Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sexe et stratégie matrimoniale dans l’Eglise Adventiste (1)

medium_sexe_et_religion1_10k.jpgCe n’est pas le but, mais voilà une note qui va certainement faire augmenter le trafic du blog. Toute personne sensible à l’audimat d’un site sait qu’il suffit de mettre les mots "sexe, positions, religieuse, vierge…" ou tout autre terme pouvant de près ou de loin être liés à la sexualité pour voir des internautes venir s’agglutiner. Je le constate que les mots clefs qui conduisent les individus sur sociologiser sont parfois sous la ceinture. Certains écrivent des combinaisons de termes insoupçonnables ! Maintenant que je vous propose de simplement problématiser la sexualité et les parcours matrimoniaux dans l’adventisme à partir de quelques données de terrain, l’audience du blog augmentera, puisque des mots clefs, source d’un trafic en hausse seront omniprésents. Attention je dis bien problématiser, c'est-à-dire construire un questionnement en se référant à ce qui est donné d’observer. Vous ne trouverez pas ici d’opinion.

L’approche adventiste de la sexualité épouse la tendance sociale globale que nous pouvons résumer autour de la banalisation au sens pédagogique du terme. Ce n’est rien d’autre qu’une illustration de l’ultramodernité. De plus en plus, sans complexe, en évitant la grivoiserie, tout en restant dans les codes éthiques et théologiques qu’elle se donne, l’Eglise Adventiste, comme l’ensemble de la société (avec toutefois un décalage dans le temps), aborde sereinement les problématiques sexuelles et matrimoniales, avec toutefois d’évidentes difficultés. D’une position rigide, le groupe est passé à l’ouverture pédagogique décomplexée. Il faut dire que l’influence et les évolutions des mœurs, de la morale, sont passées par là. Il n’était pas étonnant dans des ouvrages du groupe édité il y a déjà 50 ans, de trouver des recommandations puritaines marquées par l’interdit. Interdiction pour des jeunes de s’embrasser en public, de marcher main dans la main, de sortir amoureusement avant la nuptialité, etc. Aujourd’hui nous sommes bien loin de cette période en France. Notons que dans d’autres endroits du globe (Certaines églises d’Afrique noire, voire des Antilles) un tel discours persiste, tout en faisant face aussi aux mêmes tendances. Mais restons en France. L’approche décomplexée du sexe s’y est inscrit dans un mouvement social général envers la sexualité marqué par la permissivité et la pédagogie. Les dangers des MST, les effets de campagnes d’informations au sein même de l’Education Nationale, l’émergence d’Associations, etc ont contribué à ce que le sexe soit approché paisiblement dans toutes les instances sociales, y compris dans des groupes religieux. Cependant, dans ces espaces il reste traiter dans le cadre des croyances du groupe. Voyons ce qu’il en est pour l’Eglise Adventiste en évitant les notions complexes.

Une approche de plus en plus décomplexée.
Parler de sexe dans l’Eglise Adventiste est aujourd’hui réalisé avec de moins en moins de complexes. Tous les groupes d’âges qui le désirent peuvent, plus ou moins facilement, en s’adressant par exemple à la Fédération, obtenir un programme adapté. Dans des églises locales ils sont souvent réalisés par des professionnels de la santé physique et/ou mentale. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas de réticence de membres, mais il y a une véritable tendance répondant à la demande des jeunes, conjuguée à une plus grande ouverture des dirigeants, ce qui me permet de parler d’une une approche sans complexe, comparativement à quelques années passées. Dans cette dynamique, le forum adventiste accessible sur le site de la Fédération Française de la Jeune Adventiste est une expression et un moteur.

Le refus de la grivoiserie.
Approche décomplexée est à différencier d’une approche grivoise. Le refus de l’obscénité, de la grossièreté est permanent. La particularité évidente et la variabilité dans le temps de la définition de l’obscénité dans l’adventisme. Comme dans maints autres groupes religieux, la sexualité est conçue comme un don de Dieu, une grâce, permettant un développement commun entre deux partenaires. De fait toute approche flirtant avec le pornea est rejetée. En effet à partir d’un regard nourri d’éléments théologiques et éthiques, la sexualité est présentée comme héritée de Dieu. Cette conception ne s’oppose à l’idée de plaisir.

La reconnaissance de l’individu acteur de sa sexualité.
Le refus de la grivoiserie ne veut pas dire que l’adventisme se voile devant des demandes précises, voire technique, d’individus, de couples, sur le rapport amoureux, le coït. Le plus souvent, sous formés face à cette question, des pasteurs adventistes mettent le pied dans le plat. Les plus expérimentés orientent souvent les couples en demande, surtout quand cela est source de conflit, vers des spécialistes, des thérapeutes (psychiatre, sexologue, endocrinologue…). Cette orientation manifeste également la reconnaissance de la sphère proprement individuelle dans la problématique sexuelle. La hiérarchie adventiste s’interdit, fort logiquement, de trop s’initier malgré les injonctions, dans l’intimité du couple. Bien sur il existe des maladresses qui ne traduisent pas l’éthique générale du travail de responsable. Vous imaginez bien le terrain mouvant d’ailleurs.

La permanence pédagogique.
La pédagogie adventiste sur la sexualité s’appuie évidemment sur les textes bibliques. Outre le Texte, l’adventisme intègre la problématique sexuelle dans le cadre de la gestion spirituelle de l’individu. On y trouve entre autre le sexe dans le rapport au corps, à l’équilibre psychologique etc. Finalement, plus qu’une simple question touchant à la théologie et au symbolique religieux, l’adventisme a intégré le sexe dans la gestion de l’individu, pris dans ces contradictions d’acteurs de l’ultramodernité croyante. Toutefois conjugué avec la sobriété qu’entraine la reconnaissance de l’individu dans son intimité, la pédagogie adventiste ne débouche pas vers un Kamasutra, qui reste une rareté dans les groupes religieux et/ou mouvement spirituel.

La réaffirmation théologico-éthique.
La pédagogie adventiste conçoit l’homme, le croyant dans sa globalité (CF. le développement adventiste du corps et de l’âme). Elle s’insère dans l’héritage chrétien puritain. Le cadre matrimonial du couple 1) hétérosexuel, 2) monogame, 3) idéalement intemporel (le couple peut se reconstituer dans le paradis) sont des éléments notoires.
Le sexe est connecté à une approche éthique qui intègre la problématique amoureuse, base de la construit d’une relation de couple. Couple qui deviendra l’unique cadre des relations sexuelles.

L’endogamie
L’adventiste conçoit le couple, et donc si on accepte le précédent point, le couple comme unique cadre des relations sexuelles. Ce couple se doit d’être composé d’individu adventiste. De fait il s’agit bien d’endogamie sociale, ce qui ne va pas sans poser de problème. Un simple regard sur la démographie adventiste permet de noter l’inadéquation numérique entre hommes et femmes. Combien de fois dans les églises, lors de discussions informelles (et formelles) des jeunes, des adultes, ont noté la difficulté à rencontrer un individu dans le groupe en raison d’un manque d’offre. En plus le problème vient se complexifier avec les préférences individuelles, les gouts et les couleurs.
Quoi qu’il en soit, une fois cette difficulté surmontée (ce qui est loin d’être toujours le cas) l’adventisme conçoit le couple, et donc le sexe, comme devant être « un coin du ciel », un espace de bonheur partagé.
Notons rapidement, mais gravement, qu’il existe dans l’adventisme des individus, qui en raison de l’exigence d’endogamie, ne trouvent pas chaussure à leur pied. Cela entraine des tensions psychologiques chez des individus en attente d’affection. La structure adventiste est d’ailleurs sensible à ce problème puisqu’elle organise des programmes en direction de tous les célibataires.
L’endogamie demeure un véritable défi, non propre à l’adventisme, source de nombreuses "déconversion", de départs de jeunes, du groupe, pour trouver hors des limites symboliques de l’adventisme, une relation. L’une des solutions adventiste est de faciliter les contacts les échanges entre adventistes du Monde entier. Voilà qui fait un clin d'oeil à l'amour, notion entre les lignes, mais qui disparait explicitement dans l'aspect technique de notre présentation. 

 

Les difficultés de l’endogamie traduisent aussi les effets d’influences sociales extérieures à l’adventisme et que rejette totalement le groupe (concubinage, polygamie, multipartenaire, homosexualité –bien qu’aux USA il existe un mouvement d’adventistes homosexuels) ou ceux avec lesquels il est obligé juridiquement de s’accommoder (le pacs en France). Mais là sera l’objet d’une nouvelle note que j’illustrerai à partir des travaux que j’ai mené.

Commentaires

  • Bonjour,

    Je précise, je suis abonnée au fil de ce blog et ce n'est donc pas le mot "sexe" qui me fait réagir.

    Ce serait plutôt la seconde la seconde partie du titre ; "stratégie matrimoniale" !!!!

    Car si votre texte émet des faits (évolution des mentalités, problème de l'offre et de la demande), je ne vois aucunement la mention de stratégie matrimoniale développée.

    Et ce pour une bonne raison, c'est qu'il n'y a aucune stratégie matrimoniale dans l'Eglise !!!!!!

    Avez-vous déjà entendu parler de clubs ou de sites de rencontre adventistes ? De l'organisation de rallyes ?, d'un mouvement, quelqu'il soit, chapeauté par l'Eglise ? d'une politique mise en place pour faciliter les mariages ?

    Moi, jamais ! On peut le regretter ou au contraire en être satisfait.

    Donc à moins que le mot stratégie soit mal choisi, j'aimerais que vous nous éclairiez sur ce que vous sous entendiez par cette expression.

    Amicalement,

    Béatrice

  • Bonjour Béatrice. Merci, merci, merci pour cette remarque. Vous faites bien. Il n'y a pas mot plus malfaisant en sociologie que celui de "stratégie". Il cache maladroitement l'idée de "choix". J'aurai certainement du dire : "liens matrimoniaux". Toutefois, dans la continuité de ce qui est développé et que vous résumez, il y a quand même des choses à dire au sujet de la matrimionialité. C'est ce que je proposerai dans le deuxième volet de la note. Déjà en clin d'oeil à la fin de votre commentaire, il existe de plus en plus de revues adventistes qui permettent aux célibataires adventistes de rentrer en contact. C'est aussi une intéressante évolution récente.
    Amicalement,

  • C'est vrais de plus en plus il est assumé dans nos églises les questions sur le sexe. Mais je connais des adventistes qui sont célibataires malgré elles. Il se pose la question maintenant de savoir pourquoi empêcher les adventistes de se marier avec d'autres chrétiens protestants par exemple. C'est pus difficile pour quelqu'un(e) de rester dans la solitude je trouve. Comment gérer cela ?

  • Bonjour et bonne année !

    Etant célibataire moi-même (et contente de l'être), il est évident qu'un sujet comme celui-ci m'intéresse au plus haut point. Aussi excusez-moi d'avance si je confonds blog et forum.

    Ce que je reprocherais à l'Eglise, ce n'est pas tant le manque de formation des pasteurs que le discours suivant :

    "Prie et tu recevras !"

    Si cela est vrai dans l'absolu il ne faut pas manquer de dire également à tous les "solobataires" que la prière ne suffit pas !

    Il faut également insister sur le fait que dans l'Eglise on retrouve les problèmes communs à tous ! N'oublions pas de souligner, que dans une ville comme Paris, une personne sur deux vit seule, alors pourquoi voulez-vous qu'il en soit autrement dans l'Eglise ?

    Je pense que d'une manière générale nous nous empoisonnons l'existence avec ce que nous désirons mais n'avons pas en oubliant d'apprécier ce que nous avons réellement.

    Alors si le sexe a longtemps été tabou, que les histoires de la femme étrangère on pesé lourd dans la balance, n'adoptons pas la politique de l'autruche en disant que les seuls responsables de tous nos maux, en particulier le solobat (terme impliquant les célibataires et ceux qui ne l'ont pas toujours été) est l'Eglise et ses pasteurs.

    Nous vivons dans une société où la solitude est une compagne pour beaucoup ; l'Eglise n'est pas un paradis mais simplement un havre de paix (du moins devrait-elle l'être) où l'on peut se ressourcer et laisser à la porte nos soucis grands et petits.

    Béatrice

  • Brigitte,
    Voilà un prolongement fort intéressant puisqu'il intègre l'aspect personnel. J'ajoute dans le même sens qu'évidemment il n'y a pas de responsabilité pour le célibat. Cela voudrait dire qu'il ne serait que négatif ! Il y a plusieurs formes de célibats heureusement. CE qui est à noter c'est l'évolution que je qualifie de positive (à mes risques et périls) du traitement et de la place du célibat dans l'Eglise Adventiste. Il n'est plus vu uniquement dans sa dimension relationnelle et spirituelle, mais également comme un trait plus large de l'évolution des sociétés. En soit cela est déjà très bien.

Les commentaires sont fermés.