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  • Les adventistes et la santé '2): L'apport du Dr John Harvey Kellogg, par Jean Luc Chandler

    02829c5cf0688cdcc39f35af4ae68d10.jpgEn 1863, la situation est mûre pour une réforme du mode de vie des adventistes du septième jour. Ils ont découvert des doctrines bibliques majeures et ils se sont organisés en Eglise. Libérés de ces préoccupations, ils peuvent prêter l’oreille quand Ellen White lance la « réforme sanitaire », d’autant plus facilement que les Etats-Unis (l’Europe dans une mesure moindre) traversent une crise de la santé. Comme c’est souvent le cas, Ellen White lance l’initiative, présente les lignes directrices et guide les adventistes mais les dirigeants de l’Eglise et les professionnels de la santé se chargent de faire des recherches et de mettre en oeuvre la grande réforme. On y reviendra...

  • La démarche écologique en adventisme: leçon à partir de ”L'Eglise verte”

    Eglise verteL’Eglise verte est un label qui a un succès important dans les paroisses catholiques, basé sur l’encyclique Laudato Si du pape François publié en 2015. Le label demande une conception de l’individu dans une approche environnementale, économique, sociale et spirituelle. Il est finalement un versant de la théologie catholique au développement durable. Rappelons que le développement durable est la capacité des générations actuelles à satisfaire leurs besoins tout en garantissant aux générations futures cette même capacité. Pour cela il faut satisfaire les besoins économiques, sociaux et environnementaux. Laudato Si peut être sociologiquement perçue comme une conscience catholique récente pour s’impliquer dans le développement durable au sein des paroisses. Le Label Eglise verte est un aspect opératoire de l’encyclique. Par effet de comparaison il montre une certaine conscience protestante ancienne sur le sujet mais qui ne s’est pas organisée pour se systématiser. Je prends dans le cadre de ce blog l’exemple adventiste. En 2009 j’écrivais une note sur l’écologie adventiste, et en 2010 sur la particularité de la notion d’écologie dans l’adventisme. Dans ces notes je soulignais l’importance d’une approche non culpabilisante, responsable, globale de l’écologie déjà présente dans l’adventisme.

    Paroisse-écolo.jpgDans son histoire, l’église adventiste s’est construite en intégrant la dimension écologique comme un atout. Concevoir l’individu dans son univers économique, social et environnemental marque l’adventisme dès la fin du XIX. Des figures qui un temps étaient adventistes comme le docteur John Harvey Kellogg, les institutions sanitaires adventistes, le système de santé  aujourd’hui et surtout l’éducation permanente à l’écologie dans l’adventisme au travers du programme des jeunes, illustrent l’implication écologique.
    La notion d’écologie n’est pas ici enfermée dans la biodiversité. C’est une dimension. Il faut voir l’écologie adventiste dans sa perspective holistique. La notion induit un respect profond des objectifs de Dieu pour la création, pour l’homme placé dans l’interaction avec cette dernière et surtout dans sa fonction de gestionnaire. Cette fonction implique de considérer que l’individu doit optimiser son lien avec la création, ses rapports sociaux et sa capacité à innover. Cette assertion qu’est l’innovation est très présente dans l’adventisme. Que ce soit dans les universités, les hôpitaux, les laboratoires de recherches, les relations avec les Etats, l’adventisme est certainement une « église verte ».
    Paradoxalement, l’adventisme n’a pas développé une démarche environnementale aussi aboutie que celle de l’Eglise verte et cela peut surprendre car en 150 ans elle a accumulé un savoir faire. Il existe des circulaires, une somme impressionnante de messages, d’ouvrages, invitant à avoir des pratiques écologiques. La notion adventiste de gestion chrétienne de la vie est d’ailleurs une vision écologique et holistique très aboutie.
    De fait, il est apparu avec une évidence trompeuse que ces acquis se transformeraient en actes concrets, spontanément. L’adventisme n’a pas systématisé un développement actif des connaissances écologiques applicables à grande échelle, immédiatement, dans toutes les églises locales comme dans le catholicisme. C’est certainement une perspective à développer.
    Comment valoriser une dense connaissance écologique pour que celle-ci ait désormais une forme active dans les communautés locales ? Comment s’assurer d’une diminution des empreintes écologiques de chaque église ? En quoi la communauté locale peut être un atout dans les changements comportementaux de ses paroissiens ? Des actions existent sur chacun de ces points mais nécessitent aujourd’hui une coordination, une amplification. Peut être que la mise en réseaux d’initiatives avec la FPF, le CNEF, le CEEF sont à penser. Quoi qu’il en soit, dans un monde où le développement durable touche toutes les institutions sociales, les groupes religieux doivent s’imaginer à la pointe de l’innovation. Sur ce terme nous reviendrons rapidement.

  • Tensions en adventisme: petite brève sur ”les apports” des conflits et dissidences.

    Schisme, division, cassureDepuis ses débuts la SDA est traversé par des débats internes. Celui initié par Joseph Bates permis l'adoption du sabbat comme élément doctrinal central (Sergio Becerra, 2001). D'autres débats furent menées dans une extrême tension et conduisirent parfois à des scissions.

    La doctrine de la « justification par la foi »
    En 1888, s'opposant aux principaux dirigeants de la Conférence général lors du synode de Minneapolis, le binôme de jeunes pasteurs Alonzo Trevier Jones (1850-1923) et Ellet Joseph Waggonner (1855-1916) firent évoluer la théologie adventiste en faisant acter la doctrine de la « justification par la foi » et non par la loi au sein de l'adventisme, fort du soutien d'Ellen White. Cette évolution se fit dans un cadre de tensions car les leaders historiques privilégiaient les signes de distinction avec les autres groupes protestants au détriment des points théologiques qui risquaient d'établir des convergences, à l'instar de la doctrine de Jones et Waggonner. Cependant, son important impact fait de 1888 une date fondatrice de la doctrine adventiste (Maurice Verfaillie, 2011, p. 115).

    Jonh Karvey Kellog
    Le Dr John Harvey Kellog (1852-1943) inventeur des Cornes flakes domina l’action médicale adventiste durant trois décennies. Avec l’aide des dirigeants adventistes, il créa l’École d’hygiène (en 1877), l’Association américaine de tempérance et de santé (1878), l’École de formation des infirmiers (1883), l’École d’économie domestique (1888), le Collège médical missionnaire américain (1895) et l’École normale d’éducation physique (1909) afin de former des centaines de professionnels de la santé. Kellogg présida pendant dix ans (1893-1903) l’Association adventiste missionnaire médicale et de bienfaisance (fondée en 1893), qui durant cette période, construisit des établissements de soins. Panthéiste, Kellog quitta la SDA suite à un profond désaccord sur la gestion des établissements de santé et son goût pour les théories eugénistes. Il fonda avec l'économiste Irving Fisher (1867-1947) et le biologiste Charles Davenport (1866-1944) la Race Betterment Foundation (la fondation pour l’amélioration de l'espèce humaine). L'engagement de Kellog pour les minorités sociales et ethniques surtout noires furent conséquents. Cependant les travaux de la Race Betterment Foundation seront repris et réorientée par l'Allemagne nazie (Brian Wilson, 2014). Le départ de Kellog avec des infrastructures de santé, a conduit la SDA à centraliser la gestion de ses structures pour éviter de nouvelles pertes de ressources importantes (Fabrice Desplan, 2005)

    Des scissions diverses à l'international.
    En 1925 un premier schisme verra des membres quitter l'Eglise adventiste du septième jour pour former L'Eglise adventiste, mouvement de réforme. En 1929-1930 puis 1950 deux vagues de dissidences se firent pour former les davidiens. Ces derniers deviendront tristement célèbre lors de la tuerie de Waco dans le Texas en 1993. Dans nombres de pays la croissance adventiste s'accompagnera de départs majeurs. Les plus importantes furent liées au choix de la SDA d'établir des rapprochements avec d'autres groupes religieux. Tel fut le cas en Hongrie en dans les années 70 où des cadres et des centaines d'adventistes refusèrent le rapprochement avec le Conseil des Eglises Libres, impulsé par le régime communiste. Ils fondèrent l'Eglise KERAK. En 2015, les 600 membres de l'Eglise KERAK ont réintroduit la SDA après une période de dialogue et des excuses officielles de l'Eglise adventiste1. D'autres scissions importantes ont lieu au Burundi (Jean-Pierre Chrétien et Melchior Mukuri, 2002)2, au Venezuela où le fondateur de l'Association Israelita, Ézéchiel Ataucusi Gamonal, a été expulsé de la SDA en 1956.

    En France
    separation-474x234.jpgEn 1982, en Polynésie Française une scission entraîna la création d'une Fédération adventiste dissidente (Bruno Saura, 1998). Les fractures dans l'Eglise adventiste s'expliquent toujours par des relations interpersonnelles principalement. La divergence doctrinale est un facteur secondaire. Il n'est pas rare de constater qu'elle est la manifestation des effets d'autres variables comme la culture, la catégorie sociale, le niveau de formation, la construction biographique, le type de conversion, etc
    . Il en va de même pour les tensions autour de la place d'Ellen G. White ou la vive opposition autour de l'ordination des femmes (sujet sur lequel la France connaît quasiment pas de remous).
    Le sujet clivant qui traverse la France demeure le rapport aux autres institutions religieuses, y compris protestantes. L'adhésion à la Fédération Protestante de France de 2006 s'est réalisée au prix du départ de pasteurs adventistes vers des pays où la SDA se développe en autonomie (Richard Lhemann, 2008). La prise de position de l’Église protestante unie de France (EPUdF) membre de la FPF en faveur du mariage homosexuel a réactivé en 2015 les critiques de membres sur l'appartenance de la SDA à la FPF. Conscient de sa position extrêmement minoritaire en France, des cadres insistent pour des rapprochements avec des groupes protestants plus conservateurs et en phase avec les positions éthiques adventistes. Ainsi un dialogue soutenu avec le Conseil National des Evangéliques de France (CNEF) est entretenu.
    Les questions sur les évolutions des formes de conjugalités restent un sujet de débat non explicite et source de lecture très différentes dans l'adventisme. Même si la tendance reste à une préférence pour le mariage comme cadre de développement familial, dans les faits la montée du concubinage, des séparations, du divorce, au sein de la SDA interroge. L'initiation même d'un cadre d'analyse de l'homosexualité est source de tension. Il y a quelques années, la rédaction d'un article sur le sujet par l'ancien doyen de la Faculté adventiste du théologie a montré les grandes sensibilités autour de la question.

    Que montre cet éventail incomplet ? L’Église adventiste doit être approchée comme un espace dynamique sur le long terme, même quand elle donne l’impression (volontairement ou non) d’être arc-boutée. L’un des fondateur de la SDA, James White, était opposé à la construction d’une doctrine normative, perceptible aujourd’hui dans les 28 vérités fondamentales de l’Église adventiste. Il n’était pas emballé par la croyance en la Trinité et d’autres points forts de la SDA. Comme le souligne l'historien adventiste George Knight "aucun des leaders fondateurs de la SDA se reconnaîtraient dans l’Église adventiste" en 2019. Certainement ils refuseraient d’y adhérer ! L’Église adventiste est donc un espace religieux en mutation permanente et les conflits sont aussi des facteurs de son évolution. Ils obligent surtout les adventistes à devoir développer beaucoup de recul sur eux même; mais là est un acte extrêmement compliqué et donc rare et peu encouragé.

     

     

    2Voir ; Jean-Pierre Chrétien et Melchior Mukuri,  Burundi, la fracture identitaire - Logique de violence et certitudes "ethniques", Karthala, 2002.