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Et si les groupes religieux minoritaires n’existaient pas !

Vous avez certainement entendu parler, ou déjà vu, le film de Jean Philippe, qui nous projette dans un univers où un fan de Johnny se réveille et constate que son idole n’aurait jamais existé. On imagine bien cet homme entre dérive, sentiment de folie et désire de reconnaissance. La solution du personnage central, Fabrice, joué par Fabrice Luchini : un certain Jean Philippe, joué par Johnny lui-même, pour le pousser à devenir la star qu’il devrait être.Voilà une construction cinématographique, qui renferme au-delà de l’imaginaire, des bouts de réflexions utiles quand on pense aux groupes religieux minoritaires. « Et si les groupes religieux minoritaires n’existaient pas ! » Voilà qui ferait, en parodiant la comédie de Laurent Tuel, un excellent scenario.

Vous imaginez, un monde, où le religieux serait marqué par une homogéniété religieuse. Pas de schisme, pas de réflexion nouvelle, une vision figée des textes considérés comme sacrés, pas de charisme individuel à l’origine de nouvelles croyances, des relations sociales non dynamiques, des parcours religieux identiques, une éducation religieuse stéréotypée, pas de déviance…

Cette boutade permet de comprendre que les groupes religieux, loin d’être le résultat de folies ou d’irrationalités, voire de faiblesses, sont des indicateurs de la prodigieuse capacité humaine à tisser des liens, à construire des représentations sociales, en raison d’un besoin fondamental de l’être humain ; la création de sens. Le regard sociologique sur le religieux minoritaire, est en ce sens, une production permanente d’une version singulière, des relations humaines où le croire en une présence supranaturelle est important. De ce fait, il est le contrecoup de nos productions de liens interindividuels mais également avec nos représentations du divin. Ce dernier lien se décline de manière différente dans les groupes minoritaires et chez les individus.

Une uniformité sociale où le religieux minoritaire n’existerait pas, voire où se dernier disparaîtrait, serait la marque d’une absence d’ingéniosité humaine, ou de la perte de lien avec le divin. Et comme rien ne permet de supposer à une tétanisation de l’homme dans sa création de liens sociaux, et surtout à l’absence de lien avec le divin, le religieux minoritaire, loin de disparaître est le produit d’une vitalité sociale à analyser. Il réinterroge nos acquis, oblige à toujours se demander ce qui est de l'ordre de l'essentiel. Il invite à ne pas fuir les réalités morales et à placer l'individu dans une dépendance vis-à-vis de la divinité. Ce dernier point est peut être contestable, mais à l'heure où l'on remarque que l'homme s'est lui même mis au centre de toutes préoccupations et que cette centralisation des intérêts humains est certainement la cause principale des maux sociaux, la perspective religieuse est d'une pertinence éprouvée et certaine.

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