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  • Religions de guérison et religions de la santé.

    medium_img072.jpgCe mois, le Mag Sciences Humaines pose la question : Pourquoi croit-on en Dieu ? Les réponses à la question sont multiples. La revue développe un aspect fort intéressant qu’est le rapport entre religion et bien-être. C’est l’occasion de constater désormais la diffusion du concept de religion de guérison, tel que Dericquebourg le propose. Ces derniers sont des groupes religieux qui mettent au centre de leur offre doctrinale la nécessité de prévenir et d’apaiser les maladies, perçues comme des dysfonctionnements aux origines psycho-spirituelles. Face à ces groupes, il me semble que des groupes religieux minoritaires qui placent à un différent niveau, la problématique du bien être en général sont des religions de la santé. L’adventisme en est un exemple.

  • Santé, Anthropologie et adventisme. Introduction acte 1

     

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    [MISE A JOUR]

    Si vous êtes habitués à lire ce blog, vous savez que je défends l'idée que l'adventisme est une religion de la santé. L'idée n'est pas nouvelle. Certains on cru voir une conception de l'adventisme comme une religion qui adorerait la santé. Mais non, on est loin de cette caricature.

    Depuis quelques jours et pour 3 mois, les adventistes sont invités à étudier hebdomadairement des réflexions autour de la guérison et la santé. L'occasion était trop belle pour revenir en détails sur la notion de religion de la santé. Pour ce faire, nous allons prendre notre temps et durant le trimestre qui vient de s'ouvrir développer cette idée. Plusieurs étapes seront nécessaires. Les premières consistent à bien concevoir la notion de santé. C'est ce que je vous propose au travers de plusieurs notens qui reprendrons des notions de l'anthropologie de la santé et de la sociologie du fait religieux. Commençons par la notion de maladie/santé.



     

     

     

    Chacun de nous à plus ou moins une expérience de la maladie qu’elle soit plus ou moins grave. Au cours de notre existence, nous avons tous été enrhumés, grippés, etc. Nous connaissons tous dans notre entourage un parent, un ami atteint d’une maladie plus ou moins grave (problèmes cardiaques, cancer, etc.).

    A partir de là, il est possible de donner une définition de la maladie. Il s’agirait d’un état qui à un moment donné affecte le corps d’un individu et que la médecine aurait pour fonction de décrire et auquel elle tenterait de répondre en apportant un traitement.

    La maladie incarne une définition psychologique et sociale puisqu’elle touche à la fois des individus au sein d’une société et aussi car elle entraîne une réponse de la société (une thérapie), c’est à dire que les individus d’une société s’organisent autour de soins pour lutter contre la maladie (c’est l’exemple éloquent des systèmes de santé que l’on connaît actuellement ; système de santé qui repose sur la mise en place d’actions prioritaires en matière de santé publique. Il repose de nos jours sur quatre axes essentiels :

    • la restauration de la santé lorsqu’un individu est malade. Restauration de la santé par la distribution de soins à cet individu malade).

    • La prévention qui cherche à éviter voire à réduire le nombre et la gravité des maladies ou des accidents.

    • La promotion de la santé qui met à la disposition des individus la possibilité d’augmenter leur capital santé.

    • L’éducation pour la santé qui a pour objectif de mettre à portée de tout le monde l’information nécessaire pour la conservation d’une bonne santé.


    Ainsi, la maladie n’a de sens qu’en fonction de l’homme pris comme un tout : un être biologique, psychologique et social. Par les visites chez le médecin, la mise en place d’examens, de traitements qui ponctuent l’expérience du l’individu malade, on en est venu à modeler la réalité biologique qu’incarne la maladie.

    Aussi, en diagnostiquant une maladie, le professionnel de la santé ne fait pas que rendre compte d’un état pathologique de l’organisme. Il porte un jugement qui dépasse l’état organique de l’individu, il lui assigne une position dans la société, c’est à dire celle d’un malade.

    Néanmoins, il est important d’intégrer l’idée de FREIDSON selon laquelle la médecine d’aujourd’hui n’a rien d’absolu : c’est une institution sociale qui domine notre époque mais pas forcément d’autres. La médecine n’est pas quelque chose de définitif. Ni d’un point de vue temporel ni d’un point de vue géographique. Autrefois, la maladie était considérée comme un élément religieux notamment dans les sociétés primitives ou dans les sociétés non-occidentales.

    Aussi, la notion de médecine savante n’est pas propre à l’occident puisqu’une médecine savante apparaît lorsque deux conditions sont réunies :

    • une profession médicale

    • une tradition écrite donc fixée

    La médecine savante existe à partir du moment où il y a une autorité instituée qui garantit la légitimité du savoir et qui va contrôler les modalités de son apprentissage (par la sanction, le diplôme) de son exercice. Le savoir des thérapeutes (médecins) se distingue du savoir profane (non professionnel). Dans de nombreuses sociétés, on observe des spécialistes des maladies mais ce ne sont pas des professionnels (généralement ce sont des agriculteurs). La légitimité du savoir et de la pratique est dans ce cas garantie d’une autre manière, soit sur la base d’une reconnaissance collective, soit par des connaissances symboliques (croyances religieuses). Globalement, dans ces sociétés, la distinction entre savoir médical et savoir profane n’est pas institutionnalisé.

    Les travaux sur la médecine savante sont très abondants mais ce sont en priorité des travaux qui proviennent d’historiens qui s’intéressent aux textes mais négligent la pratique de terrain, la culture vécue ou encore les mécanismes sociaux qui ont institutionnalisés le savoir médical. Cette situation résulte d’une répartition des tâches entre universitaires, entre disciplines au XIXé : les sciences sociales ont été divisées plusieurs domaines :

    • L’anthropologie. L’anthropologie des mondes contemporains qui va apparaître vers les années 60. Jusqu’à la fin des années 60, les travaux de l’anthropologie médicale vont porter essentiellement sur les pratiques thérapeutiques et le discours des thérapeutes. A partir des années 70, il va y avoir un changement d’orientation et de plus en plus l’intérêt des chercheurs va se porter sur le discours profane de la maladie et sur l’objet « maladie » en tant que tel. Ce qui va intéresser l’anthropologue, ce n’est pas la maladie en tant que catégorie objective de la médecine mais la manière dont les gens ordinaires élaborent leur propre notion de la maladie à travers leur propre expérience et les contacts, les interactions qu’ils ont avec les spécialistes.

    • L’ethnologie. Dans les travaux d’ethnologie, on trouve très souvent des descriptions de rituels thérapeutiques mais la question de la maladie n’est pas abordée en elle même mais souvent sous l’angle de la théorie des religions.. (Ex : ouvrage de EVANS-PRITCHARD, Sorcellerie, oracles et magie chez les Azandés, Gallimard, 1968. Dans cet ouvrage, EVANS-PRITCHARD décrit les rituels thérapeutiques et s’intéresse à la fonction sociale de la religion dans les pratiques thérapeutiques.

    • La sociologie. La sociologie médicale apparaît dans les années 40 ; elle étudie l’institution médicale occidentale avec plusieurs objets : l’étude de l’institution hospitalière, l’étude du comportement des malades, le rôle de la médecine dans la production sociale à l’intérieur de nos sociétés contemporaines. (Voir à ce titre M. AUGE et C. HERZLICH, Le sens du mal. Anthropologie, histoire, sociologie de la maladie)


    La première formulation est le fruit des travaux d’un sociologue américain TALCOTT PARSONS (1902-1979). Il s’agit d’un auteur qui a cherché à construire une théorie générale en étroite relation avec les autres sciences de l’Homme (économie, histoire). Dans le champ de la santé, il définira, nous le verrons, un rôle social du malade et un rôle social du médecin.

    D’autre part, les maladies qui touchent les individus et les sociétés diffèrent selon les époques. L’exemple parlant est en effet celui des épidémies d’autrefois auxquelles sont venues succéder d’autres formes de pathologies que le cancer ou le sida qui nous sont familières aujourd’hui.

    Dans chaque société, la maladie paraît indésirable. Aujourd’hui, les malades doivent être secourus. Toutes les sociétés ont développé des modalités de réponse au malheur que constitue la maladie. Cependant, la maladie est socialement et culturellement définie. C’est à dire que chaque société, chaque culture reconnaît des maladies spécifiques non forcément reconnues par d’autres sociétés ou d’autres cultures. MICHEL FOUCAULT dit : « la maladie n’a sa réalité et sa valeur de maladie qu’à l’intérieur d’une culture qui la reconnaît comme telle ». Ce qui amène à considérer que la maladie est un état qui est pourvu de significations sociales, « Être malade » ou « bien portant » n’a pas la même signification sociale. La santé présente un caractère fortement normatif (Une norme est une règle qui régit les conduites individuelles et collectives. S’en écarter entraîne une forme de déviance). Être en bonne santé revient à être « normal » alors qu’être malade présente un état « anormal » selon les normes définis par la société. Cette définition de la maladie comme « normale » ou « pathologique » donne tout son sens à une implication dans le champ de la santé de la sociologie. En effet, elle pose le problème de savoir s’il faut considérer que la maladie est une forme de déviance en ce que le fait d’être malade écarte l’individu d’une norme établie et construite autour de la « bonne santé ».

    Dire que les maladies sont culturellement définies n'empêche pas de montrer que la santé est par essence une notion qui se construit autour de 3 éléments important

    - l'individualisation

    - la subjectivité

    - les contraintes sociales et culturelles.

    Tout cela dans les notes à venir.


  • Nouvelle Série : L'Education Thérapeutique du Patient - Santé et Religion (I)

    Traiter de l'ensemble des pratiques qui peuvent mises en oeuvre pour permettre aux patients de développer des pratiques et une meilleure relation avec les praticiens dans la perspective d'une prise en charge optimale, oblige de plus en plus à intégrer la variable religieuse. Les patients ont leurs croyances, pratiques et attentes basées sur la religion. Les études sur les comportements des cancereux à par exemple démontrée que les pratiques religieuses, ou encore celles dites des croyances populaires influent dans la socialisation du patient aux soins. Afin de comprendre l'importance du religieux il faut, en différentes étapes saisir la place de la religion dans le soin. Cela nécessite de passer par une approche globale qui repose le lien entre religion et santé. Ce sera l'objet des quelques notes à venir aux accents historiques et sociologiques. Par la suite nous proposerons des prolongements actuelles autour de l'Education Thérapeutique du Patient, notamment dans sa relation aux praticiens. Mais pour l'instant voyons, avec la complexité qui y est liée le lien général entre religion et santé. Pour ceux qui sont assidues aux questions liées à l'ETP, le détour sera peut être long et loin des applications pratiques. Mais qu'ils restent patients, les prochaines notes le seront. Promis.

     

     

     

    Religion et santéQuel que soit l’angle retenu, la relation entre religion et santé apparaît ancienne, voir fondatrice dans toute société. Si on se réfère par exemple aux discours évolutionnistes, on constate, selon cette approche une véritable imbrication entre savoir religieux et préoccupations médicales. En effet, selon cette vision de la genèse, c’est-à-dire sur l’origine du monde, une étape majeure de l’évolution aurait été la conscience et la ritualisation de la mort. L’apparition de rites funéraires marquerait, toujours selon les chercheurs évolutionnistes, une prise de conscience spécifique à l’espèce humaine. Cette prise de conscience, pour rester dans le contexte de notre échange, traduirait également l’existence d’un lien singulier entre religion et santé. En effet, un point fondamental dans le discours évolutionniste demeure l’adaptabilité au milieu. Les espèces vivantes, dont les ancêtres de l’Homme se seraient adaptées au milieu, pour survivre et se reproduire. Au cœur de cela il y a la prise de conscience que l’adaptation au milieu sélectionne les espèces dont la santé elle-même s’adapterait le plus facilement au changement climatique, aux exigences du relief, et aux contraintes de la survie. Ce qui est marquant dans cette manière de concevoir l’histoire du Monde, c’est que la santé apparaît déjà comme un capital auquel il va falloir porter toutes les attentions. La survie en dépend.
    Une autre vision du monde, celle qui s’appuie sur la religion, par opposition aux discours évolutionnistes, note également la centralité ancestrale du lien entre religion et santé. C’est un constat qui transcende finalement de nombreuses divergences, même importantes.
    Dans toutes les sociétés, il y a un lien historique, moderne et complexe avec la religion. Que l’on regarde ce lien avec l’œil d’un évolutionniste, celui d’un théologien ou encore d’un sociologue, il reste omniprésent.
    Que ce soit chez les civilisations des plus anciennes aux plus récentes le religieux a toujours porté un regard particulier, voir fondateur sur la connaissance médicale. Plusieurs exemples célèbres le démontrent. Chez les civilisations mésopotamiennes, antédiluviennes, les archéologues bibliques notent que les prêtres étaient des individus qui avaient un savoir médical en plus des connaissances religieuses. Cela conférait un statut privilégié. Les prêtres égyptiens, chaldéens, babyloniens étaient dans la même situation. Chez les grècs, à qui l’on reconnaît un effort de rationalisation, les dieux et déesses avaient la capacité d’interférer sur la santé. De fait, se sont là aussi les prêtres qui avaient un statut d’intermédiaire qui leur permettaient d’influer sur les dieux.
    On peut multiplier les exemples y compris dans les sociétés qui nous sont lointaines. Par exemple, chez les Mossi du Burkina-Faso, le devin, est celui qui détient un savoir médical particulier, voisin de la place du psychiatre dans notre société. Comme dit le Mossi, « le devin voit l’intérieur des choses », sous entendant qu’il est capable d’orienter nos regards différemment sur nos problèmes pour que nous les abordions autrement. Dans les cas où il y a maladie cela est important pour s’acheminer vers la guérison.
    Dans la Caraïbe, l’Amérique du sud, le Chaman est un personnage charismatique qui a un savoir religieux et médical. D’ailleurs, souvent les deux sont confondus. C’est ce dernier qui dans les sociétés d’Amérique du Sud soigne efficacement une pathologie appelée le Sustos, dont les caractéristiques sont proches de la dépression et qui reste encore un champ scientifique à l’étude.
    Il ne faut pas croire que les sociétés occidentales ou très fortement soumises à l’influence occidentale, ne laissent pas de place à un lien étroit entre religion et santé.
    L’histoire de l’Europe occidentale, au travers notamment du catholicisme est fortement marquée par le lien étroit entre religion et santé. Les Saints guérisseurs catholiques en sont des figures marquantes, même si au sein de l’Eglise ils ne rencontrèrent jamais l’unanimité. Que ce soit Saint Gaud, Saint Appoline, Sainte Véronique ou encore Sainte Agathe, on est face à des personnages qui ont développé une potentialité inexpliquée qui apportait soulagement et parfois guérison.
    Les moines et saints catholiques ont indiscutablement permis, de développer une approche sanitaire. En effet en plébiscitant un retrait de la société par la vie monacale, il a bien fallut, pallier aux inconvénients de l’isolement en étant par exemple autonome pour ce qui est de la production de soin. De fait, les moines ont souvent été à la pointe de l’innovation médicale durant des siècles.
    Plus largement, dans une vision humanitaire du christianisme, le catholicisme a développé au travers de prêtres et de moines le souci de créer les conditions pour que les individus soient capables de recevoir la Parole. Cela passait par une bonne santé. Le protestantisme américain du XIXe amplifiera cette démarche.
    Alors que l’Etat était incapable de répondre aux besoins primordiaux des individus, l’Eglise a assumé avec ses défauts, mais aussi ses qualités la fonction sociale d’assistance. Ainsi aux saints guérisseurs il faudrait rajouter des figures importantes du catholicisme comme Saint François d’Assise, Saint Vincent de Paul qui réalisèrent des actions sociales de grandes envergures. On pourrait dire qu’il s’agit de figures à relativiser. Certes, mais elles ont donné leur nom aux plus grandes institutions hospitalières de France par exemple. Voilà qui nous permet de noter que la prise en charge sanitaire est fortement marquée par le religieux et cela au cœur du système hospitalo-centrique moderne.
    Les liens entre religions et santé n’ont jamais été de tout repos. Après la révolution et l’Empire, l’ambition de l’Etat était de reprendre en main les structures hospitalières. Avant cela, la prise en charge des malades, les protocoles, la déontologie, étaient religieuses. Pour asseoir son pouvoir le politique devait autonomiser, séparer, le savoir médical du religieux. Trois éléments majeurs allaient le permettre.

    Premièrement c’est la création d’universités indépendantes. Le savoir médical allait se construire, se transmettre en toute autonomie. Deuxièmement il y a les fixations de l’Eglise sur certains dogmes qui allaient à l’encontre du développement de la science et donc du savoir médical. Enfin, il y a les réussites thérapeutiques des institutions et chercheurs, qui en France, allaient finir par convaincre d’une supériorité du savoir universitaire avant l’heure, dans le contexte d’une relation tendue entre politique et religion catholique principalement.
    Aujourd’hui, une législation qui veille à ce que la pratique médicale reste dans les canons universitaires s’est développée. Les codes de la santé publique et autres textes législatifs renferment un nombre considérable de dispositions qui garantissent la centralité du savoir universitaire, par opposition aux savoirs religieux et traditionnels. Cela n’empêche pas le savoir médical d’être traversé profondément par des héritages de son histoire religieuse et des influences des croyances religieuses des sociétés dans lesquelles il s’insère.
    Ne pas prendre en compte l’importance du religieux dans le rapport à la santé implique une méconnaissance grave de la santé, de son histoire politique et institutionnelle, voire de sa définition même. Prenons par exemple une définition qui fait consensus à savoir celle de l’OMS : la santé « est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
    Ce qui a de marquant dans cette définition c’est la notion de bien être que j’ai effleurée en introduction. L’idée de bien être n’enferme pas la santé dans une conception uniquement biomédicale. Elle prend en compte l’idée, les représentations que nous avons sur notre propre santé.
    Regardons bien : selon cette définition, les mesures, les diagnostics médicaux et leurs éventuels bons résultats, ne suffisent pas à dire d’un individu qu’il est en bonne santé. Le taux de plaquette, le taux de globules blancs, l’excellent état général des organes, la bonne alimentation etc., en un mot l’excellent état physique ne suffit pas à parler d’une bonne santé. Dans la notion de santé, de bonne santé, il y a la conviction qu’a le patient, l’individu qu’il est en bonne santé, sa relation à son propre corps. C’est d’ailleurs un principe central.
    Ce point est très important et doit pousser le praticien à une forte humilité. Combien de fois des patients ne se sont-ils pas rendus à des consultations avec des plaintes peu ou prou claires, et que le médecin, en s’appuyant sur l’analyse organique, arrive à la conclusion « monsieur, madame, vous n’avez rien ». L’individu s’en va, faisant mine d’être satisfait, mais convaincu que son trouble, ses maux, n’ont pas été décelés. De plus, le praticien désigne souvent le « stresse » comme étant une explication. Notez, bien que ce n’est pas le but de notre propos, que le mot de stress, est dans la quasi-majorité des cas, un vocabulaire du praticien, pour dire « qu’il ne sait pas ». Une exception demeure : le psychiatre qui sait qu’il faut aller chercher derrière les mots du patient autre chose. Continuons cette parenthèse en indiquant que l’invention de la psychanalyse pas Freud, de manière anecdotique, relève de cette impossibilité de la science médicale à souvent savoir dire qu’elle ne sait pas. Je referme la parenthèse.
    Que retenir ici. Je ne suis pas entrain de dire que les sciences médicales sont inopérantes. Notons qu’un regard sur la santé en terme uniquement organique, limite la capacité à comprendre, de cerner, la maladie. En insérant l’idée de bien être, l’OMS a fort bien compris que la relation qu’a l’individu avec son corps est une variable déterminante dans la construction de la santé. Cette relation, cette représentation, les sensations qu’il développe avec et sur son corps son évidemment alimentée socialement. Notre éducation, notre famille, nos rapports avec nos amis, nos expériences anciennes avec la souffrance, le deuil, sont des choses non exhaustives qui alimentent notre capacité à construire une notion de bien être, où le savoir médical n’est qu’un élément, certes capital. Notre tradition culturelle, au sein de laquelle on retrouve la religion est aussi déterminante. En effet le savoir religieux peut influer sur l’idée que nous nous faisons du bien être et donc de la santé. Ce savoir peut aller jusqu’à supplanter le savoir médical. Nous reviendrons sur ce point.
    Il est évident, mais important de rappeler qu’il n’y a pas que le savoir médical qui influence la notion de santé. Combien de fois par exemple, dans un cabinet, un médecin, un infirmier, une sage-femme doit faire preuve de patience, de pédagogie, pour expliquer au patient le bien fondé de ce qu’il dit, fait, prescrit, parce que ledit patient arrive avec des certitudes fantaisistes héritées.
    Autre chose : rappeler que la santé est surtout une représentation que nous nous construisons sur le bien être permet d’insister sur un point marquant : la définition de la santé n’est pas stable. Elle varie dans le temps. Ce que l’on considérait être une bonne santé il y a quelques années, quelques mois, ne l’est plus aujourd’hui parce que le savoir médical évolue.
    Regardez : l’émergence de la diététique et de la nutrition en général a mis en évidence la nécessité de manger équilibré. Avec les avancées de la nutrition les graves méfaits de la surcharge pondérale a été mis en évidence. Pourtant il y a quelques années de cela, être gros était un gage de bonne santé. De plus socialement on envoyait l’image de l’abondance. Celui qui avait un ventre important envoyait le message qu’il pouvait se le payer, à la différence du pauvre ouvrier qui se rationnait et donc était mince. Un tel comportement apparaîtrait aujourd’hui comme une folie.
    Un élément qui influence et participe à faire évoluer notre sentiment de bien être est la religion. Elle demeure le principal pourvoyeur d’influence sur nos comportements y compris sanitaires. Comprendre donc l’interaction entre santé et religion est capital pour le praticien et le patient. L’un aura une pratique médicale plus consciente des enjeux, tandis que l’autre aura la satisfaction d’être approché dans sa globalité et non comme un simple amoncellement d’organes.

     

     

     

    Considérer la religion comme un élément constitutif de la notion de bien être est donc très important. En des termes justes, profonds, engagés, le Révérend Desmond Mpilo Tutu, Archevêque émérite du Cap et lauréat du Prix Nobel notait le 20 mai 2008, devant la 61ème Assemblée Mondiale de la Santé disait : Comme vous le voyez, la foi et la santé ont marché main dans la main depuis longtemps. La santé n’est pas seulement le fait d’être libre de toute souffrance et de toute maladie mais, comme l’affirme votre Constitution : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. ». Ces mots sont l’écrin de votre principale raison d’être ici et sous-entendent que nous avons quelque chose à partager dans notre engagement vis-à-vis du monde, ensemble. Peut-être serait-il bon pour nous de reconnaître aussi qu’il y a une relation intrinsèque entre Dieu et l’humanité, qui peut être reconnue comme un « bien-être spirituel » ? (Extrait de :Allocution prononcée à la Soixante et Unième Assemblée mondiale de la Santé par le Révérend Desmond Mpilo Tutu, Archevêque émérite du Cap et lauréat du Prix Nobel, Genève, mardi 20 mai 2008)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Toute la question est donc de savoir sil peut exister de liens apaisés, constructifs entre religion et santé ? N’existerait pas une approche religieuse de la santé qui serait compatible avec la quête déontologique, la rationalité, la prévention, l’innovation thérapeutique, les exigences comptables de la politique de santé publique, le savoir universitaire, etc. ? La notion de religion de la santé tend à répondre oui à cette question. Elle prend le contrepied des représentations classiques du rapport entre religion et santé.
    Venons-en simplement. Qu’est-ce que l’on appel religion de la santé ? En quoi les religions de la santé, dont l’adventisme permettent-ils d’établir des liens constructifs avec le savoir médical ? Disons déjà ce que n’est pas une religion de la santé. Il ne s’agit pas d’une vénération, d’une adoration de la santé ou du bien être. Il ne s’agit pas de religion de guérison. Les religions de guérisons sont autre chose que les religions de la santé. Les termes se ressemblent mais il faut absolument se rendre compte de la différence.
    Régis Dericquebourg définit les religions de guérison dans son ouvrage du même nom, religions de guérison, comme des organisations qui :

     

     

     

    1. situent la maladie et la guérison au premier plan de leur croyance et de leurs pratiques

    2. ont des thérapeutes religieux qui sont des virtuoses

    3. LE miracle y est reproductible et en ce sens il enchante le monde

    4. les fondateurs prétendent avoir soufferts de troubles physiques qui les ont sensibilisés à la maladie et qui ont été à l’origine d’une recherche. La maladie est donc initiatique

    5. Elles considèrent le salut comme individuel et en conséquence développent peu de cérémoniels.

    6. Elles ont une véritable théorie de la maladie et du traitement efficace.

    7. L’acquisition de bienfaits en est une fonction essentielle qui par traitement ouvre vers un salut post-mortem

    8. Si dans ces groupes on vise la guérison, on s’efforce avant tout de ne pas tomber malade. Une ascèse de prévention cohabite avec les pratiques de guérison.

    9. Et pour finir elles sont résolument optimistes car elles sont persuadées que les hommes peuvent guérir physiquement ou moralement, s’améliorer et œuvrer par leur spiritualité au progrès de l’humanité.

    On retrouve cette vision du monde chez les Antoinistes fondé par Saint Antoine. Une telle approche de la santé et de la guérison est aussi présente chez Mary Becker Eddy (au fondement de la Science Chrétienne). On l’a retrouve également au sein de l’Initiation à la Vie avec Yvonne Trubert. On peut y intégrer la Scientologie créée par Ron Hubbard en raison de l’amalgame « des éléments du bouddhisme, du gnosticisme et d’une psychologie qui glisse vers une thérapie des vies antérieures ».
    Avec les religions de guérisons dont je viens de rappeler les caractéristiques et quelques groupes religieux qui l’illustrent, il y a une relation de tension, institutionnalisée avec la maladie et le savoir médical. Le thérapeute peut être un individu charismatique sans aucune connaissance médicale éprouvée et sanctionnée. Il y a même une défiance envers les sciences médicales.
    Les religions de guérisons vont, quelque part réécrire le leader charismatique guérisseur en y retenant une fonction essentielle : la spirituelle. Toute maladie a son versant spirituelle et la thérapie de ne peut en faire l’économie. Elles vont retenir l’effet pratique. Elles vont pour la plupart se détacher de la notion de péché. Ce détachement est certainement essentiel, car le péché véhicule une liaison avec la divinité particulièr

  • La santé dans l’adventisme : une action ouverte et non du prosélytisme

    sante_01.jpgLa question posée par un journaliste a été la suivante : comment les adventistes arrivent-ils à faire de la santé du prosélytisme ? Surpris par l’orientation de la question, j’ai répondu : « de la même manière que Sœur Emmanuelle et que le HCR » ! Il a compris que je voulais dire que sa question était fausse et qu’en cas de prosélytisme il s’agit d’une conséquence assumée, souhaitée, mais en aucun cas le but premier de l’Eglise Adventiste dans ses activités sanitaires. Sur quoi je m’appuie pour le penser ?

     

    L’adventisme est une religion de la santé. Je rappelle que cette expression ne veut pas dire que l’adventisme adore la santé ! Certains le comprennent encore, sans que je n’arrive à comprendre pourquoi. Personnellement je ne l’ai jamais dit ou écrit. Rappelons qu’une religion de la santé comme l’Eglise Adventiste se spécifie par son insistance sur toutes les pratiques préventives, sans omettre le curatif. Ce souci découle d’une conception holistique de l’individu. Ce dernier en plus d’être un ensemble d’organes est considéré une créature de Dieu. L’adventisme considère l’individu comme un gestionnaire de ce corps confié par Dieu. En plus de l’invitation à être un bon gérant des dons de Dieu (comme le corps) veiller à être en bonne santé entraîne incontestablement des impacts positifs sur la santé tel que peu le mesurer et le traduire toutes les avancées médicales.

    Pour mieux gérer le corps, en plus des pratiques de préventions, l’adventisme considère le curatif comme nécessaire. Ce dernier est avant toute normé en France par le savoir médical conventionnel. S’ajoute toutes les formes de connaissances qui ne rentrent pas en conflit avec les conceptions théologiques du groupe. Il se traduit également autour de la santé. Depuis le XIXe cette église propose des actions pédagogiques tournées vers toutes les populations pour sensibiliser au développement de connaissances et de comportements qui optimise la santé.

    L’adventisme, religion de la santé, n’enferme pas ses actions. C’est là que mon interlocuteur journaliste a décelé un prosélytisme systématique. Il s’agit plutôt, sur ce point, ce que Max Weber appelle des « actions ouvertes ». Elles se dirigent vers les individus qui ne sont pas membres du groupe. Evidemment cette ouverture peut avoir des effets prosélytes, mais tel n’est pas le but initial, même si cela peut être, dans certains contextes culturelles surtout, un effet recherché. En France nous ne sommes pas dans cette situation. L’Adventisme n’a pas d’action sanitaire, portée par sa hiérarchie et dont l’ambition est de convertir. C’est pour cela que je préfère parler « d’actions ouvertes » et non de prosélytisme pour ce qui est du cas de la France Hexagonale.

    Cette ouverture se comprend par la notion de responsabilité. En effet l’adventisme considère qu’il est de sa responsabilité d’informer sur les bons comportements hygiéniques à avoir. C’est même un quasi devoir. Faciliter l’accès au savoir sanitaire résulte du fait que l’adventiste se considère comme responsable de la circulation de bonnes et vraies informations dans la société. Il se pense responsable, indirect, de la bonne santé de ses congénères. C’est une simple vision étendue de la notion de fraternité. D’ailleurs, il est important de faire tous ce qui est possible pour atteindre cet objectif car il est conforme aux attentes divines.

    J’ai la tentation de dire que l’essentiel est là. En effet, la notion de responsabilisation, ou plutôt de responsabilisation fraternelle étendue (action ouverte) se fait dans l’optique de la bonne santé. Elle est poussée par une conception responsabilisante qui prend ses racines dans la chrétienté et s’est amplifiée dans l’adventisme, qui dès son origine à donné une place importante au savoir sanitaire et médical. Que ce soit dans ses maisons de retraites, dans les thérapies collectives de sevrage, les soutiens en relation d’aide, l’humanitaire, les soins médicaux… l’adventisme s’est donné pour mission de faire connaître sa vision de la bonne santé. Cette dernière est évidemment liée à la théologie du groupe. Mais en France (je ne parle que de ce cadre) elle n’est pas aujourd’hui un levier prosélyte.

    Indirectement, j’ai rencontré dans mon étude sur la conversion des individus attirés par l’adventisme au travers de ce souci marqué pour l’acquisition d’une meilleure santé. A ce moment, évidemment, l’Eglise Adventiste insiste sur les spécificités de son regard sur la santé et invite l’individu à découvrir les autres éléments de sa théologie. A l’inverse je n’ai pas rencontré de stratégie conçues et validées hiérarchiquement dans le groupe qui visait à faire d’une action sanitaire un levier prosélyte. D’ailleurs j’ai plus remarqué une méfiance sur cela. Face au risque de vite être considéré comme un groupe dangereux et manipulateur, les organisateurs veillent fortement à bien démarquer sensibilisation à la santé et pratiques prosélytes. Cette précaution est d’ailleurs très forte en France.

    Cependant le regard adventiste sur la santé est indéniablement propice à l’établissement de liens consonants et forts avec la société globale. La quête actuelle d’une bonne santé et son expression au travers du bio, de l’équilibre alimentaire, de la crainte du carné, du sport, de la maîtrise allopathique, de l’équilibre entre l’homme et son environnement naturel… sont présents dans l’adventisme depuis le XIXe siècle. Ce n’est donc pas l’adventisme qui s’est converti stratégiquement à une tendance nouvelle, mais une tendance nouvelle qui est ancienne dans l’adventisme ! De fait c’est la société globale, ici, qui se rapproche de convictions qui ont une déclinaison adventiste. En facilitant l’accès à la bonne santé aux individus ces derniers pourront plus facilement développer des aptitudes psychologiques (même s’il faut pour cela d’autre voie et apports). Ce regard sera propice à l’établissement de consonances, de liens, entre la théologie adventiste et les attentes de la société globale. Toutefois il faut souligner que ces actions ouvertes s’inscrivent dans la missiologie adventiste.

    Ce qu’il faut retenir c’est que l’émergence de la consonance entre valeurs sanitaires adventistes et valeurs sanitaires de la société résulte des changements modernes de notre société. Cette consonance peut donner l’impression d’un prosélytisme. En France contrairement à ce que l’on pourrait penser, elle ne donne pas naissance à une campagne prosélyte adventiste.

    La place de la santé dans ce groupe religieux et surtout les impacts positifs sur la santé des individus (espérance de vie, résilience, convalescence plus rapide à situation comparable… selon les enquêtes de santé américaines et les différentes études de cancérologie) permettent de réinterroger le rapport de la société globale avec la santé.

    Brefs, revenons. Non il n’y a pas en France de stratégie prosélyte avec la santé, de manière institutionnelle. Un individu peut suivre un programme adventiste sanitaire, sans se convertir ! Ce n’est pas parce que l’on met un enfant dans une école catholique que celle-ci aura pour ambition d’en faire un catholique ! C’est la même chose. Et en France l’Eglise Adventiste veille à ce qu’un mélange des genres n’existe pas. Le risque juridique est là. Mais surtout il faut veiller à ne pas donner d’arguments aux réfractaires du religieux, dans un contexte de méfiance institutionnalisée du religieux.

    Plus haut je disais que je n’ai pas rencontré de stratégie adventiste validée par la hiérarchie et dont le but est de faire un lien prosélyte entre santé et religion. Je suis précis ici car il existe localement des initiatives qui font ce lien. Il s’agit de stratégies localement conçues et exprimées.

    A grande échelle, je pense aux « expos santé » l’idée est de montrer la validité scientifique du regard adventiste sur la santé. D’ailleurs au risque de déplaire, ces expos montrent plus des pratiques de santé largement connues que des spécificités adventistes. Ce sont des expos de préventions quasi identiques à ce qui est disponibles dans des associations laïques, dans les DDASS, les établissements scolaires, etc.

    Là où certains voient du prosélytisme c’est dans leur surprise de trouver un lien positif entre un groupe religieux et la santé, même approchée scientifiquement. Cette surprise ne doit pourtant pas entraîner un lien direct avec une stratégie prosélyte en France comme certains sont tentés de le faire. Là est mal connaître la relation entre l’adventisme et la société globale en France.

     

     

  • La Fédération Suisse Romande et du Tessin lance le festival de la santé

     Eglise adventiste, Religion, Santé, Suisse, Fédération Suisse Romande et du Tessin, Festival de la santéLa fédération adventiste de Suisse Romande et du Tessin (FSRT) lance le festival de la Santé. Cette initiative traduit parfaitement le concept de Religion de la santé dont l’adventiste est une illustration majeure. En lien avec les professionnels et autorités, la FSRT a construit une programmation où sur la base des acquis scientifiques elle sensibilise le public à différents équilibres indispensables à la santé. Le handicap est un thème central pour cette première. Exercices, expositions, débats… sont des déclinaisons proposées. Ce qui me paraît capital et faussement banal est l’idée que la santé est un ensemble d’équilibres aux effets relationnels. Si cette conception de la santé dans sa dimension interactive est un acquis, elle a été de tout temps portée par l’adventisme. La santé est non seulement un sentiment de bien être (pas une absence de pathologie!) mais aussi une relation équilibrée avec ses entourages. Ce n’est pas seulement la perception d’un équilibre biologique et psychologique, mais également social. Dans une société, où de nombreuses pathologies, souffrances sont indiscutablement issues des déséquilibres relationnels, l’initiative adventiste est à saluer.
    D’autre part, comme religion de la santé, l’adventisme Suisse fait de cette manifestation d’abord un outil de promotion de la santé. De ce fait, l’action sanitaire éducative est capitale. Elle montre bien que les religions de la santé ont une éthique de responsabilité qui ne doit pas être assimilée à du prosélytisme. En effet l'objectif n'est pas la conversion mais d’établissement de bonnes pratiques de santé. Cependant, cela s’inscrit dans l’idée de mission. Soyons précis. Je l’ai écrit dans mon ouvrage Regards croisés sur l'Eglise adventiste du septième jour, l’éthique de responsabilité c’est se sentir responsable du bien être et du salut de concitoyens et responsabilliser ces derniers. C’est avoir des actions concrètes dans ces buts. Dans ce cadre, le bien être supplante le désir de conversion, sans l’exclure. Et c’est ce qui s’exprime très explicitement dans nombres de manifestations de santé adventiste en Europe francophone surtout sous l'impulsion Suisse. La FSRT mène des actions de santé, pédagogiques ouvertes, d’essence adventiste, scientifiques, montrant la perception large de la mission religieuse au sens d’une éthique de responsabilité, sans bercer dans le prosélytisme.

    C’est un équilibre difficile que la FSRT a su construire. En ce sens, le festival de la santé, additionné à d’autres actions de la FSRT, permet à l’adventisme Suisse de consolider sa place d’acteur social dynamique. Elle répond ainsi aux attentes sociétales vis-à-vis du religieux. Mais certainement le contexte Suisse favorise cette consonance entre attentes sociétales (et sociales) et l’offre religieuse adventiste. Et hors contexte Suisse, indiscutablement, la FSRT montre dans l’adventisme francophone en pays développés une perspective à suivre, voir à reproduire.

    En complément lire sur le sujet :

    La santé dans l’adventisme, une action ouverte et non du prosélytisme

    Religion de guérison et religion de la santé

    Santé anthropologie et adventisme

    Et l’ensemble des notes sur les liens entre adventisme et santé

  • L’adventisme, religion de la santé : l’exemple du sommet mondial contre le tabagisme de juin 2006

    medium_tobaccoplant.2.jpgJ’ai déjà noté que l’adventiste pouvait être considéré comme une religion de la santé. Au centre de son offre doctrinale il y a un souci de prévention face à la maladie, considéré comme le résultat de la rupture entre Dieu et les hommes : le péché. De fait dans ses pratiques évangéliques se retrouvent les problématiques liées la santé. La réflexion adventiste contre le tabac illustre cette position. Depuis de longue date l’Eglise Adventiste a développé une vision de la santé qui responsabilise les individus, considérés comme des gestionnaires d’un corps que Dieu leur a confié. Pas surprenant que depuis des années l’adventisme mène une politique de prévention et de lutte contre le tabac. D’ailleurs c’est grâce à l’Eglise Adventiste que le plan de 5 jours, thérapie de groupe pour le sevrage du tabac a été introduite en France.

    Dans la même logique, profitant de la tenue à Washington entre le 14-16 juin dernier du 13è sommet mondial du tabac, l’Eglise Adventiste organisa son propre sommet sur le même thème. Le but avoué était prosélyte et confirme le statut de religion de la santé de l’Eglise Adventiste. S’appuyant sur sa célèbre université de Loma Linda l’Adventist News Network indique que « la participation (d'une certaine manière) des adventistes au 13ème congrès mondial est un évènement historique. Cela représente une véritable opportunité de dire aux dirigeants mondiaux contre le tabac ce que font les adventistes ».

    Voilà qui montre bien l’enjeu sanitaire, mais également évangélique, pour les adventistes, qui intègrent dans leur devoir de mission, la santé. Je me permettrai de juste tenter un pronostic : en raison de la montée de l’hygiénisme dans nos société, certainement de plus en plus de groupes religieux s’impliqueront significativement dans les questions de la santé et plus largement su bien être corporel.

  • La dengue aux Antilles: bien plus qu'une question de santé publique

    Dengue moustique.jpgLa dengue est une pathologie très répandue. Fièvre intense, sensation de froid, perte d'appétit, mais surtout des courbatures importantes vous envahissent. Elle est si virulente qu'il arrive de délirer surtout dans le sommeil. La dengue est une atteinte généralement bénigne et en une semaine on est normalement remis. L'épidémie a mis en évidence plusieurs éléments qui mélangent tendancieusement réalités et idées reçues. Elle pose un aspect des problèmes sociaux aux Antilles et est un révélateur de la relation de la France aux Antilles.

    La dengue serait-elle le résultat d'un manque de civisme?

    C'est vrai partiellement. La dengue se véhicule surtout par la femelle du moustique aedes aegypti. Le mode de vie humain donne des conditions idéales pour la reproduction de ce moustique en zone tropicale. Combattre la dengue passe par des attitudes à éviter. Il est ainsi recommander de ne pas offrir à ce moustique des lieux propices à sa reproduction. Tous les accès aux eaux stagnantes doivent lui être fermés. Il s'y reproduirait. Ainsi aujourd'hui, après les messages d'alertes de la grippe A, vous aurez dans plusieurs lieux (aéroport, espaces d'accueils...) des appels à sensibilisation invitant à ne rien laisser trainer dans l'environnement qui permettrait à l'aedes aegypti de proliférer.

    dengue cible.jpgCes messages sont bienvenus. Aux Antilles, vous serez surpris du nombre d'objets qui polluent et permettent à l'eau de stagner et donc aux moustiques de se reproduire. Pneus de voitures, carcasses, récipients abandonnés, etc. Mais à regarder ce n'est qu'un versant du problème. Un plus grand civisme permettrait-il de venir à bout de l'épidémie? Aborder le sujet ainsi c'est ne pas connaître les Antilles. Car on ne peut parler de la dengue uniquement sous le signe de la responsabilisation des populations. Bien qu'elle est nécessaire, elle ne doit cependant pas imputer aux seuls gestes citoyens ou à l'armée appelée en renfort, le pouvoir d'éradiquer la dengue. C'est un discours qui permet aux autorités de se défausser sur les individus. Ce seraient eux les responsables de la situation. On ne peut pas aller en ce sens car c'est nier biens des aspects de la société antillaise.

     

    La dengue est un révélateur

    Il n'y a pas d'étude sur le sujet à ma connaissance, mais depuis plusieurs décennies les populations sont très sensibilisées à ne pas offrir des gîtes à l'ades aegypsi. Les avancées en ce sens sont très importantes, mêmes si elles sont insuffisantes. Et les causes ne sont pas liées uniquement aux moustiques. Les conditions climatiques de la zone tropicale ont imposé une grande vigilance. En raison des cyclones, les individus doivent laisser de moins en moins d'objets dans la nature, car sous les forts vents ils deviennent des projectiles destructeurs. Il y a donc de plus en plus aux Antilles une responsabilisation même si d'énormes efforts doivent encore être réalisés.
    Mais l'aedep aegypsi a bien d'autres endroits pour établir des gîtes pour sa reproduction. Il y a évidemment des cavités naturelles après de fortes pluies. Celles qui posent problèmes résultent de l'activité humaine comme les chantiers. Parmi eux des constructions laissées à l'abandon ou inachevées. Et là les choses sont plus complexes.

    De nombreuses familles entament l'édification d'une habitation avec de faibles moyens. Les constructions durent dans le temps et deviennent de véritables hôtels pour moustiques. L'important aux Antilles quand un logement se construit avec des ressources limitées est d'arriver à «fermer sa maison» pour qu'elle soit habitable et sécurisée. Pas étonnant qu'il y ait beaucoup de maisons recouvertes d'une dalle et qui n'ont pas de toiture. Elle sera une étape finale qui adviendra souvent plus d'une décennie après le début du chantier. Certaines ne disposeront jamais de toiture. Malgré toutes les précautions qu'elle prendra, la famille modeste qui tente de devenir propriétaire ne pourra pas empêcher l'adeps aegypsi de trouver en sa dalle, recouverte d'eau, un refuge pour se reproduire.
    Des foyers, souvent les plus vulnérables économiquement récupèrent l'eau de pluie grâce à des fûts non recouverts. Ces réserves sont des récupérations de pluies. Notons que des systèmes de récupération inaccessibles aux moustiques se diffusent de plus en plus. Mais ils sont trop souvent inadaptés à la vie tropicale et aux cyclones, ce qui est un obstacle majeur à leur développement. En effet ils doivent être parfaitement amovibles, démontables en très peu de temps, ou doivent résister à des vents de plus de 300 km/h. Cela fait un cahier des charges bien trop compliqué pour les récupérateurs d'eau économiquement accessibles, made in china, pour la grande partie de la population.

    carcasse voiture.jpg

    Les contraintes de vie imposent d'être vigilant avec l'eau et d'en avoir en réserve. Il n'est pas rare que le vétuste système de canalisation présent aux Antilles casse et prive la population d'eau courante. Il est donc paradoxalement hygiénique d'avoir des réserves. De plus, en période cyclonique, comme c'est le cas maintenant, les réserves sont les bienvenues car si un ouragan frappe, les chances d'avoir une interruption longue de l'approvisionnement en eau courante sont très élevées. Reste donc à allier la contrainte de vigilance et la prévention face aux moustiques. Plusieurs familles optent pour recouvrir les réservoirs par un système de filtres laissant passer l'eau et pas le moustique. Mais il est partiellement efficace et pose d'autres problèmes d'hygiène.

    La présence de polluants dans la nature propice à être reconvertis en gîtes par le moustique pose le problème du recyclage. Qu'en est-il de cette filière aux Antilles? Décharges à ciel ouvert et le faible retraitement aboutissent à un engorgement de familles face aux détritus. Des initiatives existent et se développent, mais ne sont pas à l'échelle des besoins. Même les discours le plus raisonnables qui invitent à une meilleure consommation pour un recyclage optimisé ne permettent pas de remplacer le manque d'infrastructure.

    Combattre le moustique et la dengue c'est aussi avoir les moyens pour cela. Les laboratoires de recherches présents aux Antilles sont sur ce point insuffisants et trop peu dotés en moyens. Récemment le Député Victorin Lurel a attiré la vigilance du Ministre de l'enseignement supérieur sur ce point. Est-il logique que les laboratoires de recherches en maladies tropicales sont pour les meilleurs dans l'hexagone et non en terre tropicale, aux Antilles?

    Bernard Pons 01.jpgLa dengue est maintenant tellement répandue que l'idée reçue est qu'il faille «laisser le temps passer pour qu'elle disparaisse». L'invitation à consulter un médecin existe, mais l'accès aux soins (ce n'est pas la même chose) n'est pas assez démocratisé. Il y a comme une cassure sociale sur ce point. L'ancien ministre de l'Outre-mer Bernard Pons, retraité de la vie politique et qui s'est installé en Martinique l'a bien compris. Il donne une intervieuw forte intéressante à l'édition martiniquaise du journal France Antilles. Bernard Pons,également médecin retraité note une inégalité des chances dans l'accès aux soins. Lui, l'ancien Ministre se considère comme un privilégié. Il déclare :

    Je suis un privilégié. Parce que je suis médecin, que j'ai des amis médecins ou que je suis un ancien ministre, j'ai été hospitalisé. Les perfusions de chlorure de sodium à 0,9% ont pu donner une amélioration rapide. Mais combien y a-t-il de privilégiés dans mon cas? La plupart du temps, les familles sont livrées à elles-mêmes. Inutile de faire des commentaires. Le témoignage de Bernard Pons est sensible, brutal, et malheureusement exact.

    Bernard Pons appelle à la responsabilisation les décideurs pour doter en moyens les organismes de santé. Il interpelle la Ministre de la santé qui a manqué de réactivité. Elle arrive aux Antilles après le pic épidémiologique. Certains y verrons un hasard. Mais on peut légitimement en douter pour une épidémie qui dure déjà depuis 6 mois, alors qu'habituellement elle est de quelques semaines. Dommage que la notion de précaution prise pour la grippe A n'a pas eu la même légitimité aux Antilles que dans l'hexagone. Ceci ne fait que renforcer un sentiment bien installé aux Antilles et qui connu une poussée lors des grèves de 2009, d'être des citoyens de seconde zone. Mais il faut dire à la "décharge" des ministres de la Santé et de sa collègue de l'Outremer, qu'il est bien mieux de venir aux Antilles en fin d'été après le pic, que lors du grand risque épidémique! Mais surtout la crainte de voir l'hexagone touchée avec le retour de touristes malades pousse à agir enfin. 

     

    Que montrent ces éléments?

    La dengue n'est pas une pathologie sans traitement (dixit le témoignage de l'ancien Ministre et médecin Bernard Pons). Sa prise en charge est d'ordre médicale et écologique. Ces deux aspects révèlent qu'il y a dans le traitement de la dengue une dimension liée aux conditions de vie. Ce versant est peu présenté car il discrédite le discours qui consiste à accuser uniquement les comportements des populations antillaises, même si de nombreux gestes polluant doivent disparaître. Mais le cœur du problème touche aux décisions politiques. C'est de là que les moyens peuvent venir pour avoir:

    1. un système de canalisation démocratisé et performant pour éviter les récupérations peu hygiénique de l'eau,

    2. un accès à l'habitat plus facile pour éviter les impacts sur l'environnement,

    3. une filière de recyclage adaptée,

    4. un accès égalitaire aux soins,

    5. une recherche scientifique en cohérence avec les besoins locaux,

    6. une réaction du ministère de la santé, en phase avec le développement épidémiologique.

     

    L'épidémie de dengue est une parfaite illustration du rapport qu'entretien la France avec les Antilles. Il y a des responsabilités évidentes de l'Etat qui doit donner les moyens d'actions et manifester le même engagement déjà vu dans d'autres épidémies dans l'hexagone. Mais ceci ne doit pourtant pas faire occulter que c'est localement que les bons gestes et les bonnes décisions doivent être pris.

  • Santé, anthropologie et adventisme – Acte 2 (Extrait de cours IFSI du nouveau référentiel infirmier)

    « Le mot »

    health church.jpgLe vocabulaire qui explicite la santé est très riche. Frustrons-nous en le regardant furtivement. A lui seul il impose de considérer la santé au-delà de la définition médicale. Cela conduira à faire le lien avec une certaine vision religieuse de la santé.

    En grec deux mots se distinguent pour parler de santé. Le premier est hugiainô qui signifie être en bonne santé, se porter bien. Racine du mot hygiène, il ne s'applique pas seulement aux personnes mais aussi à un pays. Cette vision est encore présente quand nous parlons de la santé économique et sociale d'un Etat. L'autre terme est noséô qui signifie être malade et s'applique aussi à une très grande panoplie de situationS et pas uniquement à l'individu. Un autre mot mérite d'être signalé, il s'agir de sôzô qui signifie protéger d'un danger ne pas tuer, épargner, sauver. Un dérivé comme sôtéria (salut) permet de souligner le lien complexe entre santé et religion.

    sante_01.jpgLa mythologie grecque va aussi fournir des personnages connus dont les noms vont être les racines de mots utilisés tous les jours pour parler de la santé. Parmi la multitude d'exemples il y a Hygiè. Elle est la fille d'une famille de médecins qui prétendait descendre d'Asclépios. Asclépios était le fils d'Apollon, dieu de la lumière et puissant guérisseur et de la nymphe Coronis. Asclépios était un brillant médecin. Il arriva même à ressusciter des morts! Zeus, aussi grand-père d'Asclépios ne toléra pas cette prouesse. Pour Zeus la résurrection ne pouvait être permise car elle avait des conséquences irrémédiables sur les grands équilibres de l'univers. Il fut donc contraint de foudroyer son petit fils qui n'avait pas respecté la frontière entre la vie et la mort.
    Des confréries médicales se sont par la suite autoproclamés descendants d'Asclépios. Avec une organisation bien hiérarchisée, secrète, stricte sur la protection de leur privilège, elles préfiguraient l'organisation actuelle de la médecine conventionnelle.

    Le vocabulaire latin va aussi fournir une profusion de termes autour du mot sanus. Plusieurs variations auront des significations non médicales. Sanarios désignera les personnes âgées. Sanitas le bon sens ou la raison. Sana res publica, plus connue, parlera d'un régime politique qui fonctionne bien. Male sanus fera référence à la personne déséquilibrée. Mais surtout, Sanare est le verbe qui signifie guérir, réparer, apporter une solution.
    pharmacie.jpgUn autre mot, Valeo va donner plusieurs autre mots très présents dans le français. L'une des déclinaison est valetudo pour qualifier le bon ou le mauvais état de santé. Il a donné valetudinarius qui signifie malade et valetudinarium, qui est le lieu de regroupement des malades, l'hôpital. On le retrouve en français dans valétudinaire.
    Valeo
    a aussi donné validus qui veut dire être robuste, bien portant, efficace, puissant. On retrouve valeo à la fin des échanges épistolaires. Il alimentait les expressions de salutations comme vale, valete (adieu) ou plus explicitement cura ut valeas pour inviter l'interlocuteur à prendre soin de sa santé.
    Un autre mot latin est salus. Il comprend la bienséance, c'est-à-dire le fait de savoir appliquer les normes sociales pour se présenter à autrui. Salus englobe également le bon état physique

     

    Une valeur universelle fondamentale

    La santé est la quette du bien être. C'est une recherche présente dans toutes les cultures. Il n'existe pas de société où la maladie n'est pas définit et la santé recherchée. Dans toutes les cultures des personnes spécifiques sont les dépositaires d'un savoir reconnu sur la santé.

    Toutes sociétés est aussi le support de croyances, rites, mythes où la santé a une place toute particulière. L'origine de la maladie est toujours expliquée. Elle peut être d'origine surnaturelle, l'effet d'un sort, la conséquence d'une attitude ou simplement la résultante de phénomènes physiques et biologiques.

    La santé est donc bien plus qu'un état corporelle. Elle est une valeur unanimement partagée. On le constate lors des vœux de nouvelle année. En maintes lieux du globe, on souhaite une « bonne santé » parce que c'est un bien, une valeur fondamentale. D'elle découle tout. Sans elle on est plus dans le monde de l'impossible que l'inverse.

     

    Une construction sociale

    OMS.jpgGénéralement la santé est présentée comme une notion claire et évidente. C'est principalement le cas en sciences médicales où elle est conçue comme l'absence de pathologie, de dysfonctionnement, voire d'infirmité. Mais à regarder avec attention tel n'est pas le cas.

    L'O.M.S conçoit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité »

    Cette approche de l'OMS confirme que la santé ne peut pas être considérée comme une notion stable. Elle varie en fonction des périodes historiques, des cultures ou encore des catégories sociales. La sociologie de la santé insistera particulièrement sur les éléments qui échappent à l'individu et qui influencent la notion de santé. En d'autres termes, la sociologie approchera la santé comme un fait social.

     

    Sentiments individuelles

    santé sciences.jpgLa santé est une notion qui dépend du contexte dans laquelle elle est construite. Mais quelque soi les contextes et les situations particulières, la santé implique le rapport de l'individu à son environnement et à son propre corps.

     L'individu est donc au centre de la construction de la santé. Rien ne vaut un exemple précis et classique.

    Ce n'est pas en allant chez le médecin que l'individu découvre qu'il est malade. En amont il a la sensation d'être malade. Se rendre chez le praticien c'est pour l'individu tenter de comprendre l'origine de son mal et les solutions qui peuvent y être apportées. La notion de santé et plus particulièrement de bonne santé dépend étroitement des représentations que nous avons de notre corps.

    Cette relation est très importante, elle transcende souvent l'opinion du praticien. Un deuxième exemple pour bien s'en rendre compte. Un individu convaincu d'être malade peut être en opposition radicale avec son praticien. En effet, il est classique pour des patients d'aller chez un médecin pour comprendre le mal dont-ils sont victimes et se voir opposer « Madame, Monsieur, tout va bien » après des examens poussés. Si le praticien se rend compte de l'insatisfaction du malade, il peut compléter sa réponse en le réorientant dans le système de soin. Mais cette réorientation peut amener la même réponse. Face à cette situation, souvent le praticien va évoquer le « stress ». D'ailleurs, souvent la notion de  stress est utilisé pour cacher l'impossibilité du professionnel à porter une réponse satisfaisante au patient. Sauf cas pathologiques sévèrement avérés par la psychiatrise et la psychologie le stress devient un révélateur de l'impuissance du praticien face au sentiment de mal être du patient.

     Du point de vue organique et de l'état des connaissances actuelles, l'individu n'est pas porteur de pathologie. Cependant, à regarder la définition de la santé de l'OMS le patient est malade. L'individu n'a pas un complet état de bien être physique, voire mental ou encore social.

     

    La santé, une notion instable.

    La santé ne dépend pas seulement du seul regard du médecin. laboratoire.jpgElle est le produit d'évolutions sociales, de la science, de la relation de l'individu à son propre corps tout en étant une valeur universelle. Parler de santé c'est se rendre compte qu'elle est tributaires de changements. La santé est donc, contrairement à l'évidence, une notion instable qui fluctue dans le temps, les contextes sociaux et entres individus.

     

     

    Tout l'objet de la sociologie et de l'anthropologie de la santé sera de mettre en évidence les variables qui expliquent cette instabilité.

     

     

    Instabilités et changements

    Noter que la santé est une notion instable c'est souligner son caractère évolutif. L'idée que l'on a de la santé, des gestes sanitaires, de l'hygiène, varient dans le temps en fonction de l'évolution du savoir scientifique, de la culture, du niveau de formation, de l'urbanisme ou encore de la catégorie sociale. Parmi les facteurs qui permettent cette évolution il y a la religion. Cela peut surprendre, mais loin d'être un élément qui freine la connaissance scientifique sur la santé le religieux le permet. Par contre, il oriente significativement cette évolution. C'est un fait. Alors ce qui nous intéresse c'est de constater comment la religion participe participe à l'évolution du savoir sur la santé. Nous tournerons essentiellement autour de l'exemple de l'adventisme. Il permettra d'insister le rapport entre savoir scientifique et religion d'une part. D'autre part, il permettra de noter un impératif majeur qu'est de considérer la santé comme un savoir qui englobe bien plus que le savoir scientifique. Oui, oui, vous m'avez bien compris. Avec l'anthropologie de la santé, la science est qu'un des éléments qui aident à construire la notion de santé. Parmi eux il y a une vision de la santé qui ne s'oppose pas globalement à la science et mieux, participe à son dynamisme, évidemment, sur des secteurs compatibles au discours religieux. C'est ce que j'ai appelé les religions de la santé. Nous verrons cela dans à partir d'exemples empriques précis qui permettront de parler de la place de la culture.

  • SAEXFO: Un cabinet qui ambitionne de former et conseiller aussi les cadres religieux

    En 2022, après plusieurs échanges j’ai impulsé la création d’un cabinet qui en plus d'actions pour les professionnels de santé, propose des réponses pour accompagner les cadres religieux pour qu’ils soient plus outillés dans ce monde en mutations. Nous, sociologues, spécialistes du management, coachs... disposons de beaucoup de données sur les cadres. Pourquoi ne seraient-ils pas à leur disposition ? Vous le savez, je pense que les données recueillies et les analyses faites sont aussi, éthiquement, la propriété de ceux qui les font exister quotidiennement. En créant le Cabinet de formations et de conseils, SAEXFO, j’ai pris le parti de créer un espace dynamique pour que les questions religieuses et éthiques soient au centre des actions professionnelles. Concernant les cadres religieux, l’ambition est de leur mettre à disposition des actions de formations et du Conseils enfin pensés pour eux, encore une fois, aux côtés des autres espaces académiques dont ils disposent. La valeur ajoutée de SAEXFO est de transformer le savoir en des actions managériales quotidiennes où l’éthique est au centre pour les acteurs religieux. Pasteurs, diacres, clercs… simples membres y trouveront des supports, loin de la zone de confort, pour asseoir avec expertise la vie ecclésiale.

    NOTRE BROCHURE

    Comment cela se réalise au sein de SAEXFO ?
    saexfo,éthique,formation,groupes religieux minoritaires,pasteur,diacre,ecclésiologie,management,formation continue,succèsSimplement par des temps de formation mêlant une transmission, des analyses et surtout des ateliers managériaux de simulation de gestion ecclésiale avec coach certifié, Très Haut Cadre dirigeant, sociologue, psychologue, chefs d’entreprises, tous sensibles aux objectifs des organisations ecclésiales. Ces temps permettent la co-construction d’un savoir et d’une expertise à partir de situations concrètes expérimentées ou anticipées.

    Des compétences existantes à valoriser et renforcer
    Après un entretien sociologique, un chef d’une entreprise commerciale me dit qu’il est très ouvert à embaucher des pasteurs ou des communicants religieux. Je lui demande d’où vient cet attrait. Il m’indique sans détour :

    Des gens qui peuvent toutes les semaines organiser des cérémonies au millimètre, enseigner, faire passer des messages surprenants, avoir l’adhésion d’un groupe, stimuler, se plier à la législation, se faire connaître à contrecourant, exister et grandir malgré les quolibets… avec des gens comme cela, qui font ce qu’ils croient et croient en ce qu’ils font, mon chiffre d’affaires va exploser. En plus je peux partir sachant que les choses avanceront en mon absence.

    Direct, arriviste, mercantile… nous pouvons à première vue avoir des qualificatifs négatifs sur ce chef d’entreprise. Mais à regarder de plus près, qu’a-t-il dit d’illogique ? Rien.
    Lorsqu’il était aux USA Max Weber raconte qu’il suffisait, dans la première partie du XXe siècle dire, «je suis de l’Eglise d’en face» pour qu’un commerçant soit rassuré de la qualité morale de son client ou partenaire financier. Cette phrase ressemble à la carte de crédit d'aujourd'hui! Indiscutablement, être un individu engagé dans un groupe religieux renforce souvent une représentation sociale positive qui a des effets sur le monde du travail. Les cadres religieux, comme les pasteurs, sont des individus qui ont des compétences extrêmement variées. Les équipes administratives des Eglises et Fédérations sont à l’intersection de plusieurs exigences réglementaires en évolutions. Pourtant, administratifs et pasteurs ne semblent pas se rendre compte du haut niveau de compétences, d’adaptations et de performances qu’ils ont.

    L'éthique comme la pierre angulaire des compétences.
    EquipeEn créant des espaces de renforcement, SAEXFO permet aux les cadres et administratifs de côtoyer le quotidien professionnel d’autres acteurs, autour d’activités précises. Une expertise par similitude de situations se construit. Le religieux verra que son éthique, sa foi spécifie son action, sa mission. Et, les astuces que connaissent d’autres réalités sont des sources d’enrichissement pour les communautés dont il a la charge.
    En intégrant la croyance, la foi et l’éthique des religieux SAEXFO construit ainsi sur mesure des ateliers managériaux pour renforcer le management ecclésiale, les actions et les projets des communautés. Edifier un Cabinet de Conseils et de Formations où l’éthique est au centre est souvent vu comme une folie. Mais je crois que cette réponse osée qui risque dans un temps d’attirer au mieux la surprise au pire la défiance est un outil pour les dirigeants d’organisations où l’éthique est au centre. A vous donc d’en faire une valeur ajoutée au quotidien.

    Faire face à la méfiance.
    jacob-bentzinger-Yv-2G04sKD8-unsplash.jpgSur le papier les idées sont excellentes. Mais je sais qu'il faudra surmonter la méfiance des acteurs du religieux qui craignent parfois toutes les sources de compétences non issues de leur rang. Mais dans un monde où les compétences sont multiples, il est indéniable qu'un tournant doit être franchis dans l'acquisition des compétences. Et comme dit la devise de ma ville de naissance Res non verba, des faits non des paroles. C'est donc à l'usage (à leurs fruits pour parodier le texte biblique) que les organisations et groupes verront l'utilité d'avoir des compétences à la point du management religieux dans une société où ils sont des acteurs.

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  • Le défi de la formation continue pour les groupes religieux

    Les groupes religieux ont depuis très longtemps compris l’intérêt de la formation initiale et continue. Elles sont, si je puis dire, dans leur ADN. Réaliser de la formation initiale permet de faire découvrir les fondamentaux. L’exemple le plus marquant est le Heder dans la tradition juive. Regardons bien : les écoles du dimanche, du sabbat, le catéchisme, école coranique, sont des équilibres conceptuels entre formation initiale et continue. Elles inculquent les fondamentaux pour les néophytes et enfants, tout en veillant à complexifier les connaissances des plus aguerris. Les normes et valeurs du groupe sont ainsi partagées. A l’heure de la grande mutation des modes d’apprentissage et de transmission pour répondre à l’évolution rapide et dense des exigences, la formation continue doit se penser s'adapter aux organisations religieuses et éthiques. C’est un défi majeur qu’il faut relever.

    Eglise, ecclésiologie, management, groupe, formation, formation continue, Eglise, Eglise adventiste du septième jour, Eglise protestante, Agapé, Cercle philosophique, Ethique, Santé, Outre les espaces dédiés, les communautés religieuses réalisent la transmission des normes et valeurs au travers de toutes les rencontres, discours, échanges, relations au sein du groupe. C’est cette multiplication qui permet, comme le note Peter Berger et Thomas Luckmann, une "resocialisation", une recomposition de l’identité vers de nouveaux repères, voire une alternation. La communauté devient ainsi une structure de plausibilité. Elle rend réaliste, par l’intensité permanente de la transmission des normes et valeurs, leur acquisition et acceptation.

    En ce qui concerne la formation continue elle a pour moi deux versants. Le premier est sujet à débat. Il s’agit encore une fois de la structure de plausibilité. Elle vise aussi à renforcer, complexifier les acquis de tous les membres de la communauté et cela en permanence. D’où l’idée de formation continue. On retrouve, avec un parallèle maladroit la thématique paulienne de la croissance du savoir notamment avec la métaphore de l’abandon de l’alimentation nécessaire et facile, le lait, pour des aliments plus complexes, des connaissances plus dures, mais nécessaires au moment opportun (1. Corinthiens 3:2). L’acquisition des fondamentaux et la vérification de leur maitrise sont aussi omniprésentes dans les espaces de formation. Cela peut donner parfois l’impression d’une répétition bien connue des pédagogues. Ici on peut encore retrouver la métaphore biblique du lait sous la plume de Pierre (1 Pierre 2:2) et plus globalement l’approche vertueuse développée par le Christ de la symbolique d’une posture de enfantine face au savoir. Si je prends l’exemple de l’école du sabbat adventiste, la catéchèse vise à permettre une découverte des notions pour les néophytes et les enfants, tout en répondant aux attentes des plus anciens. D’ailleurs dans ce cadre, il est très intéressant de remarquer comment de manière non évidente le silence des apprenants est aussi utilisé pour qu’ils adoptent les valeurs, mais surtout les normes comportementales et la compréhension des règles bureaucratiques de l’organisation. Cela fait penser à des cercles réflexifs où officiellement le silence cette fois est imposé aux apprenants avant de passer des grades et pouvoir s'exprimer.

    Eglise, ecclésiologie, management, groupe, formation, formation continue, Eglise, Eglise adventiste du septième jour, Eglise protestante, Agapé, Cercle philosophique, Ethique, Santé, Dans sa forme plus conventionnelle la formation continue est organisée par les réseaux comme les Instituts, écoles et universités. Elle vise à former des laïcs qui souhaitent un haut niveau de conceptualisation. C’est de cette filière que sont issus les cadres religieux. Ce réseau réalise donc une formation initiale scolaire classique mais aussi cette fameuse formation continue qui vise à adapter en permanence les connaissances aux évolutions des exigences sociétales.

    La formation continue dans un groupe religieux doit donc intégrer toujours deux niveaux. Celui des membres qui y attendent une simple densification du savoir, et celui des cadres religieux qui ont besoin en plus de la densification une opérabilité, un praxéologie, visant à organiser la vie ecclésiale dans un contexte législatif contraint.

    En plus du cadre des Instituts et universités, il apparaît que la formation continue doit aujourd’hui se frotter, s’enrichir d’apports venant d’une hybridation entre connaissances académiques et réalité pratiques vécues. J’entends par là un mariage entre expertise scientifique, savoir expérientielle des acteurs religieux et des expertises venant d’acteurs reconnues dans des domaines variées. Faire croiser des savoirs pour construire des connaissances transversales est un défi et une mutation nécessaire dans la formation continue des cadres religieux. Il y a une hypertrophie des attentes sociales vis-à-vis des cadres religieux. Si je prends l’exemple des pasteurs, les communautés attendent d’eux une expertise théologique, des capacités pédagogiques, des actions de leadership, des compétences managériales, des approches psychologiques, des applications ergonomiques, des aptitudes de gestionnaires… tout cela dans une société qui impose un cadre législatif mouvant. S’ajoute également les mouvements de font de la société dans laquelle est établi le groupe. Aucune communauté ne peut par exemple s’exonérer d’une réflexion sur la place de la femme, la maltraitance psychologique, la surutilisation de la notion de bienveillance, des attentes générationnelles, de l’impact de l’Intelligence Artificielle, des mutations survenues avec la Covid-19, des capacités à construire une cohésion, etc.

    Cabinet de conseils, Eglise, ecclésiologie, management, groupe, formation, formation continue, Eglise, Eglise adventiste du septième jour, Eglise protestante, Agapé, Cercle philosophique, Ethique, Santé, formation continueLa réponse à ses questions est au croisement des savoirs d’experts issus des Instituts, universités et écoles spécialisées avec l’expérience d’acteurs de terrain qui dans d’autres situations répondent aux mêmes défis. Un cadre religieux qui dans un seul espace rencontre des leaders du sport, du monde de l’entreprise, des ingénieurs, des sociologues, des coachs, des juristes, autour d’une unique question est selon moi une forme à venir de la formation continue des cadres religieux dans une société sécularisée. Et cela, pas devant un tableau, mais dans un cadre non hiérarchisé pour la co-construction de démarches efficientes. Cette connaissance efficiente est donc le résultat d’une transversalité.

  • Vous parler via Regards Protestants

    Le portail Regards Protestants m'a fait l'honneur d'échanger avec vous sur l'Eglise adventiste et le protestantisme antillais francophone français. Vous y trouverai quelques remarques que je vous invite à prolonger dans vos échanges et réflexions. Ce dialogue est à l'initiative de Sébastien Fath fait vivre le FIL INFO FRANCOPHONIE. 

    Le premier volet fait un zoom sur l'Eglise adventiste du septième jour. J'y mets l'accent sur une sélection d'évolutions et d'enjeux que connaît cette église dans l'Hexagone

    Le second volet est mon regard sur le protestantisme francophone aux Antilles française.

    Je dirai juste une chose en complément, en sourire. Je suis, il est vrai un spécialiste des sujets sur lesquels je suis interrogé. Mais qu'est-ce qu'un spécialiste! Je me rappelle très bien le premier jour où je me suis rendu au GSRL. Le grand Emile Poulat était de passage. C'était aussi un fin connaisseur des millénaristes. Alors, sans hésitation je lui demande de m'indiquer un interlocuteur, spécialiste de l'adventisme pour enrichir ma réflexion. Et sa réponse fut émancipatrice: "Est spécialiste de quelque chose celui qui s'en occupe!." Le message fut reçu. Et c'est là, que j'ai décidé de travailler sur ce groupe dans l'ensemble protestant. Cette même leçon je l'ai appliqué à moi en m'intéressant aux problématiques antillaises. Clin d'œil à Emile Poulat.  

    Je vous laisse lire cette interview en deux volets. Et n'oubliez pas le partage.

     

  • Comment accompagner les différentes expressions culturelles dans une communauté ou tout autre collectif?

    Répondre aux attentes parfois opposées de membres aux cultures différentes dans une communauté n'est pas un défi nouveau. Aujourd'hui, alors que les identités se veulent de plus fortes, l'enjeux devient majeur, y compris dans les groupes religieux. Mon livre Des cultures à la métaculture évangéliqueest une contribution pour répondre à cette problématique.
    L’ouvrage est le fruit d’une rencontre avec les pasteurs adventistes. Invité par le Président Daniel Monachini et le Romanio Eugenio responsable de l’association pastorale des adventistes, j’ai échangé avec les pasteurs de cette fédération sur la culture. Initialement, les organisateurs s’interrogeaient sur les approches à construire pour encadrer des communautés locales qui ont des expressions religieuses très marquées par différentes cultures. Cultures de peuples venant d’autres horizons que la France hexagonale. La question était donc celle du management des cultures. Les échanges furent particulièrement prolifiques et je remercie les organisateurs et participants pour ce moment stimulant. Un management pour les liens dans la communauté mais aussi pour les relations avec l’ensemble de la société.

    Le livre ne se veut pas un kit de solutions clés en mains. Les ouvrages de ce type ont leur intérêt mais n’aident pas à faire face aux problématiques imprévues. De fait, j’ai pris le parti pris, en complément, de longuement présenter les effets de la culture sur nos manières de penser et d’agir. Et cela dans nombres domaines. L’idée est d’inviter les lecteurs à faire un pas de côté. Au-delà des relations entre cultures, le lecteur est invité à découvrir le pouvoir de la culture. Il découvrira qu’il ne suffit pas de réaliser une démonstration pour orienter les comportements et les réflexions. La certitude et la qualité du raisonnement est une chose, mais le terrain qui le reçoit en est une autre. En quelque sorte, mieux le connaître c’est favoriser la construction de consonnances, de compréhensions. C’est ce que fait ce livre en montrant aux clercs qu’il ne faut pas surestimer le discours qu’ils présentent, fusse-t-il religieux. Déstabilisant pour certains. Comme tous autres discours, les croyances religieuses doivent composer avec les influences des cultures dans la structuration des identités, des personnalités.

    Dans un monde où il y a un véritable retour aux cultures locales, tout en restant un espace mondialisé, le pasteur, le manager, le cadre, le dirigeant, le leader, ne peut éviter une bonne connaissance de la culture de ceux qui écoutent. En le faisant, il arrivera à dépasser les freins, les jalons d’une culture pour inviter le locuteur vers l’autre culture, l’autre manière de penser et d’agir qu’il propose. Et cela, sans nuire à la culture de l’auditeur.
    Enfin d’ouvrage, le lecteur est invité à dépasser aussi les notions de multiculturalisme et ses déclinaisons au profit de la transculturalité. Elle intègre le respect mutuel, l’échanges entre cultures tout en valorisant les apports de chacune pour s’ouvrir à « la culture évangélique », nouvel espace de convergence, d’identification, en d’autres termes une métaculture.

    A l’aide de situations réelles issues du monde médical, de communautés religieuses, ou encore du médico-social, le lecteur prend de la distance sur le sujet et découvre concrètement les effets de la culture. Par petites touches, des liens sont tissés avec les réalités ecclésiales. Ainsi chaque lecteur tire des prolongements en phase avec son vécu, ses problématiques, ses défis à réaliser. Chaque pasteur, clerc, managers… découvrent que la culture n’est pas un espace qui justifie l’inaction comme c’est souvent le cas. Ils entreront dans une approche dynamique de la notion de culture. Ils auront ainsi tous les arguments et manières de faire pour répondre aux individus qui justifient une manière immuable de faire en prétextant la culture. Au contraire, une bonne connaissance des fondamentaux culturels est un appui pour impulser le changement.
    L’ouvrage est donc un levier d’action pour les cadres religieux ou autres qui feront de la culture une valeur ajoutée pour atteindre leur mission en fédérant un collectif.

    Fabrice Desplan, Des cultures à la métaculture évangélique,
    Ed. BoD, Nordestedt, 2024.
    125 pages
    Avec le soutien de l'association pastorale des églises adventistes du sud de la France et de son service des communications

    Remerciements à:
    Daniel Monachini, Président de la FEA.S/FACSA Sud
    Romanio Eugenio, Association pastorale
    Laura Monachini, Relecture.
    Laura Bonnefond, Couverture
    Vives gratitudes à Marianne Penner, Service des communications de la FFS et coordonnatrice.

  • Les débats sur le végétarisme (avec l'été) portent les regards sur l'Eglise adventiste du septième jour

    Religion et santé, végétarisme, Avec l'été, bien manger est un sujet qui revient. Cette année nous n'y échappons pas. Depuis quelques mois le débat va bon train autour de la pertinence du régime végétarien. Les scandales révélés dans les abattoirs ravivent les tensions autour des régimes végétariens. Pourfendeurs et adeptes s'écharpent souvent sur le végétarisme et ses dérivés. Loin de moi l'idée de prendre part dans ce débat. Je note simplement que les analyses sur les effets bénéfiques du végétarisme s'appuient de plus en plus sur les études menées sur et/ou par l'Eglise adventiste du septième jour.
    L'Eglise adventiste du septième jour (SDA) est l'idéal-type de la religion de la santé. A des fins préventifs et curatifs elle sensibilise à une approche sanitaire, basée sur la science et les principes bibliques pour développer une ascèse où la quette d'une qualité de vie est primordiale. Nous avons déjà détaillé cette notion, centrale dans une partie du protestantisme dont l'histoire est proche de celle de l'hygiénisme. Adopter un régime végétarien pour les adventistes s'appuie donc sur une interprétation des textes bibliques et des textes charismatiques proposés par Ellen G. White. Outre cette source, l'adventisme propose à ses membres d'adopter un régime végétarien en se basant sur des observations scientifiques...

     

     

     

     

     

     

    Religion et santé, végétarisme, L'université américaine adventiste de Loma Linda est à ce titre un levier déterminant. Elle collabore à de nombreuses études nationales sur la santé où les adventistes végétariens forment des groupes témoins. Que ce soit sur le cancer, les maladies cardiovasculaires... et l'espérance, les adventistes végétariens sont des références. 

    Ainsi pour défendre le végétarismes vous tomberez très souvent sans le savoir sur des études où l'Eglise adventiste du septième jour via ses membres végétariens, était un acteur central. Comme mâitre d’œuvre d'étude ou simplement comme groupe témoin, la SDA est au centre du dynamisme scientifique sur la santé. Les conclusions des études sont sans appel. Lorsqu'il est réalisé en veillant à ne pas développer des carrences, à l'instar des conseils adventistes, le végétarisme est bénéfique dans tous les aspects de la santé. Ainsi reprenant l'Adventist Health Study 2 Sciences et vie indique que l'espérance de vie des végétarien équilibrés est supérieur de 10 ans par rapport aux individus ayant un régime carné. Le risque de diabète de type 2 serait divisé par 2.


    Religion et santé, végétarisme, Le sujet est un véritable marronnier estival. Parmi les nombreuses redondances, soulignons
    Le Monde qui en juin 2013 remarquait la centralité de la santé dans le discours adventiste. Le Figaro santé souligne cette année dans son édition santé du 21 juin dernier (2016) que :

    L'un des premiers bénéfices identifié dans une vaste étude scientifique le fut dès 1984, dans l'American Journal of Epidemiology, après vingt années d'observation de plus de 27.000 Californiens membres de l'Église adventiste du septième jour. Des protestants dont l'hygiène de vie recommande le végétarisme ou, à défaut, l'alimentation la moins carnée possible, mais aussi de ne pas boire, ne pas fumer et de faire de l'exercice. Un bon terrain d'étude pour les épidémiologistes qui souhaitaient isoler le paramètre «viande ». Résultat: une mortalité coronarienne (cardiaque) supérieure de 60 % chez les consommateurs quotidiens de viande par rapport à ceux qui en mangent moins d'une fois par semaine.

     

    Les conclusions sont également élogieuses sur bien d'autres aspects de la santé.

    Que retenir donc : la notion de religion de la santé, dont l'Eglise adventiste du septième jour est une forme parfaite (au sens de l'idéaltype de Maw Weber), traduit :

    • le rapport inextricable entre science et théologie

    • une orthopraxie aux effets mesurables scientifiquement

    • une validation de la croyance par des critères scientifiques

    • les liens entre religions et innovations scientifiques car la centralité de la santé dans l'adventisme apparaît quasi immédiatement avec la naissance de la SDA à la fin du XIXe siècle dans une Amérique hygiéniste

    Religion et santé, végétarisme, A chaque fois que l'on vous parlera des bienfaits du végétarisme pensez donc que cette affirmation prend sa substance "grâce" à l'Eglise adventiste du septième jour fort de son lien positif avec le savoir scientifique et son ascèse marquée par une approche holiste de la santé.

     

  • Une nouvelle commission d'enquête sur l'influence des sectes

    medium_300px-Assembl_C3_A9e_Nationale_France.jpgSous l'impulsion du député socialiste Philippe Vuilque, l'Assemblée Nationale a adopté mercredi à l'unanimité la création d'une d'enquête sur l'influence des sectes sur "La santé physique et morale" des mineurs. Voilà une initiative à observer. Composée de trente députés, cette commission se réunira dès jeudi pour procéder à l'élection de son bureau et établir son plan de travail. Elle aura six mois pour préparer son rapport. Le socialiste Philippe Vuilque, à l'origine de la demande, devrait être élu président de la commission, dont le rapporteur sera un élu UMP.
    Les députés devront "mettre en exergue la dangerosité de certaines pratiques néfastes à la santé physique et mentale des enfants, ainsi qu'à leur épanouissement". C'est la troisième commission d'enquête sur les sectes mise en place à l'Assemblée depuis douze ans. La première, qui dressait la liste des mouvements sectaires en France, avait remis son rapport en décembre 1995; la seconde, relative à la fiscalité et au patrimoine des sectes, en juin 1999. Sous la précédente législature, en juin 2001, a été adoptée une loi sur la répression et la prévention des mouvements sectaires.

  • Une nouvelle commission d’enquête sur les sectes… suite et pas fin.

    La « Commission d'enquête relative à l'influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et morale des mineurs », commence aujourd’hui ses travaux. En direct ce matin sur Europe 1 à 7h45, son président, le député UMP George Fenech, annonce des travaux publics. Vous connaissez déjà mes doutes face à cette commission. Ils vont d’ailleurs dans le sens qu’à exprimé Sébastien Fath sur son blog en nous dévoilant son refus d’intégrer cette commission. Mais vous savez également, que je crois que le législateur doit intervenir pour protéger des dérives.