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  • Mort de hector Bianciotti : Retour sur les coulisses d'une interview et Récitation de Patrick Chamoiseau

    Hector BianciottiEntre les tweets de de Valérie Trierweiler, la défaite annoncée de Ségolène Royal, les matchs de l'Euro en Ukraine, la dégradation par des notes souveraines d'Etats, Hector Bianciotti est décédé. Je ne décollère pas que cette information soit dans les bas fonds de l'information. Tentons ici de participer à un réquilibage en vous invitant à redécouvrir cette académicien. Je ne suis pas un spécialiste de Bianciotti. Pour tout dire, l’œuvre m'est en grande partie inconnue. Mais j'ai eu la chance de le rencontrer et l'impact fut foudroyant.
    En 1999, je travaillais dans un journal associatif sur la culture du Nord, Delirium-Le-Journal. Expérience inoubliable rendue possible grâce à son fondateur Narcisse Adja, mon ami, et des partenariats avec le Furet du Nord, puis la Fnac. Etudiant subissant une année blanche, cette activité permettait de respirer autre chose que les théories sociologiques, de sortir des statistiques sur les groupes religieux et de prendre de la distance avec les discours théologiques que j'analysais.

    Hector Bianciotti, Comme la Trace d'un oiseau dans l'air, Décès d'Hector BianciottiUn matin, Narcisse me déclare qu'un académicien arrive dans quelques heures à Lille et il faut l'interviewer au Furet du Nord et en plus animer la présentation de son livre devant un public. Ma réponse est immédiate, sans appel ; « oui – donnes le livre tout de suite ». Je m'y mets. Je découvre, ce que je savais en théorie : il y a des livres qui ne se laissent pas lire. Il faut donc les lire. L'invité est Hector Bianciotti. Son livre Comme la trace d'un oiseau dans l'aire. La rencontre avec Hector Bianciotti fut exceptionnelle. C'est son accent qui m'a surpris. Oui, dans l'empressement de lire son livre en de préparer son interview j'avais, omis, incroyable, de juste vérifier sa biographie. Mais ce fut un mal pour un bien car il l'avait sans doute remarqué mes tâtonnements. De fait il s'est présenté comme un écrivain argentin. Il insista sur l'intérêt de valoriser ses influences culturelles dans une œuvre et sans savoir comment, en off il me parla de la littérature antillaise. Ce fut une nouvelle leçon. L'inconnu que j'aurai du connaître connaissait ma culture mieux que moi et m'invita indirectement à m'y plonger. Je devenais l'inconnu dans la conversation, je découvrais grâce à Bianciotti mon ignorance, l'inconnue que j'étais devenu pour moi. Délectable moment car l'académicien me disait également son implication discrète auprès d'auteurs antillais. Preuve en est, sous mes yeux, il relisait un manuscrit de Chamoiseau (je ne sais lequel!) à la demande de l'écrivain martiniquais qui visiblement attendait son avis avant publication.

    Je retiens ce moment intense qui n'est pas présent dans l'interview et qui me reviens encore, brutalement à l'annonce de la mort de Bianciotti. Deux phrases lors de notre échange me marquèrent définitivement. La première touche son rapport aux mots et vient de son livre Comme la trace d'un oiseau dans l'eau : « Je ne me souviens pas d'avoir entretenu des rapports paisibles avec les mots ». La seconde, également extraite du même ouvrage, occupa notre échange longtemps et a une valeur morale toute excellente :

    Finalement, 13 ans après cette interview et après être devenu un sociologue qui tente de comprendre les complexités de nos vérités, en particulier dans les groupes religieux protestants, je me dis que Bianciotti avait raison : « La vérité est une étrangère dans ce monde et toute cohabitation à long terme avec elle, devient impossible ». C'était sa seconde phrase dans notre interview et son livre, celle que je garde comme un héritage personnel.

    Bon vent cher Hector.

    Relisez la version intégrale de l'interview de Bianciotti sur les archives en ligne de Delirium-Le-Journal, réalisée par mes soins en 1999.

     

    En complément, je vous porte cette Récitation pour Hector Bianciotti reçue de Patrick Chamoiseau, puisque vous l'avez compris, les deux hommes se connaissaient depuis longtemps

     

    Il y aura sans doute une bourrasque rétive sur la Pampa, un soupir italien dans les lettres les plus belles, et bien sûr le tressaillement de cette langue de France offerte à l'autre imaginaire  ­­̶  venu de loin, venu d'ailleurs et de nulle part  ­­̶  soumise à la vision subtile, océanique, et tellement large des grands lecteurs. Toute l'origine projetée dans l'horizon, tant de langues désirées, de passages assumés, sous l'arc-en-ciel des sentiments ! J'ai gardé la douceur de la voix, les beautés de l'accent, l'élégance inscrite dans une majesté simple, la courtoisie princière, cette ouverture aux étrangetés créoles du jeune apprenti romancier accueilli à l'entrée du palais, et puis cette présence fidèle, l'exigence attentive…

    Alors voilà : ce qui hurle aujourd'hui, qui hurlera longtemps, à chaque paupière et dans chaque ronde du sang, ce qui suspend la perte et qui défait l'absence, Hector, c'est tout l'honneur d'une amitié, et d'une reconnaissance, et d'une lumière très proche du plus profond vivant, instruite des mutations de l'amour, soucieuse des plus beaux indicibles de la littérature élevés aux longues spirales du chant et aux murmures intelligents de la mélancolie.

    Patrick CHAMOISEAU

     

    Relisez la version intégrale de l'interview de Bianciotti sur les archives en ligne de Delirium-Le-Journal, réalisée par mes soins en 1999.

  • Nafissatou Diallo : l'identité et la photo de la victime de DSK pour des questions

    nafissatou diallo ophélia,photo victime dsk,identité victime dsk

    Un peu de buzz ne fera pas de mal au blog. Pour cela rien ne vaut de revenir très rapidement sur l'affaire DSK en se posant des questions simples. Et, s'il vous plait, allez jusqu'à la fin de l'article.

    Quand j'écoute les commentaires, j'ai l'impression que la victime présumée est DSK et la coupable présumée cette femme de chambre. La justice américaine est écrasée dans les commentaires. Les journalistes trouvent normal de cacher un secret de polichinel, visiblement, que serait l'enclin exagéré de DSK pour les femmes. Le pire c'est qu'ils argumentent de plus en plus pour justifier cette posture. Mais moi je ne suis pas en accord avec cette démarche qui se cache derrière une pudibonderie éthique. Alors posons quelques questions ?

    Si DSK est coupable de simples gestes déplacés ou d'une grave agression, quel est le degré de complicité passive de journalistes ? S'ils avaient plus souvent fait écho à ce qu'ils disent maintenant savoir de longue date, en serions nous là ?

    Deuxième question : quand je regarde les images et les commentaires je concède des excès. Et le sentiment majeur qui revient est une pitié. Mais n'est-ce pas le résultat recherché ? Ne faudrait-il pas plus avoir pitié de cette femme qui se trouve au centre d'une affaire mondiale ?

    On critique la justice américaine, mais n'y a t-il pas une noblesse à voir traiter de manière identique les petits et les grands. C'est pourtant le souhait de tous les individus. Mais une fois qu'il est appliqué au détriment de DSK, c'est l’offuscation générale. Si j'étais cette femme, je serai heureuse de savoir que mon cas est traité avec équité malgré le statut social de l'individu en face. Là, la justice française doit prendre des leçons. Petits et grands au même niveau.

    nafissatou diallo ophélia,photo victime dsk,identité victime dskEn criminologie il y a un acquis : dans les grandes affaires (crimes en séries, affaires people et médiatiques) souvent la victime est oubliée dans l'histoire, alors que les coupables ont le nom gravé dans le marbre. Inutile de tomber dans les excès féministes, mais l'heure est venue de donner un visage et un nom à la victime supposée de DSK. Pour la Tribune de Genève elle s'appellerait Nafissatou Diallo, guinéenne de 32 ans, mère d'une jeune fille de 16 ans. Elle habiterait le Bronx et est désormais sous protection policière. La justesse des informations, jusqu'à son identité ne sont pas certaines. Mais bien plus, un nom, un visage, non pour faire d'elle une éternelle victime, mais celle qui symbolisera peut être pour la France la possibilité d'une équité judiciaire. On peut critiquer encore les Etats-Unis pour les manquements de leur justice, mais certainement pas à partir de cette affaire.

    Une dernière chose : coupable ou pas, et si le penchant exagéré de DSK pour les femmes (lui même le dit dans Libération) ce serait exprimé outrageusement, scandaleusement alors qu'il porterait les couleurs socialistes en 2012 à l'élection présidentielle ? Pire et si c'était après avoir été élu à l'Elysée ?

    Des réponses ?

  • Quand LePost.fr fait du buzz sur le dos de l'aide des Témoins de Jéhovah au sauveteurs français en Haïti

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    Dans la note du 24 janvier j'expliquais que les premières structures humanitaires opérationnelles en Haïti étaient religieuses. Adventistes, baptistes ou encore jéhovistes disposent de réseaux humanitaires rompus et qui connaissent parfaitement le terrain haïtien. L'actualité a mis en évidence des risques de dérives avec "l'enlèvement" d'enfants par des baptistes. Reste encore à éclaircir cet épisode. Mis à part ce fait dramatique, la religiophobie d'analystes vient de toucher un sommet.


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    Ne disposant pas des moyens nécessaires pour intervenir, les secouristes français ce sont approvisionner auprès de Témoins de Jéhovah. Même les individus les plus antireligieux seraient satisfaits de cette situation puisqu'in fine il s'agit de secourir des gens dans le besoin. Mais non, LePost.fr avide de créer le buzz créé une polémique à partir d'un reportage de Telelibre en se basant sur la frustration des sauveteurs français. S'il est dommage que les services humanitaires français n'aient pas toute la logistique nécessaire, il est cependant anormal d'être choqué de l'aide trouvée auprès des jéhovistes. Ce sont les réseaux religieux, y compris jéhovistes qui portent le plus d'aide à la population haïtienne alors que les services d'Etats étaient occupés à rechercher quelques privilégiés dans les bâtiments de l'ONU et les hôtels.
    Adventistes, jéhovistes, baptistes ou encore les quelques musulmans ont assisté les premiers la population haïtienne. De plus, surtout pour ce qui est des groupes protestants d'essence américaine, ils sont en contact permanent avec la population. Ils ont aussi bénéficié de l'arrivée de la puissance américaine pour faciliter leur approvisionnement. Bref, les bras armés de la survie auprès des plus démunis parmi les plus pauvres sont les organisations religieuses là où l'Etat haïtien fait défaut et les priorités de l'aide des Etats portaient à questionnement, sinon plus. Ainsi à la place d'une critique sans fondement suite à l'aide obtenue chez Témoins de Jéhovah par les humanitaires français, Lepost.fr trouverait mieux à redire sur les logiques étatiques. Mais là ce serait demander un travail de journalisme ! En attendant, ce sont les groupes religieux critiqués qui aident avec le plus d'efficacité. L'important est leur efficacité.

    Mais ce qui est bien dans cette histoire, ce sont les commentaires des internautes. La majorité comprend que la priorité est à sauver des vies. Un commentateur sous le pseudo VYCanisMajoris écrit: "
    Et alors, vous auriez préféré qu'ils leur mettent des cataplasmes de Nutella ? On prend les moyens là où les trouve. Et tant mieux s'il y avait des témoins de Jéhovah".

  • Les débuts de l’adventisme : William Miller entre en scène (de JL Chandler)

    4fb8334757aca52c84e4d9837920b70b.jpgAu début du XIX ème siècle, l’espérance biblique du retour du Christ est oubliée. Pour deux raisons. Pour les critiques de la Bible, c’est un livre suranné, sans historicité, et dans le monde chrétien, on croit être à la veille d’un millénaire de paix universelle (lire la note précédente). A contre courant de cette atmosphère générale, des commentateurs bibliques examinent les prophéties avec une grande intensité. Ils arrivent à une conclusion bouleversante : le Christ va bientôt revenir. Pour répandre la nouvelle, personne ne saura mieux captiver l’attention des foules que l’américain William Miller (1782-1849), un invraisemblable candidat pourtant au départ. C’est le moins que l’on puisse dire.

  • Josiah Litch annonce la chute de l’empire ottoman (de J L Chandler)

    942d977bfb53342b7bae61a0ce4bdf59.jpgL’année 1840 marque le vrai début du mouvement de réveil millérite. En effet, en décembre 1839, William Miller rencontre Joshua Himes qui devient son lieutenant et l’organisateur hors pair de la proclamation du retour du Christ. Mais surtout, à partir de 1838, Miller reçoit l’appui tant espéré d’un certain nombre de pasteurs, notamment de Josiah Litch qui va annoncer ce message avec une plus grande force.

     

    Une prédiction audacieuse

    Au début de l’année 1838, Dr. Josiah Litch (1809-1886), un médeçin et un pasteur méthodiste de la ville de Philadelphie en Pennsylvanie, lit à la requète d’un ami un livre de William Miller dans le but de réfuter ses arguments. A sa surprise, il est totalement satisfait. De son propre aveu : « Les arguments étaient si clairs, si simples et en outre si scripturaires ». Il adhère immédiatement au mouvement millérite.

  • Joseph Bates : le vrai fondateur de l'adventisme sabbatiste (1/2 de JL Chandler)

    Bates et le millérisme

    Joseph Bates est un sacré personnage ! Dans son Autobiography, il narre une vie bourrée d’aventures palpitantes. C’est le cinquième des sept enfants de Joseph et Deborah Bates. Il a grandit à New Bedford, un port dans le Massachussetts, qui est la capitale de la pêche à la baleine aux Etats-Unis. L’attraît de la mer ! Bates n’y a pas résisté. A quinze ans, il s’engage dans la marine marchande. Pendant vingt-et-un ans, il mènera une existence pleine de risques et de voyages exotiques à travers les mers de la Caraïbe, de l’Amérique du Sud, de l’Europe et de la Russie. Il a tout connu : les tempêtes, les naufrages, le péril de la noyade et l’abordage des pirates. Son bateau se trouvera piégé au beau milieu de batailles navales entre l’Angleterre, les Etats-Unis et la France. Il sera prisonnier des Anglais en 1812.

    Dans un sens, son mariage en 1816 à Prudence Nye, une amie d’enfance, a contribué à le « stabiliser ». En 1822, il devient le capitaine d’un navire. Et à ce moment là, il réforme ses habitudes de santé. Il abandonne totalement l’alcool et le tabac. Deux ans plus tard, il trouve une Bible - le Nouveau Testament - que Prudence a glissée dans sa malle de voyage. Il la lit assidûment. Il découvre l’amour et la grâce de Dieu. En 1827, il est baptisé par immersion et il devient un membre de l’Eglise chrétienne – autrement appelée la connexion chrétienne.                   
    Après avoir amassé une petite fortune (11 000 dollars), Bates se retire de la marine en 1828. Mais ce jeune « retraité » ne reste pas inactif. Il s’occupe des propriétés de son père. Pendant douze ans, il s’implique dans deux causes : la tempérance et l’abolition de l’esclavage. A ses propres frais, il fait aussi bâtir une école d’instruction professionnelle pour des jeunes garçons.
    En automne 1839, Bates entend parler de William Miller. Il rejette l’idée d’une date pour le retour du Christ mais son intérêt s’avive quand quelqu’un lui dit que Miller soutient ses arguments par un grand nombre de textes bibliques. Il lit son ouvrage : Evidences de l’Ecriture et de l’histoire sur la seconde venue de Christ, vers 1843. En mars 1841, à son invitation, Miller prêche à Fairhaven et New Belford. Bates est impressionné ! Il remarque : « Sa prédication était très intéressante et très en avance sur ses écrits » (Autobiography, p.256).            
    Bates déploie toute son énergie dans la prédication du retour du Christ. Il occupe de hautes responsabilités dans l’organisation millérite. C’est lui qui présidera la conférence générale de mai 1842, l’un des rassemblements les plus importants de l’histoire du mouvement. Il dépense toute sa fortune pour faire avancer la nouvelle. En mars 1844, il vend sa maison pour payer ses dettes car il ne veut rien devoir à personne lorsque Jésus revient. Après le désappointement, il va poursuivre, avec cette même détermination, sa quête des éléments de vérité comme on rassemble les pièces d’un puzzle. Mais pour comprendre ce qui va se passer, remontons un peu en arrière dans le temps.                
     

    Les millérites sabbatistes
    Vers 1840, l’Eglise baptiste du septième jour, qui a été fondée à Londres en 1617 avant de s’exporter aux Etats-Unis en 1671, connaît une période de réveil spirituel. Ces quelques milliers de chrétiens sabbatistes américains agitent la question du sabbat parmi les protestants. Au début de l’année 1844,  Rachel Oaks – ou Oakes – (1809-1868), une baptiste du septième jour de l’état de New York, qui visite sa fille Delight à Washington dans le New Hampshire, parle du sabbat aux gens de la communauté. Le premier converti est apparemment William Farnsworth, son beau-frère, et celui qui l’aurait convaincue sur la doctrine du retour du Christ. Un autre converti est Frederick Wheeler, un pasteur et un fermier méthodiste millérite. Durant un service de communion, celui-ci invite les participants à « obéir à Dieu et à garder en toutes choses ses commandements » durant l’attente du retour de Jésus. Emoustillée par son injonction, Oaks lui rend une visite amicale. Elle le met au défi d’observer les dix commandements, et en particulier le quatrième :

    « Pense à observer le jour du sabbat et fais-en un jour consacré à l’Eternel. Tu travailleras six jours pour faire tout ce que tu as à faire. Mais le septième jour est le jour du repos consacré à l’Eternel, ton Dieu ; tu ne feras aucun travail ce jour là... Car en six jours, l’Eternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, mais le septième jour il s’est reposé. C’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du sabbat et en a fait un jour qui lui est consacré. » (Exode 20.8-11)    

    La remarque d’Oaks touche profondément Wheeler. Il fait une recherche biblique sur le sabbat et en mars 1844, il se met à l’observer. Plusieurs membres suivent son exemple. La congrégation de Washington est la seule congrégation millérite sabbatiste. Mais vers la fin de l’été 1844, d’autres millérites auraient accepté la doctrine du sabbat. C’est le cas de Thomas Preble (un prédicateur baptiste qui accompagna parfois Miller dans ses voyages), apparemment par l’intermédiaire de Rachel Oaks. En septembre 1844, le journal millérite, The Midnight Cry, note à plusieurs reprises l’activité des baptistes du septième jour. Ouverts à la recherche biblique, ses rédacteurs n’ont pas d’avis tranché sur le sabbat. A leur opinion, « la loi ne demande pas aux chrétiens de mettre à part un moment particulier comme un temps consacré » mais ils concèdent que si l’étude de la Bible convainc une personne du contraire, elle doit aussi conclure que « le moment particulier que Dieu nous demande de sanctifier est le septième jour de la semaine, qui est  le samedi » (LeRoy Froom, Prophetic Faith of our Fathers, vol.4, p.944).
    A quelques semaines du 22 octobre, Wheeler et Preble ne sentent pas la nécessité de convaincre leurs amis millérites sur un changement de jour de repos. Mais après le désappointement, Preble écrit un article dans le journal Hope of Israel du 28 février. C’est le premier article millérite sur le sabbat. En mars 1845, il publie aussi un tract sur le sujet.  
    Les participants de la conférence d’Albany de mai 1845 n’ignorent pas le point de vue de Preble mais ils décident ne pas s’associer à qu’ils considèrent être une caractéristique du Judaïsme. Et déjà, les albanistes se désignent officieusement comme des « adventistes du premier jour » comme pour se démarquer des adventistes « du septième jour ». En fait dans leur esprit, les millérites qui se réunissent le sabbat sont des spiritualistes – dont ils veulent absolument se distancer - car certains (plus nombreux que le minuscule courant sabbatiste) se sont mis à l’observer. Pas très longtemps ! Dès l’été 1846, la pratique du sabbat disparaît parmi eux. L’historien Merlin Burt observe que, dans leur quête fanatique de nouveautés spirituelles, ces spiritualistes ont essayé le sabbat sans saisir sa vraie signification théologique : ils ne l’ont pas lié à la création et aux dix commandements (Clyde Hewitt, Midnight and Morning, p.271-272).         
    Moins de trois ans après son acceptation du sabbat, Preble renonce aussi à l’observer quand il obtient la gestion d’une grande propriété. Il ne veut pas s’abstenir de faire des transactions commerciales le samedi. Néanmoins, sa contribution à l’adventisme est significative car son article et son tract sur le sabbat attireront l’attention de Joseph Bates et de John Andrews (un adolescent de 15 ans), deux futurs fondateurs de l’adventisme sabbatiste. De son coté, Rachel Oaks observera le sabbat jusqu’à la fin de ses jours. Elle deviendra une adventiste du septième jour quelques mois avant sa mort en 1868 – après que ses doutes soient levés sur des rumeurs qu’elle a entendues sur James et Ellen White. A ses funérailles, Stephen Haskell saluera son héritage spirituel : « Elle dort mais le résultat d’avoir introduit le sabbat parmi les adventistes est bien vivant » (Review and Herald, 3 mars 1868).                 

     

    Bates et le sabbat
    En avril 1845, Joseph Bates, à 52 ans, lit l’article et le tract de Thomas Preble sur le sabbat. Dans l’introduction du tract, celui-ci cite une déclaration de William Miller affirmant que le sabbat a été créé pour « être un signe éternel et une alliance perpétuelle », un fait qui prouve « sans l’ombre d’un doute qu’il s’impose de la même manière et pour la même raison à l’Eglise chrétienne comme aux Juifs » (According to the Commandment, p.3). Miller a-t-il songé à observer le sabbat ? En a-t-il été dissuadé à cause des spiritualistes ? On n’en sait rien.                
    Avec sa minutie habituelle, Bates étudie le sujet à fond. Il compare les arguments de Preble avec la Bible. En quelques jours, il est convaincu qu’il n’y a jamais eu de changement biblique du jour de repos. Peu après, en avril ou en mai 1845, il rend visite à Frederick Wheeler car il a entendu parler de sa congrégation sabbatiste de Washington dans le New Hampshire. Il arrive chez lui vers 22 heures. La famille Wheeler est déjà couchée. Bible en main, les deux hommes discutent toute la nuit et jusqu’après midi le jour suivant. Puis Bates prend le chemin du retour. Sur un pont, à l’entrée de New Bedford, il croise James Hall. Celui-ci le salue :

    - Qu’elles sont les nouvelles, capitaine Bates ? 

    - Les nouvelles sont que le septième jour est le sabbat et que nous devons l’observer.

    -  Eh bien je m’en vais à la maison lire ma Bible et regarder cela.

    Après avoir croisé Hall, l’infatigable Bates assiste à une réunion millérite. Avec le tract de Preble à la main, il parle du sabbat. Deux semaines plus tard, Hall et sa femme se mettent à l’observer. Quelques millérites se joignent à eux. Pour Bates, le sabbat est une vérité essentielle. Nous verrons pourquoi dans la seconde partie de cet article.

  • Les témoins de Jéhovah: Leurs aïeux et leurs cousins spirituels - De Bernard Blandre

    Présentation de l'éditeur:

    Le recueil d’articles de Bernard Blandre éclaire l’origine des témoins de Jéhovah, qu’il faut chercher dans l’adventisme au XIXème siècle. Après avoir attendu le retour du Christ en 1843-1844, les adventistes se sont répartis dans de nombreux groupes parmi lesquels les adventistes de l’âge à venir et les chrétiens adventistes qui ont inspiré les croyances des maîtres à penser du jeune Charles Taze Russell.

    Russell a souffert dans son enfance des décès de deux de ses frères, d’une sœur et de sa mère, ce qui l’a amené à s’interroger sur l’immortalité de l’âme, à rejeter la croyance à l’enfer et à adhérer à l’adventisme qui niait ces doctrines. Avec un petit groupe de parents et d’amis, il étudia la Bible à la lumière des publications d’auteurs adventistes, notamment George Stetson, George Storrs et plus tard Nelson Barbour. Toutefois l’influence sur lui de H.B. Rice qu’on pouvait soupçonner s’est révélée nulle. Sa formation d’homme d’affaires dans les entreprises de son père lui a permis de fonder le Société de la Tour de Garde, l’outil de la propagande des témoins de Jéhovah.

     

    Bernard Blandre est professeur agrégé d’histoire retraité. Il a fondé l’Association d’Étude et d’Information sur les Mouvements Religieux pour laquelle il écrit nombre d’articles. Il a aussi publié Les témoins de Jéhovah- un siècle d’histoire (Desclée de Brouwer) et Les témoins de Jéhovah (Brepols). 

     

    Prix : 35,90€ : Prix de lancement avant le 26 août 2017 : 28,90€

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  • Une pièce manquante au puzzle de l'histoire de l'Eglise adventiste et pour sa compréhension en France

     

    Mervyn MaxwellLe titre surprend et attire votre attention. Sur tweeter où ici moins, vous l'avez remarqué, je me replonge avec détailles dans l'histoire de l'Eglise adventiste. Plus je nage dans cet océan de biographies, de monographies, d'archives, d'ouvrages, plus ma conviction qu'il manque une information centrale se conforte. En effet, le lien entre les influences d'intellectuelles européens et/ou non chrétiens sont faiblement mentionnées.

    William Miller, réformateur dont l'Eglise adventiste du septième sera un surgeon du millérisme qu'il a participé à construire, a lu Thomas Paine, Voltaire, l'histoire des treize colonies. L'influence des révolutions européennes était forte au travers des auteurs qui l'ont passionné. Les thèses libérales au travers Adam Smith et Paines comme critique transparaissent dans son raisonnement, notamment dans le rapport à l'Etat et donc l'idée d'une fin de l'Etat à travers la parousie.
    Il ne faut pas oublier que Miller était un acteur du « Nouveau monde », prolongement de la Vielle Europe. Rendre compte de l'Eglise adventiste du septième dans son développement, c'est aussi reconsidérer ce lien. Aujourd'hui les chroniques, travaux historiques qui reprennent ce lien entre intellectuels non chrétiens, voir anti chrétiens et empreinte sur la SDA par le Millérisme, le postmillérieme et la SDA elle même, restent à densifier ou faire exister. Par exemple, il est quasi impossible de penser que Miller n'était pas au courant des critiques faites aux lois britanniques dans les Amériques. Les pamphlets de Paines ne purent le laisser insensibles, et là outre des sporadiques incursions, les historiens n'ont pas encore lever l'essentiel. Il en va de même pour l'influence d'Ingersoll Robert, prédicateur, avocat de renom, membre du parti Républicain qui influença plusieurs penseurs protestants dans la deuxième partie du XIXe siècle au moment de l'établissement officiel de l'Eglise adventiste du septième jour.
    Un autre exemple : les influences du protestantisme américain ont été soulevé. Mervyn Maxwell l'a largement synthétisée. Par contre l'influence européenne a été circonscrite au Réveil, à la Réforme luthérocalviniste. Cependant une forte influence intellectuelle vaudoise apparaît par la connaissance que Miller a de Valdo. Là aussi le chantier n'existe pas, même s'il a été énoncé par Blandre et Jean François Mayer dans la revue Notre Histoire de décembre 1986.

    Le chantier est immense, j'en flirte en espérant de voir des travaux d'historiens combler cette pièce manquante à la compréhension de l'Eglise adventiste du septième jour. Les autres mouvements protestants d'essence américaine n'ont pas ce vide biographique. Certainement parce qu'ils ont une histoire qui a été beaucoup plus étudiée par différents regards. C'est peut être là, qu'il faudra commencer à remettre les pieds pour constater les ponts communs.

    On arrive ainsi à l'intérêt majeur de ce travail selon moi. Compléter l'histoire de l'adventisme ne doit pas se faire dans le but de combler les rayonnages de bibliothèque. Ce sera une finalité indirecte ! L'objet est de comprendre le développement de la SDA et de voir comment, dès les premières heures se sont construites des orientations encore perceptibles aujourd'hui où qui ne sont plus. Ces donc comprendre plus simplement les freins, les particularités, les atouts, et pour reprendre l'expression de Richard Lehmann « la valeur ajoutée » de l'Eglise adventiste du septième jour.
    Comme je l'écrivais dans l'Atlas des minorités religieuses à paraître, il y a un fonds certainement sous exploité par les historiens qui aiderait, à savoir les archives de la SDA à la Faculté adventiste du Collonges enrichies par Guildo Delameilleure.

     

  • Le débat sur le débat autour de l'homosexualité dans l'Eglise adventiste du 7e jour de France

    sda kingship,eglise adventiste du septième jour de la parentalité,eglise adventiste du septième jour homosexuelle

    Il ne faudra pas dire, chers(es) lecteur, que le présent article déclare que l'Eglise adventiste du septième jour est favorable à l'homosexualité.
    Il ne faudra pas dire non plus que le présent article déclare que les dirigeants adventistes sont homophobes ! C'est le contraire. Je sais la capacité à mal lire de nombreux.

    Le Magazine adventiste, une revue adventiste Suisse a publié en 2016 un numéro qui a été largement souligné et apprécié en raison de son ouverture par les commentateurs. Cependant en interne il a ravivé une minorité de cadres conservateurs au point que certains ont censuré (fait incroyable) ledit numéro en empêchant son accès à des membres. Pourquoi tant de tohubohu autour d'un article des plus classiques sur l'homosexualité ?

    L'homosexualité a toujours été source de tension en adventisme. Aux USA, l'Eglise adventiste du septième jour de la parenté (SDA Kinship), courant issue de l'Eglise adventiste du septième jour (SDA), illustre les conséquences organisationnelles des difficultés de ce débat. SDA Kinship regroupe des adventistes du septième jour homosexuels qui ont quitté (et/ou qui ont été radié de) l'Eglise adventiste du septième jour.
    La tension entre la SDA et SDA Kingship fut un temps extrême. La première reprochait à l'autre une utilisation abusive du nom de SDA (d'adventiste du septième jour), nom déposé. De plus la proximité des noms pouvait être source de confusion. La SDA entrepris en 1987 un procès contre SDA Kingship pour une utilisation abusive du nom de SDA. La Cour de Californie statua en 1991 en faveur de Kingship. La SDA a choisi de ne pas faire appel et d'en prendre acte.
    Depuis, le succès des activités de prévention contre les MST de SDA Kingship et son activisme pour toucher les individus stigmatisés en fonction de leurs pratiques sexuelles ou de leur origine, ont entraîné une reconnaissance et une cohabitation certes limité, entre SDA et SDA Kingship. Cependant il existe peu de rapport officiel entre les deux groupes, des membres de la SDA reprochant à SDA Kingship le mini schisme crée. Mais c'est une situation extrêmement banal dans l'histoire des courants religieux.

     En Europe, particulièrement en France, l'Union des adventistes du septième jour a mis en place une commission éthique qui a publié des déclarations où la SDA marquait son positionnement théologique face à l'homosexualité tout en insistant sur la nécessité d'accompagner les homosexuels. Ces déclarations marquèrent une forte ouverture. Cependant elles ne furent pas suffisamment utilisées au point que nombres d'adventistes ne connaissent pas leur existence.
    L'article du Magazine adventiste va dans le même sens : affirmation de la théologie condamnant l'homosexualité et nécessité d'accompagner, d'accepter l'homosexuel. En ce sens il faut certainement saluer le travail de la commission d'éthique et celui du Magazine. Cet article est une traduction d'une version américaine, illustrant le grand progrès sur cette question réalisé au USA par la SDA.
    Pourtant, malgré les soins pris l'inévitable arriva. Un courant de pasteurs, ultra minoritaire et conservateurs, non représentant de membres, soulève tous les leviers procéduraux possibles pour empêcher la diffusion du numéro d'ouverture du Magazine adventiste. Certains ont même refusé de distribuer dans leur communauté un numéro de la Revue adventiste. Il est intéressant de remarquer que c'est par la bureaucratie (au sens de Weber) et non par la construction d'une argumentation théologique et sociale qu'ils manifestent leur opposition.

    Le profil de cette minorité interroge. Conservateurs, majoritairement ultramarin, ils foulent au pied la belle avancée de la SDA sur l'ouverture vers les minorités sexuelles et discriminées. Surtout en affirmant son opposition vis-à-vis de l'homosexualité, en notant l'évolution du cadre législatif et surtout en indiquant son souhait d'avoir une relation apaisée, d'accompagnement, envers les homosexuels, l'Union des Eglises adventistes avait trouver un point d’équilibre. Celui-ci est menacé aujourd'hui.

    Il y a plus de 10 ans de cela (et oui...) j'interviewais un couple, homosexuel, dont un était un ancien adventiste. En lisant Le Magazine adventiste et sa Revue j'ai repensé et réécouter l'enregistrement. L'individu m'indiquait avoir quitté la SDA pour « ne pas mettre les gens mal ». Il ne voulait pas être source de conflit tout en indiquant « tous les gens que je connaissais et aimais étaient des adventistes. (…) je devais quitter une église que j'aimais, des gens que j'adorais, sans savoir ce que j'allais devenir ». Dans le privé, il s'occupait d'un de ses parents devenu grabataire. Mais de plus en plus se fut son compagnon qui s'en occupait au point de recevoir les remerciements de toute une localité. J'avais rencontré ce parent grabataire qui me confirmait la situation. Adventiste, elle me disait « mon petit fils est homosexuel. Je crois qu'il se trompe, mais pourtant c'est son compagnon qui exerce tous les jours la charité auprès de moi. Et je me retrouve à prier Dieu de me les garder ! »

    No comment.

    Que retenir : l'homosexualité reste un enjeu de débat dans l'Eglise adventiste du septième jour, y compris en France malgré la pédagogie d'ouverture mis en place par l'Union. Cependant, elle doit composer comme toute organisation religieuse avec les conservateurs qui n'arrivent pas à dépasser leur méconnaissance de l'autre. Leur apprêté à défendre un adventisme fantasmé loin des textes, archives et enquêtes est tellement ancrée qu'ils n'hésitent pas à censurer le savoir de membres. Heureusement, pour l'avoir vérifier personnellement, les membres qui ont eut accès à ce numéro de la Revue l'ont bien accueilli, même s'il a suscité des débats. Il faut dire que la conclusion du numéro est sans appel :

    « Quel est, finalement, l’enjeu dans ce débat ? La vie d’hommes et de femmes... ».

    Certains obnubilés par des positions partisanes l’oublis. Et c'est dommage. Heureusement que cette église marque une position officielle d'ouverture facilement acceptée par ses membres, mais difficilement compréhensible pour une extrême minorité de cadres. Les polémiques passent et s'évaporent et il restera certainement le bon travail réalisé par la Commission éthique de l'Union des adventistes du septième jour sur les questions de société, dont les relations intimes entre personnes de même sexe.

  • Une piste de solution au ”Mouvement des gilets jaunes” : l'instauration de midterms à la française

    Gilets jaunesLe rapport à l’Etat est aussi requestionné par les gilets jaunes avec le Référendum d’Initiative Citoyenne. Les tutoriels se multiplient sur YouTube pour l’expliquer. Il révèle toutefois un besoin de traverser les législatures par plus de liens entre citoyens et politiques.
    Sur le rapport à l’Etat un début de solution existe et me semble simple. Il ne répond pas à toutes les questions, mais devrait être regardé sereinement. De quoi s’agit-il ; de la déconnexion entre élection présidentielle et élection législative. Avec l’adossement des législatives à la présidentielle, le quinquennat devient trop facilement un kit de la toute puissance présidentielle. Les députés sont aux pas, le sénat une « basse chambre basse ». La déconnexion de l’exécutif avec la populace devient inéluctable.

    En faisant des législatives des élections de mi-mandat à la française, cela aurait pour avantage de rééquilibrer le quinquennat et la Ve au bénéfice de dêmos. C’est connu: le pouvoir n’a d’hygiène que si les urnes et non la rue forment une épée de Damoclès au-dessus des décideurs, en jugulant le populisme. Il faut revenir à cela. A défaut la légitimité se déplace logiquement dans la rue. Organiser ce changement n’est pas simple avec le pouvoir de dissolution et les télescopages de calendriers électoraux. Mais là ce sont des questions techniques visiblement élémentaires pour les constitutionnalistes. L’imposition de législatives obligatoirement deux ans par exemple après la présidentielle est une piste, quitte à interrompre des mandats.

    La démocratie française a besoin de respiration et d’encrage. Les midterms à la française seraient un début de discussion de solutions rapides et concrètes. Elles n’éliminent évidemment pas les autres pistes et même restent compatibles avec toutes sans exception (si on fait abstraction de l’anarchie).

  • Les débats sur le végétarisme (avec l'été) portent les regards sur l'Eglise adventiste du septième jour

    Religion et santé, végétarisme, Avec l'été, bien manger est un sujet qui revient. Cette année nous n'y échappons pas. Depuis quelques mois le débat va bon train autour de la pertinence du régime végétarien. Les scandales révélés dans les abattoirs ravivent les tensions autour des régimes végétariens. Pourfendeurs et adeptes s'écharpent souvent sur le végétarisme et ses dérivés. Loin de moi l'idée de prendre part dans ce débat. Je note simplement que les analyses sur les effets bénéfiques du végétarisme s'appuient de plus en plus sur les études menées sur et/ou par l'Eglise adventiste du septième jour.
    L'Eglise adventiste du septième jour (SDA) est l'idéal-type de la religion de la santé. A des fins préventifs et curatifs elle sensibilise à une approche sanitaire, basée sur la science et les principes bibliques pour développer une ascèse où la quette d'une qualité de vie est primordiale. Nous avons déjà détaillé cette notion, centrale dans une partie du protestantisme dont l'histoire est proche de celle de l'hygiénisme. Adopter un régime végétarien pour les adventistes s'appuie donc sur une interprétation des textes bibliques et des textes charismatiques proposés par Ellen G. White. Outre cette source, l'adventisme propose à ses membres d'adopter un régime végétarien en se basant sur des observations scientifiques...

     

     

     

     

     

     

    Religion et santé, végétarisme, L'université américaine adventiste de Loma Linda est à ce titre un levier déterminant. Elle collabore à de nombreuses études nationales sur la santé où les adventistes végétariens forment des groupes témoins. Que ce soit sur le cancer, les maladies cardiovasculaires... et l'espérance, les adventistes végétariens sont des références. 

    Ainsi pour défendre le végétarismes vous tomberez très souvent sans le savoir sur des études où l'Eglise adventiste du septième jour via ses membres végétariens, était un acteur central. Comme mâitre d’œuvre d'étude ou simplement comme groupe témoin, la SDA est au centre du dynamisme scientifique sur la santé. Les conclusions des études sont sans appel. Lorsqu'il est réalisé en veillant à ne pas développer des carrences, à l'instar des conseils adventistes, le végétarisme est bénéfique dans tous les aspects de la santé. Ainsi reprenant l'Adventist Health Study 2 Sciences et vie indique que l'espérance de vie des végétarien équilibrés est supérieur de 10 ans par rapport aux individus ayant un régime carné. Le risque de diabète de type 2 serait divisé par 2.


    Religion et santé, végétarisme, Le sujet est un véritable marronnier estival. Parmi les nombreuses redondances, soulignons
    Le Monde qui en juin 2013 remarquait la centralité de la santé dans le discours adventiste. Le Figaro santé souligne cette année dans son édition santé du 21 juin dernier (2016) que :

    L'un des premiers bénéfices identifié dans une vaste étude scientifique le fut dès 1984, dans l'American Journal of Epidemiology, après vingt années d'observation de plus de 27.000 Californiens membres de l'Église adventiste du septième jour. Des protestants dont l'hygiène de vie recommande le végétarisme ou, à défaut, l'alimentation la moins carnée possible, mais aussi de ne pas boire, ne pas fumer et de faire de l'exercice. Un bon terrain d'étude pour les épidémiologistes qui souhaitaient isoler le paramètre «viande ». Résultat: une mortalité coronarienne (cardiaque) supérieure de 60 % chez les consommateurs quotidiens de viande par rapport à ceux qui en mangent moins d'une fois par semaine.

     

    Les conclusions sont également élogieuses sur bien d'autres aspects de la santé.

    Que retenir donc : la notion de religion de la santé, dont l'Eglise adventiste du septième jour est une forme parfaite (au sens de l'idéaltype de Maw Weber), traduit :

    • le rapport inextricable entre science et théologie

    • une orthopraxie aux effets mesurables scientifiquement

    • une validation de la croyance par des critères scientifiques

    • les liens entre religions et innovations scientifiques car la centralité de la santé dans l'adventisme apparaît quasi immédiatement avec la naissance de la SDA à la fin du XIXe siècle dans une Amérique hygiéniste

    Religion et santé, végétarisme, A chaque fois que l'on vous parlera des bienfaits du végétarisme pensez donc que cette affirmation prend sa substance "grâce" à l'Eglise adventiste du septième jour fort de son lien positif avec le savoir scientifique et son ascèse marquée par une approche holiste de la santé.

     

  • Sortie prochaine : Ces protestants que l'on dit adventistes

    Ces protestants que l'on dit adventistes.JPGLa sortie de l'ouvrage "Ces protestants que l'on dit adventistes" est imminente. En avant première vous pouvez voir la couverture. Voilà qui me conduit à remercier Jean Luc Rolland pour les photos et surtout Frédéric Leduc pour l’investissement personnel. L’ouvrage semble attendu par nombres de personnes. Evidemment des adventistes, mais surtout d’autres chercheurs et différentes institutions. De mon point de vue les contributions que le livre renferme permettent de développer une analyse de l'Eglise qui est à bonne distance de celle-ci. La pluralité des participants avec leur sensibilité entraînera des débats. Mais sur l'essentiel j'espère qu'il s'agit d’un ouvrage majeur à base scientifique sur l’adventisme, qui aboutira à mieux appréhender cette Eglise (SDA).

    L’ouvrage est un ensemble de participations qui pour la grande majorité est issue de la journée d’étude réalisée au Groupe, Sociétés, Religions et Laïcités du CNRS en mai 2007. Dans ce livre, Régis Dericquebourg qui a codirigé avec moi le livre, analyse le charisme de la vision d’Elle White, un des personnages centraux de l’adventisme dans un chapitre « Ellen White (1827-1915) et la fondation de l’adventisme du septième jour. Rôle et réception d’un charisme de la vision prophétique au féminin ». Jean Baubérot dans un chapitre sur la revue Conscience et Liberté de l’Association Internationale de la Liberté religieuse met en évidence les liens historiques qu’entretient l’Eglise adventiste avec la liberté religieuse. Jean Paul Willaime indique la particularité enrichissante de l'adventisme dans le protestantisme français. Richard Lhemann présente les chemins qui ont conduit à l'adhésion à la FPF. Dominique Kounkou insiste sur l'interaction entre Eglises protestantes anciennes et nouvelles Eglises dynamiques, comme la SDA dans la FPF. Personnellement je présente la pluralité des parcours de conversion à la SDA, ce qui lui confère un dynamisme précieux. De son côté S. Fath indique les points de discussions qui restent avec les Eglises dites évangéliques. C’est une contribution qui est dans l’actualité des changements du protestantisme français.

    Avec Régis Dericquebourg le choix a été d’intégrer d’autres contributions de chercheurs qui n’ont pas participé à la Journée d’étude. Jean Luc Rolland présente l'histoire générale de l'adventisme et son implantation française actuelle. Olivier Régis, un étudiant prometteur compare l'adventisme et le jéhovisme aux Antilles. Une particularité de l’ouvrage demeure la contribution de Jean Luc Chandler, passionné de l’histoire adventiste. Il présente les liens théologiques entre adventisme et santé dans un chapitre « Religion et Santé ». Cette perspective est apparue utile pour permettre au lecteur d’être en contact avec un des discours adventistes sur la santé.

    La contribution de Françoise Lautman ne figure pas dans l'ouvrage. Les spécificités de celle-ci ne pouvaient se réduire à une forme écrite. Notez toutefois que Françoise Lautman a permis l'émergence d'une réflexion de qualité.

    Maintenant il vous reste à mettre de côté 24,50 €, un merveilleux investissement en ces temps de crises financières et économiques, pour voyager en adventisme.

     

  • Alors dis moi, c’est quoi un adventiste (4): des légalistes ? Première partie.

    94d841b14503a667f238a0ca1c9e1a36.jpgReprenons notre tentative de définition de l’adventisme au travers de ce quatrième épisode de notre série « Alors dis-moi, c’est quoi un adventiste ? ». Dans les dernières notes sur ce point je vous proposais de considérer l’Eglise Adventiste à partir de ses normes et valeurs d’une part, c'est-à-dire ce que nous sociologues appelons « structure formelle ». D’autre part de manière implicite je mobilisais également les représentations des adventistes. Pour faire simple il s’agit simplement des idées, croyances que nous pouvons relever chez les adventistes. Ce point est important car il permet de mettre en évidence la pluralité de représentations chez les adventistes. Cela démontre d’ailleurs que nous sommes bien dans un groupe où une diversité existe. Je notais que la notion d’adventisme doit idéalement être détachée de l’Eglise Adventiste qui en est une expression institutionnelle forte. Cela permet de ne pas oublier le caractère transconfessionnel de l’adventisme, puisque ce concept est présent d’autres groupes millénaristes messianiques. L’attente du Messie (Comme le traduit le nom d’Adventiste) est également présents dans plusieurs religions n'appartenant pas l'espace judéochrétien. Concernant le catholicisme, Jean Séguy notait il y a peu de temps de cela des traits adventistes dans le catholicisme. Voilà qui loin des démonstrations permet de faire la différence entre le concept « adventiste » et « l’Eglise Adventiste ».
    L’Eglise Adventiste est numériquement la principale organisation typiquement adventiste du monde protestant. Toutefois, au travers de l’Eglise Adventiste il y a me semble t-il la collusion organisationnelle la plus forte avec le concept dans l’espace protestant, faisant d'elle une sorte de prototype du groupe messianique millénariste comme le notait Henri Desroche dans son dictionnaire des millénarisme de l'ère chrétien.

  • Jean François Mayer ouvre le site ”Orbis.info”

    JF Mayer.JPGJean Fraçois Mayer, très actif sur la toile au travers des sites de Religioscope, l'Institut Religioscope, et www.mayer.info ouvre un blog Orbis. La première contribution sur le Temple Solaire est à ce titre remarquable et remarquée. Lancée fin janvier 2010 Orbis a sans doute un bel avenir dans un espace du Net qui a besoin de telles initiatives. Indiscutablement Orbis animera la blogosphère des analystes du fait religieux. Auteur de Internet et religion Mayer montre ici son dynamisme particulier pour la diffusion du savoir des sciences humaines appliquées au fait religieux. Mais pourquoi une telle initiative ? Il répond dans la rubrique A Propos de ce blog. Pour faire simple je vous porte ici ce que Mayer précise.

     

    Pourquoi avoir créé Orbis.info, alors que son auteur publie déjà plusieurs sites?

    Le but de ces pages est d'y publier des informations et commentaires qui ne trouveraient pas leur place sur d'autres sites dont je m'occupe. Souvent, en lisant par exemple un livre ou un article, il m'arrive de vouloir partager une information que j'y trouve. Parfois, je souhaite apporter un commentaire qui ne me semble pas naturellement destiné à l'un des sites dont je m'occupe. Il serait possible de mettre en ligne ces éléments sur un compte Facebook, mais cela ne me semble pas être le médium le plus approprié pour cela. J'ai donc décidé de publier ici, de temps en temps et sans obligation de régularité, des textes qui, je l'espère, pourront intéresser certains de mes lecteurs, connus ou inconnus.

    S'agit-il dun blogue?

    L'idée est en effet assez proche d'un blogue. La différence est que je n'activerai pas, la plupart du temps, la possibilité pour les visiteurs deInternet et religion.jpglaisser des commentaires, même s'il est possible que je choisisse parfois cette option pour des textes précis, qui me sembleraient inviter des avis et remarques.

    De quoi y sera-t-il question?

    Certainement pas de mes états d'âme ou de ma vie quotidienne, sauf exception! Je pense y aborder des sujets qui m'intéressent dans différents domaines. Les sujets relatifs aux religions y auront donc bien entendu une place, mais pas exclusive. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de choisir tout simplement comme nom de domaine pour ce site orbis -un mot latin aux multiples significations, selon mon dictionnaire, notamment: rond, cercle, table ronde, disque, roue, cours de l'année, cours des événements, ensemble de connaissances, le monde...

    26 janvier 2010, Orbis.info de Jean François Mayer

     

     

  • Chantiers 2009

    2009.jpgLoin d’une simple convenance : BONNE ANNEE. Souhaitons-nous déjà de nous souhaiter ce qui doit l’être en se posant des objectifs réalisables.Surchargé, je vous néglige. Je ferai mieux rassurez-vous. Quels sont les premiers sujets sur lesquels nous viendrons en ce début d’année. Je vous parlerai des ponts relationnels possibles entre l’Eglise Adventiste et l’Islam à partir de ma propre expérience comme responsable, sous la responsabilité de Régis Dericquebourg, au sein de l’Institut Avicenne des Sciences Humaines durant 2 ans. Peut-être que cela fera écho à la rencontre du même type organisée à Collonges. Je rappelle que l’Institut privée Avicenne avait pour objectif de donner une formation supérieure en théologie, droit et sciences-humaines sur le monde musulman. Je dis « avait » car l’IASH est à ce jour un vaste échec (peut-être nous y reviendrons).
    Nous parlerons brièvement de la Revue Adventiste. Chandler vous a déjà proposé un développement. Mais comme j’ai partiellement travaillé sur des sommaires de la Revue durant quelques mois je vous parlerai d’un échec fort intéressant que j’ai eu en voulant analyser les Revues Adventistes.

    Nous parlerons également du mormonisme. C’est un mouvement religieux qui m’intéresse de plus en plus de part quelques ressemblances ave l’Eglise Adventistes (vraiment quelques). Evidemment nous parlerons à plusieurs reprises de l’ouvrage Ces protestants que l’on dit adventistes. Il est à ce jour un succès de librairie surprenant en raison du sujet abordé. Peut-être l’avez-vous dans les mains et avez-vous des critiques, des passages dont vous n’êtes pas proches ou encore des paragraphes qui vous ont surpris positivement… j’espère que vous partagerez vos commentaires ici.

    Voilà plusieurs chantiers. Il y en a d’autres dont l’écriture de deux ouvrages. L’un sur l’Eglise Adventiste et l’autre sur la notion d’Espérance. Ils seront petits. Pour l’heure le second à l’avantage sur le premier en raison des cadres qu’offrent les éditeurs.

    Autre chose : nous parlerons de la relation d’aide. C’est un concept et des actions fortes intéressantes très présentes dans des églises protestantes.

    Allez… encore un chantier que je vous confie : l’étude en cours sur les liens entre pratiques médicales et laïcités. Parlant de médecine sachez qu’en Espagne, en Juillet, un des axes des réflexions des sociologues de la religion réunis en congrès sera les liens entre religion et santé. Là je parlerai de l’adventisme et du mormonisme.

    Bon, j’espère que ces chantiers iront jusqu’au bout. Surtout, mon désire est de partager leur évolution avec vous durant cette année. Dès la semaine prochaine nous commencerons par la Revue Adventiste en complément à la présentation de Chandler.