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Rechercher : religion de la santé

  • Petite brève sur plus de 160 ans de présence adventiste dans la presse française.

    Archives, Presse, Eglise adventiste du septième jour

    L'Eglise adventiste du septième jour apparaît dans la presse dès le XIXe siècle en France. En 1852 dans le journal catholique L'ami de la religion du Roi, journal de revue ecclésiale (1814-1862), Henry de Courcy présente la SDA comme une secte qui remporte la palme du produit le plus honteux du protestantisme (p. 504).

    Les journaux Le temps (Numéro 6590 du 7 mai 1879) et Le Gaulois (numéro 3298 du 9 septembre 1891) relatent l'installation de l'Eglise adventiste du septième jour en notant la modernité des stratégies de communication adventistes. Les tentes adventistes qui hébergent le public, le professionnalisme de l’installation, la capacité à communiquer étonnent. Globalement, la presse note l'insistance adventiste à observer le samedi comme jour de repos. Cet attrait « exotique » de la SDA attire l’attention.

    Les journaux soulignaient le refus d'adventistes de participer aux activités militaires le samedi malgré des condamnations de tribunaux. Juste avant la Grande guerre, La Croix relate une condamnation en Allemagne d’un adventiste objecteur de conscience. (La Croix, 8532 13-01-1911, La Croix, 9509 du 15-03-1914, Le Journal 7789 du 23/01/1914, Paris-soir 4600, du 29/01/1936…). Ceci permet de souligner que Desmond Doss rendu célèbre dans le film de Mel Gibson Tu ne tueras point (2016) n’était pas l’unique adventiste ayant du subir des brimades au sein d’une armée lors de conflits mondiaux. Ce fut également le cas pour maintes de jéhovistes.

    Le quotidien parisien Le Matin (1884-1944) dans son édition du lundi 4 février 1895, reprend dans une brève intitulée « Suprématie de la loi civile » la confirmation en appel, par le Conseil Fédéral Suisse, à des amendes les adventistes qui refusent de scolariser le samedi leurs enfants. Le Matin décrit en 1930 le baptême par immersion pratiqué par les adventistes. Cet autre « exotisme » adventiste fait plus que surprendre. Le journal le qualifie de « pittoresque ». Le Parisien dans une tentative d’analyse du rite baptismal par immersion indique l'étrangeté de l'immersion en notant toutefois qu'il s'agit d'une pratique répandue bien que globalement inconnue en France (Le Parisien 12030, 6/10/1909).

    La SDA est donc initialement décrite dans la presse comme une secte en tension avec la société globale. Des journaux y voient une pratique américaine surgeon du fondamentalisme religieux. Cette image va persister mais sera enrichie par un adventisme qui répond à des attentes sociales. En effet, la SDA a été plus récemment présentée dans les médias en France au travers de ses actions sociales (ADRA), sa maison de retraite, ses manifestations culturelles et cultuelles, ses participations à des activités interconfessionnelles. Ses responsables participent à l'émission Présence protestante de la FPF et des radio confessionnelles chrétiennes. La perception de l'adventisme dans les médias français a toutefois souffert d'un fait-divers en 2011 où des individus se réclamant de le SDA furent interpellés puis condamnés en 2014 pour des faits de torture par exorcisme. Cependant l'image de l'adventisme semble rester discrète et positive.
    A l'échelle internationale, la présence du célèbre neurochirurgien adventiste Ben Carson et de Ted Cruz, sénateur (époux de Heidi Cruz femme adventiste), face à Donald Trump pour les primaires républicaines aux USA en 2016 a remis la SDA en avant plan, sans pour autant changer sa perception en France (Fabrice Desplan, 2016).

    L'intérêt adventiste pour la santé a été très souvent souligné par la presse. Reprenant l'étude Adventist Health Study 2, la revue Sciences et vie1 indique que l'espérance de vie des végétariens est supérieure de 10ans par rapport aux individus ayant un régime carné. En juin 2013, le journal Le Monde2 remarquait la centralité de la santé dans le discours adventiste. Le Figaro santé soulignait le 21 juin 2016 que :

    L'un des premiers bénéfices identifié dans une vaste étude scientifique le fut dès 1984, dans l'American Journal of Epidemiology, après vingt années d'observation de plus de 27.000 Californiens membres de l'Église adventiste du septième jour. Des protestants dont l'hygiène de vie recommande le végétarisme ou, à défaut, l'alimentation la moins carnée possible, mais aussi de ne pas boire, ne pas fumer et de faire de l'exercice. Un bon terrain d'étude pour les épidémiologistes qui souhaitaient isoler le paramètre «viande ». Résultat: une mortalité coronarienne (cardiaque) supérieure de 60 % chez les consommateurs quotidiens de viande par rapport à ceux qui en mangent moins d'une fois par semaine.

    Que retenir ? Si vous avez lu le dernier chapitre de mon lire Regards croisés sur l’Église adventiste du septième jour, la SDA reste peu abordé par la presse et reste un objet de curiosité. Cependant depuis son installation en France comme le montre 164 ans de presse écrite, elle est une organisation religieuse qui globalement est décrite comme porteuse de valeurs ajoutées. La santé, l’éducation, l’intérêt porté à la Liberté religieuse et de conscience, sont des arguments non exclusifs rapportés par la presse pour souligner l’originalité, la valeur ajoutée de la SDA.

  • L’écologie politique: une réécriture de l’écologie adventiste.

    écologie politique.jpgLes études des sociologues ont démontré durant tout le XXe siècle que l'on ne peut pas opposer modernité et religion. L'une influence l'autre. Les valeurs religieuses ont participé à faire émerger la modernité. De son côté la modernité a accentué une distance avec les institutions religieuses. Mais il y a des points sur lesquels les problématiques récentes de notre société ne font que relancer des acquis religieux anciens. Tel est le cas de l'écologie politique. Les écolos seraient peu à être d'accord, mais en de nombreux points l'écologie politique est une réécriture de croyances religieuses.

    Ecologie politique 02.jpgEn France les Verts y ont ajouté des questions sociales et éthiques distante de la religion comme le mariage des homosexuels. Mais si on regarde les fondamentaux que l'écologie politique ils sont communs à des positions religieuses. Une meilleure gestion des ressources, le souci des générations futurs, faire de la bonne gouvernance écologique un moteur de croissance, ou encore une amélioration des relations entre les générations sont des points forts de l'écologie politique présents dès les premières heures du judaïsme. Mais aujourd'hui, c'est certainement l'Eglise Adventiste qui est une meilleure représentante de la présence de valeurs religieuse dans l'écologie moderne. On le sait grâce aux nombreuses études américaines et une simple lecture de la profession de foi adventiste, les membres de cette église ont une plus grande espérance de vie quand ils appliquent les préceptes adventistes. Nous l'avons déjà dit sur ce blog, l'adventisme sensibilise grandement ses membres aux problématiques sanitaires et écologiques. C'est en ce sens que j'ai parlé d'une religion de la santé (on peut dire la même chose sur l'éducation). Prohibition de drogue, d'alcool et de tabac, encouragement à l'exercice physique, apprentissage du respect de la nature, le souci de minimiser l'empreinte écologique, l'éducation à la santé, et j'en passe car la liste est longue. L'adventisme créera tout un univers de sens pour sensibiliser ses membres. Il parlera de Gestion chrétienne de la vie. Le libellé est très explicite et a été repris dans les discours écologiques. La gestion chrétienne de la vie n'est rien d'autre que l'Ecologie politique ! Que retenir ? Simplement ce que disait Jean Séguy en 1993 concernant l'adventisme : « les adventistes du septième jour constituent un groupe religieux qui tend à intégrer les principes de l'éthique protestante à ceux de l'éthique sociale et environnementale ». De fait, Jean Séguy parlait « d'Ecologisme adventiste ». Sur ce point, Pierre Cabant note dans sa thèse de doctorat sur « L'Ethique de l'environnement adventiste » que « le concept adventiste de gestion chrétienne de la vie semble préparer les répondants adventistes à intégrer les trois valeurs de base, telles que la sauvegarde de l'environnement, l'équité sociale et le progrès économique, tout en se fondant sur les valeurs religieuses propres à leur confession. Les valeurs sociales et éthiques de l'adventiste n'entreraient pas en conflit avec les objectifs du développement soutenable ».

    Ecologie politique 03.jpgCela me permet d'insister sur le fait que l'adventisme en intégrant la Fédération Protestante de France contribue à orienter le protestantisme français vers les préoccupations sociales et environnementales. Ce n'est pas une nouveauté, mais les conceptions adventistes sont les plus en phases avec les défis de l'écologie politique. De fait, l'adventisme est aussi une réponse religieuse ancienne, pertinente aux questions écologiques. Voici qui conduit à affirmer que les enjeux de la modernité ne s'opposent pas en permanence avec les propositions religieuses. Il y a des ponts entre les deux. L'adventisme en est un. Sans jeu de mots négatif il permet une véritable mise au vert de la religion à une époque où l'on voit rouge quand on parle de religion.

  • Education Thérapeutique du Patient (II). On vient de loin...

     

    (Extraits de formation en ETP pour professionnels de la santé et de cours de sociologie de la santé du nouveau référentiel infirmier)

    Hopital Patients Santé Territoires, Education Thérapeutique du PatientChaque époque de l’histoire a ses maladies. On le sait aujourd’hui, certaines d’entre elles existent depuis l’Antiquité voire la préhistoire car on en a retrouvé leurs traces sur des ossements dans des sites préhistoriques. L’évolution des maladies, que ce soit en termes de représentation sociale (c’est-à-dire la manière dont des individus ou groupes sociaux se représentent la santé), de guérison est le fruit de bouleversements qui ont touché nos sociétés au cours de l’histoire. L'accompagnement global qui peut être offert au patient en impliquant son entourage est un héritage de cette histoire et de différentes influences. Nous évoquions la dernière fois partiellement la religion. Mais il n'y a pas qu'elle. En effet, il suffit de parcourir l’histoire de la médecine pour découvrir que bien des idées médicales d’aujourd’hui sur la maladie ne sont pas les mêmes que celles de la médecine d’hier et que certaines ne seront pas les mêmes que demain. L'Education Thérapeutique du Patient (l'ETP) en sera affecté. Mais avant de parler de l'ETP aujourd’hui un long chemin a été réalisé par nos sociétés.

     

     

    Avant le succès des sciences médicales, de l'urbanisme ou encore de la pédagogie sanitaire, les sociétés étaient fortement frappées par les épidémies. Celles-ci avaient des effets exponentiels. Des travaux historiques montrent comment la survenue d’une épidémie pouvait modifier le visage d’une région voire d’un pays entier par un nombre élevé de morts brutales, ce qui provoquait de graves déséquilibres démographiques (exemple : les épidémies de peste ou de lèpre). Néanmoins, la peste et la lèpre étaient loin d’être les seules à opérer des ravages et à décimer des populations. L’histoire témoigne d’autres épidémies aux conséquences tout aussi ravageuses :

    • la variole (maladie infectieuse. Louis 15 en est d’ailleurs mort)

    • la syphilis (infection sexuellement transmissible, populairement appelée « grosse vérole ». Selon les croyances de l’époque, elle aurait été amené par les soldats revenant d’Amérique. Les symptômes que cette maladie présentait à l’époque était assez terrifiants : ils se traduisaient par un pourrissement de la chère, l’apparition de pustules sur le corps et le visages. Il s’agit d’ailleurs d’une maladie qui au cours des 16 et 17e siècle un climat de suspicion autour de ce qui touche à la sexualité : on multipliera le nombre d’interdits sur le sexe par des mesures répressives, on observera des règles qui restreignent les contacts physiques, la promiscuité entre les corps. C’est une maladie qui servira d’appui aux modèles culturels qui préconisent un auto-contrôle, « une civilisation des mœurs ».Voir ELIAS)

    • la malaria (synonyme de paludisme. Maladie transmise par la piqûre de moustique)

    • la tuberculose, la coqueluche (maladie infectieuse qui se caractérise notamment par une toux)

    • la rougeole (maladie virale), etc.

     

    Ces épidémies d’autrefois nous renvoient donc à un régime particulier de la maladie comme étant un phénomène collectif. C’est-à-dire qu’au cours d’une épidémie, un individu n’était pas malade seul, l’entourage l’était également dans tous les cas (généralisons!).

    L’impuissance médicale étant presque totale, certains médecins affirmaient que « tout cas de peste est incurable ». Les médecins s’en tenaient donc essentiellement à des mesures prophylactiques (c’est-à-dire relatives à la prévention) qui avaient traits surtout à la crainte de Dieu et non à des mesures curatives. Ceci tient en partie au fait que la maladie épidémique était conçue (dans les représentations sociales de l’époque mais aussi dans la réalité) comme une mort collective et non comme une maladie individuelle curable.

    Il faut savoir que la médecine de l’époque n’était pas celle que l’on connaît aujourd’hui. L’Eglise considérait la médecine comme une science secondaire. Jusqu’au 18ème siècle, la médecine en tant que science a dû se défendre des abus de l’Eglise et était empreint à un lien forcé avec la théologie. Les prêtres se pressaient aux lits des malades et tenter de démontrer l’efficacité de leurs prières. Lorsqu’un médecin parvenait à guérir réellement un individu, la guérison était expliquée religieusement. Par contre, si le traitement échouait, c’est le médecin qui était tenu pour responsable ainsi que le manque de confiance en Dieu. Les médecins étaient aussi bien souvent l’objet de terribles mesures au lendemain d’épidémies (on les accuse par exemple d’avoir répandue la peste afin de s’enrichir, afin d’inciter la population à avoir recours à leurs services). Durant les années ou subit le choléra (1830) les médecins sont aussi très fréquemment victimes d’agressions. Bref, on a assisté à leur encontre à des scènes d’une violence considérable).

    Aussi, les médecins de l’époque avaient à faire face à une autre rivalité : à l’exercice des charlatans, des magiciens et des alchimistes.

    Les réponses qui ont été progressivement mises en place face à la contagion ont surtout été des mesures répressives vis-à-vis des malades. Elles visaient à isoler les malades, à les mettre en quarantaine, à boucler les quartiers ou les villages atteints par une épidémie.

    En effet, la maladie à l’époque, notamment la peste (du latin pestis qui signifie fléau, épidémie), terrorisait les populations. La peste signifie souvent la mort brutale qui survenait dans un délai de quelques jours voire de quelques heures. La lèpre (du Grec Lepros qui signifie écailleux), à la différence de la peste, est une maladie au long cours qui rongeait lentement les corps et entraînait une autre réaction : la séparation ou la mise hors du monde à laquelle les individus atteints ne pouvaient échapper.

    Dès l’Antiquité, la Lèpre est présente dans trois foyers : l’Inde , la Chine et l’Égypte. Dès le VIè siècle, sans même que l’idée de contagion soit clairement conçue, le lépreux est reconnu comme étant dangereux ; il est condamné. La mort est pour lui la seule sentence. Néanmoins, elle devient relativement commune chez nous (en occident) aux alentours des 12ème et 13ème siècles. C’est un peu plus tôt (vers le 11è siècle) que les malades de la lèpre commence à être soumis à une ségrégation. En effet, le lépreux faisait peur, l’image qu’il donnait inspirait la répulsion : la lèpre pouvait modifier l’apparence des individus voire les mutiler. Il inspirait la peur donc il devait être enfermé. Dans la conception dominante (notamment sous l’influence de l’église), le mépris et l’exclusion qui frappait les lépreux n’étaient qu’une interprétation de la volonté divine (car dans la pensée collective le lépreux était frappé par cette maladie en punition de ses péchés). En quelque sorte, les lépreux n’était plus considérés comme des hommes, ils incarnaient le mal, le diable et ne méritaient aucune compassion. La faute principale dont on les accusait était la luxure et ils devaient être isolés pour ne tenter aucun chrétien. Ils étaient également tenus pour responsables de certains événement, certaines calamités qui frappaient telles que les intempéries, etc. Ils devenaient alors des boucs émissaires et on envahissait des léproseries pour les massacrer. Le premier stade du repérage de la maladie tenait de la dénonciation. En effet, si quelqu’un remarquait des stigmates de la maladie, une maladie de peau chez un parent, un voisin, il se trouvait dans l’obligation de le signaler à une autorité. L’autorité en question convoquait alors un tribunal qui désignait ou non l’individu comme étant un lépreux (ou un ladre). Il est alors rejeté de la communauté, il est dépouillé de ses biens et ne vit plus que de la charité publique. : « Les lépreux inspiraient une crainte terrible qui conduisait à les traiter d’une manière inhumaine. Les suspects de ladrerie étaient examinés par un représentant de l’évêque ou par un jury dont faisaient partie des lépreux-experts, et à une époque plus tardive des médecins ou des chirurgiens. Celui qui était reconnu ladre était, en France et dans les Flandres, soumis à une cérémonie de « mise hors du siècle » comparable à l’office des morts. Dans tous les pays d’Europe, il se voyait notifier les « défenses » qu’il devrait désormais respecter, revêtait l’habit de ladre et recevait la cliquette, la crécelle ou la cloche qu’il lui faudrait agiter pour prévenir de son approche. Les défenses étaient des règles très détaillées et contraignantes, toutes inspirées par l’idée que la lèpre était hautement contagieuse. Dans certaines régions, le ladre devait renoncer à se marier ou voyait son mariage dissous, parfois aussi ses biens étaient partagés entre ses héritiers. Enfin, il était conduit dans une « maladrerie » ou, à défaut, dans une cabane de bois au bord d’une route. De soin lieu de réclusion, le malade sortait pour mendier son pain, en prenant garde d’observer toutes les défenses à lui faites ».

     

    Dès les 12è et 13è siècles on construit alors de grandes maladreries destinées à y retirer les lépreux. Au sein de ces institutions, la vie était pour l’individu malade très austère. Parfois, il était autorisé à sortir mais au prix de contraintes importantes. Il était soumis à des interdits :

    1) Ne plus entrer dans les églises, les moulins, les tavernes, les fours ou autres lieux publics.

    2) Ne plus se laver les mains, son corps ou ses vêtements dans les fontaines, les ruisseaux ou les rivières qui servent aux habitants.

    3) Ne plus toucher les enfants ou se laisser toucher par eux, ni leur donner des objets trouvés.

    4) Ne plus toucher aux gens lorsque l'on mendie pour vivre.

    5) Porter des habits de lépreux et signaler sa présence en se déplaçant avec une crécelle.

    6) Ne pas toucher les aliments que l'on achète.

    7) Se placer au-dessous du vent pour parler aux gens afin d'éviter de les contaminer.

    8) Ne pas marcher pieds nus pour ne pas contaminer le sol

    9) Il n’assistait que de loin aux offices religieux

    Bref, la liste des interdictions est impressionnante…

    Lorsque la mise à l’écart de l’individu se terminait par sa mort, son corps n’avait pas droit aux obsèques communes. Les obsèques étaient simplifiées et sa dépouille était refusée dans les cimetières des autres chrétiens (non-malades) : il était alors enterré dans une léproserie qui disposait d’un endroit, d’un enclos spécifique à cela.

    On est bien loin de l'ETP. L'avancée du savoir scientifique et le souci d'une prise en charge globale fait que le malade ne peut plus être conçu, y compris en cas d'épidémie comme un problème social. C'est le grand changement que va permettre la science. L'un de ses effets sera une meilleure compréhension des liens entre soignants et soignés d'une part, et d'autre part du souci d'entourer le patient et son entourage pour optimiser sa qualité de vie. Mais là sera l'objet de notre prochaine note.

  • Coup de cœur, revue de blogs.

    Ceux qui me connaissent savent que je suis à la croisée de deux sphères que sont le religieux et les identités nègres en France. Un tel positionnement donne une vision dynamique, non polémique, qui permet de comprendre comment les histoires nègres, avec douleurs, contribuent encore aujourd’hui à construire l’espace républicain français. Je dois vous concéder aussi, que ce prisme (la croisée entre religion et identités noires) enrage face à de graves non reconnaissances que subissent en France les nègres. Ceci dit, nul besoin de répondre par un extrémisme ou un communautarisme.

  • Comment accompagner les différentes expressions culturelles dans une communauté ou tout autre collectif?

    Répondre aux attentes parfois opposées de membres aux cultures différentes dans une communauté n'est pas un défi nouveau. Aujourd'hui, alors que les identités se veulent de plus fortes, l'enjeux devient majeur, y compris dans les groupes religieux. Mon livre Des cultures à la métaculture évangéliqueest une contribution pour répondre à cette problématique.
    L’ouvrage est le fruit d’une rencontre avec les pasteurs adventistes. Invité par le Président Daniel Monachini et le Romanio Eugenio responsable de l’association pastorale des adventistes, j’ai échangé avec les pasteurs de cette fédération sur la culture. Initialement, les organisateurs s’interrogeaient sur les approches à construire pour encadrer des communautés locales qui ont des expressions religieuses très marquées par différentes cultures. Cultures de peuples venant d’autres horizons que la France hexagonale. La question était donc celle du management des cultures. Les échanges furent particulièrement prolifiques et je remercie les organisateurs et participants pour ce moment stimulant. Un management pour les liens dans la communauté mais aussi pour les relations avec l’ensemble de la société.

    Le livre ne se veut pas un kit de solutions clés en mains. Les ouvrages de ce type ont leur intérêt mais n’aident pas à faire face aux problématiques imprévues. De fait, j’ai pris le parti pris, en complément, de longuement présenter les effets de la culture sur nos manières de penser et d’agir. Et cela dans nombres domaines. L’idée est d’inviter les lecteurs à faire un pas de côté. Au-delà des relations entre cultures, le lecteur est invité à découvrir le pouvoir de la culture. Il découvrira qu’il ne suffit pas de réaliser une démonstration pour orienter les comportements et les réflexions. La certitude et la qualité du raisonnement est une chose, mais le terrain qui le reçoit en est une autre. En quelque sorte, mieux le connaître c’est favoriser la construction de consonnances, de compréhensions. C’est ce que fait ce livre en montrant aux clercs qu’il ne faut pas surestimer le discours qu’ils présentent, fusse-t-il religieux. Déstabilisant pour certains. Comme tous autres discours, les croyances religieuses doivent composer avec les influences des cultures dans la structuration des identités, des personnalités.

    Dans un monde où il y a un véritable retour aux cultures locales, tout en restant un espace mondialisé, le pasteur, le manager, le cadre, le dirigeant, le leader, ne peut éviter une bonne connaissance de la culture de ceux qui écoutent. En le faisant, il arrivera à dépasser les freins, les jalons d’une culture pour inviter le locuteur vers l’autre culture, l’autre manière de penser et d’agir qu’il propose. Et cela, sans nuire à la culture de l’auditeur.
    Enfin d’ouvrage, le lecteur est invité à dépasser aussi les notions de multiculturalisme et ses déclinaisons au profit de la transculturalité. Elle intègre le respect mutuel, l’échanges entre cultures tout en valorisant les apports de chacune pour s’ouvrir à « la culture évangélique », nouvel espace de convergence, d’identification, en d’autres termes une métaculture.

    A l’aide de situations réelles issues du monde médical, de communautés religieuses, ou encore du médico-social, le lecteur prend de la distance sur le sujet et découvre concrètement les effets de la culture. Par petites touches, des liens sont tissés avec les réalités ecclésiales. Ainsi chaque lecteur tire des prolongements en phase avec son vécu, ses problématiques, ses défis à réaliser. Chaque pasteur, clerc, managers… découvrent que la culture n’est pas un espace qui justifie l’inaction comme c’est souvent le cas. Ils entreront dans une approche dynamique de la notion de culture. Ils auront ainsi tous les arguments et manières de faire pour répondre aux individus qui justifient une manière immuable de faire en prétextant la culture. Au contraire, une bonne connaissance des fondamentaux culturels est un appui pour impulser le changement.
    L’ouvrage est donc un levier d’action pour les cadres religieux ou autres qui feront de la culture une valeur ajoutée pour atteindre leur mission en fédérant un collectif.

    Fabrice Desplan, Des cultures à la métaculture évangélique,
    Ed. BoD, Nordestedt, 2024.
    125 pages
    Avec le soutien de l'association pastorale des églises adventistes du sud de la France et de son service des communications

    Remerciements à:
    Daniel Monachini, Président de la FEA.S/FACSA Sud
    Romanio Eugenio, Association pastorale
    Laura Monachini, Relecture.
    Laura Bonnefond, Couverture
    Vives gratitudes à Marianne Penner, Service des communications de la FFS et coordonnatrice.

  • Vous parler via Regards Protestants

    Le portail Regards Protestants m'a fait l'honneur d'échanger avec vous sur l'Eglise adventiste et le protestantisme antillais francophone français. Vous y trouverai quelques remarques que je vous invite à prolonger dans vos échanges et réflexions. Ce dialogue est à l'initiative de Sébastien Fath fait vivre le FIL INFO FRANCOPHONIE. 

    Le premier volet fait un zoom sur l'Eglise adventiste du septième jour. J'y mets l'accent sur une sélection d'évolutions et d'enjeux que connaît cette église dans l'Hexagone

    Le second volet est mon regard sur le protestantisme francophone aux Antilles française.

    Je dirai juste une chose en complément, en sourire. Je suis, il est vrai un spécialiste des sujets sur lesquels je suis interrogé. Mais qu'est-ce qu'un spécialiste! Je me rappelle très bien le premier jour où je me suis rendu au GSRL. Le grand Emile Poulat était de passage. C'était aussi un fin connaisseur des millénaristes. Alors, sans hésitation je lui demande de m'indiquer un interlocuteur, spécialiste de l'adventisme pour enrichir ma réflexion. Et sa réponse fut émancipatrice: "Est spécialiste de quelque chose celui qui s'en occupe!." Le message fut reçu. Et c'est là, que j'ai décidé de travailler sur ce groupe dans l'ensemble protestant. Cette même leçon je l'ai appliqué à moi en m'intéressant aux problématiques antillaises. Clin d'œil à Emile Poulat.  

    Je vous laisse lire cette interview en deux volets. Et n'oubliez pas le partage.

     

  • Quand la Miviludes participe à la stigmatisation sur fond de covid-19

    20200226T0748-34383-CNS-ASH-WEDNESDAY-VIETNAM_0.jpg.pngLa Miviludes est une structure que je considère comme nécessaire à la vie démocratique. Elle est même indispensable dans la construction encadrée des oppositions nécessaires à l’expression des libertés. Cependant, et j’insiste, cette structure ne peut pas fonctionner sur des préconceptions avec des affirmations irrationnelles, alors qu’elle peut être, en tout temps, consultée par les décideurs et influencer. D’ailleurs, il ne faut jamais oublier que depuis sa fragilisation et la logique mise sous coupole du Ministère de l’Intérieur, la Miviludes a le sentiment de jouer sa survie. Dans un article publié ce 29 avril 2020, la Miviludes avance une logique trouble qui révèle une méconnaissance des groupes dont elle veut défendre les individus.

    Dès les premières lignes de l’article un non-sens s’affiche. Dès les premières lignes de l’article un non-sens s’affiche.

    FireShot Capture 014 - Coronavirus _ des risques de dérives sectaires pendant le confinement_ - france3-regions.francetvinfo.fr.png






    Vous avez bien lu et je n’ai rien tronqué de l’article tel qu’il est diffusé. Comment lancer une alerte sur des groupes, non mentionnés, alors que la Miviludes et son réseau d’associations partenaires indiquent : n’avoir reçu que très peu d’appels depuis le début de la crise sanitaire ? « On est confinés, les groupes déviants le sont donc aussi. » Echaudé juridiquement la Miviludes n’identifie pas les groupes mais laisse apparaître des indices en parlant de tractage. Ils ne sont pas nombreux à tenir sur la voie publique des pupitres, ou à solliciter les passants sur des marchés !
    Ce qui est bien plus important c’est l’absence de profondeur historique et social dans la mise en garde de la Miviludes. Oui, elle a raison de dire que le contexte de pandémie est propice aux discours prophétiques. Mais il y a une différence abyssale entre prophétisme et dérive sectaire. Toutes les pandémies furent marquées par des réveils, des préoccupations prophétiques. Des messianismes ont souvent été dynamique en période pandémique.

    En parlant de prophétisme, obnubilée par le sectarisme, la Miviludes ne perçoit pas la montée du scepticisme envers les prophétismes. Nombres d’acteurs individuels, surtout sur les réseaux sociaux, ridiculisent les leaders qui se définissent comme prophète parce qu’ils n’avaient pas annoncé la pandémie. Certains poussent l’invective, et ils sont nombreux, à ridiculiser les acteurs religieux friands de miracles pour qu’ils guérissent du covid-19 !
    L’une des particularités de cette pandémie est la vague de critiques qu’elle entraîne. Critique contre les institutions politiques, scientifiques et religieuses. Cette critique des institutions n’est pas à confondre avec le rejet du politique, de la science ou du religieux. D’ailleurs les individus dans les sondages sérieux comme celui du Cevipof montrent le besoin de politique pour mieux gérer la crise. Les attentes envers les sciences médicales sont grandes et évidentes, et la forte poussée de l’achat de Bible illustre à elle seule le besoin de religion. 
    Jean Vitaux a largement montré (Voir ses deux ouvrages : Histoire de la lèpre et Histoire de la peste chez PUF) que les pandémies ont donné lieu à un activisme de la pensée religieuse et prophétique. J’insisterai surtout sur le fait qu’historiquement, le religieux institutionnel a été le bras armé de fantasmes sur les origines des pandémies. Il a participé dans les léproseries et lors des pandémies de peste à la mort civile des malades, exclus des sacrements, « enterrés » anonymement et même parfois à la confiscation des biens de leur descendants mêmes valides ! Ainsi, dans la vague populaire, populiste, le religieux établi, majoritaire, a souvent accompagné la stigmatisation des plus fragiles. Les juifs, les étrangers, les cagots, les plus pauvres ont été souvent, a contrario, assistés par les groupes religieux qui tractent pour se reconstruire !

    Un autre point avancé dans cet article est la montée des médecines traditionnelles. Je sais que c’est un point sensible et l’agiter sans donnée factuelle et vérifiable en situation pandémique est une inconscience majeure. Au moment où nous écrivons c’est la polémique inhérente à la recherche scientifique qui occupe. Quel protocole ; quel vaccin ; quels essais thérapeutiques ; quelles combinaisons de molécules ? Comment réaliser des tests… Le débat est de ce côté. Je n’ai eu vent, à aucun moment de groupes religieux qui arguent un rejet par anticipation des résultats des recherches scientifiques sur le Covid-19 à ce jour. Si la Miviludes a de telles informations elle doit les notifier sans sous-entendu robespierrien. Cela ne peut que lui être préjudiciable. 
    Du côté de la santé il est unanimement acquis pour les observateurs du système de santé qu’il y aura des vagues après le covid-19 de pathologies chroniques chez des patients qui ont quitté tout suivi médical. J’ai d’ailleurs réécouté plusieurs émissions de groupes religieux avec des médecins qui insistent sur la nécessité de consulter et l’adoption d’une hygiène de vie, conforme aux connaissances médicales conventionnelles pour prévenir des pathologies. Je n’ai pas eu d’information de groupes religieux qui demande nouvellement de ne pas consulter les médecins. Au contraire ; les groupes religieux hygiénistes ont d’ailleurs sautés sur l’occasion de la pandémie pour indiquer que celle-ci est nécessairement liée à une intervention humaine (l’expression est trop large), qui peut aller de la promiscuité avec le monde animal à la malveillance. Ils encouragent les membres à se soigner sous les conseils de leur médecin, organise les chaînes de prières pour les professionnels de santé.

    Aujourd’hui les organisations religieuses, surtout les plus minoritaires, sont concentrées dans la préservation du lien social par les outils numériques, à l’instar du monde du travail, des administrations et des associations. Elles ne semblent pas déployer une ingéniosité, nouvelle, particulière, pour contourner la médecine conventionnelle, même si certaines, comme de plus en plus de français, sont sensibles au pratiques médicales holistiques non allopathique.
    La Miviludes alerte de la montée des médecines parallèles dans les groupes religieux à tendance sectaire face au covid-19. Concernant ce point précis, il est vrai qu’il y a un vrai concours Lépine. Mais ce n’est pas dans les groupes religieux qu’il prédomine. Un regard sur la toile, les réseaux sociaux, montre qu’il se déroule dans l’ensemble du corps social. Dans la médecine traditionnelle c’est l’utilisation de l’artemisia, très présente à Madagascar qui cristallise. En France elle est illégale. La Miviludes a-t-elle des informations sur son importation, son usage en France ? Personnellement quand j’interroge rapidement des groupes religieux, je découvre qu’ils ne connaissent pas cette plante et le vif débat qu’il a suscité.

    Encore une fois et c’est dommage, la Miviludes est hors sujet, n’avance pas de chiffre, agite des chiffons rouges alors que les groupes religieux, comme l’ensemble du corps social ne font que tenter de s’adapter aux nouvelles conditions de vie. Agiter les peurs n’est en rien une solution surtout quand aucune donnée factuelle, scientifique est avancée et donc vérifiable. Et comme dit l’adage maintenant issue d’une grand-mère à la petite fille célèbre : « quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ».
    Instance qui serait très utile à la vie démocratique par une observation objective des groupes religieux dans leur rapport à la société globale, la Miviludes ne fait que montrer encore une fois qu'elle est en échec face aux besoins de critiques objectives, rigoureuses pour garantir le lien social.

    Depuis la pandémie, avec la place centrale des groupes religieux dans les clusters en France et en Corée du Sud, la stigmatisation de ces derniers est forte. Il est à regretter que par sa légèreté la Miviludes contribue à la stigmatisation.

  • Panne de notes

    Malgré l'envie et les efforts, il m'est impossible d'alimenter la réflexion sur l'Eglise Adventiste, d'autres groupes religieux minoritaires, et l'actu, durant la coupe du Monde. Dès la fin de celle-ci nous reprendrons les échanges sur :

    La présence antillaise dans l'adventisme
    Les liens entre adventisme et santé
    Un projet d'enquête sur l'adventisme
    La question des sectes qui n'a pas été complètement abordé
    L'ouvrage en cours de rédaction
    Le foot dans la stratégie évangélique
    Le foot et la question antillaise
    Etc.

      D'ici là, Allez la FRANCE

  • Les nouveaux enjeux de l'Eglise adventiste - (I) Amplifier la réponse aux attentes sociétales

    anniversaire église adventiste,150 ans eglise adventiste,eglise adventiste,adventiste,adventismeA l'occasion du 150è anniversaire de l'Eglise Adventiste plusieurs études, articles ou analyses foisonnent. Pour des interlocuteurs français et étrangers j'ai donné plusieurs interviews. C'est à s'y perdre. La dernière est celle de La Croix ou la journaliste Céline Hoyeau propose une perspective historique pour mieux poser les nouveaux enjeux de l'adventisme.
    Dans la continuité de l'échange avec Céline Hoyeau les enjeux de l'Eglise adventiste en Europe francophone et principalement en France peuvent se résumer autour de quelques enjeux majeurs que je vous propose de découvrir dans une série de quelques notes (3 sont déjà rédigées).

    1. Le défi écologique, sanitaire et environnemental

    anniversaire église adventiste,150 ans eglise adventiste,eglise adventiste,adventiste,adventismeL'adventisme est une religion qui dans son histoire veille à l'interaction entre l'individu et son environnement. A l'heure où les politiques résument l'importance de cet enjeu dans la notion d'écologie ou de développement durable, l'Eglise adventiste peut proposer une expertise reconnue dans ce domaine. Qu'il s'agisse du respect des réserves naturelles, d'une alimentation en phase avec les besoins environnementaux et biologiques ou encore de la valorisation de richesses, l'adventisme propose une théologie qui allie depuis ses premières heures ; écologie, santé, respect de l'environnement et développement économique. Il est surprenant de ne pas entendre souvent les réponses adventistes alors que d'autres organisations d'essence américaine arrivent à communiquer sur ce domaine. Il y a là un incontestable vivier surtout qu'il s'agit de sensibilisation.

    1. La révolution alimentaire.

    Oui, l'expression n'est pas exagérée et est dans la continuité du point précédent. Tous les experts sensibles aux intérêts à long terme de notre planète, impliqués dans la recherche du confort ou la lutte contre les « pathologies de la modernités » (obésité, diabète, cancer...) sont unanimes : il faut faire évoluer l'alimentation humaine vers un retour à ses fondamentaux, quittant ainsi une alimentation trop carnée, trop riche en sucre, déconnectée des saisons, qui ne prend pas en compte l'écosystème et les besoins organiques. Cette tendance est surtout attisée par une alimentation humaine gérée par des logiques agroalimentaires qui ne cessent de montrer ses limites.
    La réponse adventiste est un végétarisme maîtrisé et confinée dans la recherche médicale. Aux USA cette position est très connue faisant de l'adventisme un modèle. Récemment, les études américaines ont montré le gain en espérance de vie de ceux qui épousent les régimes adventistes et plus largement un mode de vie où tabac, alcool et les excitants sont absents. Couplée à une pratique sportive, le mode de vie adventiste se répand aux USA et fait des émules en Europe, dans une époque où le bien-manger est de plus en plus recherché.

    1. Amplifier le combat pour les droits de l'Homme.

    L'essence américaine et l'ambition missiologique adventiste touchent également les libertés. Inutile de revenir ici sur la lutte adventiste pour les droits de l'Homme notamment au travers de l'AIDLR. Il s'agit, comme le souligne Jean Baubérot, une structure d'impulsion adventiste qui, au bénéfice de toutes les minorités religieuses, œuvrent pour la reconnaissance et l'expression des libertés fondamentales. Alors que celles-ci sont aujourd'hui exposées à maintes instabilités ce domaine d'expression institutionnelle de la foi adventiste a encore beaucoup à faire et gagnerait à être connue.


    anniversaire église adventiste,150 ans eglise adventiste,eglise adventiste,adventiste,adventismeCes trois points répondent à des besoins sociaux et/ou politiques indispensables à la vie en société. De fait, nombres d'activités adventistes sont des réponses à des demandes et enjeux sociaux majeurs. Ainsi, quitte à me répéter encore, l'adventisme (pas uniquement) est, via ses trois formes d'actions, une interface entre la société globale et l'expression religieuse. C'est un atout pour une organisation religieuse qui veut se développer dans les contraintes de l'ultramodernité et de la laïcité. La surprise est que ces éléments ne soient pas assez au centre des propositions adventistes pour l'ensemble de la société. Il faut dire qu'il est certainement difficile de proposer un discours constructif, sans le voir rejeter par le simple fait qu'il émane d'une organisation religieuse. C'est ainsi que souvent, dans cette situation des initiatives religieuses bénéfiques à l'ensemble de la société doivent s'émanciper du groupe religieux avant d'être acceptées par l'ensemble de la société. Ce phénomène est très bien connu des historiens de la religion, parlant de « destin paradoxal des groupes religieux ». Il y a là une tension, une stratégie à poser qui ne doit pas nuire à l'apport du groupe, quitte à se faire oublier au bénéfice dudit discours !

    Outre les enjeux sociétaux il y a également des enjeux d'organisation plus difficile à surmonter. Et ce sera la suite de notre série. 

  • Yves Lambert est décédé


    Ce chercheur, analyste incomparable des liens entre valeurs et religions, fin manieur des méthodes quantitatives nous a quitté.

    Je ne connaissais pas Yves Lambert, puisque mon entrée comme rattaché au Groupe, Sociologie, Religions et Laïcités, correspond au moment où sa santé connut une forte dégradation. Alors il va de soit que je ferai aucun développement sur l’homme, ni sur son œuvre. Des  chercheurs beaucoup plus en contact avec lui et sa recherche rendront compte avec plus de justesse de la marque que Lambert a laissé dans la sociologie du fait religieux. D’ailleurs je n’hésiterai pas à les solliciter pour ici vous parler d’Yves Lambert.

    La disparition d’Yves Lambert est pour moi une défaite. En effet, ma passion pour la sociologie de la religion est en grande partie liée à un choc que j'eu à la lecture de ses travaux sur les « Valeurs des français ». Mon désir était de le rencontrer pour lui en rendre compte et surtout le remercier. De plus son article, les religions comme système de maximisation, est au centre de mon approche, visant à rendre compte des groupes religieux comme étant des espaces de rationalisations stratégiques.

    L’heure n’est pas à développer sur ce point, mais à remercier ce grand chercheur pour les perspectives qu’il a initié. Aujourd’hui, après une famille, c’est toute la sociologie de la religion qui est en deuil. Alors sobrement, et anonymement, merci monsieur Lambert.

  • Les débats sur le végétarisme (avec l'été) portent les regards sur l'Eglise adventiste du septième jour

    Religion et santé, végétarisme, Avec l'été, bien manger est un sujet qui revient. Cette année nous n'y échappons pas. Depuis quelques mois le débat va bon train autour de la pertinence du régime végétarien. Les scandales révélés dans les abattoirs ravivent les tensions autour des régimes végétariens. Pourfendeurs et adeptes s'écharpent souvent sur le végétarisme et ses dérivés. Loin de moi l'idée de prendre part dans ce débat. Je note simplement que les analyses sur les effets bénéfiques du végétarisme s'appuient de plus en plus sur les études menées sur et/ou par l'Eglise adventiste du septième jour.
    L'Eglise adventiste du septième jour (SDA) est l'idéal-type de la religion de la santé. A des fins préventifs et curatifs elle sensibilise à une approche sanitaire, basée sur la science et les principes bibliques pour développer une ascèse où la quette d'une qualité de vie est primordiale. Nous avons déjà détaillé cette notion, centrale dans une partie du protestantisme dont l'histoire est proche de celle de l'hygiénisme. Adopter un régime végétarien pour les adventistes s'appuie donc sur une interprétation des textes bibliques et des textes charismatiques proposés par Ellen G. White. Outre cette source, l'adventisme propose à ses membres d'adopter un régime végétarien en se basant sur des observations scientifiques...

     

     

     

     

     

     

    Religion et santé, végétarisme, L'université américaine adventiste de Loma Linda est à ce titre un levier déterminant. Elle collabore à de nombreuses études nationales sur la santé où les adventistes végétariens forment des groupes témoins. Que ce soit sur le cancer, les maladies cardiovasculaires... et l'espérance, les adventistes végétariens sont des références. 

    Ainsi pour défendre le végétarismes vous tomberez très souvent sans le savoir sur des études où l'Eglise adventiste du septième jour via ses membres végétariens, était un acteur central. Comme mâitre d’œuvre d'étude ou simplement comme groupe témoin, la SDA est au centre du dynamisme scientifique sur la santé. Les conclusions des études sont sans appel. Lorsqu'il est réalisé en veillant à ne pas développer des carrences, à l'instar des conseils adventistes, le végétarisme est bénéfique dans tous les aspects de la santé. Ainsi reprenant l'Adventist Health Study 2 Sciences et vie indique que l'espérance de vie des végétarien équilibrés est supérieur de 10 ans par rapport aux individus ayant un régime carné. Le risque de diabète de type 2 serait divisé par 2.


    Religion et santé, végétarisme, Le sujet est un véritable marronnier estival. Parmi les nombreuses redondances, soulignons
    Le Monde qui en juin 2013 remarquait la centralité de la santé dans le discours adventiste. Le Figaro santé souligne cette année dans son édition santé du 21 juin dernier (2016) que :

    L'un des premiers bénéfices identifié dans une vaste étude scientifique le fut dès 1984, dans l'American Journal of Epidemiology, après vingt années d'observation de plus de 27.000 Californiens membres de l'Église adventiste du septième jour. Des protestants dont l'hygiène de vie recommande le végétarisme ou, à défaut, l'alimentation la moins carnée possible, mais aussi de ne pas boire, ne pas fumer et de faire de l'exercice. Un bon terrain d'étude pour les épidémiologistes qui souhaitaient isoler le paramètre «viande ». Résultat: une mortalité coronarienne (cardiaque) supérieure de 60 % chez les consommateurs quotidiens de viande par rapport à ceux qui en mangent moins d'une fois par semaine.

     

    Les conclusions sont également élogieuses sur bien d'autres aspects de la santé.

    Que retenir donc : la notion de religion de la santé, dont l'Eglise adventiste du septième jour est une forme parfaite (au sens de l'idéaltype de Maw Weber), traduit :

    • le rapport inextricable entre science et théologie

    • une orthopraxie aux effets mesurables scientifiquement

    • une validation de la croyance par des critères scientifiques

    • les liens entre religions et innovations scientifiques car la centralité de la santé dans l'adventisme apparaît quasi immédiatement avec la naissance de la SDA à la fin du XIXe siècle dans une Amérique hygiéniste

    Religion et santé, végétarisme, A chaque fois que l'on vous parlera des bienfaits du végétarisme pensez donc que cette affirmation prend sa substance "grâce" à l'Eglise adventiste du septième jour fort de son lien positif avec le savoir scientifique et son ascèse marquée par une approche holiste de la santé.

     

  • Coucou aux étudiants Sages-femmes

    2d8aac91601abe3cc2365a0fac0bbc7b.jpgJe participe depuis bientôt un an aux formations des Sages-femmes dans le Nord aux Ecoles de Sages-femmes de l'Université Catholique et du CHR. C’est une formidable expérience de vacations qui me permet encore de sensibiliser sur les liens forts entre religion et santé, mais surtout religion et pratiques médicales. Mais pour cela il faut encore maîtriser les complexités des pratiques professionnelles des sages-femmes. Je mets en téléchargement premièrement pour les étudiants de première et deuxième phase un condensé en 4 pages des éléments du cours. Il ne fait que résumer trop sommairement les nombreuses heures passées ensemble. Elles mériteraient d’ailleurs une note bien plus dense. Il y aurait tellement à dire par exemple sur les réactions éclairées des étudiants sur le projet de charte de la laïcité. A l’université Catholique, je me rappelle encore de cet étudiant, brun, à lunettes, qui m’a paru si impliqué et intéressant dans l’échange. Je m’arrête là. Bonne lecture et préparation d’exam'.

    Elements cours pour préparation aux examens.pdf

  • Un DVD en créole de l’histoire de Jésus.

    L’un des effets de la colonisation esclavagiste aux Antilles reste un rapport mitigé entre religion et pratiques culturelles antillaises. Ainsi la musique, la langue créole, les danses, brefs, un ensemble de pratiques issues des transformations de la plantation étaient considérées comme néfastes à une bonne pratique religieuse. Résultat la « religion pure et sans tâche » – si je peux me permettre – consistait il y a quelques temps aux Antilles à reproduire les pratiques du maître. Si bien, comme me le faisait remarquer Sébastien Fath, chanter « blanc plus blanc que neige » aux Antilles, par des antillais est surprenant. La même remarque, proportions gardées, peut être faite sur le célèbre "nos ancêtres les gaulois". Mais cela ne peut se comprendre que dans la démarche, d’ascension sociale, qui implique d’aller parfois dans le paradoxe, en mimant les pratiques du colonisateur.

    La sortie du DVD en créole sur la vie de Jésus illustre un autre mouvement de fond. Aujourd’hui, les antillais dans toutes les instances du social marquent leurs spécificités. Cela correspond à un large mouvement qui trouve ces origines dans la négritude, qui vise à réaffirmer son identité de nègre. L’étude de Jean-Claude Girondin sur les liens entre identités, créole et protestante en région parisienne, illustre aussi les enjeux d’un tel réenchantement de l’antillanité dans le religieux. Pas étonnant que d’ailleurs que l’on retrouve notre ami Jean-Claude au centre de la traduction du DVD en créole. Pas étonnant non plus que celui-ci fut diffusé aux Antilles, sur France Ô et eu visiblement une audience importante.

    Ce DVD loin d’être un fait anecdotique marque bien la dynamique d’une reconquête culturelle des antillais, qui touche également une des sphères du social qui en était longtemps réticente : le religieux protestant en Guadeloupe et en Martinique. De mon côté il y a quelques mois je montrais qu'en France les adventistes antillais se réapproprient des pratiques culturelles antillaises, jadis rejetées, dans la revue ethnograpiques. Je reviendrai sur ce point plus longuement dans ma particpation à un ouvrage collectif qui sera publié en septembre. 

     

    Pour plus d'information : www.agapefrance.org et www.flimjezijri.org

  • De retour et réponse à XMD…

    Déménagement, changement de fournisseur d’accès au net, naissance de mon garçon, examens de mes étudiants, sont des raisons non exhaustives qui expliquent mon silence, surtout que techniquement je n’avais pas les aises habituelles pour venir mettre à jour Sociologiser.

    Cette impossibilité est la source du courroux d’un certain Xavier Martin Dupont (XMD) qui voyait de ma part un signe de censure, car je ne pouvais pas vous diffuser ces commentaires. Je remercie ce dernier qui « de bon cœur » a publié son glaive sur prevensecte. Ce dernier a déjà publié sur Sociologiser plusieurs commentaires, bien que ces derniers sont loin d’être en phase avec mon approche, mais ce n’est pas grave. Ce qui l’est, c’est sa capacité, dans une même diatribe à incriminer de nombreux chercheurs (S. Fath, R. Dericquebourg) et Sébastien Lherbier-Levy qui construit une véritable base de référence documentaire sur le droit et la religion (déjà signalé par Baptiste Coulmont). Je ne me lancerai pas dans une réponse arguments contre arguments. J’indiquerai pour donner plus de force à l’attaque de XMD que j’assume les points suivants.

  • Le millérisme éclaté (de JL Chandler)

    d0bcd133888befc22f08dc7860c00284.jpg1844 ! Quelle année ! Karl Marx écrit que la religion est « l’opium du peuple ». Charles Darwin confesse, à l’idée de lancer sa théorie de l’évolution, que c’est comme « avouer un meutre » (de qui ? de Dieu ?). Le désappointement du 22 octobre secouent les millérites comme une secousse sismique. (Pour les historiens théistes, la conjonction de ces évènements n’est pas fortuite). De nombreux millérites abandonnent toute espérance de la parousie ou retournent dans leurs anciennes congrégations. L’espérance du retour du Christ va t’elle survivre ? Ceux qui y restent attachés – 50 000 à 100 000 selon les sources de l’époque – éclatent en trois courants adventistes : les spiritualistes, les albanistes et les sabbatistes. Cette distinction est établie par les historiens car les concernés ne se sont pas donnés ces noms. Le mot « albaniste » est de mon invention.