Comment faire un bilan de l’année 2019 sur l’Eglise adventiste du septième jour dans l’espace francophone ? Faisons simple en constatant les tensions et les succès.
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Comment faire un bilan de l’année 2019 sur l’Eglise adventiste du septième jour dans l’espace francophone ? Faisons simple en constatant les tensions et les succès.
Présentation de l’Editeur
« Cet ouvrage inédit, réunissant près de 80 sociologues, ethnologues, anthropologues, historien, veut permettre une meilleure connaissance des groupes religieux présents en France et leur évolution récente. Dans une approche inédite, il propose une série de chapitres présentant chacun en détail un groupe religieux. Ces mouvements religieux sont regroupés par grands ensembles confessionnels, ce qui permet de saisir la diversité interne de chacun de ces ensembles. Ce livre offre une couverture inégalée dans la présentation des groupes religieux, en évoquant certains déjà connus, mais en éclairant également d'autres qui restent largement à découvrir.
Présenter, dans un ouvrage unique, l'ensemble des groupes religieux minoritaires de France fournira certainement un outil de travail extrêmement précieux à toute personne cherchant à connaître l'un ou l'autre d'entre eux. Cette vue d'ensemble fournit un élément précieux de connaissance du panorama religieux français. Elle permet également de saisir le positionnement des groupes dans l'espace public et les uns par rapport aux autres, contribuant ainsi à une meilleure intelligence du fait religieux dans la France contemporaine ».
Nous continuons à présenter les arguments d’adventistes opposés à la dîme et qui ne participent plus au financement de l'Eglise adventiste du septième jour par ce biais. Dans la note précédente nous présentions une synthèse incomplète des arguments synthétisés d’adventistes qui rejettent la dîme autour de sept points. Cette opposition n’est pas une action collective. Il y a une véritable tension chez les opposants à la dîme. Ils veulent être cohérents avec leur vision négative et refusent de financer l’adventisme par la dîme, mais ils se rendent compte qu’une adhésion massive à leur position serait source de déstabilisation de la SDA. De fait, ils veillent à garder privé leur choix, à ne pas se coaliser. C’est en ce sens que l’on ne peut pas parler d’action collective. Tout semble fait pour l’éviter. Il s’agit de choix individuels, intimes, privés. De fait, le rejet de la dîme par des adventistes ne peut pas être considérer comme une action qui vise à une protestation politique globale.
J’indiquais qu’une autre raison, découlant des sept précédentes devenait importante. Il s’agit d’un rejet de la dîme en raison d’une lecture politique de cette dernière dans le cadre du développement économique et social. Plus précisément il s’agit d’une perception de la dîme comme un outil de la domination économique et social dans un mode libéral, postocolonial. Comprenons de quoi il s’agit et des conséquences autour de la dîme évaluée à 3,2 milliards de dollars US.
La dîme est le principal pilier de financement de l’Eglise adventiste du septième jour. Elle est une exigence légitimée théologiquement selon laquelle les membres doivent donner 10% de l’ensemble de leur revenu à l’Eglise adventiste du septième jour. En plus de la dîme d’autres dons, appelés offrandes sont laissés à la libre appréciation des membres. Nous l’avons déjà montré dès 2005 ; la dîme apparaît pour financer le fonctionnement de la SDA qui connaît une forte croissance, fin du XIX et début du XXè siècle. Elle stabilise les ressources économiques afin de payer les pasteurs qui, pour nombres, vivaient dans une précarité. Comme pour d’autres choix polémiques elle s’impose charismatiquement et par des démonstrations théologiques a postériori. Dans la profession de foi adventiste, le nouvel adhérent indique son adhésion à la dîme.
Aujourd’hui j’observe de manière récurrente dans les entretiens une poussée des postures réfractaires vis-à-vis de la dîme. Même s’ils ne le clament pas, des adventistes incontestablement de plus en plus nombreux, rejettent la dîme. Récemment, dans son manuel de formation continue de ses membre l'Eglise adventiste introduisait l'idée d'une deuxième dîme. Indiscutablement, cela a ravivé les critiques et amplifié les rangs des réfractaires. Surtout cela intervient après l'affolement adventistes de voir les dons reculer avec l'avènement en France de l'impôt à la source. Nous en avons déjà parlé dans deux précédentes notes (ICI et ICI AUSSI).
Regardons les raisons qui résument provisoirement les raisons pour pour lesquelles des membres adventistes interviewés manifestent un rejet de la dîme. Dans un autre note nous reviendrons sur une dernière raison.
L’Eglise adventiste du septième jour en France tire une large partie de son dynamisme de l’Outre-mer. Cependant la Réunion ne se distingue pas comme une terre particulièrement réceptive à l’Eglise adventiste. Sur les 866 000 réunionnais l’Eglise adventiste déclare 1 480 membres. Cela en fait une église extrêmement minoritaire. De plus, l’Eglise adventiste à la Réunion a été marqué par une instabilité et une exposition médiatique négative en raison d'un de ses ex pasteurs interpellé pour viol et un autre dans une affaire de trafic de drogue. (Voir : 974)
L’ouvrage que vient de publier Daniel Milard, adventiste et personnalité de renom en Martinique, montre à quel point l’intérêt pour l’Eglise adventiste du septième jour devient de plus en plus vif. Et tant mieux car cela permet à l’ensemble du corps social de mieux appréhender une offre religieuse qui participe à la structuration du vivre ensemble en Martinique.
Différentes revues spécialisées et scientifiques me proposaient de réaliser une recension de l’ouvrage de Daniel Milard après avoir reçu une première très négative d'un confrère. Je viens de plutôt opter pour une recension en accès libre sur les Archives ouvertes des sciences sociales bientôt. En effet, ma recension venait confirmer des critiques qui mettent en évidence des manques graves de l'ouvrage. Inutile d'alimenter le fonds d'une revue avec cette recension. Toutefois, la seule existence de l'ouvrage de Milard dénote un besoin d’analyse, de mise en perspective de l’adventisme au sein de la société martiniquaise. Ce travail initié surtout par Raymond Massé, ici poursuivi par Milard est un chantier à réaliser. Bien qu’accueillant avec circonspection ce travail, surtout en raison des imperfections liées à l’absence de méthode, il faut saluer l’ouvrage de Milard qui repose la question de la perception mouvante de la laïcité en terre martiniquaise. Nous espérons que c’est ce dernier point qui marquera malgré un manque évident de méthodologie scientifique qui fait que nous sommes en présence d'un ouvrage dont les apports sont inférieurs aux extrêmes imperfections.
Donnie a assassiné sa femme par asphyxie après avoir placé dans sa gorge un sac en plastic en 1984! Sa conversion à l'Eglise adventiste a fait grand bruit. Il en est devenu un responsable local dans le Tennessee. Le gouverneur Bill Lee a annoncé qu'il appliquera la décision.
Le cas de Donnie est très intéressant. Il a mobilisé les communautés adventistes aux USA mais aussi les Evêques catholiques, les responsables de divers communautés évangéliques en plus des mouvements abolitionnistes. Ce cas est emblématique. En effet, il a conduit l'Eglise adventiste à une collaboration tacite avec de nombreuses organisation religieuses. Dans le Tennessee, des prières communes ont été organisé. Des sabbats ont été consacré à réaliser dans des églises des prières dite d'intercession en faveur de Donnie. La fille de la victime a déclaré pardonner à Donnie et s'est rallier à la demande de clémence pour celui qui anime des rencontre adventiste en détention.
Bien que cela ne semble avoir d'effet sur Bill Lee, la collaboration tacite a été l'occasion pour nombres d'adventistes d'amplifier la collaboration avec d'autres groupes religieux et des militants abolitionnistes non religieux. On est bien loin de la vision de l'adventisme dans certaines zones géographique (Afrique, Amérique du Sud, Antilles françaises...) où tisser des liens avec les autres groupes religieux est toujours une question sensible.
Tahiti Infos, nous apprend la tenue d'une grève ce 14 mai dans l'enseignement à Tahiti dans le secteur privé . Elle semble très fortement mobilisée. L'article indique le soutien de l'Eglise adventiste mais la non participation de son personnel d'enseignement à cette grève pour des raisons confessionnelles.
La réponse montre la difficulté pour une organisation religieuse à construire une position dynamique dans la société. En effet, les personnels soutiennent ici la grève, mais n'y sont pas acteur. Etre acteur dans une action protestataire est en effet loin des canons historiques de l'adventisme. Elle a construit une partie de son histoire dans une vision pacifiste sans participation à des mouvements de protestation à caractère "politique" (au sens large).
Contribuer au changement social, tout en gardant des distances avec ladite société dans son expression politique est un défi. C'est le difficile équilibre que tente de maintenir l'Eglise adventiste du septième jour. Le risque évidemment est de créer des insatisfactions chez les protestataires qui peuvent définir l'Eglise adventiste comme celle qui décroche le "ticket gratuit" selon l'expression sociologique, c'est-à-dire fait défection tout en bénéficiant des apports de la mobilisation des autres. En interne la question de "faire entendre aussi sa voix" commence à poindre sans remoud. Mais certainement, elle reviendra surtout à Tahiti où la problématique identitaire se ravive
Le prélèvement à la source installe depuis ce mois de janvier de nouveaux repères. Les associations ont interpellés le gouvernement. En effet, elles craignaient que la baisse des revenus nets entraînerait des économies des ménages qui réduiraient les dons aux associations. Pour répondre à cette question le gouvernement a rassuré en indiquant le maintien de la déduction fiscale liée aux dons aux associations. De fait, des ménages perçoivent à compter de ce 15 janvier 2019 un acompte sur les dons qu’ils font aux associations. Plus largement, les instabilités qui se dessinent avec l’impôt à la source dans les groupes religieux, et ici l’Eglise adventiste du septième, ravivent une mise à distance de l’Etat. Mais là n’est pas la question pour l’instant.
Avec le prélèvement à la source les ménages peuvent avoir l’impression d’une baisse de leur revenu disponible en constatant percevoir un salaire net plus faible ou des pensions de retraites moins grandes. L’inquiétude est simple : les dons vont-ils décroitre ? Toutes les associations (cultuelles, culturelles et surtout humanitaires) le savent : les dons sont des actions particulièrement élastiques au sens des économistes. Cela signifie simplement, qu’une simple variation des revenus, des prix ont des conséquences sur le niveau des dons. Dans l’Eglise adventiste cette inquiétude se traduit concrètement par une crainte d’une baisse des de la dîme (10% des revenus demandés aux membres), des offrandes (des dons libres, dont la proportion par rapport aux revenus n’est pas fixée), et toutes les autres formes légales (legs…). Comme maintes associations, des fédérations d’églises adventistes mènent des évaluations sur les pertes éventuelles de dons.
Avec la pratique de la dîme la crainte est de voir une diminution d’une ressource essentielle de ressources pour financer le développement adventiste et son personnel. En ce sens, la Fédération France Nord (F.F.N) a réalisé une vidéo pédagogique qui fait polémique. Elle rappelle en bref que la mise en place de l’impôt à la source n’impacte pas le niveau des dons à réaliser (VOIR MA PRECEDENTE NOTE). La vidéo trahit une inquiétude sur le maintien des revenus de la F.F.N. Les détracteurs se sont mobilisés sur les réseaux sociaux, pasteurs compris, pour dénoncer la priorisation de la sécurisation des revenus de la structure adventiste au détriment des difficultés que vivent économiquement les adventistes. Il faut dire que dans la forme, l’unique insistance sur la démonstration visant à dire aux membres de continuer à payer le même niveau de dîme, dans un groupe religieux, généralement le jour de l’office hebdomadaire, le samedi, n’a certainement pas été conçue avec habilité. Une bonne cellule de communication aurait anticipé les incongruités.
Le prélèvement à la source est source de grandes inquiétudes dans les associations et donc dans les groupes religieux également. Dans le cas adventiste ou la dîme est pratiquée elle a donnée lieu à l'action pédagogique de la Fédération France Nord au travers d'une vidéo, soulignant que le prélèvement à la source n'impacte pas le niveau de la dîme. Les réactions ont été vives et à ciel ouvert. Dans cette première note, je vous laisse prendre acte du débat, puis j'en ferai un léger commentaire dans la note suivante.
Réaction d'un pasteur très révélatrice de la perception des membres
Depuis ses débuts la SDA est traversé par des débats internes. Celui initié par Joseph Bates permis l'adoption du sabbat comme élément doctrinal central (Sergio Becerra, 2001). D'autres débats furent menées dans une extrême tension et conduisirent parfois à des scissions.
La doctrine de la « justification par la foi »
En 1888, s'opposant aux principaux dirigeants de la Conférence général lors du synode de Minneapolis, le binôme de jeunes pasteurs Alonzo Trevier Jones (1850-1923) et Ellet Joseph Waggonner (1855-1916) firent évoluer la théologie adventiste en faisant acter la doctrine de la « justification par la foi » et non par la loi au sein de l'adventisme, fort du soutien d'Ellen White. Cette évolution se fit dans un cadre de tensions car les leaders historiques privilégiaient les signes de distinction avec les autres groupes protestants au détriment des points théologiques qui risquaient d'établir des convergences, à l'instar de la doctrine de Jones et Waggonner. Cependant, son important impact fait de 1888 une date fondatrice de la doctrine adventiste (Maurice Verfaillie, 2011, p. 115).
Jonh Karvey Kellog
Le Dr John Harvey Kellog (1852-1943) inventeur des Cornes flakes domina l’action médicale adventiste durant trois décennies. Avec l’aide des dirigeants adventistes, il créa l’École d’hygiène (en 1877), l’Association américaine de tempérance et de santé (1878), l’École de formation des infirmiers (1883), l’École d’économie domestique (1888), le Collège médical missionnaire américain (1895) et l’École normale d’éducation physique (1909) afin de former des centaines de professionnels de la santé. Kellogg présida pendant dix ans (1893-1903) l’Association adventiste missionnaire médicale et de bienfaisance (fondée en 1893), qui durant cette période, construisit des établissements de soins. Panthéiste, Kellog quitta la SDA suite à un profond désaccord sur la gestion des établissements de santé et son goût pour les théories eugénistes. Il fonda avec l'économiste Irving Fisher (1867-1947) et le biologiste Charles Davenport (1866-1944) la Race Betterment Foundation (la fondation pour l’amélioration de l'espèce humaine). L'engagement de Kellog pour les minorités sociales et ethniques surtout noires furent conséquents. Cependant les travaux de la Race Betterment Foundation seront repris et réorientée par l'Allemagne nazie (Brian Wilson, 2014). Le départ de Kellog avec des infrastructures de santé, a conduit la SDA à centraliser la gestion de ses structures pour éviter de nouvelles pertes de ressources importantes (Fabrice Desplan, 2005)
Des scissions diverses à l'international.
En 1925 un premier schisme verra des membres quitter l'Eglise adventiste du septième jour pour former L'Eglise adventiste, mouvement de réforme. En 1929-1930 puis 1950 deux vagues de dissidences se firent pour former les davidiens. Ces derniers deviendront tristement célèbre lors de la tuerie de Waco dans le Texas en 1993. Dans nombres de pays la croissance adventiste s'accompagnera de départs majeurs. Les plus importantes furent liées au choix de la SDA d'établir des rapprochements avec d'autres groupes religieux. Tel fut le cas en Hongrie en dans les années 70 où des cadres et des centaines d'adventistes refusèrent le rapprochement avec le Conseil des Eglises Libres, impulsé par le régime communiste. Ils fondèrent l'Eglise KERAK. En 2015, les 600 membres de l'Eglise KERAK ont réintroduit la SDA après une période de dialogue et des excuses officielles de l'Eglise adventiste1. D'autres scissions importantes ont lieu au Burundi (Jean-Pierre Chrétien et Melchior Mukuri, 2002)2, au Venezuela où le fondateur de l'Association Israelita, Ézéchiel Ataucusi Gamonal, a été expulsé de la SDA en 1956.
En France
En 1982, en Polynésie Française une scission entraîna la création d'une Fédération adventiste dissidente (Bruno Saura, 1998). Les fractures dans l'Eglise adventiste s'expliquent toujours par des relations interpersonnelles principalement. La divergence doctrinale est un facteur secondaire. Il n'est pas rare de constater qu'elle est la manifestation des effets d'autres variables comme la culture, la catégorie sociale, le niveau de formation, la construction biographique, le type de conversion, etc. Il en va de même pour les tensions autour de la place d'Ellen G. White ou la vive opposition autour de l'ordination des femmes (sujet sur lequel la France connaît quasiment pas de remous).
Le sujet clivant qui traverse la France demeure le rapport aux autres institutions religieuses, y compris protestantes. L'adhésion à la Fédération Protestante de France de 2006 s'est réalisée au prix du départ de pasteurs adventistes vers des pays où la SDA se développe en autonomie (Richard Lhemann, 2008). La prise de position de l’Église protestante unie de France (EPUdF) membre de la FPF en faveur du mariage homosexuel a réactivé en 2015 les critiques de membres sur l'appartenance de la SDA à la FPF. Conscient de sa position extrêmement minoritaire en France, des cadres insistent pour des rapprochements avec des groupes protestants plus conservateurs et en phase avec les positions éthiques adventistes. Ainsi un dialogue soutenu avec le Conseil National des Evangéliques de France (CNEF) est entretenu.
Les questions sur les évolutions des formes de conjugalités restent un sujet de débat non explicite et source de lecture très différentes dans l'adventisme. Même si la tendance reste à une préférence pour le mariage comme cadre de développement familial, dans les faits la montée du concubinage, des séparations, du divorce, au sein de la SDA interroge. L'initiation même d'un cadre d'analyse de l'homosexualité est source de tension. Il y a quelques années, la rédaction d'un article sur le sujet par l'ancien doyen de la Faculté adventiste du théologie a montré les grandes sensibilités autour de la question.
Que montre cet éventail incomplet ? L’Église adventiste doit être approchée comme un espace dynamique sur le long terme, même quand elle donne l’impression (volontairement ou non) d’être arc-boutée. L’un des fondateur de la SDA, James White, était opposé à la construction d’une doctrine normative, perceptible aujourd’hui dans les 28 vérités fondamentales de l’Église adventiste. Il n’était pas emballé par la croyance en la Trinité et d’autres points forts de la SDA. Comme le souligne l'historien adventiste George Knight "aucun des leaders fondateurs de la SDA se reconnaîtraient dans l’Église adventiste" en 2019. Certainement ils refuseraient d’y adhérer ! L’Église adventiste est donc un espace religieux en mutation permanente et les conflits sont aussi des facteurs de son évolution. Ils obligent surtout les adventistes à devoir développer beaucoup de recul sur eux même; mais là est un acte extrêmement compliqué et donc rare et peu encouragé.
1Voir; [https://news.adventist.org/fr/toute-lactualite/actualites/go/2015-05-04/adventist-church-in-hungary-reconciles-with-breakaway-group-after-40-years] consulté le 21/05/2016
2Voir ; Jean-Pierre Chrétien et Melchior Mukuri, Burundi, la fracture identitaire - Logique de violence et certitudes "ethniques", Karthala, 2002.
Le rapport à l’Etat est aussi requestionné par les gilets jaunes avec le Référendum d’Initiative Citoyenne. Les tutoriels se multiplient sur YouTube pour l’expliquer. Il révèle toutefois un besoin de traverser les législatures par plus de liens entre citoyens et politiques.
Sur le rapport à l’Etat un début de solution existe et me semble simple. Il ne répond pas à toutes les questions, mais devrait être regardé sereinement. De quoi s’agit-il ; de la déconnexion entre élection présidentielle et élection législative. Avec l’adossement des législatives à la présidentielle, le quinquennat devient trop facilement un kit de la toute puissance présidentielle. Les députés sont aux pas, le sénat une « basse chambre basse ». La déconnexion de l’exécutif avec la populace devient inéluctable.
En faisant des législatives des élections de mi-mandat à la française, cela aurait pour avantage de rééquilibrer le quinquennat et la Ve au bénéfice de dêmos. C’est connu: le pouvoir n’a d’hygiène que si les urnes et non la rue forment une épée de Damoclès au-dessus des décideurs, en jugulant le populisme. Il faut revenir à cela. A défaut la légitimité se déplace logiquement dans la rue. Organiser ce changement n’est pas simple avec le pouvoir de dissolution et les télescopages de calendriers électoraux. Mais là ce sont des questions techniques visiblement élémentaires pour les constitutionnalistes. L’imposition de législatives obligatoirement deux ans par exemple après la présidentielle est une piste, quitte à interrompre des mandats.
La démocratie française a besoin de respiration et d’encrage. Les midterms à la française seraient un début de discussion de solutions rapides et concrètes. Elles n’éliminent évidemment pas les autres pistes et même restent compatibles avec toutes sans exception (si on fait abstraction de l’anarchie).
L’expression de « créatifs culturels » est une proposition popularisée par Paul Ray. Groupe théorique, dont la conscience d’appartenance est relative ou inexistante, il est composé d’individus qui œuvrent pour le changement de valeurs sociales. Certains s’organisent en groupes de pressions, mais la grande majorité des créatifs culturels sont des isolés, dans leurs actions, pratiques, voir croyances. Ils sont des avant-gardistes de l’évolution de la société. Les créatifs culturels ont été formalisé par Ray autour de quelques points généraux que sont :
Certains créatifs ont une influence spirituelle. Ils forment l’essence sociographique de ce mouvement. D’autres, sont moins influencés par le spirituel. Les spiritualistes sont des descendants d’une multitude de mouvements voulant la réforme de la société. Mouvements utopistes, religieux, réformateurs, hygiénistes, déistes, communistes, libertariens… sont des influences non exhaustives.
Depuis Max Weber nous savons que le religieux est un espace d’expression de la rationalité. Le religieux anime la rationalité par des actes et des croyances dont la finalité est l’obtention du salut. On peut bien parler de rationalité car les actions sont construites logiquement, se légitiment par expérimentation et laissent la place à une évaluation. Plus que le bien fondé qui n’intéresse pas le sociologue il y a la structure de penser et d’agir.
Il est indéniable que dans l’offre religieuse, l’Eglise adventiste du septième jour se démarque encore, même s’il y a là une perte de vitesse, par des actes rationnels. Surprenant pour certains, mais empiriquement vrai, l’Eglise adventiste du septième jour offre un équilibre entre rationalité scientifique et quête du salut. Le développement en son sein d’actions de préventions sanitaires par des professionnels de santé ou encore l’engouement pour le développement de la sont des exemples probants. Cela fait écho à l’histoire adventiste où le déisme scientifique a été un levier majeur de Miller à aujourd’hui.
Ce cadre a été longtemps un rempart contre les fausses informations vérifiables. Des communautés locales avaient un protocole strict de vérification des contenus des discours des individus qui avaient une responsabilité dans le groupe. Il est vrai que l’objet était avant tout de vérifier la compatibilité entre ce qui serait dit et les croyances officielles adventistes. De plus, pour grand défaut, ces protocoles empêchaient une flexibilité, une adaptation face à la rapidité des questions sociales. Mais, le glissement vers des expressions émotionnelles marque un retournement. Je l’ai déjà indiqué en notant que l’évolution de la structure même du programme adventiste le sabbat illustre ce glissement où la rationalité perd de sa place.
Lors d’une observation de terrain il y a quelques mois, j’écoutais dans une communauté adventiste une responsable de l’enseignement des enfants raconter une histoire. Visiblement plus que l’histoire, c’est l’envie de convaincre les enfants et l’assemblée qui prévalait. En effet, la conteuse relata (si ma mémoire est bonne au Brésil) qu’un lion élevé en captivité avait préféré se détourner du lait et d’aliment carné et opter pour des légumes. Preuve était faite selon elle du bien fondé du régime alimentaire végétalien et des positions adventistes sur l’hygiène alimentaire. Vous devez penser que je caricature. Ben non. Heureusement que je prends des notes !
Ce qui m’a surpris, c’est que cela se déroulait dans une ville qui est un pôle universitaire avec des facultés de médecine et de vétérinaire ! Evidemment la légèreté de la démonstration fait rire, mais elle fut diffusée. Pire, non remis en cause et exprimée devant toute une assemblée.
Que montre cela ? L’absence de rigueur minimale dans l’enseignement a fait passer l’objectif de l’enseignement au détriment de la démonstration. Et là est un ressort des Fake News. Peu importe les moyens, la fin est la priorité. Et d’ailleurs, plus c’est gros, plus cela passe (au moins en apparence).
En devenant de moins en moins exigeante sur le fond et la forme de son enseignement, la SDA laisse entrer les jalons, les repères cognitifs qui par la suite seront des booster de fake news. L’allongement de la durée des programmes et la place de plus en plus grandes aux convocations émotionnelles font de l’adventisme dans certaines communautés (je pense que le phénomène se généralise) une religion qui perd une de ses valeurs ajoutées à savoir un discours religieux dont la construction se cimentait rationnellement. Finalement, de plus en plus de discours et de situations qui se développent dans l’Eglise adventiste du septième jour confirment ce que savent les sociologues depuis longtemps : un groupe religieux est surtout un groupe religieux parce que social, c’est-à-dire qui connait les mêmes réalités et problèmes que l’ensemble de la société.
Cette vidéo sans commentaire qui fait bien comprendre la grande parenté africaine du Gwo Ka, élément du patrimoine immatériel mondial de l’humanité.