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Retour sur le Colloque Christianisme, Esclavage, Liberté et Mémoire (III)

a476c88f9f37593f252e930a109f6895.jpgAvec plus d’une semaine de retard je reviens sur ma participation au colloque Christianisme, Esclavage, Liberté et Mémoire dans cette troisième note sur cette rencontre. Déjà félicitation à Jean Claude Girondin pour cette organisation. Je n’ai pu être présent que le jour de ma contribution, mais je sais, et personne n’en sera surpris, Daniel Maximin a tiré vers le haut la réflexion. Personnellement j’ai été très attiré par la présentation de Jacob Labeth qui interrogea la permanence de la présence de l’esclavage dans la littérature antillaise. Dans ma contribution j’ai tenté de mettre en évidence la permanence de l’espérance dans la culture antillaise, sans embarrasser le propose de références livresques. Je reviens sur l’essentiel de mon propos en confirmant ici ce que je concluais.

L’usage qui était fait du Christianisme dans la logique de domination était contre intuitive. Il allait contre les vérités les plus évidentes du Christianisme. Je notais que dans le texte biblique, la pratique de l’esclavage était tolérée, encadrée chez les israélites et permettait à l’Esclave d’avoir toujours un espoir. Il pouvait, en raison de la législation toujours espérer l’affranchissement ou à défaut jouir de droits inaliénables. Dans le nouveau testament même sous la domination romaine qui fut de fer, l’esclave pouvait avoir des droits.

Le système esclavagiste de la traite négrière était contre intuitif à la logique du christianisme, car il avait pour visée ultime non seulement de tuer, mais surtout d’enlever aux esclaves toutes possibilités de se projeter positivement vers l’avenir. Cela ne veut pas dire qu’il faille imaginer un esclave inerte. En effet, les esclaves ont très rationnellement évalués leur chance de conquête de la liberté, au point de se révolter ou encore de marronner.

Ce système empêcha évidemment aux esclaves d’investir principalement leur espérance dans le réel, qui était incertain, vecteur de mort. C’est principalement, pas uniquement, dans le symbolique que s’exprimait ce besoin incommensurable d’espérer. Dans le créole, je montrais (ici je ne le ferai pas) que nombres d’expressions simples et répandues traduisent cette incertitude dans le réel, une difficulté à se projeter concrètement et positivement dans le futur. Bref, nous avons des traces incontestables dans la langue créole que l’espérance a certes toujours été présent malgré les tentatives du dominateur, mais s’est travestie des habits de l’incertitude. Encore une fois, il faut noter qu’il ne s’agit pas là d’un fait homogène et global évidemment.
Je défendais l’idée, que la poussée protestante aux Antilles (et d’autres phénomènes politiques et sociaux) a fortement participée au dynamisme des représentations antillaise de l’espérance. Avec les groupes adventistes, évangéliques, baptistes, pentecôtistes… l’espérance n’a pas quitté le futur et l’incertitude, mais est également devenue une affaire concrète, du présent, certaine, immédiate, aux incidences sociales bien réelles. Loin des images des Antilles comme un espace social où le pessimisme gouverne, une lecture des représentations antillaises à partir de la langue créole et de l’apport des mouvements protestants dont l’adventisme, montre que ces derniers contribuent fortement à rationaliser l’espérance pour lui donner une dimension praxéologique, immédiate que le système esclavagiste avait fortement altérée. Là d’ailleurs est un apport plus marquant dans ces religions protestantes d’origine américaine par rapport à toutes autres offres religieuses présentes aux Antilles.
L’adventisme antillais participe à ce mouvement, avec des moments différents.
Je reviendrai sur ce point le 26 mai à l’Association Agir à Paris. Transition et conclusion maladroites pour vous inviter à cette rencontre organisée par l’équipe de Christiane Louis.

Info de la rencontre avec l’Association Agir

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