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Rechercher : santé

  • Parmi les 100 personnalités protestantes du journal La Vie

    La Vie, Dossier sur le protestantisme.jpgJ’ai passé une annonce sur le Net pour donner mon labrador à une famille qui lui assurerait le confort que je ne peux pas lui donner. C’est chose faite. Depuis, le téléphone sonne. Ceux qui me connaissent ne seront pas étonnés que je ne réponds pas souvent au téléphone car je n’aime pas cet outil incontournable de communication. Pourtant paradoxalement je suis très adeptes des mails ! Depuis hier, le téléphone sonne encore plus. Alors là je me suis dit qu’il faut que je retire cette annonce sur le Net pour avoir la paix. Mais non, je me trompais. Après consultation du répondeur (saturé) je remarquais qu’il s’agissait d’appels pour me signaler que je figure parmi les 100 personnalités protestantes du dossier spécial du Magazine La Vie.

    Ni une, ni deux, je me suis procuré le numéro. Je savais que La Vie réalisait un numéro spécial. Mais je n’imaginais pas qu’il s’agissait d’une mise à l’honneur. Il y aurait beaucoup à rajouter et à préciser. C’est surtout un petit clin d’œil aux travaux que je fais, doucement, au sein du GSRL (Paris) sur l’adventisme, l’antillanité et sur la santé. C’est encourageant. Je vous signalerez bientôt d’autres articles qui saluent mes petites contributions discrètes.

  • Petite brève sur plus de 160 ans de présence adventiste dans la presse française.

    Archives, Presse, Eglise adventiste du septième jour

    L'Eglise adventiste du septième jour apparaît dans la presse dès le XIXe siècle en France. En 1852 dans le journal catholique L'ami de la religion du Roi, journal de revue ecclésiale (1814-1862), Henry de Courcy présente la SDA comme une secte qui remporte la palme du produit le plus honteux du protestantisme (p. 504).

    Les journaux Le temps (Numéro 6590 du 7 mai 1879) et Le Gaulois (numéro 3298 du 9 septembre 1891) relatent l'installation de l'Eglise adventiste du septième jour en notant la modernité des stratégies de communication adventistes. Les tentes adventistes qui hébergent le public, le professionnalisme de l’installation, la capacité à communiquer étonnent. Globalement, la presse note l'insistance adventiste à observer le samedi comme jour de repos. Cet attrait « exotique » de la SDA attire l’attention.

    Les journaux soulignaient le refus d'adventistes de participer aux activités militaires le samedi malgré des condamnations de tribunaux. Juste avant la Grande guerre, La Croix relate une condamnation en Allemagne d’un adventiste objecteur de conscience. (La Croix, 8532 13-01-1911, La Croix, 9509 du 15-03-1914, Le Journal 7789 du 23/01/1914, Paris-soir 4600, du 29/01/1936…). Ceci permet de souligner que Desmond Doss rendu célèbre dans le film de Mel Gibson Tu ne tueras point (2016) n’était pas l’unique adventiste ayant du subir des brimades au sein d’une armée lors de conflits mondiaux. Ce fut également le cas pour maintes de jéhovistes.

    Le quotidien parisien Le Matin (1884-1944) dans son édition du lundi 4 février 1895, reprend dans une brève intitulée « Suprématie de la loi civile » la confirmation en appel, par le Conseil Fédéral Suisse, à des amendes les adventistes qui refusent de scolariser le samedi leurs enfants. Le Matin décrit en 1930 le baptême par immersion pratiqué par les adventistes. Cet autre « exotisme » adventiste fait plus que surprendre. Le journal le qualifie de « pittoresque ». Le Parisien dans une tentative d’analyse du rite baptismal par immersion indique l'étrangeté de l'immersion en notant toutefois qu'il s'agit d'une pratique répandue bien que globalement inconnue en France (Le Parisien 12030, 6/10/1909).

    La SDA est donc initialement décrite dans la presse comme une secte en tension avec la société globale. Des journaux y voient une pratique américaine surgeon du fondamentalisme religieux. Cette image va persister mais sera enrichie par un adventisme qui répond à des attentes sociales. En effet, la SDA a été plus récemment présentée dans les médias en France au travers de ses actions sociales (ADRA), sa maison de retraite, ses manifestations culturelles et cultuelles, ses participations à des activités interconfessionnelles. Ses responsables participent à l'émission Présence protestante de la FPF et des radio confessionnelles chrétiennes. La perception de l'adventisme dans les médias français a toutefois souffert d'un fait-divers en 2011 où des individus se réclamant de le SDA furent interpellés puis condamnés en 2014 pour des faits de torture par exorcisme. Cependant l'image de l'adventisme semble rester discrète et positive.
    A l'échelle internationale, la présence du célèbre neurochirurgien adventiste Ben Carson et de Ted Cruz, sénateur (époux de Heidi Cruz femme adventiste), face à Donald Trump pour les primaires républicaines aux USA en 2016 a remis la SDA en avant plan, sans pour autant changer sa perception en France (Fabrice Desplan, 2016).

    L'intérêt adventiste pour la santé a été très souvent souligné par la presse. Reprenant l'étude Adventist Health Study 2, la revue Sciences et vie1 indique que l'espérance de vie des végétariens est supérieure de 10ans par rapport aux individus ayant un régime carné. En juin 2013, le journal Le Monde2 remarquait la centralité de la santé dans le discours adventiste. Le Figaro santé soulignait le 21 juin 2016 que :

    L'un des premiers bénéfices identifié dans une vaste étude scientifique le fut dès 1984, dans l'American Journal of Epidemiology, après vingt années d'observation de plus de 27.000 Californiens membres de l'Église adventiste du septième jour. Des protestants dont l'hygiène de vie recommande le végétarisme ou, à défaut, l'alimentation la moins carnée possible, mais aussi de ne pas boire, ne pas fumer et de faire de l'exercice. Un bon terrain d'étude pour les épidémiologistes qui souhaitaient isoler le paramètre «viande ». Résultat: une mortalité coronarienne (cardiaque) supérieure de 60 % chez les consommateurs quotidiens de viande par rapport à ceux qui en mangent moins d'une fois par semaine.

    Que retenir ? Si vous avez lu le dernier chapitre de mon lire Regards croisés sur l’Église adventiste du septième jour, la SDA reste peu abordé par la presse et reste un objet de curiosité. Cependant depuis son installation en France comme le montre 164 ans de presse écrite, elle est une organisation religieuse qui globalement est décrite comme porteuse de valeurs ajoutées. La santé, l’éducation, l’intérêt porté à la Liberté religieuse et de conscience, sont des arguments non exclusifs rapportés par la presse pour souligner l’originalité, la valeur ajoutée de la SDA.

  • Tensions en adventisme: petite brève sur ”les apports” des conflits et dissidences.

    Schisme, division, cassureDepuis ses débuts la SDA est traversé par des débats internes. Celui initié par Joseph Bates permis l'adoption du sabbat comme élément doctrinal central (Sergio Becerra, 2001). D'autres débats furent menées dans une extrême tension et conduisirent parfois à des scissions.

    La doctrine de la « justification par la foi »
    En 1888, s'opposant aux principaux dirigeants de la Conférence général lors du synode de Minneapolis, le binôme de jeunes pasteurs Alonzo Trevier Jones (1850-1923) et Ellet Joseph Waggonner (1855-1916) firent évoluer la théologie adventiste en faisant acter la doctrine de la « justification par la foi » et non par la loi au sein de l'adventisme, fort du soutien d'Ellen White. Cette évolution se fit dans un cadre de tensions car les leaders historiques privilégiaient les signes de distinction avec les autres groupes protestants au détriment des points théologiques qui risquaient d'établir des convergences, à l'instar de la doctrine de Jones et Waggonner. Cependant, son important impact fait de 1888 une date fondatrice de la doctrine adventiste (Maurice Verfaillie, 2011, p. 115).

    Jonh Karvey Kellog
    Le Dr John Harvey Kellog (1852-1943) inventeur des Cornes flakes domina l’action médicale adventiste durant trois décennies. Avec l’aide des dirigeants adventistes, il créa l’École d’hygiène (en 1877), l’Association américaine de tempérance et de santé (1878), l’École de formation des infirmiers (1883), l’École d’économie domestique (1888), le Collège médical missionnaire américain (1895) et l’École normale d’éducation physique (1909) afin de former des centaines de professionnels de la santé. Kellogg présida pendant dix ans (1893-1903) l’Association adventiste missionnaire médicale et de bienfaisance (fondée en 1893), qui durant cette période, construisit des établissements de soins. Panthéiste, Kellog quitta la SDA suite à un profond désaccord sur la gestion des établissements de santé et son goût pour les théories eugénistes. Il fonda avec l'économiste Irving Fisher (1867-1947) et le biologiste Charles Davenport (1866-1944) la Race Betterment Foundation (la fondation pour l’amélioration de l'espèce humaine). L'engagement de Kellog pour les minorités sociales et ethniques surtout noires furent conséquents. Cependant les travaux de la Race Betterment Foundation seront repris et réorientée par l'Allemagne nazie (Brian Wilson, 2014). Le départ de Kellog avec des infrastructures de santé, a conduit la SDA à centraliser la gestion de ses structures pour éviter de nouvelles pertes de ressources importantes (Fabrice Desplan, 2005)

    Des scissions diverses à l'international.
    En 1925 un premier schisme verra des membres quitter l'Eglise adventiste du septième jour pour former L'Eglise adventiste, mouvement de réforme. En 1929-1930 puis 1950 deux vagues de dissidences se firent pour former les davidiens. Ces derniers deviendront tristement célèbre lors de la tuerie de Waco dans le Texas en 1993. Dans nombres de pays la croissance adventiste s'accompagnera de départs majeurs. Les plus importantes furent liées au choix de la SDA d'établir des rapprochements avec d'autres groupes religieux. Tel fut le cas en Hongrie en dans les années 70 où des cadres et des centaines d'adventistes refusèrent le rapprochement avec le Conseil des Eglises Libres, impulsé par le régime communiste. Ils fondèrent l'Eglise KERAK. En 2015, les 600 membres de l'Eglise KERAK ont réintroduit la SDA après une période de dialogue et des excuses officielles de l'Eglise adventiste1. D'autres scissions importantes ont lieu au Burundi (Jean-Pierre Chrétien et Melchior Mukuri, 2002)2, au Venezuela où le fondateur de l'Association Israelita, Ézéchiel Ataucusi Gamonal, a été expulsé de la SDA en 1956.

    En France
    separation-474x234.jpgEn 1982, en Polynésie Française une scission entraîna la création d'une Fédération adventiste dissidente (Bruno Saura, 1998). Les fractures dans l'Eglise adventiste s'expliquent toujours par des relations interpersonnelles principalement. La divergence doctrinale est un facteur secondaire. Il n'est pas rare de constater qu'elle est la manifestation des effets d'autres variables comme la culture, la catégorie sociale, le niveau de formation, la construction biographique, le type de conversion, etc
    . Il en va de même pour les tensions autour de la place d'Ellen G. White ou la vive opposition autour de l'ordination des femmes (sujet sur lequel la France connaît quasiment pas de remous).
    Le sujet clivant qui traverse la France demeure le rapport aux autres institutions religieuses, y compris protestantes. L'adhésion à la Fédération Protestante de France de 2006 s'est réalisée au prix du départ de pasteurs adventistes vers des pays où la SDA se développe en autonomie (Richard Lhemann, 2008). La prise de position de l’Église protestante unie de France (EPUdF) membre de la FPF en faveur du mariage homosexuel a réactivé en 2015 les critiques de membres sur l'appartenance de la SDA à la FPF. Conscient de sa position extrêmement minoritaire en France, des cadres insistent pour des rapprochements avec des groupes protestants plus conservateurs et en phase avec les positions éthiques adventistes. Ainsi un dialogue soutenu avec le Conseil National des Evangéliques de France (CNEF) est entretenu.
    Les questions sur les évolutions des formes de conjugalités restent un sujet de débat non explicite et source de lecture très différentes dans l'adventisme. Même si la tendance reste à une préférence pour le mariage comme cadre de développement familial, dans les faits la montée du concubinage, des séparations, du divorce, au sein de la SDA interroge. L'initiation même d'un cadre d'analyse de l'homosexualité est source de tension. Il y a quelques années, la rédaction d'un article sur le sujet par l'ancien doyen de la Faculté adventiste du théologie a montré les grandes sensibilités autour de la question.

    Que montre cet éventail incomplet ? L’Église adventiste doit être approchée comme un espace dynamique sur le long terme, même quand elle donne l’impression (volontairement ou non) d’être arc-boutée. L’un des fondateur de la SDA, James White, était opposé à la construction d’une doctrine normative, perceptible aujourd’hui dans les 28 vérités fondamentales de l’Église adventiste. Il n’était pas emballé par la croyance en la Trinité et d’autres points forts de la SDA. Comme le souligne l'historien adventiste George Knight "aucun des leaders fondateurs de la SDA se reconnaîtraient dans l’Église adventiste" en 2019. Certainement ils refuseraient d’y adhérer ! L’Église adventiste est donc un espace religieux en mutation permanente et les conflits sont aussi des facteurs de son évolution. Ils obligent surtout les adventistes à devoir développer beaucoup de recul sur eux même; mais là est un acte extrêmement compliqué et donc rare et peu encouragé.

     

     

    2Voir ; Jean-Pierre Chrétien et Melchior Mukuri,  Burundi, la fracture identitaire - Logique de violence et certitudes "ethniques", Karthala, 2002.

  • L’écologie politique: une réécriture de l’écologie adventiste.

    écologie politique.jpgLes études des sociologues ont démontré durant tout le XXe siècle que l'on ne peut pas opposer modernité et religion. L'une influence l'autre. Les valeurs religieuses ont participé à faire émerger la modernité. De son côté la modernité a accentué une distance avec les institutions religieuses. Mais il y a des points sur lesquels les problématiques récentes de notre société ne font que relancer des acquis religieux anciens. Tel est le cas de l'écologie politique. Les écolos seraient peu à être d'accord, mais en de nombreux points l'écologie politique est une réécriture de croyances religieuses.

    Ecologie politique 02.jpgEn France les Verts y ont ajouté des questions sociales et éthiques distante de la religion comme le mariage des homosexuels. Mais si on regarde les fondamentaux que l'écologie politique ils sont communs à des positions religieuses. Une meilleure gestion des ressources, le souci des générations futurs, faire de la bonne gouvernance écologique un moteur de croissance, ou encore une amélioration des relations entre les générations sont des points forts de l'écologie politique présents dès les premières heures du judaïsme. Mais aujourd'hui, c'est certainement l'Eglise Adventiste qui est une meilleure représentante de la présence de valeurs religieuse dans l'écologie moderne. On le sait grâce aux nombreuses études américaines et une simple lecture de la profession de foi adventiste, les membres de cette église ont une plus grande espérance de vie quand ils appliquent les préceptes adventistes. Nous l'avons déjà dit sur ce blog, l'adventisme sensibilise grandement ses membres aux problématiques sanitaires et écologiques. C'est en ce sens que j'ai parlé d'une religion de la santé (on peut dire la même chose sur l'éducation). Prohibition de drogue, d'alcool et de tabac, encouragement à l'exercice physique, apprentissage du respect de la nature, le souci de minimiser l'empreinte écologique, l'éducation à la santé, et j'en passe car la liste est longue. L'adventisme créera tout un univers de sens pour sensibiliser ses membres. Il parlera de Gestion chrétienne de la vie. Le libellé est très explicite et a été repris dans les discours écologiques. La gestion chrétienne de la vie n'est rien d'autre que l'Ecologie politique ! Que retenir ? Simplement ce que disait Jean Séguy en 1993 concernant l'adventisme : « les adventistes du septième jour constituent un groupe religieux qui tend à intégrer les principes de l'éthique protestante à ceux de l'éthique sociale et environnementale ». De fait, Jean Séguy parlait « d'Ecologisme adventiste ». Sur ce point, Pierre Cabant note dans sa thèse de doctorat sur « L'Ethique de l'environnement adventiste » que « le concept adventiste de gestion chrétienne de la vie semble préparer les répondants adventistes à intégrer les trois valeurs de base, telles que la sauvegarde de l'environnement, l'équité sociale et le progrès économique, tout en se fondant sur les valeurs religieuses propres à leur confession. Les valeurs sociales et éthiques de l'adventiste n'entreraient pas en conflit avec les objectifs du développement soutenable ».

    Ecologie politique 03.jpgCela me permet d'insister sur le fait que l'adventisme en intégrant la Fédération Protestante de France contribue à orienter le protestantisme français vers les préoccupations sociales et environnementales. Ce n'est pas une nouveauté, mais les conceptions adventistes sont les plus en phases avec les défis de l'écologie politique. De fait, l'adventisme est aussi une réponse religieuse ancienne, pertinente aux questions écologiques. Voici qui conduit à affirmer que les enjeux de la modernité ne s'opposent pas en permanence avec les propositions religieuses. Il y a des ponts entre les deux. L'adventisme en est un. Sans jeu de mots négatif il permet une véritable mise au vert de la religion à une époque où l'on voit rouge quand on parle de religion.

  • Le Dr Raymond Guiolet est décédé jeudi 3 juillet 2008 terrassé par la maladie.

    Qui est Raymond Guiolet. Adventiste guadeloupéen il a été un psychologue clinicien extrêmement réputé. Son parcours personnel est exceptionnel. Il commença à exercer en France où il fut entre autre expert au tribunal. En Guadeloupe au 3, rue François Arago de la ville de Pointe-à-Pitre, il ouvrit son cabinet.


    Raymond Guiolet a été un pionnier de l’ouverture de l’adventisme antillais. Il milita très tôt pour que l’ouverture vers les sciences humaines et les autres groupes religieux.

    Son parcours privé et professionnel le sensibilisa à la nécessité d’enrichir l’adventisme par les apports d’influence extérieures à l’adventisme.

    Précurseurs il milita également pour que l’Eglise Adventiste se munisse de cellules psychologiques, ouvertes à tous les publics, dans un contexte social antillais marqué par les drames naturels. Evidemment il voulait que ces cellules soient disponibles pour les drames sociaux.
    Dans son souci d’ouvrir l’adventisme à l’analyse des sciences humaines, Raymond Guiolet a insisté pour que les jeunes adventistes aient un haut niveau de formation. C’est lui qui, le premier, voulu qu’il y ait des adventistes spécialistes en d’autres disciplines, notamment la sociologie.
    Raymond Guiolet était un membre d’une communauté locale adventiste où il exerça les plus hautes fonctions que laïc puisse espérer. Membre historique et influant de l’Association Guadeloupéenne des Professionnels Adventiste de Santé (AGPAS), il permis à l’adventisme de devenir, aux Antilles et particulièrement en Guadeloupe, une institution reconnue et respectée pour son modèle sanitaire.
    Mais là où Raymond Guiolet s’est distingué, c’est certainement dans sa position d’interlocuteur. Il fut à disposition d’adventistes et de nombres croyants à la recherche d’un thérapeute porteur de valeurs religieuses.
    Lors de mes derniers échanges avec Raymond, dont j’étais extrêmement proche, il m’indiqua des récurrences intéressantes dans certaines plaintes pathologiques des adventistes antillais. Mais surtout il notait l’apport de l’adventisme dans le parcours scolaire. Entant que psychologue scolaire cette observation était particulièrement intéressante.

    La disparition à 61 ans de Raymond Guiolet est une grande perte pour l’adventisme antillais. Plus globalement c’est la psychologie en Guadeloupe qui pleure.

    Une pensée intime à son épouse qui endure des moments difficiles.

  • 1910 - 2010 Un siècle d'adventisme en Guadeloupe d'Eliane Sempaire-Etienne (dir.)

    Sous la direction d’Elian Sempaire Etienne, l’ouvrage dont je viens de prendre possession, publié depuis quelques jours, est une monographie mémorielle qui reprend, à partir de données internes à l’Église adventiste du septième jour (SDA) les grandes progressions et enjeux de la SDA en Guadeloupe. Réalisé à la demande de l’Église adventiste de la Guadeloupe comme indiqué dès la première page, l’ouvrage consolide la mémoire adventiste. Il est le versant guadeloupéen de l’Adventisme à la Martinique de Jean Luc Chandler publié en 2003. D’ailleurs il s’en réfère souvent et épouse le même format.

    1910 – 2010, un siècle d’adventisme en Guadeloupe reconstruit le regard de l’Église adventiste sur son histoire guadeloupéenne. De ce fait, il faut bien garder à l’esprit de par la commande et les contributions qu’il s’agit d’une mémoire. Je parle de mémoire au sens de Krzysztof Pomian, c’est-à-dire d’un domaine de l’histoire soumis à la sensibilité des acteurs sociaux. Il ne s’agit donc pas d’une construction scientifique globale et non orientée. En d’autres mots il est une première contribution significative pour l’écriture à venir d’une histoire, objectivée et scientifique de l’Église adventiste du septième jour en Guadeloupe. Là n’est pas un reproche car, le travail de mémoire réalisé ne s’est pas économisé de méthodes scientifiques. Entretiens, archives, enquêtes, les auteurs et surtout Elian Sempaire Etienne ont fait un travail titanesque. L’ouvrage est inédit et de nombreux points forts permettent de l’apprécier en attendant qu’il donne naissance à un prolongement scientifique. Je ferai quelques remarques rapides, des reproches qui j'espère seront reçues positivement et surtout je soulignerai (certes furtivement) la forte attente scientifique que suscite judicieusement Elianse Sempaire Etienne.

    Premièrement, il s’agit d’une monographie mémorielle très utile pour une communauté religieuse définitivement encrée dans le paysage antillais. Il contribuera à la transmission de la mémoire adventiste. La différence entre mémoire et histoire est importante. La mémoire renvoie à un rapport subjectif avec une représentation souvent passionnée de l'histoire. Cependant l'histoire reste une construction, qui prend en compte la mémoire, pour dépasser le regard qu'ont les individus sur leur trajectoire (Voir Krzysztof Pomian Sur l'histoire, folio histoire, Paris, Gallimard, 1999 et Paul Ricoeur La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paris, Points-Seuil, 2000). En gros je dirai que la mémoire est le regard que l'on a sur l'histoire fort de ses sensibilités et l'histoire est la prise en compte de la mémoire dans un discours global. L'un et l'autre deviennent aujourd'hui de plus en plus proche car les acteurs sociaux veulent devenir des acteurs de leur histoire. De plus les historiens se rendent de plus en plus compte que la mémoire n'est pas contre l'histoire, mais un des éléments constitutifs.
    Cette remarque préalable est importante car l'ouvrage est une photographie de la mémoire adventiste. ll reprend donc les représentations adventistes sur sa propre évolution dans la société guadeloupéenne. De fait, au sens de Peter Berger Un siècle d’adventisme en Guadeloupe est un ouvrage de « plausibilité » car il consolide la mémoire, la socialisation des adventistes et son acceptabilité sociale.
    Deuxièmement, outre les étapes de l’évolution de l’Église adventiste en Guadeloupe et des biographies inhérentes à l’exercice, on retrouvera surtout les axes classiques de développement de l’adventisme. Dans le cas caribéens, comme je viens de le montrer dans l’Atlas des religions minoritaires, le colportage et le système éducatif ont été des atouts majeurs. Mais Elilane Sempaire va plus loin. Elle rappelle la philosophie de l’Education adventiste et son expression en Guadeloupe. Elle revient sur l’installation des structures éducatives adventistes et de la montée en puissance du lycée La Persévérance, aujourd’hui premier lycée de Guadeloupe au dernier classement des établissements scolaires [C’est nous qui rajoutons cette précision].
    Dans une île marquée par le besoin d’une éducation éthique, structurante, loin des violences, la cité scolaire adventiste de La Persévérance s’est toujours démarquée. Autour d’elle un réseau de petites écoles participe au rayonnement de l’éducation adventiste.

    gospel-et-francophonie-une-alliance-sans-frontieres.jpgUn autre chapitre se démarque sous la plume de Philippe Nacto car particulièrement bien structuré « La musique au sein du mouvement adventiste du septième jour ». Il doit être lu en lien avec l’ouvrage que vient de publier Sébastien Fath Gospel et francophonie aux éditions Empreintes.
    Nacto souligne le rôle fondateur et la forte influence adventiste sur l’évolution de la musique religieuse protestante en Guadeloupe. De son influence des débuts venus des USA, la pratique musicale adventiste a connu différentes phases de progression où les chorales et les groupes de chants furent déterminants sous l’impulsion de chefs de chœur pionniers. Le chapitre n’épargne pas les débats qui se sont un temps développés dans la tension au sein de l’adventisme autour d’usage de la batterie et du Ka dans les communautés. Ces instruments furent un temps honnis car perçus comme non ascétiques en raison des rythmes et de la mémoire de l’esclavage. Et là, l’auteur est extrêmement précis : « L’Église chrétienne dans son évolution, a fait la guerre aux musiciens… et l’adventisme n’en fait pas exception ». Il rajoute « […] un objet, même quand c’est un instrument de musique, ne peut être condamnable […] il ne peut être ni bon ni mauvais au sens propre du terme. […] En un mot le procès fait aux instruments n’avaient aucun fondement » (pp. 277, 278). Dans ce chapitre le rôle pionnier et amplificateur de groupes adventistes pour le développement du Gospel et du Negro spiritual est détaillé sans oublier également l’impulsion donnée aux chœurs d’enfants.

    Le chapitre qui suit mérite également une attention particulière car il revient sur un autre levier classique du développement adventiste à savoir le rapport à la santé. Sous la plume de Eliane Sempaire Etienne et Robert Quiko, on redécouvre les actions adventistes autour de la santé. L’auteure arrive à bien souligner le fait que la santé est en adventisme un élément central qui permet de faire un lien constructif avec l’ensemble de la société. De fait, les actions et surtout les organismes adventistes ont souvent progressé dans ce cadre en lien avec les structures étatiques ou régionales prolongeant ainsi le rôle de l’État. C’est en ce sens que j’ai d’ailleurs créé la notion de Religion de la santé avec la SDA comme type.
    On apprécie également en fin d’ouvrage les nombreuses données statistiques qui conduisent à mieux appréhender la réalité objective de la présence adventiste.

    Alors que reprocher à cet ouvrage; quelques chapitres malheureusement trop succincts, furtifs peu étayés, parfois trop évasifs viennent donner à l’ensemble un aspect inégal. Tel est particulièrement le cas de petits appendices sur la "formation permanente" (p123 - 130) qui devraient constituer un unique chapitre. Ce même reproche se confirme au regard du chapitre "L'organisation du mouvement : tranches d'âge, projet et réalisation" (p 199 - 206). Ces pages se rapprochent plus de la présentation synthétique d'un rapport alors que les autres chapitres sont construits plus rigoureusement. Il faut dire que les passages concernés ne sont pas réalisés par Elian Sempaire-Etienne. Les contributions faites directement par Elian Sempaire Etienne qui a une expérience éditoriale sont denses. Il en va de même pour le chapitre déjà mentionné de Philippe Nacto.

    Le principalement manque demeure dans la nature et la complexité de l’exercice à savoir un regard critique sur le développement de l’adventisme, ses tensions avec l’ensemble de la société et ses clivages internes, car l’histoire et la sociologie de l’adventisme conduisent indiscutablement à parler des adventismes pour souligner les variabilités des perceptions au sein de ce mouvement religieux. De fait, on ne peut être que surpris par l'absence de lien avec la littérature scientifique sur l'histoire de l'Eglise adventiste. L'ouvrage semble se raisonner hors champ, comme s'il tenterait de se suffire pour rendre compte de l'histoire adventiste. C'est le cas lorsque les auteurs font des liens avec l'adventisme à échelle mondial dans l'histoire et l'organisation. L'absence de bibliographie peut se comprendre à l'aune de cette critique. C'est le prix d'un travail uniquement axé sur la mémoire. 

    A la décharge des auteurs ce n’était pas le but de leur travail. L’objectif premier était d’écrire, d’acter la mémoire adventiste et son caractère multiforme. Et là, il est plus que dépasser et pousse à souhaiter un bon accueil de l’ouvrage. Ce dernier ne manquera de devenir un repère pour comprendre et analyser par la suite la place de l’adventisme en Guadeloupe. En tous les cas, il donne envie qu’Eliane Sempaire Etienne qui porte l’ouvrage publie une étude des facteurs du succès adventiste et les relations entre cette église et la société guadeloupéenne dans ses tensions et convergences pour reconstruire la dynamique de ce lien. Bravo à Eliane pour ce travail colossal.

  • L’Église adventiste du septième jour dans le fil de l’actualité recensé par l’AEIMR

    L’Association d’Étude et d’Information sur les Mouvements religieux est devenue depuis plusieurs décennies une référence « non institutionnelle » (des guillemets parce que je ne vois pas comment mieux dire) d’informations et d’analyses du fait religieux. Autour de Bernard Blandre l’AEIMR a été certainement la première structure à étudier l’histoire de l’Église adventiste du septième jour de manière systématique et systémique. L’Église adventiste du septième jour est ainsi abordée dans une histoire globale (pardonnez le singulier) des mouvements religieux minoritaires.

    Historien, Blandre a réalisé une véritable archéologie de l’Église adventiste du septième jour. Cet agrégé d’histoire qui officie à Sarreguemines est certainement le plus grand spécialiste du millérisme, des adventismes dont l’Église adventiste du septième. C’est aussi un fin connaisseur du jéhovisme sur lequel il a plusieurs fois publié.
    En cette fin d’année l’AEIMR diffuse une brochure de 42 pages sur les faits marquants des groupes religieux. Dans ce travail de compilation, on peut extraire des informations administratives qui concernent l’Église adventiste du septième jour en France. Elle touche surtout la création et/ou la déclaration officielle de communautés ou à contrario d’extinction d’églises.

    Voici 9 dates dans le tableau ci contre à retenir de l’Église adventiste du septième jour pour l’année 2016 en France. Remarquons la dissolution d'une petite structure, la création de huit autres dont une régionale dans le Nord Ouest.

    A ces dates l’AEIMR indique deux publications :

    1. Bernard BLANDRE, « Aux origines des étudiants de la Bible : l’adventisme », cahier hors-série de Mouvements Religieux, 2016 (AEIMR, BP 70733, F. 57207 Sarreguemines cedex), 4€ (le cahier fait le point sur l’origine commune des nombreux groupes qui se réclament de Russell, dont les témoins de Jéhovah).
    2. Fabrice DESPLAN, Regards croisés sur l’Église Adventiste du Septième Jour, Dammarie-les-Lys, éditions Vie et Santé, 2016

     

  • Voeux et perspectives 2017 sur l'analyse de l'Eglise adventiste du septième jour en France

    Une année dense en recherches et publications sur l’Église adventiste du septième jour en France s’achève. Je retiendrai trois temps forts. Le premier est la sensibilisation de décideurs à la complexité de l’adventisme. Le second est l’entrée par mes soins de l’Église adventiste du septième jour dans l’Atlas à sortir sur les minorités religieuses. De manière connexe il y a les améliorations portées à des ouvrages généraux (encyclopédies et dictionnaires). Le troisième et dernier est la publication par les éditions adventistes Vie et Santé et son courageux directeur Jean Claude Nocandy de mon livre, Regards croisés sur l’Église adventiste du septième jour.

    Médiatiquement il y a l’actualité cinématographique adventiste. Politiquement la campagne des primaire, l’élection de Donald Trump et l’entrée au gouvernement américain de Ben Carson restera un moment historique majeur. En interne, la révision du statut d’Ellen White et le refus d’ordination de femmes pasteurs lors du dernier synode de la SDA reste extrêmement révélateur des différentes grilles de lectures qui coexistent dans cette église.
    Notre blog avec des milliers de visiteurs uniques et parfois des dizaines de milliers (lors des élections américaines) a passé un cap dans la notoriété au point que je me demande s’il ne faille pas totalement le refondre en un véritable site internet d’informations et d’analyse de la recherche sur la SDA. Quoi qu’il en soit vous remarquez que 2016 a été une année où l’Église adventiste du septième jour fut au centre de plusieurs problématiques sociales. Les régimes alimentaires en été furent une illustration joyeuse lors de l’été.

    En 2017 je termine la réalisation de mon livre le plus important sur la SDA. Une revisitation de l’histoire de la SDA et des études sociologiques inédites feront de ce livre une véritable innovation sur cette église qui apporte une valeur ajoutée au protestantisme en France. Déjà mes remerciements à Bernard Blandres pour un bref et déterminant échange sur William Miller qui a permis de surmonter des obstacles historiques.

    Que souhaiter ? Que 2017 soit donc l’année de l’accentuation de la compréhension scientifique de la SDA pour concrétiser l’ambition du bien vivre ensemble au-delà des formes et variations de croyances.

    Bonne fêtes de fin d'année et que 2017 soit l'année de l'appréciation heureuse des différences entre les croyances.

  • Le Bhoutan abandonne l'Indice du Bonheur National Brut.

    Critique du PIB, Bhoutan, BNB, Bonheur National Brut, Le Bhoutan abandonne le BNB, Fin du BNBPerché dans l’Himalaya, le petit royaume du Bhoutan s'est fait connaître par son indice de mesure du bien-être, le Bonheur National Brut (BNB). Ce dernier est désormais abandonné à l'occasion d'une alternance politique. Il lui est reproché d'être plus un outil politique qu'un véritable outil de mesure de la réalité. N'entrons pas dans les spécificités sociales et politiques de ce royaume. Pour ceux qui sont intéressés, il est toujours possible réécouter l'émission « Bhoutan: est ce vraiment le pays du bonheur ? », disponbible sur le site de France Inter. Ecoutez en continuant de lire la suite.



    Debat du jour - 12/07/2013
    (19:30)
     
     

    Critique du PIB, Bhoutan, BNB, Bonheur National Brut, Le Bhoutan abandonne le BNB, Fin du BNBL'abandon du BNB repose la question sur la pertinence des indices qui mesurent le développement des sociétés. Le plus connu, face auquel le BNB se considérait comme une alternative est le PIB. Ses limites sont connues surtout des élèves de Sciences économiques et sociales dans tous les lycées de France. Le PIB mesure la création de richesses, sans prendre en compte les effets du processus de production sur d'autres acteurs. Le coût écologique ou les effets négatifs sur la santé y sont absents. Le PIB est un agrégat de valeurs ajoutées (VA), c'est-à-dire des richesses supplémentaires que nous créons. Pour cela nous ne créons pas de manières ex nihilo, à partir de rien, mais en fonction de ce que nous pouvons nous procurer, donc de richesses déjà créées. Nous allons y ajouter, souvent par transformation une nouvelle richesse. C'est cet ajout qui est calculé à chaque fois. C'est de la Valeur Ajoutée. Additionner toutes les valeurs ajoutées sur le territoire national permet de calculer le PIB. Ce rappel est important car il conduit à mieux comprendre les critiques faites au PIB.

    Que reprocher au PIB ? Allons doit au but :

    1. Les variations des prix et des quantités : si vous êtes un agent économique qui vendez un bien, vous calculez votre chiffre d'affaires en fonction du prix et des quantités. D'ailleurs vous multipliez les deux pour avoir votre chiffre en fin de journée. Une fois que vous y retranchez vos charges, il reste grosso-modo la VA créée. Il suffit donc que les prix varient pour que le PIB aussi varient. Vous comprenez bien qu'en cas d'inflation, mathématiquement le PIB bouge. On peut donc artificiellement faire évoluer un PIB en théorie uniquement par les prix, voire des quantités produites. Une dévaluation d'une monnaie aura par exemple un grand impact sur le PIB.

    2. L'économie informelle. Dans le PIB l'économie souterraine, le travail au noir, n'est pas intégré. C'est évident car personne qui produit illégalement une richesse, déclare celle-ci. Elle n'est donc pas dans le PIB !

    3. Les services domestiques. Il y a des activités que nous menons et qui valent beaucoup, qui ne sont jamais comptabilisées. Le bricolage, l'assistance à un proche, l'entretien de son potager ou encore réparer seule sa voiture, sont des actes d'une grande valeur. Il suffit de prendre des devis d'entreprise et de comparer ce que nous avons économisé. C'est un appauvrissement que nous avons évité. C'est bien une valeur importante que personne ne compte.

    4. Les effets externes à la production, comme le coût écologique, les effets sur la santé... ne sont pas dans le PIB et nous savons qu'ils sont extrêmement importants.

    5. La qualité des infrastructures nécessaires à la production y figure mal ou pas du tout. La France par exemple est aimée des investisseurs américains parce qu'il y a un bon système de soins, des autoroutes, un système postal, des écoles de qualités... Tout cela est difficile à chiffrer. Ils sont cependant essentiels au développement des individus et de la société.

    6. Et, sans être exhaustif, le PIB ne mesure pas les inégalités dans le système de production. Qui sont ceux qui bénéficient des richesses produites ? Qui sont ceux qui sont exclus ?

     

    Critique du PIB, Bhoutan, BNB, Bonheur National Brut, Le Bhoutan abandonne le BNB, Fin du BNBC'est fort de ce constat que des indices ont été inventé pour contourner les limites du PIB. Le plus connu est l'Indice du Développement Humain (IDH) conçu par une agence de l'ONU. Le Bhoutan avait opté pour le BNB. Sa disparition remet au devant de la scène l'idée que le développement ne peut être considéré comme une simple accumulation de richesses mesurables. Il est bien plus complexe que cela. A l'heure de l'écologie politique, il est important d'intégrer les effets sur l'environnement, le lien social ou encore la santé. Et comme le propose l'IDH, le niveau d'éducation (alphabétisation, qualité du système éducatif) a une place importante. Le BNB posait aussi un postulat idéologique critique, peu-être utopiste, mais réel : Peut-il avoir un développement sans une permanente accumulation de richesses ?

    Quand nous ouvrons la radio, l'information première et principale est le cours de la bourse. Plus qu'une évolution des transactions, il s'agit d'une véritable météo du bonheur aujourd'hui dans notre société. Quand la bourse va, tout va. Et ce n'est pas vrai. L'accumulation de richesse n'est donc pas pertinent pour parler de développement, surtout que les écarts de distribution des richesses sont de plus en plus forts.

    La disparition du BNB repose la question de la possibilité de mesurer le développement. Comme c'est quelque chose de nécessaire, c'est le comment qui prime. Et là, il reste que le PIB avec ces avantages et inconvénients. Le revoir est certainement un chantier sensible qu'il faudra bien mener, car plus qu'un simple outil de mesure, le PIB est un moyen pour orienter la politique économique et plus largement l'illustration d'une vision de l'économie où la richesse prime sur l'homme, l'inverse n'est malheureusement pas encore une réalité.

  • Quand la Miviludes participe à la stigmatisation sur fond de covid-19

    20200226T0748-34383-CNS-ASH-WEDNESDAY-VIETNAM_0.jpg.pngLa Miviludes est une structure que je considère comme nécessaire à la vie démocratique. Elle est même indispensable dans la construction encadrée des oppositions nécessaires à l’expression des libertés. Cependant, et j’insiste, cette structure ne peut pas fonctionner sur des préconceptions avec des affirmations irrationnelles, alors qu’elle peut être, en tout temps, consultée par les décideurs et influencer. D’ailleurs, il ne faut jamais oublier que depuis sa fragilisation et la logique mise sous coupole du Ministère de l’Intérieur, la Miviludes a le sentiment de jouer sa survie. Dans un article publié ce 29 avril 2020, la Miviludes avance une logique trouble qui révèle une méconnaissance des groupes dont elle veut défendre les individus.

    Dès les premières lignes de l’article un non-sens s’affiche. Dès les premières lignes de l’article un non-sens s’affiche.

    FireShot Capture 014 - Coronavirus _ des risques de dérives sectaires pendant le confinement_ - france3-regions.francetvinfo.fr.png






    Vous avez bien lu et je n’ai rien tronqué de l’article tel qu’il est diffusé. Comment lancer une alerte sur des groupes, non mentionnés, alors que la Miviludes et son réseau d’associations partenaires indiquent : n’avoir reçu que très peu d’appels depuis le début de la crise sanitaire ? « On est confinés, les groupes déviants le sont donc aussi. » Echaudé juridiquement la Miviludes n’identifie pas les groupes mais laisse apparaître des indices en parlant de tractage. Ils ne sont pas nombreux à tenir sur la voie publique des pupitres, ou à solliciter les passants sur des marchés !
    Ce qui est bien plus important c’est l’absence de profondeur historique et social dans la mise en garde de la Miviludes. Oui, elle a raison de dire que le contexte de pandémie est propice aux discours prophétiques. Mais il y a une différence abyssale entre prophétisme et dérive sectaire. Toutes les pandémies furent marquées par des réveils, des préoccupations prophétiques. Des messianismes ont souvent été dynamique en période pandémique.

    En parlant de prophétisme, obnubilée par le sectarisme, la Miviludes ne perçoit pas la montée du scepticisme envers les prophétismes. Nombres d’acteurs individuels, surtout sur les réseaux sociaux, ridiculisent les leaders qui se définissent comme prophète parce qu’ils n’avaient pas annoncé la pandémie. Certains poussent l’invective, et ils sont nombreux, à ridiculiser les acteurs religieux friands de miracles pour qu’ils guérissent du covid-19 !
    L’une des particularités de cette pandémie est la vague de critiques qu’elle entraîne. Critique contre les institutions politiques, scientifiques et religieuses. Cette critique des institutions n’est pas à confondre avec le rejet du politique, de la science ou du religieux. D’ailleurs les individus dans les sondages sérieux comme celui du Cevipof montrent le besoin de politique pour mieux gérer la crise. Les attentes envers les sciences médicales sont grandes et évidentes, et la forte poussée de l’achat de Bible illustre à elle seule le besoin de religion. 
    Jean Vitaux a largement montré (Voir ses deux ouvrages : Histoire de la lèpre et Histoire de la peste chez PUF) que les pandémies ont donné lieu à un activisme de la pensée religieuse et prophétique. J’insisterai surtout sur le fait qu’historiquement, le religieux institutionnel a été le bras armé de fantasmes sur les origines des pandémies. Il a participé dans les léproseries et lors des pandémies de peste à la mort civile des malades, exclus des sacrements, « enterrés » anonymement et même parfois à la confiscation des biens de leur descendants mêmes valides ! Ainsi, dans la vague populaire, populiste, le religieux établi, majoritaire, a souvent accompagné la stigmatisation des plus fragiles. Les juifs, les étrangers, les cagots, les plus pauvres ont été souvent, a contrario, assistés par les groupes religieux qui tractent pour se reconstruire !

    Un autre point avancé dans cet article est la montée des médecines traditionnelles. Je sais que c’est un point sensible et l’agiter sans donnée factuelle et vérifiable en situation pandémique est une inconscience majeure. Au moment où nous écrivons c’est la polémique inhérente à la recherche scientifique qui occupe. Quel protocole ; quel vaccin ; quels essais thérapeutiques ; quelles combinaisons de molécules ? Comment réaliser des tests… Le débat est de ce côté. Je n’ai eu vent, à aucun moment de groupes religieux qui arguent un rejet par anticipation des résultats des recherches scientifiques sur le Covid-19 à ce jour. Si la Miviludes a de telles informations elle doit les notifier sans sous-entendu robespierrien. Cela ne peut que lui être préjudiciable. 
    Du côté de la santé il est unanimement acquis pour les observateurs du système de santé qu’il y aura des vagues après le covid-19 de pathologies chroniques chez des patients qui ont quitté tout suivi médical. J’ai d’ailleurs réécouté plusieurs émissions de groupes religieux avec des médecins qui insistent sur la nécessité de consulter et l’adoption d’une hygiène de vie, conforme aux connaissances médicales conventionnelles pour prévenir des pathologies. Je n’ai pas eu d’information de groupes religieux qui demande nouvellement de ne pas consulter les médecins. Au contraire ; les groupes religieux hygiénistes ont d’ailleurs sautés sur l’occasion de la pandémie pour indiquer que celle-ci est nécessairement liée à une intervention humaine (l’expression est trop large), qui peut aller de la promiscuité avec le monde animal à la malveillance. Ils encouragent les membres à se soigner sous les conseils de leur médecin, organise les chaînes de prières pour les professionnels de santé.

    Aujourd’hui les organisations religieuses, surtout les plus minoritaires, sont concentrées dans la préservation du lien social par les outils numériques, à l’instar du monde du travail, des administrations et des associations. Elles ne semblent pas déployer une ingéniosité, nouvelle, particulière, pour contourner la médecine conventionnelle, même si certaines, comme de plus en plus de français, sont sensibles au pratiques médicales holistiques non allopathique.
    La Miviludes alerte de la montée des médecines parallèles dans les groupes religieux à tendance sectaire face au covid-19. Concernant ce point précis, il est vrai qu’il y a un vrai concours Lépine. Mais ce n’est pas dans les groupes religieux qu’il prédomine. Un regard sur la toile, les réseaux sociaux, montre qu’il se déroule dans l’ensemble du corps social. Dans la médecine traditionnelle c’est l’utilisation de l’artemisia, très présente à Madagascar qui cristallise. En France elle est illégale. La Miviludes a-t-elle des informations sur son importation, son usage en France ? Personnellement quand j’interroge rapidement des groupes religieux, je découvre qu’ils ne connaissent pas cette plante et le vif débat qu’il a suscité.

    Encore une fois et c’est dommage, la Miviludes est hors sujet, n’avance pas de chiffre, agite des chiffons rouges alors que les groupes religieux, comme l’ensemble du corps social ne font que tenter de s’adapter aux nouvelles conditions de vie. Agiter les peurs n’est en rien une solution surtout quand aucune donnée factuelle, scientifique est avancée et donc vérifiable. Et comme dit l’adage maintenant issue d’une grand-mère à la petite fille célèbre : « quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ».
    Instance qui serait très utile à la vie démocratique par une observation objective des groupes religieux dans leur rapport à la société globale, la Miviludes ne fait que montrer encore une fois qu'elle est en échec face aux besoins de critiques objectives, rigoureuses pour garantir le lien social.

    Depuis la pandémie, avec la place centrale des groupes religieux dans les clusters en France et en Corée du Sud, la stigmatisation de ces derniers est forte. Il est à regretter que par sa légèreté la Miviludes contribue à la stigmatisation.

  • Chantiers 2009

    2009.jpgLoin d’une simple convenance : BONNE ANNEE. Souhaitons-nous déjà de nous souhaiter ce qui doit l’être en se posant des objectifs réalisables.Surchargé, je vous néglige. Je ferai mieux rassurez-vous. Quels sont les premiers sujets sur lesquels nous viendrons en ce début d’année. Je vous parlerai des ponts relationnels possibles entre l’Eglise Adventiste et l’Islam à partir de ma propre expérience comme responsable, sous la responsabilité de Régis Dericquebourg, au sein de l’Institut Avicenne des Sciences Humaines durant 2 ans. Peut-être que cela fera écho à la rencontre du même type organisée à Collonges. Je rappelle que l’Institut privée Avicenne avait pour objectif de donner une formation supérieure en théologie, droit et sciences-humaines sur le monde musulman. Je dis « avait » car l’IASH est à ce jour un vaste échec (peut-être nous y reviendrons).
    Nous parlerons brièvement de la Revue Adventiste. Chandler vous a déjà proposé un développement. Mais comme j’ai partiellement travaillé sur des sommaires de la Revue durant quelques mois je vous parlerai d’un échec fort intéressant que j’ai eu en voulant analyser les Revues Adventistes.

    Nous parlerons également du mormonisme. C’est un mouvement religieux qui m’intéresse de plus en plus de part quelques ressemblances ave l’Eglise Adventistes (vraiment quelques). Evidemment nous parlerons à plusieurs reprises de l’ouvrage Ces protestants que l’on dit adventistes. Il est à ce jour un succès de librairie surprenant en raison du sujet abordé. Peut-être l’avez-vous dans les mains et avez-vous des critiques, des passages dont vous n’êtes pas proches ou encore des paragraphes qui vous ont surpris positivement… j’espère que vous partagerez vos commentaires ici.

    Voilà plusieurs chantiers. Il y en a d’autres dont l’écriture de deux ouvrages. L’un sur l’Eglise Adventiste et l’autre sur la notion d’Espérance. Ils seront petits. Pour l’heure le second à l’avantage sur le premier en raison des cadres qu’offrent les éditeurs.

    Autre chose : nous parlerons de la relation d’aide. C’est un concept et des actions fortes intéressantes très présentes dans des églises protestantes.

    Allez… encore un chantier que je vous confie : l’étude en cours sur les liens entre pratiques médicales et laïcités. Parlant de médecine sachez qu’en Espagne, en Juillet, un des axes des réflexions des sociologues de la religion réunis en congrès sera les liens entre religion et santé. Là je parlerai de l’adventisme et du mormonisme.

    Bon, j’espère que ces chantiers iront jusqu’au bout. Surtout, mon désire est de partager leur évolution avec vous durant cette année. Dès la semaine prochaine nous commencerons par la Revue Adventiste en complément à la présentation de Chandler.

     

     

  • Ben Carson, Candidat républicain adventiste aux primaires pour la Maison Blanche

    Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines, Ben Carson mérite d'être connu. Non pas seulement parce qu'il brigue la candidature républicaine à la Maison Blanche, mais parce qu'il permet de porter un regard pertinent sur les liens entre religion et santé et plus particulièrement entre religion et innovation scientifique.

     

    Ben Carson s'est fait connaître mondialement pour ses prouesses médicales. La plus connue est la séparation de bébés siamois. Homme scientifique majeur il est au cœur de la vitalité scientifique des universités adventistes, en particulier celle de Loma Linda et d'Andrews aux USA. 

    Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines,

    Docteur honoris causa plus d'une soixantaine de fois par différentes universités, Ben Carson est souvent appelé (sans vérification possible) l'américain le plus diplômé de l'histoire. Il porte la prestigieuse médaille Ford. Sa vie est une véritable succes story américaine. Elévé avec son frère par sa mère après un divorce difficile dans un quartier noir dangereux, Ben Carson est en grande partie un autodidacte qui devait dépasser les insultes racistes. Celui qui est selon le Times le plus grand Neurochirurgie du monde met sa notoriété au service du combat pour la scolarisation des plus pauvres, la lutte contre les inégalités, la défense de valeurs solidaires. 

     

    Les mains du miracle, Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines, Son livre, Les mains du miracle, est une biographie devenue un best steller et un homage à sa mère qui le forçait, à l'âge de huit ans, à rendre deux fiches de lecture par semaine !

     

    Adventiste engagé, Ben Carson, est très attaché aux valeurs protestantes et en particulier la forte incitation à l'excellence dans tous les domaines. Retraité, chroniqueur télé il est désormais très médiatisé. Sa vie riche, dense, porteuses de leçons en raison de sa détermination a été porté au Cinéma par Hollywood dans un film Des mains en or avec l'acteur engagé Cuba Cooding.

     

    Cuba Gooding jr, Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines, Carson est un Républicain conservateur adventiste. En 2013, il accorde une courte interview à ANN (Adventiste News Network) où il rappelle son opposition pour les avortements de complaisance, son attachement à la vie, sa croyance en la création ou encore sa pratique du sabbat. Cette interview, bien que courte me semble être celle qui retrace mieux le positionnement politique, religieux, morale et social de Ben Carson. Elle va certainement rejaillir dans la presse, surtout non américaine si Ben Carson continue sa progression dans la course vers Washington. Dans cette interview, Ben Carson atteste que sa vie est dépendante de sa relation avec Dieu et indique : « There’s no question God sets these things up. My whole life I feel has been orchestrated by him ». Quand le journaliste d'ANN lui demande ce qu'il voudrait que les gens perçoivent en le regardant, sur l'Eglise adventiste, Carson souligne « Je veux leur faire comprendre que nous sommes des gens très aimables et rationnels et que nous avons des valeurs et des principes qui nous animent. Elles sont édictées par la Parole de Dieu ».

    Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines,

    Ben Carson est malheureusement peu connu dans les facultés de médecine où les cours de philosophie de la science. Carson est un prototype de la vision protestante de la science. Dans cette approche science et religion ne font pas obstacle. Au contraire « la connaissance de Dieu commence par la science » paraphrasant l’Ecclésiaste. A l'instar de John Harvey Kellog, nutritionniste important de l'histoire adventiste et inventeur de l'alimentation desséchée, Carson pense que l'individu droit travailler pour faire fructifier les capacités naturelles. En ce sens c'est un libéral. Le travail, l'initiative individuelle, et non la collectivité aide l'individu. Il y a là, sans doute un échos à l'encouragement au travail de sa mère afin de sortir de la rigueur et de l'injustice du quotidien. Mais bien plus c'est une conception protestante des statuts et rôles sociaux qui transparaît. L’individu par sa capacité d'action peut interférer et surtout décider de son développement. Cet individualisme n'est pas anti social, sans foi ni loi. Au contraire il s'exprime dans un engagement social dont le premier but est de permettre aux individus de se rendre compte de leur responsabilité. Responsabiliser les individus, c'est les aider à faire les bon choix individuels. Pas de bons choix, pas de responsabilisation sans lien avec le groupe, la société, mais en son sein. C'est pour cela que le chrétien dans cette conception doit influencer la société au travers de l'Eglise.

     

    Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines, Celui qui est est appelé, l'anti Obama aurait déclaré selon plusieurs médias que l'Obamacare it's a bunch of crap, a un engagement en science et désormais en politique qui se décode à partir de cette idée de responsabilisation individuelle. In fine l'objectif (religieux et politique, pas de différence ici) est le changement social sur la base des valeurs religieuses (et là le religieux prime).

     

    Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines, La déconnexion entre foi et sciences, rationalité et politique, religion et engagement, n'existe donc pas dans la tradition religieuse protestante adventiste de Ben Carson. C'est un ensemble interdépendant. C'est pour cela que je prends Ben Carson comme exemple auprès des professionnels de la santé. Il me semble expliquer parfaitement notre difficulté en France à comprendre la non opposition entre croyances et relations sociales (au sens hyper large).

     

    Hannah Arendt le rappelle dans La crise de la culture à partir de sa lecture de Kierkegaard. Le doute est centrale à la rationalité, mais il touche aujourd'hui non seulement le divin mais également la science, la raison. Pour Arendt, Kierkegaard renverse « l'attaque de la religion par la la science moderne », en « la dignité de la foi contre la raison et le raisonnement moderne ». Comme toute production sociale, la science est donc traversée par la religion. Il suffit d'ailleurs en médecine de noter le fort héritage religieux dans le vocabulaire, les protocoles, les innovations (Ben Carson en est l'illustration), ou encore les noms des établissements médicaux. Max Weber l'indiquait déjà, stipulant l'importance de la gestion des biens du salut dans des formes de rationalisation. La certitude que ce que nous faisons (pour certains) est en lien avec les valeurs religieuses est cruciale et dicte ce qui peut être accepté, défendu, porté, développé, innové...

     

    Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines,

    Ben Carson est donc un personnage emblématique qui certes fera la une s'il continue dans sa course à la présidentielle, mais qui a déjà marqué l'histoire de l'innovation en neurochirurgie et plus largement de l'interaction entre religion et sciences. A ce titre, il doit être découvert afin de comprendre (au sens de Max Weber) comment des croyances expliquent nos actions sociales, y compris en politique et en médecine.

     

     

     

    Intervieuw à ANN : http://news.adventist.org/all-news/news/go/2013-04-05/church-chat-carson-handles-spotlight-prayerfully-humbly

     

    Film: Des mains en or https://www.youtube.com/watch?v=s33R7JhFO6s

     

    Pour mieux connaître le parcours de Ben Carson : http://megadiversite.com/entrevues/120-une-entrevue-veridique-avec-le-dr-ben-s-carson-md-une-icone-americaine-.html

  • Education Thérapeutique du Patient (II). On vient de loin...

     

    (Extraits de formation en ETP pour professionnels de la santé et de cours de sociologie de la santé du nouveau référentiel infirmier)

    Hopital Patients Santé Territoires, Education Thérapeutique du PatientChaque époque de l’histoire a ses maladies. On le sait aujourd’hui, certaines d’entre elles existent depuis l’Antiquité voire la préhistoire car on en a retrouvé leurs traces sur des ossements dans des sites préhistoriques. L’évolution des maladies, que ce soit en termes de représentation sociale (c’est-à-dire la manière dont des individus ou groupes sociaux se représentent la santé), de guérison est le fruit de bouleversements qui ont touché nos sociétés au cours de l’histoire. L'accompagnement global qui peut être offert au patient en impliquant son entourage est un héritage de cette histoire et de différentes influences. Nous évoquions la dernière fois partiellement la religion. Mais il n'y a pas qu'elle. En effet, il suffit de parcourir l’histoire de la médecine pour découvrir que bien des idées médicales d’aujourd’hui sur la maladie ne sont pas les mêmes que celles de la médecine d’hier et que certaines ne seront pas les mêmes que demain. L'Education Thérapeutique du Patient (l'ETP) en sera affecté. Mais avant de parler de l'ETP aujourd’hui un long chemin a été réalisé par nos sociétés.

     

     

    Avant le succès des sciences médicales, de l'urbanisme ou encore de la pédagogie sanitaire, les sociétés étaient fortement frappées par les épidémies. Celles-ci avaient des effets exponentiels. Des travaux historiques montrent comment la survenue d’une épidémie pouvait modifier le visage d’une région voire d’un pays entier par un nombre élevé de morts brutales, ce qui provoquait de graves déséquilibres démographiques (exemple : les épidémies de peste ou de lèpre). Néanmoins, la peste et la lèpre étaient loin d’être les seules à opérer des ravages et à décimer des populations. L’histoire témoigne d’autres épidémies aux conséquences tout aussi ravageuses :

    • la variole (maladie infectieuse. Louis 15 en est d’ailleurs mort)

    • la syphilis (infection sexuellement transmissible, populairement appelée « grosse vérole ». Selon les croyances de l’époque, elle aurait été amené par les soldats revenant d’Amérique. Les symptômes que cette maladie présentait à l’époque était assez terrifiants : ils se traduisaient par un pourrissement de la chère, l’apparition de pustules sur le corps et le visages. Il s’agit d’ailleurs d’une maladie qui au cours des 16 et 17e siècle un climat de suspicion autour de ce qui touche à la sexualité : on multipliera le nombre d’interdits sur le sexe par des mesures répressives, on observera des règles qui restreignent les contacts physiques, la promiscuité entre les corps. C’est une maladie qui servira d’appui aux modèles culturels qui préconisent un auto-contrôle, « une civilisation des mœurs ».Voir ELIAS)

    • la malaria (synonyme de paludisme. Maladie transmise par la piqûre de moustique)

    • la tuberculose, la coqueluche (maladie infectieuse qui se caractérise notamment par une toux)

    • la rougeole (maladie virale), etc.

     

    Ces épidémies d’autrefois nous renvoient donc à un régime particulier de la maladie comme étant un phénomène collectif. C’est-à-dire qu’au cours d’une épidémie, un individu n’était pas malade seul, l’entourage l’était également dans tous les cas (généralisons!).

    L’impuissance médicale étant presque totale, certains médecins affirmaient que « tout cas de peste est incurable ». Les médecins s’en tenaient donc essentiellement à des mesures prophylactiques (c’est-à-dire relatives à la prévention) qui avaient traits surtout à la crainte de Dieu et non à des mesures curatives. Ceci tient en partie au fait que la maladie épidémique était conçue (dans les représentations sociales de l’époque mais aussi dans la réalité) comme une mort collective et non comme une maladie individuelle curable.

    Il faut savoir que la médecine de l’époque n’était pas celle que l’on connaît aujourd’hui. L’Eglise considérait la médecine comme une science secondaire. Jusqu’au 18ème siècle, la médecine en tant que science a dû se défendre des abus de l’Eglise et était empreint à un lien forcé avec la théologie. Les prêtres se pressaient aux lits des malades et tenter de démontrer l’efficacité de leurs prières. Lorsqu’un médecin parvenait à guérir réellement un individu, la guérison était expliquée religieusement. Par contre, si le traitement échouait, c’est le médecin qui était tenu pour responsable ainsi que le manque de confiance en Dieu. Les médecins étaient aussi bien souvent l’objet de terribles mesures au lendemain d’épidémies (on les accuse par exemple d’avoir répandue la peste afin de s’enrichir, afin d’inciter la population à avoir recours à leurs services). Durant les années ou subit le choléra (1830) les médecins sont aussi très fréquemment victimes d’agressions. Bref, on a assisté à leur encontre à des scènes d’une violence considérable).

    Aussi, les médecins de l’époque avaient à faire face à une autre rivalité : à l’exercice des charlatans, des magiciens et des alchimistes.

    Les réponses qui ont été progressivement mises en place face à la contagion ont surtout été des mesures répressives vis-à-vis des malades. Elles visaient à isoler les malades, à les mettre en quarantaine, à boucler les quartiers ou les villages atteints par une épidémie.

    En effet, la maladie à l’époque, notamment la peste (du latin pestis qui signifie fléau, épidémie), terrorisait les populations. La peste signifie souvent la mort brutale qui survenait dans un délai de quelques jours voire de quelques heures. La lèpre (du Grec Lepros qui signifie écailleux), à la différence de la peste, est une maladie au long cours qui rongeait lentement les corps et entraînait une autre réaction : la séparation ou la mise hors du monde à laquelle les individus atteints ne pouvaient échapper.

    Dès l’Antiquité, la Lèpre est présente dans trois foyers : l’Inde , la Chine et l’Égypte. Dès le VIè siècle, sans même que l’idée de contagion soit clairement conçue, le lépreux est reconnu comme étant dangereux ; il est condamné. La mort est pour lui la seule sentence. Néanmoins, elle devient relativement commune chez nous (en occident) aux alentours des 12ème et 13ème siècles. C’est un peu plus tôt (vers le 11è siècle) que les malades de la lèpre commence à être soumis à une ségrégation. En effet, le lépreux faisait peur, l’image qu’il donnait inspirait la répulsion : la lèpre pouvait modifier l’apparence des individus voire les mutiler. Il inspirait la peur donc il devait être enfermé. Dans la conception dominante (notamment sous l’influence de l’église), le mépris et l’exclusion qui frappait les lépreux n’étaient qu’une interprétation de la volonté divine (car dans la pensée collective le lépreux était frappé par cette maladie en punition de ses péchés). En quelque sorte, les lépreux n’était plus considérés comme des hommes, ils incarnaient le mal, le diable et ne méritaient aucune compassion. La faute principale dont on les accusait était la luxure et ils devaient être isolés pour ne tenter aucun chrétien. Ils étaient également tenus pour responsables de certains événement, certaines calamités qui frappaient telles que les intempéries, etc. Ils devenaient alors des boucs émissaires et on envahissait des léproseries pour les massacrer. Le premier stade du repérage de la maladie tenait de la dénonciation. En effet, si quelqu’un remarquait des stigmates de la maladie, une maladie de peau chez un parent, un voisin, il se trouvait dans l’obligation de le signaler à une autorité. L’autorité en question convoquait alors un tribunal qui désignait ou non l’individu comme étant un lépreux (ou un ladre). Il est alors rejeté de la communauté, il est dépouillé de ses biens et ne vit plus que de la charité publique. : « Les lépreux inspiraient une crainte terrible qui conduisait à les traiter d’une manière inhumaine. Les suspects de ladrerie étaient examinés par un représentant de l’évêque ou par un jury dont faisaient partie des lépreux-experts, et à une époque plus tardive des médecins ou des chirurgiens. Celui qui était reconnu ladre était, en France et dans les Flandres, soumis à une cérémonie de « mise hors du siècle » comparable à l’office des morts. Dans tous les pays d’Europe, il se voyait notifier les « défenses » qu’il devrait désormais respecter, revêtait l’habit de ladre et recevait la cliquette, la crécelle ou la cloche qu’il lui faudrait agiter pour prévenir de son approche. Les défenses étaient des règles très détaillées et contraignantes, toutes inspirées par l’idée que la lèpre était hautement contagieuse. Dans certaines régions, le ladre devait renoncer à se marier ou voyait son mariage dissous, parfois aussi ses biens étaient partagés entre ses héritiers. Enfin, il était conduit dans une « maladrerie » ou, à défaut, dans une cabane de bois au bord d’une route. De soin lieu de réclusion, le malade sortait pour mendier son pain, en prenant garde d’observer toutes les défenses à lui faites ».

     

    Dès les 12è et 13è siècles on construit alors de grandes maladreries destinées à y retirer les lépreux. Au sein de ces institutions, la vie était pour l’individu malade très austère. Parfois, il était autorisé à sortir mais au prix de contraintes importantes. Il était soumis à des interdits :

    1) Ne plus entrer dans les églises, les moulins, les tavernes, les fours ou autres lieux publics.

    2) Ne plus se laver les mains, son corps ou ses vêtements dans les fontaines, les ruisseaux ou les rivières qui servent aux habitants.

    3) Ne plus toucher les enfants ou se laisser toucher par eux, ni leur donner des objets trouvés.

    4) Ne plus toucher aux gens lorsque l'on mendie pour vivre.

    5) Porter des habits de lépreux et signaler sa présence en se déplaçant avec une crécelle.

    6) Ne pas toucher les aliments que l'on achète.

    7) Se placer au-dessous du vent pour parler aux gens afin d'éviter de les contaminer.

    8) Ne pas marcher pieds nus pour ne pas contaminer le sol

    9) Il n’assistait que de loin aux offices religieux

    Bref, la liste des interdictions est impressionnante…

    Lorsque la mise à l’écart de l’individu se terminait par sa mort, son corps n’avait pas droit aux obsèques communes. Les obsèques étaient simplifiées et sa dépouille était refusée dans les cimetières des autres chrétiens (non-malades) : il était alors enterré dans une léproserie qui disposait d’un endroit, d’un enclos spécifique à cela.

    On est bien loin de l'ETP. L'avancée du savoir scientifique et le souci d'une prise en charge globale fait que le malade ne peut plus être conçu, y compris en cas d'épidémie comme un problème social. C'est le grand changement que va permettre la science. L'un de ses effets sera une meilleure compréhension des liens entre soignants et soignés d'une part, et d'autre part du souci d'entourer le patient et son entourage pour optimiser sa qualité de vie. Mais là sera l'objet de notre prochaine note.

  • Suite... Les défis nouveaux défis de l'Eglise adventiste en France (IV): La formation des cadres

    La formation des cadres adventistes

    FAT, faculté adventiste de Théologie, adventisme, adventiste, Eglise adventiste, formation adventiste, Collonges sous salèveC'est un chantier permanent comme pour toutes associations, structures, entreprises ou administrations. Les formations adventistes, délivrées essentiellement dans son campus de Collonges sous Salève, ouvrent aujourd'hui à la révolution épistémologique décrite ci-dessus. C'est un atout pour l'effet de génération.
    La formation adventiste, disons-le, est théologiquement forte. Dans la continuité de Miller, un esprit systémique est important dans la formation adventiste. Richard Lhemann l'a magnifiquement mis en évidence dans son ouvrage sur les adventistes. De plus, l'adventisme en France est sensible à former les individus aux attentes sociales. Sur ce point, il faut saluer l'ouverture d'un master de relation d'aide. Cela correspond aux demandes sociales. La relation d'aide est ancienne dans l'Eglise adventiste. Densifier celle-ci avec l'apport des équipes d'Empreinte formation est un plus. Remarquons que des universités ouvrent des diplômes en victimologie et sur l'accompagnement psychologique. Prendre ce cap dans la formation adventiste (où une formation en psychologie existait déjà) va également permettre de bien poser les limites entre approche théologique et psychologique, tout en admettant les ponts entre ces deux domaines du savoir.

    L'introduction d'une formation en relation d'aide illustre le souci d'avoir des cadres proches des besoins fondamentaux de l'humain, pris dans les contraintes et contradictions de la vie sociale.Par contre, un défi majeur reste : l'imbrication avec l'Enseignement supérieur.
    FAT, faculté adventiste de Théologie, adventisme, adventiste, Eglise adventiste, formation adventiste, Collonges sous salèveSi la Faculté adventiste a historiquement bénéficié de liens avec l'Université de Strasbourg, aujourd'hui la formation adventiste n'est pas suffisamment intégrée au monde de la recherche. Cet isolement ne sert pas. Créer un laboratoire de recherche, ou une association avec un laboratoire national public, est une exigence minimale qui n'est pas remplie. Il est vrai que pour cela le cahier des charges est lourd. Il forcerait les enseignants adventistes à obtenir un statut universitaire au Conseil National des Universités. Mais c'est le prix d'une meilleure qualité. Cela n'entraverait en rien l'autonomie adventiste dans son fonctionnement, ses choix de domaines d'investigation, ses recrutements, etc. Une telle perspective permettrait aux enseignants et étudiants adventistes de se confronter d'avantage à d'autres, de se stimuler dans une recherche où la compétition est forte, et de relativiser son regard pour mieux l'affiner. Le rayonnement adventiste serait plus grand. Bien plus qu'un simple échange, un partenariat avec un laboratoire du CNRS, où la création d'un laboratoire avec des chercheurs associés issus de laboratoires publics, est un enjeu central. La question du coût sera un frein mais, le rayonnement, la crédibilité nationale et internationale ou encore la capacité à montrer son expertise au-delà du religieux passe par là. Le retour sur investissements sera sans doute immense. La notoriété légitimement construite attirera des étudiants, des éditeurs, des synergies avec des universités... tant de choses que les universités tentent d'avoir et qui sont à portée de mains de la faculté de Collonges.

    L'adventisme a une expertise au-delà du religieux. La santé, l'éthique, la sexualité, l'accompagnement psychologique, le lien social, sont des domaines où la formation adventiste peut rapidement exceller aux côtés des offres de Vaux sur Seine ou encore (le chemin à parcourir là est immense mais réalisable) de certaines facultés catholiques. Mais pour y arriver il est nécessaire d'intégrer les chemins institutionnels de la recherche scientifique. D'ailleurs nombres de chercheurs adventistes déjà actifs dans la recherche, surtout en sciences dures peuvent immédiatement être mobilisés. Médecins, professeurs de médecines, cadres hospitaliers, physiciens, littéraires, informaticiens, etc. sont des universitaires membres de l'Eglise adventiste et absents de l'organigramme de la formation. D'autres adventistes qui ont délaissé la recherche peuvent trouver là un stimulant pour revenir à leur premier amour. Voir des adventistes avec deux doctorats et qui n'ont pas de lieu pour valoriser ce savoir est quand même une perte. Prendre la voie de la recherche institutionnelle tout en gardant son identité permettrait également aux cadres adventistes ainsi formés d'augmenter les capacitésà se développer dans des domaines inexplorés. Donner cette possibilité à ses cadres est également une perspective qui doit stimuler.

  • Les nouveaux enjeux de l'Eglise adventiste - (I) Amplifier la réponse aux attentes sociétales

    anniversaire église adventiste,150 ans eglise adventiste,eglise adventiste,adventiste,adventismeA l'occasion du 150è anniversaire de l'Eglise Adventiste plusieurs études, articles ou analyses foisonnent. Pour des interlocuteurs français et étrangers j'ai donné plusieurs interviews. C'est à s'y perdre. La dernière est celle de La Croix ou la journaliste Céline Hoyeau propose une perspective historique pour mieux poser les nouveaux enjeux de l'adventisme.
    Dans la continuité de l'échange avec Céline Hoyeau les enjeux de l'Eglise adventiste en Europe francophone et principalement en France peuvent se résumer autour de quelques enjeux majeurs que je vous propose de découvrir dans une série de quelques notes (3 sont déjà rédigées).

    1. Le défi écologique, sanitaire et environnemental

    anniversaire église adventiste,150 ans eglise adventiste,eglise adventiste,adventiste,adventismeL'adventisme est une religion qui dans son histoire veille à l'interaction entre l'individu et son environnement. A l'heure où les politiques résument l'importance de cet enjeu dans la notion d'écologie ou de développement durable, l'Eglise adventiste peut proposer une expertise reconnue dans ce domaine. Qu'il s'agisse du respect des réserves naturelles, d'une alimentation en phase avec les besoins environnementaux et biologiques ou encore de la valorisation de richesses, l'adventisme propose une théologie qui allie depuis ses premières heures ; écologie, santé, respect de l'environnement et développement économique. Il est surprenant de ne pas entendre souvent les réponses adventistes alors que d'autres organisations d'essence américaine arrivent à communiquer sur ce domaine. Il y a là un incontestable vivier surtout qu'il s'agit de sensibilisation.

    1. La révolution alimentaire.

    Oui, l'expression n'est pas exagérée et est dans la continuité du point précédent. Tous les experts sensibles aux intérêts à long terme de notre planète, impliqués dans la recherche du confort ou la lutte contre les « pathologies de la modernités » (obésité, diabète, cancer...) sont unanimes : il faut faire évoluer l'alimentation humaine vers un retour à ses fondamentaux, quittant ainsi une alimentation trop carnée, trop riche en sucre, déconnectée des saisons, qui ne prend pas en compte l'écosystème et les besoins organiques. Cette tendance est surtout attisée par une alimentation humaine gérée par des logiques agroalimentaires qui ne cessent de montrer ses limites.
    La réponse adventiste est un végétarisme maîtrisé et confinée dans la recherche médicale. Aux USA cette position est très connue faisant de l'adventisme un modèle. Récemment, les études américaines ont montré le gain en espérance de vie de ceux qui épousent les régimes adventistes et plus largement un mode de vie où tabac, alcool et les excitants sont absents. Couplée à une pratique sportive, le mode de vie adventiste se répand aux USA et fait des émules en Europe, dans une époque où le bien-manger est de plus en plus recherché.

    1. Amplifier le combat pour les droits de l'Homme.

    L'essence américaine et l'ambition missiologique adventiste touchent également les libertés. Inutile de revenir ici sur la lutte adventiste pour les droits de l'Homme notamment au travers de l'AIDLR. Il s'agit, comme le souligne Jean Baubérot, une structure d'impulsion adventiste qui, au bénéfice de toutes les minorités religieuses, œuvrent pour la reconnaissance et l'expression des libertés fondamentales. Alors que celles-ci sont aujourd'hui exposées à maintes instabilités ce domaine d'expression institutionnelle de la foi adventiste a encore beaucoup à faire et gagnerait à être connue.


    anniversaire église adventiste,150 ans eglise adventiste,eglise adventiste,adventiste,adventismeCes trois points répondent à des besoins sociaux et/ou politiques indispensables à la vie en société. De fait, nombres d'activités adventistes sont des réponses à des demandes et enjeux sociaux majeurs. Ainsi, quitte à me répéter encore, l'adventisme (pas uniquement) est, via ses trois formes d'actions, une interface entre la société globale et l'expression religieuse. C'est un atout pour une organisation religieuse qui veut se développer dans les contraintes de l'ultramodernité et de la laïcité. La surprise est que ces éléments ne soient pas assez au centre des propositions adventistes pour l'ensemble de la société. Il faut dire qu'il est certainement difficile de proposer un discours constructif, sans le voir rejeter par le simple fait qu'il émane d'une organisation religieuse. C'est ainsi que souvent, dans cette situation des initiatives religieuses bénéfiques à l'ensemble de la société doivent s'émanciper du groupe religieux avant d'être acceptées par l'ensemble de la société. Ce phénomène est très bien connu des historiens de la religion, parlant de « destin paradoxal des groupes religieux ». Il y a là une tension, une stratégie à poser qui ne doit pas nuire à l'apport du groupe, quitte à se faire oublier au bénéfice dudit discours !

    Outre les enjeux sociétaux il y a également des enjeux d'organisation plus difficile à surmonter. Et ce sera la suite de notre série.