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Samuel Snow fixe la date du retour du Christ (de JL Chandler)

38b8418cd71707b3dc7aa5a2ebc36808.jpgA la surprise de tous les opposants, la proclamation millérite du retour du Christ repart de plus belle en été 1844. Les millérites découvrent brusquement que l’an zéro n’a jamais existé. Il faut donc ajouter une année à leurs calculs prophétiques :

2300 – 457 = 1843 + 1 = 1844

Ils situent le début des « 2300 soirs et matins » - 2300 ans – de Daniel 8.13 en 457 av. JC. Mais comme personne ne connait la date précise du décret du roi perse Artaxerxès, qui a été signée cette année là (Esdras 7.11-26), la fin du temps prophétique demeure à une date inconnue, située quelque part en 1844. Le Christ peut revenir à n’importe quel moment !  

La deuxième prédiction de la parousie

Le 12 août 1844, les millérites trouvent une réponse à leur laborieuse investigation prophétique au cours d’un camp-meeting à Exeter dans le New Hampshire. Joseph Bates est interrompu durant sa prédication par la soeur de Samuel Snow. Celle-çi demande qu’on cède la chaire à quelqu’un qui a une révélation à faire : « Il est trop tard pour consacrer du temps à ces vérités qui nous sont familières... Le temps est court ! Le Seigneur a ici des seviteurs qui possèdent de la nourriture en temps favorable pour sa maison. Laissons-les parler ! » Sans hésitation, Bates laisse sa place au prédicateur millérite. Car deux jours plus tôt, il s’est rendu au rassemblement avec la distincte impression qu’il recevrait une « nouvelle lumière » sur un enseignement de la Bible. Samuel Snow (1806-1870) a fait une découverte ! A l’instar de William Miller, il est parvenu à la conviction que la fête juive du Yom Kippur, le jour des expiations (Lévitique 16), est un type – autrement dit, une illustration rituelle - du jour du jugement. Sans nulle doute, le retour du Christ est ce jour du jugement. Snow souligne que conformément au calendrier des Juifs karaïtes, la venue de Jésus aura lieu le dixième jour du septième mois juif, soit le 22 octobre 1844. Deux mois plus tard ! L’assistance est électrifiée. Les campeurs quittent la réunion d’Exeter avec l’objectif de répandre leur message urgent de façon aussi rapide et étendue que possible. A travers la Nouvelle Angleterre, le cri retentit : « Voici l’époux... vient le dixième jour du septième mois. Le temps est court. Préparez-vous ! Préparez-vous ! »

Le mouvement du septième mois

Les dirigeants millérites sont pris par surprise. Quand Snow annonce sa découverte, William Miller et Joshua Himes se trouvent dans le Mid-West des Etats-Unis. Ils découvrent l’ampleur du mouvement du septième mois quand il est déjà bien bien lançé. George Storrs (1796-1879), un pasteur méthodiste et un dirigeant millérite, est le promoteur le plus en vue de la proclamation de la date du retour du Christ.

Cet abolitioniste a quitté son église en 1840 parce que sa hiérarchie s’oppose à ses vues anti-esclavagistes et à son enseignement sur l’état des morts. En lisant un livre d’Henry Grew en 1837, Storrs parvient à deux conclusions qui seront plus tard déterminantes dans l’élaboration des doctrines adventistes du septième jour :

1.      L’âme n’est pas immortelle. Cette idée provient des anciennes religions païennes mais elle n’est pas biblique. Selon la Bible, l’âme désigne l’être humain dans sa totalité. Quand il meurt, toutes ses capacités s’éteignent. Mais il y a un espoir. Il demeure dans le sommeil de la mort, un état d’inconscience totale, jusqu’à la résurrection. S’il accepte Christ comme son Sauveur et son Seigneur, à son retour, il obtiendra l’immortalité.

2.      Les flammes éternelles de l’enfer sont aussi une idée d’origine païenne. Au jour du jugement, ceux qui ont rejetté Dieu seront détruits une fois pour toutes.

Storrs est le premier dirigeant millérite à prêcher ces deux doctrines. Ceci lui a valu des problèmes avec ses anciens collègues et depuis lors, il est habité par la conviction que l’organisation écclésiastique est un mal dont il faut se défaire.

L’influence de Storrs et de Snow grandit considérablement pendant la courte période qui précède le 22 octobre. Les millérites ont tendance à suivre leurs conseils davantage que ceux des autres dirigeants millérites, plus prudents et modérés. Un observateur note qu’ils  partagent la nouvelle avec tant d’enthousiasme qu’elle traverse « le pays à la vitesse d’une tornade ». Au début du mois d’octobre 1844, Miller, Himes et d’autres dirigeants millérites acceptent finalement la date du 22 octobre. Jusqu’au 6 octobre, Miller refuse de s’arréter sur une date précise parce que « personne ne connaît ni le jour ni l’heure de l’avènement du Seigneur ». Il a toujours mis l’accent sur l’évènement, pas sur une date particulière. Le 16 octobre, Litch est le dernier à y adhérer.

 

L’attente du jour J

Au fur et à mesure que la date s’approche, les millérites font face à un dilemme réel. S’ils vaquent à leurs affaires habituelles, on dit qu’ils sont des hypocrites. S’ils cessent leurs occupations, ils sont des fanatiques. Miller les conseille de ne pas « négliger aucun devoir de cette vie ». Mais certains prédicateurs millérites ne gardent pas une telle réserve. Joseph Marsh les incite à se débarasser de tout ce dont ils n’ont pas besoin et à se sacrifier pour faire avancer la cause. Storrs les encourage à « tout abandonner » plutôt que d’attirer sur eux « une destruction rapide ». Beaucoup de millérites suivent les recommendations raisonnables de Miller mais certains sont extrémistes. Des fermiers cessent leurs activités. D’autres vendent leurs fermes. Des commerces sont fermés plusieurs jours avant la date fatidique. Des travailleurs démissionnent de leurs emplois. Des enfants sont retirés de l’école.

Sur un plan plus positif, les milérites règlent toutes leurs dettes. Ils s’assurent de se réconcilier avec ceux qu’ils ont offensés dans le passé. Priant pour le pardon de leurs péchés, les croyants remplissent les églises durant les derniers jours de l’attente. Le Post de Boston rapporte : « Le tabernacle fait foule jour et nuit... Des centaines de gens des villes avoisinantes dorment dans le tabernacle chaque soir. L’excitation est à son comble ».

En revanche, le calme et rationnel Miller ne vend pas sa ferme. Pourtant sa joie ne peut se contenir. « Mon coeur est si plein, écrit-il à Himes, que je ne peux l’écrire. J’en appelle à toi, à tous ceux qui aiment son apparition pour le remercier pour sa glorieuse vérité. Mes doutes, mes peurs, l’obscurité, ont tous disparus. Je vois que nous sommes toujours dans le vrai. La Parole de Dieu est vraie. Mon âme est remplie de joie... Oh, comme j’aimerais crier de joie. Mais je crierai seulement quand le Roi des rois viendra ». Sublime espérance !

Le 14 octobre, le bouillant Charles Fitch meurt d’une pneumonie. Il est resté trop longtemps dans les eaux glacées du Lac Erié à baptiser à trois reprises, des groupes de néophytes. Ses dernières paroles à sa femme et à ses enfants sont, « je crois aux promesses de Dieu », persuadé qu’ils seront à nouveau réunis une semaine plus tard.

L’effervescence parousienne

Une chose est sûre. Le zèle pointu de l’exactitude chronologique de Snow et de Storrs contribue à fermenter une effervescence non souhaitable autour d’une date spécifique du retour du Christ. Elle suscite un réveil spirituel chez les croyants sincères mais aussi un intérêt superficiel chez tous ceux qui sont seulement attirés ou bouleversés par une nouvelle aussi sensationnelle. Ce second groupe est particulièrement vulnérable. Pourtant, comme nous le verrons dans notre prochaine note, une voix plus discrète a invité les millérites à préserver une vue plus équilibrée de l’espérance du retour du Christ et à se garder d’aller au-devant d’une déconvenue cruelle mais au milieu de ce débordement d’enthousiasme, elle a un certain mal à se faire entendre.

Commentaires

  • Monsieur Chandler.

    En lisant la suite de votre passionnant exposé sur l'origine de l'adventisme, j'ai été particuliérement frappé
    par la similitude que l'on trouve entre le comportement des fidèles de Snow et de Storrs et celui des chrétiens de Thessalonique relaté dans les épitres de Paul.
    On est ainsi bien pris entre deux pièges, ou on pense qu'il ne sert à rien d'essayer de trouver l'époque du retour du Seigneur (à l'argument spécieux que "nul ne le connait si ce n'est le Père") ou on tombe dans l'autre piège de vouloir en calculer l'heure exacte et on s'expose à la déconvenue.
    Le millénarisme est, à mon avis, empreint de radicalité, et je pense qu'à la lecture des textes eschatologiques évangéliques ou pauliens on ne peut réfuter cet acception parce qu"elle serait connotée. Bien sûr la radicalité des adventistes ne serait être calquée sur celle des millénaristes de Münster, mais elle existe quand même. Et même si les excés amènent souvent à des déconvenues, ils n'annihilent pas le grand réveil spirituel né par ces prédications. Et encore moins les compréhensions fines de Georges Storrs sur la condition de l'âme qui sont d'une grande modernité.

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