Une nouvelle commission d'enquête sur l'influence des sectes (29.06.2006)

medium_300px-Assembl_C3_A9e_Nationale_France.jpgSous l'impulsion du député socialiste Philippe Vuilque, l'Assemblée Nationale a adopté mercredi à l'unanimité la création d'une d'enquête sur l'influence des sectes sur "La santé physique et morale" des mineurs. Voilà une initiative à observer. Composée de trente députés, cette commission se réunira dès jeudi pour procéder à l'élection de son bureau et établir son plan de travail. Elle aura six mois pour préparer son rapport. Le socialiste Philippe Vuilque, à l'origine de la demande, devrait être élu président de la commission, dont le rapporteur sera un élu UMP.
Les députés devront "mettre en exergue la dangerosité de certaines pratiques néfastes à la santé physique et mentale des enfants, ainsi qu'à leur épanouissement". C'est la troisième commission d'enquête sur les sectes mise en place à l'Assemblée depuis douze ans. La première, qui dressait la liste des mouvements sectaires en France, avait remis son rapport en décembre 1995; la seconde, relative à la fiscalité et au patrimoine des sectes, en juin 1999. Sous la précédente législature, en juin 2001, a été adoptée une loi sur la répression et la prévention des mouvements sectaires.

Cette dernière initiative se base sur une observation qui éloigne des évidences sociologiques. En effet elle dénonce déjà le fait "qu'ajourd'hui qu'un membre de groupe sectaire sur quatre a été recruté avant l'âge adulte", selon Philippe Vuilque qui accuse certaines sectes de "faire subir de mauvais traitements aux enfants. Mais pour traiter cette question il faudrait plus largement s'intéresser à la question de l'éducation et par la suite voir les particularités de la transmission dans la secte. Quel est l'état de cette question d'autres organisations sociales (politiques, associatives, philosophiques, sportives), où légitimement des membres, influent sur les choix de leurs enfants. Qu'elle place sera plus généralement donnée aux chercheurs ?

Une recherche dépassionnée montre qu'il est difficile de "manipuler" le concepte de "manipulation mentale" chez les mineurs et l'adulte. L'individu peut être qu'en de très rares cas pathologiques, considéré comme un téléviseur obéissant à une zapette qu'un tiers aurait en main. La question de la définition de la secte va évidemment se reposer à cette commission. Comment va t-elle s'y prendre après les échecs des prédécentes. Se contentera t-elle des maladresses, ignorances et influences négatives des premières commissions ? Comment prendra t-elle en compte les questions que soulèvent les chercheurs en sciences sociales ?

ll faut noter que l'exercice n'est pas évident pour les députés. Notons qu'il ne s'agit pas ici de dénoncer cette commission. Le législateur, de mon point de vue, a le droit, et même plus, se droit d'encadrer les dérives religieuses. A ce titre il faut louer l'idée que la commission semble particulièrement sensibles aux abus sexuels sur les jeunes. Mais face à ce choix, il faut espérer que ce même législateur va enfin faire un usage opportun des chercheurs qu'il salarie, loin de la passion qui semble déjà motiver cette commission. Pour cela il faudrait qu'elle accepte de se nourrire des avancées de la recherche pour déjà mieux poser les problèmes autour des dérives religieuses, de manière à ne pas devenir contre productive. Maintenant il reste à observer les avancées de cette commission en espérant que les leçons des échecs passés seront tirées.

Document en PDF : Resolution_creant_une_commission_d_enquete.pdf 

06:50 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Droit et religions, Groupes religieux minoritaires, Sectes, Eglise Adventiste | |  Facebook