout avec l’aide d’historiens, à comprendre en quoi cette adhésion permet de caractériser l’adventisme.
Pour ma part, je crois, que celle-ci montre bien que nous sommes dans une organisation qui s’institutionnalise, faisant d’elle une dénomination au sens Wéberio-troelschien. Ceci ne doit pas faire perdre de vue que l’adventisme demeure un groupe religieux avec une forte identité, construite historiquement. Celle-ci peut se résumer autour d’une place de choix donnée à l’évangélisation, le millénarisme messianique, la morale puritaine et la religion de la santé. De fait on comprend le souci des dirigeants d'adhérer à la F.P.F en préservant toutes ses pratiques et croyances. Ce choix qui se justifie dans la littérature historique adventiste permet également aux membres d’être rassurés sur l’éventualité de concession sur ce qui, de leur point de vue, forme le socle de leur croyance, à savoir un évangélisme devant toucher également les mouvements évangéliques. J’espère avoir été compris ! L’illustration demeure, comme me faisait remarquer Françoise Lautman, les discours volontaristes et précautionneux des dirigeants adventistes envers les membres. Ainsi dans l’adventisme le vocabulaire d’œcuménisme est quasi absent au profit de l’expression de « relations interconfessionnelles », tel que le dénote la Revue Adventiste de Jan-fév 2001 dans son numéro spécial. Voilà qui permet d’initier une réflexion plus large sur laquelle il faudra revenir.

Pour information lire le petit article de la Revue adventiste d'Avril 2006 suite à l'adhésion officielle du 11 mars 2006 apr_s deux ans de probation. BIA_2006_03_.pdf

10:10 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Fédération Protestante de France, Eglise adventiste, Groupes religieux minoritaires, Sciences Humaines, Sociologie | |  Facebook