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Parcours de conversion à l’Eglise Adventiste.

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Je n’avais pas prévu cette note puisqu’elle correspond à un article en cours de rédaction pour une revue scientifique. Cependant face aux commentaires de "étudiant", je vous propose un rapide résumé et une définition de ce que je mets sous le vocabulaire de "parcours de conversions". Ce sera une réponse partielle à cet excellent questionnement. Il est vrai que ceux qui lisent mes travaux, m’entendent, ou simplement y font une découverte ici, trouvent sous ma plume cette expression. Par parcours de conversion, j’entends simplement une entrée, un regard sur la biographie d’un individu, à partir des changements religieux qu’il a réalisé, en adhérant, par une conversion ritualisée (le baptême généralement) à une organisation religieuse. Dans le cas adventiste la conversion implique le baptême par immersion, accompagné d’une profession de foi, comme il est d’usage dans la plupart des organisations religieuses protestantes.

Dans mon travail je propose une analyse de ce parcours. Mais notons que ce n’est en rien une innovation, puisque depuis ses origines la sociologie du fait religieux, s’est donnée pour objet les conversions. Je n’aborde pas celles-ci avec l'idée qu’elles sont un dysfonctionnement. Je les considère comme des actes rationnels, même si les individus, ne les présentent pas comme tels. Pour analyser les parcours de conversion la méthode que j’ai retenue consiste à recueillir par différents types d’entretiens les récits enregistrés des conversions. Qu’en résulte t-il ? Différents types de parcours apparaissent. Notons qu’ils sont des constructions qui permettent simplement de mieux comprendre la réalité, sans prétendre enfermer celle-ci. C’est une vision schématique trop rapidement simplifiée ici. Mais cela a le mérite, malgré le risque d’une vive critique, de parler de la diversité et donc de la richesse des conversions à l’adventisme. Ainsi, concernant L’Eglise Adventiste en France deux grands types de apparaissent.

  1. Les héritiers. Il s’agit d’individus qui sont nés dans l’adventisme, et qui connaissent à un moment précis de leurs parcours une intensification et/ou une réorientation de leur activité religieuse et de leur sentiment d’appartenance à l’adventisme.
  2. Les néophytes. Ce sont les individus qui se convertissent sans que l’adventisme ait joué un rôle majeur dans leur socialisation.

Ces deux grandes catégories se subdivisent. Au sein des héritiers nous retrouvons : les continuels et les prodigues. Les seconds (prodigues), à la différence des premiers (continuels) connurent une rupture d’appartenance. Ils ont quitté l’Eglise Adventiste pour la réintégrer par la suite. Les expériences « hors église » de ces derniers influencent fortement le regard qu’ils portent sur l’Eglise Adventiste, leurs relations ou encore sur les différents groupes religieux. A l’inverse, les héritiers continuels ont dans l’adventisme un parcours linéaire. Ce dernier se particularise par une amplification du sentiment religieux, des implications dans une communauté adventiste, etc. Cette amplification accompagne l’expérience de conversion.

Chez les néophytes nous pouvons distinguer les stratégiques, les conquis, et les pèlerins.
Les néophytes stratégiques (expression maladroite parce que le terme stratégique a une signification riche en sociologie) sont des individus en général avec un très haut niveau de formation, et qui ont accepté d’adhérer à l’adventisme après un long processus de réflexion. Ils se considèrent comme rationnel. Ils ont une expérience religieuse parfois dense, qui d’ailleurs leur permet de renforcer leur satisfaction d’appartenir à l’adventisme aujourd’hui. Ils développent un savoir large, varié et approfondi sur le religieux en général.
Les conquis (le terme est encore vraiment maladroit) sont des individus dont le parcours religieux reste marqué par l’impact de l’inattendu. Ils n’étaient pas en situation de recherche, de demande, quand, en raison d’un évènement ou d’un concours de circonstances, ils ont accepté de se convertir à l’adventisme. Leur processus de conversion est rapide et marqué par un recours important à la notion de miracle.
Les néophytes pèlerins sont plus difficiles à définir ou présenter. Ce sont des individus qui, comme les stratégiques, ont un parcours très dense. Ils se particularisent par un fort "probabilisme" L’adventisme est pour eux une offre de croyances, qui, au moment où ils relatent leur conversion, satisfait à une quête de savoir, dans le religieux. Ils ne sont pas réfractaire à l’idée qu’il est possible (probable) qu’un groupe religieux, un espace philosophique, existe, et répondrait mieux à leur attente que l’Eglise Adventiste. Ils sont minoritaires, rares, puisqu’ils ont une spiritualité de passage. Ils gardent des réserves importantes sur des points de la doctrine adventiste. Ils ont une relation "consommatrice" envers la doctrine adventiste. Une fois qu’ils ont le sentiment d’avoir épuisé celle-ci, ils n’hésitent pas se tourner vers une autre offre philosophique ou religieuse. Ils butinent de groupes religieux en groupes religieux. Avoir un encrage au sein d’un groupe, devenir un sédentaire du religieux pose problème à leur souci de garder une liberté par rapport aux organisations religieuses de toutes formes.

Attention cette classification que je présente mérite un développement beaucoup plus complet que le blog ne permet pas. Les termes ne sont pas connotés. Pour le sociologue il n’y a pas de valeur à donner aux différentes trajectoires religieuses des individus. Ce qu’il faut retenir c’est la pluralité de parcours de conversion qui existe dans l’adventisme. Cette pluralité explique souvent certaines difficultés que traversent des groupes religieux. En effet les parcours se rapprochent et donc aussi se différencient l’un de l’autre en fonction des attentes des acteurs. De fait, concilier ces différentes attentes est un exercice compliqué, parfois une équation impossible. Et pourtant, souvent les dirigeants adventistes font des prouesses en tentant de répondre souvent à des demandes hétéroclites parfois contradictoires.
La pluralité des parcours de conversion est aussi une réponse indirecte et simple aux stéréotypes sur les adhésions à l’adventisme. Nous pouvons affirmer que les conversions à l’adventisme, sont diverses comme nous le notons (avec beaucoup d’approximations pour faire simple). Par conséquent elles ne sont pas le produit de manipulations, ou d’un fantasmatique lavage de cerveau. Ce sont de véritables choix personnels d’individus, dans des situations sociales particulières, qui optent pour orienter leurs vies en fonctions des représentations adventistes des Ecritures.

Cette lecture des conversions que nous présentons furtivement est loin d’être volontairement positive. Elle résulte d’une longue analyse des parcours de conversions à l’adventisme. Elle ne va certainement pas plaire aux tenants de l’idéologie de la manipulation mentale.
Maintenant il faut admettre que présenter ainsi, les discours de conversion sont déshabillés de leurs sensibilités, de l’importance, de la foi, etc. Ce sont des éléments subjectifs, très importants que nous avons par facilité volontairement mis de côté. Mais cependant ils sont centraux dans la démarche du converti à l’adventisme, même s’ils restent à géométrie variable.

Commentaires

  • Je suis surpris que tu parles de "conversion à l'adventisme". A mon avis la conversion fait essentiellement référence au Christ, mais pas à une dénomination particulière.
    Lors de ma conversion je faisais partie d'une église protestante évangélique, par la suite, au cours de mes déplacements professionnels j'ai été membre d'églises de dénominations diverses (baptistes, et méthodistes entre autres) mais il ne me serait jamais venu à l'idée de dire que je me suis converti au baptisme ou au méthodisme...

    Mais en fait, quand je repense au quelques mois passés dans une église pentecôtiste, je concois que pour se "fondre" dans ce moule là il faille envisager une "conversion au pentecôtisme".
    Peut-être en est-il de même pour l'adventisme...

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