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Rechercher : religion de la santé

  • Retour de légitimation intellectuelle du racisme d'A. Finkielkraut sur fond d'antiracime et d'anti-antisémitisme

    medium_finkielkraut_alain.jpgL’approche de l’humain par la sociologie de la religion produit souvent des conclusions qui déroutent ceux qui restent enfermés dans une vision monochrome du Monde tel Alain Finkielkraut. Après avoir traité les antillais de fainéant, au mépris de l’évidence historique d’individus qui courbèrent l’échine sans un sou de salaire (Cf. à ce sujet la réponse de R. Confiant), monsieur Finkielkraut, profite de son auditoire grandissant pour de nouveau faire l’amalgame voulu, maitrisé et provocant entre antisémitisme et revendications noires en France. 

  • Les frères : de Plymouth à nos jours. Une critique protestante de la modernité

    Je reçois des livres par la poste directement en lien avec le blog. Ce sont des ouvrages de sciences humaines qui traitent

    Massimo Introvigne, Domenico, Les freres de plymouth à nos jours.jpg

    de la religion. D'autres traitent des Antilles. Souvent il s'agit simplement de plaquettes d'éditeurs. A force d'en recevoir, il devient évident, de simplement vous faire part des livres reçus. L'idéal est d'avoir vos réactions sur les ouvrages. Pour commencer, j'ai regardé dans les cartons (plus de place dans la bibliothèque) et je me suis rappelé du livre "Les frères ; de Plymounth à nos jours. Une critique protestante de la modernité" de Massimo Introvigne et Domenico Maselli. Je pouvais vous en faire ici un compte rendu, mais j'ai trouvé la présentation qu'en fait Bernard Blandre dans la revue Mouvements religieux (Mouvements Religieux, numéro 334-335, mars-avril  2008, p. 15). Elle est très pédagogique. Alors je fais un copier-coller. Surtout, Bernard Blandre est le meilleur français historien de l'adventisme. Plus largement c'est un spécialiste des mouvements millénaristes, dont l'Eglise Adventiste. Bénéficier de son regard est donc essentiel. Voici sa présentation de l'ouvrage*.

    Le livre de M. Introvigne et D. Maselli présente un mouvement protestant aux multiples ramifications qui trouve ses origines dans le renouveau millénariste qui a accompagné et suivi la Révolution française de 1789 et dans l'œuvre du jésuite chilien Manuel Lacunza, Venida del Mesias e gloria y majesdad (1811) traduit en anglais par Edward Irving en 1827. Lacunza écrivait que le royaume de Dieu n'était pas encore établi, que l'Antéchrist se manifesterait dans le cadre d'une grande crise de la chrétienté dont la Révolution française était un début, que le clergé romain était devenu apostat et donc que les Juifs redevenaient la partie active de l'Eglise. L'Antéchrist persécutera les Juifs fidèles à Dieu ; alors Jésus ressuscitera les chrétiens morts et rencontrera au ciel les croyants vivants et ressuscités. Il apparaîtra en gloire, vaincra le clergé apostat, s'installera à Jérusalem d'où il règnera sur le monde. Alors surviendra le jugement dernier.

    Ces thèses millénaristes ont été adoptées par des groupes plus ou moins informels de protestants britanniques attachés à la conversion personnelle, hostiles aux Eglises établies et à toute forme de structuration ecclésiastique, notamment à Oxford, Dublin, Plymouth et Bristol. Aucun chef ne dirigeait l'ensemble à lui seul, mais la personnalité de John Nelson Darby a profondément marqué le mouvement.
    Darby croyait à la méchanceté innée de l'homme. Il voyait dans l'histoire une série d'interventions divines (dispensations), chacune ayant échoué à cause des hommes. Mais il subsiste un résidu fidèle. L'Eglise devait avoir des apôtres, des anciens et des diacres mais du fait de la défaillance des apôtres il est impossible de reconstituer une Eglise apostolique. Le résidu doit donc se détacher des Eglises établies et créer des assemblées locales qui attendent le retour du Christ et participent à la sainte cène. Du monde anglo-saxon, le mouvement s'est répandu sur le continent européen ; le livre contient des développements importants sur l'implantation en Suisse et en Italie.
    Dans ce mouvement qui n'a jamais eu de dirigeant unique, les oppositions doctrinales, les réticences à toute forme d'autorité supérieure au groupe local et a contrario la tendance d'assemblées influentes pour des raisons historiques (à Londres notamment) à intervenir dans les affaires intérieures des autres, ainsi que le degré plus ou moins grand d'ouverture ou de fermeture aux contacts avec d'autres groupes religieux ont provoqué de multiples dissidences. Une lecture cursive du livre donne l'impression d'un extraordinaire fouillis résultant de processus complexes de composition - décomposition - recomposition suivi de nouvelles ruptures. Une classification établie par l'US Bureau of the census complétée par les travaux de Piepkorn aboutit à distinguer une dizaine de tendances, des Frères I aux Frères X, la distinction essentielle étant celle qui sépare les frères larges des frères stricts. Une lecture plus attentive permet d'y voir plus clair, et de remarquer l'existence de divers groupes qui n'ont pas fait l'objet d'une numérotation, certains importants comme l'Eglise locale de Watchman Nee et Witness Lee.

    Un livre utile pour une première approche d'un mouvement religieux complexe.

    * Voir le site du CESNUR : http://www.cesnur.org/2008/freres_01.htm

  • Ben Carson, Candidat républicain adventiste aux primaires pour la Maison Blanche

    Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines, Ben Carson mérite d'être connu. Non pas seulement parce qu'il brigue la candidature républicaine à la Maison Blanche, mais parce qu'il permet de porter un regard pertinent sur les liens entre religion et santé et plus particulièrement entre religion et innovation scientifique.

     

    Ben Carson s'est fait connaître mondialement pour ses prouesses médicales. La plus connue est la séparation de bébés siamois. Homme scientifique majeur il est au cœur de la vitalité scientifique des universités adventistes, en particulier celle de Loma Linda et d'Andrews aux USA. 

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    Docteur honoris causa plus d'une soixantaine de fois par différentes universités, Ben Carson est souvent appelé (sans vérification possible) l'américain le plus diplômé de l'histoire. Il porte la prestigieuse médaille Ford. Sa vie est une véritable succes story américaine. Elévé avec son frère par sa mère après un divorce difficile dans un quartier noir dangereux, Ben Carson est en grande partie un autodidacte qui devait dépasser les insultes racistes. Celui qui est selon le Times le plus grand Neurochirurgie du monde met sa notoriété au service du combat pour la scolarisation des plus pauvres, la lutte contre les inégalités, la défense de valeurs solidaires. 

     

    Les mains du miracle, Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines, Son livre, Les mains du miracle, est une biographie devenue un best steller et un homage à sa mère qui le forçait, à l'âge de huit ans, à rendre deux fiches de lecture par semaine !

     

    Adventiste engagé, Ben Carson, est très attaché aux valeurs protestantes et en particulier la forte incitation à l'excellence dans tous les domaines. Retraité, chroniqueur télé il est désormais très médiatisé. Sa vie riche, dense, porteuses de leçons en raison de sa détermination a été porté au Cinéma par Hollywood dans un film Des mains en or avec l'acteur engagé Cuba Cooding.

     

    Cuba Gooding jr, Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines, Carson est un Républicain conservateur adventiste. En 2013, il accorde une courte interview à ANN (Adventiste News Network) où il rappelle son opposition pour les avortements de complaisance, son attachement à la vie, sa croyance en la création ou encore sa pratique du sabbat. Cette interview, bien que courte me semble être celle qui retrace mieux le positionnement politique, religieux, morale et social de Ben Carson. Elle va certainement rejaillir dans la presse, surtout non américaine si Ben Carson continue sa progression dans la course vers Washington. Dans cette interview, Ben Carson atteste que sa vie est dépendante de sa relation avec Dieu et indique : « There’s no question God sets these things up. My whole life I feel has been orchestrated by him ». Quand le journaliste d'ANN lui demande ce qu'il voudrait que les gens perçoivent en le regardant, sur l'Eglise adventiste, Carson souligne « Je veux leur faire comprendre que nous sommes des gens très aimables et rationnels et que nous avons des valeurs et des principes qui nous animent. Elles sont édictées par la Parole de Dieu ».

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    Ben Carson est malheureusement peu connu dans les facultés de médecine où les cours de philosophie de la science. Carson est un prototype de la vision protestante de la science. Dans cette approche science et religion ne font pas obstacle. Au contraire « la connaissance de Dieu commence par la science » paraphrasant l’Ecclésiaste. A l'instar de John Harvey Kellog, nutritionniste important de l'histoire adventiste et inventeur de l'alimentation desséchée, Carson pense que l'individu droit travailler pour faire fructifier les capacités naturelles. En ce sens c'est un libéral. Le travail, l'initiative individuelle, et non la collectivité aide l'individu. Il y a là, sans doute un échos à l'encouragement au travail de sa mère afin de sortir de la rigueur et de l'injustice du quotidien. Mais bien plus c'est une conception protestante des statuts et rôles sociaux qui transparaît. L’individu par sa capacité d'action peut interférer et surtout décider de son développement. Cet individualisme n'est pas anti social, sans foi ni loi. Au contraire il s'exprime dans un engagement social dont le premier but est de permettre aux individus de se rendre compte de leur responsabilité. Responsabiliser les individus, c'est les aider à faire les bon choix individuels. Pas de bons choix, pas de responsabilisation sans lien avec le groupe, la société, mais en son sein. C'est pour cela que le chrétien dans cette conception doit influencer la société au travers de l'Eglise.

     

    Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines, Celui qui est est appelé, l'anti Obama aurait déclaré selon plusieurs médias que l'Obamacare it's a bunch of crap, a un engagement en science et désormais en politique qui se décode à partir de cette idée de responsabilisation individuelle. In fine l'objectif (religieux et politique, pas de différence ici) est le changement social sur la base des valeurs religieuses (et là le religieux prime).

     

    Ben Carson, USA 2016, Dr Ben Carson 2016, Adventiste, Primaires Républicaines, La déconnexion entre foi et sciences, rationalité et politique, religion et engagement, n'existe donc pas dans la tradition religieuse protestante adventiste de Ben Carson. C'est un ensemble interdépendant. C'est pour cela que je prends Ben Carson comme exemple auprès des professionnels de la santé. Il me semble expliquer parfaitement notre difficulté en France à comprendre la non opposition entre croyances et relations sociales (au sens hyper large).

     

    Hannah Arendt le rappelle dans La crise de la culture à partir de sa lecture de Kierkegaard. Le doute est centrale à la rationalité, mais il touche aujourd'hui non seulement le divin mais également la science, la raison. Pour Arendt, Kierkegaard renverse « l'attaque de la religion par la la science moderne », en « la dignité de la foi contre la raison et le raisonnement moderne ». Comme toute production sociale, la science est donc traversée par la religion. Il suffit d'ailleurs en médecine de noter le fort héritage religieux dans le vocabulaire, les protocoles, les innovations (Ben Carson en est l'illustration), ou encore les noms des établissements médicaux. Max Weber l'indiquait déjà, stipulant l'importance de la gestion des biens du salut dans des formes de rationalisation. La certitude que ce que nous faisons (pour certains) est en lien avec les valeurs religieuses est cruciale et dicte ce qui peut être accepté, défendu, porté, développé, innové...

     

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    Ben Carson est donc un personnage emblématique qui certes fera la une s'il continue dans sa course à la présidentielle, mais qui a déjà marqué l'histoire de l'innovation en neurochirurgie et plus largement de l'interaction entre religion et sciences. A ce titre, il doit être découvert afin de comprendre (au sens de Max Weber) comment des croyances expliquent nos actions sociales, y compris en politique et en médecine.

     

     

     

    Intervieuw à ANN : http://news.adventist.org/all-news/news/go/2013-04-05/church-chat-carson-handles-spotlight-prayerfully-humbly

     

    Film: Des mains en or https://www.youtube.com/watch?v=s33R7JhFO6s

     

    Pour mieux connaître le parcours de Ben Carson : http://megadiversite.com/entrevues/120-une-entrevue-veridique-avec-le-dr-ben-s-carson-md-une-icone-americaine-.html

  • La création de la Revue adventiste (JL Chandler)

    revie.jpg Avant 1850, les adventistes n’ont nullement l’intention, et ne tentent jamais, d’évangéliser des incroyants. Cette surprenante attitude s’explique par leur croyance de « la théorie de la porte fermée ». Ils pensent (y compris Ellen White) que le temps de la miséricorde divine s’est achevé en octobre 1844, un peu comme lorsque Dieu ferma la porte de l’arche de Noé sur les antédiluviens. On ne peut plus rien faire pour ceux qui ont rejeté le message du retour du Christ (qu’ils acceptent sans assigner une date). Quand les adventistes parviennent à l’unité doctrinale au cours des conférences du sabbat (1848-1850), ils cherchent seulement à rallier les millérites à leur cause. En total contraste avec cette compréhension des choses, Ellen White reçoit une vision – déterminante dans l’évolution de l’adventisme – qui révèle que la proclamation de leur message sera mondiale. Mais ils ne comprennent pas ce qu’elle veut dire.

    Flots de lumière

    revue.jpgLa vision, rapportée dans l’autobiographie Life Sketches of James and Ellen White, a lieu le 18 novembre 1848 au cours d’une réunion dans la maison d’Othis Nichols à Dorchester dans le Massachussetts. Dans celle-ci, Ellen voit des jets de lumière qui grossissent en faisant le tour du globe terrestre. Après la vision, elle dit à son mari : « J’ai un message pour toi. Tu dois imprimer un petit journal et l’envoyer aux gens. Il sera petit au début mais les gens le liront. Ils t’enverront l’argent pour l’imprimer et ce sera une réussite dès le départ. Il m’a été montré que de ce petit commencement des flots de lumière feront le tour du monde. » Voilà à quoi servent les visions : donner une orientation spirituelle et missionnaire ; confirmer une orientation doctrinale et prophétique au mouvement adventiste naissant.

    Cette perspective rend James White perplexe. Publier un journal ? Mais comment ? Leurs ressources sont si maigres qu’en quatre ans (de mai 1849 à juin 1853), les White déménageront six fois. Etant à la recherche d’un emploi décent et surtout d’une imprimerie qui éditerait un périodique à bas coûts, ils résideront au Connecticut, dans l’état de New York et finalement au Michigan. Parfois ils logent chez une famille adventiste qui les a gentiment invités. A certains moments, James délaisse l’écriture pour travailler dans une ferme ou sur une voie ferrée. Il est parfois complètement découragé. A plusieurs reprises, Ellen reçoit dans une vision un ordre express. « J’ai vu que Dieu ne voulait pas que James s’arrête mais qu’il devait écrire, écrire, écrire, répandre le message et le laisser faire son chemin », dira-t-elle à l’historien Arthur Spalding. La belle affaire ! Mais vers la fin de juillet 1849, à Middeltown dans le Connecticut, un imprimeur accepte d’imprimer à crédit mille exemplaires du premier numéro du Present Truth (La vérité contemporaine). Un bimensuel de huit pages. En théorie ! Sa parution est très irrégulière. Seulement onze numéros sont publiés en quinze mois !

    Plus qu’un prophète

    Quelques jours plus tard (le 28 juillet), Ellen donne naissance à Edson, son deuxième fils. Parfois, elle se trouve devant un dilemme impossible : acheter du lait ou un vêtement pour le bébé. Le cœur gros, la jeune mère doit bientôt confier la garde de ses enfants à des amis afin de poursuivre ses nombreux voyages et délivrer ses messages. Ce n’est pas de gaieté de cœur. Elle est déprimée. Dans un sens, cela se comprend avec les difficultés financières, la fatigue, la dépression post-natale, une santé précaire, et instinct maternel oblige, la culpabilité d’être séparée des petits. Mais c’est surtout qu’Ellen n’apprécie pas, ne ressent pas de plaisir à exercer son ministère. A ses yeux, la responsabilité est déplaisante et écrasante. Elle trouve les messages lourds, pesants à porter. Elle est la cible des critiques et de l’opposition. Elle supplie Dieu avec larmes. « Enlève-moi cette mission. Confie-la à quelqu’un d’autre. » De nombreuses fois elle souhaite mourir, tellement elle aimerait être déchargée.

    Alors quand on s’étonne qu’elle ne clame pas être une prophétesse (comme le prétendent quelques deux cent personnes aux Etats-Unis à l’époque), elle confie, peut-être dans un soupir de lassitude : « J’ai reçue l’instruction que je suis la messagère du Seigneur… Dans ma jeunesse, on m’a souvent demandé : Es-tu un prophète ? J’ai toujours répondu : Je suis la messagère du Seigneur. Je sais que beaucoup de gens m’ont appelée une prophétesse mais je ne revendique pas ce titre… Pourquoi je n’ai pas clamé être un prophète ? Parce qu’à cette époque là, la plupart de ceux qui prétendaient être des prophètes étaient une opprobre pour la cause du Christ. C’est aussi parce ce que mon œuvre inclut bien plus que le mot prophète » (Manuscrit, 26 mai 1906).

    Ellen ne s’est pas encore complètement enlevée de l’esprit que Dieu n’est pas sévère et intransigeant (une croyance populaire). Au fil du temps, elle découvrira qu’il est amour, compassion et mansuétude. Elle apprendra que servir le Roi de l’univers est un très grand honneur, une joie irrépressible, la meilleure source d’épanouissement. A plus forte raison comme une porte-parole, une « plus qu’un prophète » - puisqu’elle est dotée de plusieurs dons spirituels (la sagesse, le discernement des esprits, la générosité) et qu’elle sera la co-fondatrice de l’Eglise adventiste du septième jour, une guide spirituelle, une écrivaine, une missionnaire et une prédicatrice. Progressivement, son attitude évoluera. Super motivée, elle accomplira sa mission avec zèle, vaillance, joie et confiance dans le soutien de Dieu. Quelle différence un autre regard sur Dieu peut faire !

    La Revue adventiste

    Fort d’une meilleure compréhension des évènements de 1844, James White estime que « le temps de la dispersion » des millérites est terminé. C’est maintenant « le temps du regroupement ». Ellen White partage ce point de vue. En août 1850, elle encourage les adventistes à rameuter les millérites : « Le Seigneur m’a montré que James doit prendre les témoignages que les frères dirigeants adventistes publièrent en 1844, et les republier afin de les couvrir de honte ». Les millérites doivent revenir à certains enseignements (le retour du Christ, l’immortalité conditionnelle, l’inexistence de l’enfer, le message des trois anges) et considérer d’autres découvertes doctrinales (l’instruction du jugement, le sabbat). Dans ce but, le même mois, James White lance un second périodique de 16 pages, l’Advent Review. Après quatre parutions, il le fusionne avec le Present truth sous un nouveau titre : Second Advent Review and Sabbath Herald. Avec le temps, ce nom sera abrégé. En 1978, il prendra le titre qu’on lui connaît actuellement : Adventist Review (la Revue adventiste).

    A la grande surprise des adventistes, une conséquence inattendue de leur activisme est la conversion, dès 1850, de personnes incroyantes ou non millérites. Soudainement, ils réalisent que leur vision des choses est étroite et incorrecte : la porte de la grâce divine demeure ouverte. Il faut annoncer le retour du Christ jusqu’à ce que… la terre entière soit avertie ! « Cette Bonne Nouvelle du règne de Dieu sera proclamée dans le monde entier pour que tous les peuples en entendent le témoignage. Alors seulement viendra la fin » (Matthieu 24.14). Une fois de plus, ils réalisent qu’ils doivent beaucoup désapprendre avant d’apprendre. En s’ouvrant à l’idée d’évangéliser, du même coup ils grimpent en trois ans (1850-1852) de 200 à 2000 croyants.

    Durant la décennie 1850, la diffusion de la Review (comme on l’appelle affectueusement) permet la survie et l’expansion de l’adventisme. En l’absence d’une organisation officielle, cet hebdomadaire rassemble, unifie et solidifie la foi des adventistes. Il fournit des nouvelles, publie les opinions des lecteurs, discute des idées et diffuse des recherches bibliques.

    A travers le monde

    Pour autant, les adventistes ne comprennent pas les paroles d’Ellen White : ces fameux « flots de lumière qui feront le tour du monde » ! Ils sont à des années-lumière d’imaginer que cette vision inspirera des générations d’adventistes et qu’elle façonnera la conception de leur mission. Ils ignorent que cet avenir se comptera en décennies ! Aujourd’hui, le journal des humbles commencements est publié en de nombreuses langues (dont le mensuel français, la Revue adventiste) et est lu sur le net : www.adventistreview.org. En 2005, son équipe de rédaction lance le mensuel mondial Adventist World en six langues (dont le français) à plus de deux millions d’exemplaires, et pose son contenu sur la toile : www.french.adventistworld.org. Des centaines de périodiques adventistes en 360 langues, comme Signes des temps (en Europe francophone) ou Priorités (aux Antilles-Guyane), sont diffusés. A cela s’ajoute d’autres moyens de communication. Adventist World Radio (la radio adventiste mondiale) et de nombreuses stations de radios adventistes émettent à travers le monde. Hope Channel (la télé de l’Espoir, avec ses sept chaînes continentales par satellite, aussi visibles sur le portal www.hopetv.org et www.hopetv.fr pour les programmes en français), 3ABN (visible sur www.3abn.org), 3ABN Latino, LLBN (visible sur www.llbn.tv), LLBN en arabe et Safe TV couvrent le monde entier.

    Au milieu du XIX e siècle, on ne saurait blâmer l’incompréhension des adventistes. Vous parlez d’une évangélisation mondiale alors qu’ils n’ont strictement rien : pas de clergé salarié, pas de bâtiments d’église, pas de ressources financières, pas d’organisation, pas d’imprimerie. Comme nous le verrons, il faut au moins commencer par là. Dur programme !

  • Sortie de mon livre ”Regards croisés sur l'Eglise adventiste du septième jour”

     

    Eglise adventisteCe 30 mai 2016 les éditions Vie et Santé publient mon dernier livre : Regards croisés sur l'Eglise adventiste du septième jour. Le livre met en lien, pour le grand public, des travaux et réflexions sur l'Eglise adventiste pour faire connaître différentes représentations, idées collectives, opinions, sur l'Eglise adventiste du septième jour. Vous y découvrirai l'évolution du regard des groupes évangéliques, des médias et des sciences sociales.

    Le livre est publié aux éditions, adventistes, Vie et santé, au prix d'obstacles. Pourquoi ? Ceux qui viennent ici le savent ; je considère que la construction d'un savoir sur un groupe ne peut se faire, sans restituer à ce dernier, quitte à subir la critique, la connaissance acquise.

    Porté par la préface de Sébastien Fath, mon livre vous invite à découvrir une organisation religieuse en dialogue avec la société. L'idée est donc de dépeindre une église dans son dynamisme social. Le manuscrit initial était de 480 pages, réduit à 80 pour vous. Vous comprenez donc, qu'il y a de quoi vous proposer une suite. Mais déjà, retrouvez entre les lignes de Regards croisés sur l'Eglise adventiste du septième jour une communauté qui pose questions et pousse à réinterroger notre compréhension des minorités religieuses.

     

  • Regard d'Ernest Pépin sur la mort de Marmy le plus ancien prisonnier de France.

    Pierre-Juste Marny, Suicide, Prison Martinique, Plus ancien prisonnier françaisLes vacances sont terminées (votre serviteur n'en a pas eu) et j'apprends avec stupéfaction la mort de Pierre-Just Marny. Son parcours montre la difficulté que notre société éprouve à pardonner. Au point qu'elle se rappelle de la peine d'une individu tout en oubliant la faute. Je voulais partager ce sentiment avec vous. Mélange d'incompréhension, de colère face à l'impasse dans lequel des individus sont. Pourquoi presque 50ans après des faits condamnables un individu n'aurait pas le droit d'avoir un trait, d'une once d'espoir ? Certainement notre société qui s'évertue à tout archiver, archive aussi sa haine au point de la rendre évidente et d'offrir au plus vieux prisonnier de France que l'oubli, l'absence d'espoir, le suicide comme fin. Condamné à mort sous l'artifice de la perpétuité, Marny a tiré la conclusion que le système judiciaire lui a inspiré. Il s'est suicidé en Martinique arrêtant de prolonger son record de détention.

    Je suis tombé sur ce texte d'Ernest Pépin qui va dans ce même esprit. Je vous laisse en prendre connaissance. Sa question, « qui nous pardonnera » trouve un place dans chaque conscience.

    Qui nous pardonnera ? (d'Ernest Pépin)

    Pierre-Juste Marny, Suicide, Prison Martinique, Plus ancien prisonnier françaisQui nous pardonnera ? J’apprends avec tristesse la mort de Marny. Le plus vieux prisonnier de France ! Je dis que d’une certaine manière la société l’a assassiné en utilisant une arme redoutable : l’arme du temps ! C’est une vie gâchée derrière les barreaux dont les plus durs sont les barreaux de la conscience. Combien de fois, sans doute, a-t’il ressassé sa jeunesse et les crimes qu’elle occasionna. Combien de fois, sans doute, a-t-il constaté qu’il a été victime des circonstances ! D’une sorte de folie sans folie qui nous emporte dans la spirale maladroite d’un comportement inapproprié.
    Cela aussi c’est l’être humain, la pulsion de la colère, l’impulsion de l’aveuglement et ce surmoi qui éclate devant une supposée injustice.
    Cela peut donner Césaire !
    Cela peut donner Marny !
    L’un n’est pas réductible à l’autre mais l’un et l’autre sont des faces de lumière et d’ombres d’un seul jaillissement qu’on appelle l’homme.
    Toute jeunesse est une force d’ivresse. Seul le temps apprend l’humilité. Mais il arrive que l’humilité soit une souffrance insupportable. Elle l’était sans doute pour lui !
    L’humilité, dans ces conditions là, où vivre c’est pourrir ou demain n’ouvre aucune porte sinon celle d’un pardon que personne n’accorde.
    Il m’est impossible, ce disant, d’oublier les victimes. Elles furent aussi victimes des circonstances de tout ce qui entraîne une sociopathie.  La Martinique, pour de multiples raisons, baignait dans sa folie. Folie de l’argent ! Folie de la vengeance ! Folie de la fuite en avant ! Folie même des solidarités ataviques !
    Dans cette affaire mal élucidée, la frénésie a son mot à dire.
    Je me souviens comment l’inconscient collectif « fabriquait » Marny à la manière d’un nègre marron revenu des hauteurs. Quelque part, nous l’avons incité à être ce nègre marron là qui n’a pas hésité à se baptiser « La panthère noire ».
    L’époque était à Django contre Zorro. L’époque était aussi au Black Panther Party, aux résistances ouvertes ou  larvées. A une sorte d’héroïsme insu, qui pouvait prendre aux tripes l’intellectuel comme le petit gars de nulle part. Marny a été une forme d’ignorance mêlée à l’air guerrier des temps. Une sorte d’innocence qui « joue » au « major ».
    Je pleure ses victimes tapissées par l’ombre d’un autre temps.
    Je le pleure aussi opposant à l’irréductibilité de son histoire l’irréductibilité confuse de son destin. Il est mort ! Il aurait choisi de mourir ! Lui à qui on avait fait l’aumône inhumaine d’une petite sortie de fauve sans griffes. Il devait être puni ! Il méritait d’être puni ! Mais nous avons confondu la punition avec un décret divin donc immuable.
    Ceux qui furent ses victimes, comme ceux qui lui offrirent une sorte de solidarité tardive. Ceux qui l’ont déchaîne, comme ceux qui l’ont enchaîne, doivent sentir peser l’ombre d’une Martinique qu’à sa manière, il incarnait.
    Encore une fois l’histoire a rusé avec un homme, la religion a failli et la justice prétendument aveugle est passée à côté d’une forme humaine de sanction.
    La peine de mort est abolie mais elle palpite encore au bout de la corde qui étrangla Marny. Nous éprouvons ce drame ! Il nous dérange ! Et nous n’avons que ces mots à jeter sur sa tombe. Il arrive qu’un coupable soit martyr. Cela s’appelle la loi du Talion ! Qui nous pardonnera ?

    Source : Ernest-pepin

  • Réponse partielle à la campagne de calomnie du service de Communication adventiste à mon encontre

    Calomnie adventiste, Fabrice Desplan, Exorcisme à Grigny, BIA, Bulletin d'Information adventiste, Revue Adventiste, Manipulation, Secte, Rapport Miviludes, Sectes apocalyptique, Je reçois des mails surpris de la campagne de communication contre moi qu'a lancé le service de communication de l'Eglise adventiste. Utilisant les ressources qui viennent de membres, le service de Communication à imprimer son Bulletin d'Information et sa Revue Adventiste (font noir de rigueur pour fabriquer la dramaturgie) en reprenant une interprétation fallacieuse de mes propos suite à l'affaire d'exorcisme de Grigny. Nombreux, vous êtes surpris que je sois vilipendé après avoir affirmé que l'Eglise adventiste ne pratique pas d'exorcisme. Les interlocuteurs et services non adventistes sont les plus choqués. Pour avoir une vision globale j'ai transmis ce mail suivant à des adventistes pour qu'ils aient une vision plus complète. Comme la campagne de calomnie adventiste est publique alors pourquoi me priver de vous donner à vous aussi, ces quelques informations. Entre nous l'adventisme est entrain de se fabriquer une réputation de groupe fermé, imperméable aux critiques mêmes positives, qu'il devra assumer. De mon côté, contrairement à ce qui m'a été insinué par le service de communication adventiste, je continuerai à parler librement de l'adventisme hexagonal. Voici le mail que j'ai fait circuler. Vous pouvez le télécharger en PDF.

    Dans le silence des responsables adventistes commencent à m'indiquer les raisons inavouables de cette tentative de diversion sur ma personne. Mais heureusement qu'il y a une différence entre les membres d'une communauté et certains de ces dirigeants qui instrumentalisent mes propos qui pourtant étaient à leur avantage selon tous les médias. Pourtant l'Eglise adventisme devrait plus s'inquiéter de sa préssence injustifiable dans le dernier rapport sur les sectes en France que de s'adonner à des pratiques staliniennes. Voici donc le mail envoyé à des adresses d'adventistes et de lecteurs du blog.

     

    L'affaire de Grigny a suscité des réactions indignes et mensongers du service de communication de l'Eglise adventiste.
    Nombreux sont les internautes adventistes par mails ou simplement sur des forums qui ont noté que dans l'entretien donné à l'AFP j'indiquais que l'adventisme ne pratique pas l'exorcisme. C'était le fond du dossier. Dans un communiqué indigne l'Eglise adventiste indique « qu'il est dommage que Fabrice Desplan fasse ainsi des généralités en suscitant le doute dans les esprits au sujet des pasteurs antillais ». Il s'agit ni plus ni moins d'une manipulation de mes propos. Pour cela rien ne vaut de revenir sur la dépêche AFP. Et surtout cela permettra de noter l'inculture du service de communication adventiste sur les recherches disponibles depuis les années soixante dix sur l'adventisme. C'est d'ailleurs le plus grand drame de mon avis.
    Mes propos n'invitent à aucune interprétation mensongère comme s'est livrée l'Eglise adventiste. Pour s'en rendre compte voici l'intégralité du communiqué AFP qui fait mention de mes propos. Notez que l'Eglise adventiste ne l'a jamais repris dans son intégralité pour ses membres, alors qu'elle diffuse sur plusieurs supports (BIA, Revue adventiste) son interprétation tendancieuse et vise à faire une diversion à bon prix.

    Communiqué AFP :

     Séquestrée pour être exorcisée: 4 personnes déférées à Evry

     (AFP) – 13 mai 2011

    EVRY — Quatre personnes, interpellées jeudi à Grigny (Essonne) après avoir séquestré une jeune fille pendant une semaine dans un appartement pour l'exorciser, seront déférées à Evry samedi matin, a-t-on appris vendredi auprès du parquet d'Evry et de sources proches de l'enquête.

    Ces quatre personnes, dont une femme qui louait l'appartement, sont âgées d'une trentaine à une cinquantaine d'années. Tous, qui se réclament de l'Eglise adventiste du septième jour, vivaient dans cet appartement de Grigny, mais ne faisaient pas partie de la même famille.
    En revanche, le fils de la femme interpellée, mineur, qui avait également été interpellé, a été remis en liberté et devrait être placé.
    Les mis en cause ont expliqué avoir voulu désenvoûter la jeune femme.
    La jeune femme de 19 ans qui a été séquestrée pendant une semaine pour être exorcisée se trouvait toujours à l'hôpital vendredi. Après avoir passé sept jours attachée à un lit, sans manger et en buvant très peu, ayant été frappée et scarifiée, elle est très affaiblie, mais son pronostic vital n'est pas engagé.
    Très fragile psychologiquement, elle avait été trouvée par les policiers jeudi en fin de matinée, après que son père eut retrouvé sa trace.
    Les cinq mis en cause, originaires des Antilles, et la jeune femme, Camerounaise, auraient été exclus, il y a un an, de l'église adventiste de Paris et auraient formé un groupe dissident, vivant en autarcie.
    Fabrice Desplan, sociologue et chercheur rattaché au laboratoire Groupe, sociétés, religions, laïcité du CNRS, auteur avec Régis Dericquebourg de "Ces protestants que l'on dit adventistes" (L'Harmattan), a expliqué à l'AFP que le mouvement adventiste en France est principalement antillais, et en Région parisienne.
    Il fait état de "gens qui migrent, gardent des repères magico-religieux", et "n'arrivent pas à marier traditions antillaises et traditions religieuses".
    "Chez les pasteurs Antillais, il y a une rhétorique pas très claire, qui rend (les fidèles) très perméables aux discours sur le mal, les démons. Mais ce n'est pas le discours officiel du groupe", a-t-il encore souligné, précisant que "les adventistes ont une très grande difficulté à gérer l'expression antillaise. La gestion magico-religieuse prend de la place".
    Dans un communiqué diffusé vendredi, les responsables des deux Fédérations adventistes de France et le président de l'Union franco-belge des Fédérations adventistes se sont dit "consternés par l'attitude de ces personnes".
    "Ce n'est pas dans l'enseignement de l'Église adventiste et dans ses pratiques d'utiliser de tels procédés dans ce type d'exorcisme délirant", indique le communiqué. Il précise qu'une "enquête est faite pour savoir si ces personnes sont réellement membres de l'Église adventiste de l'une des églises de l'Essonne".
    "Ces personnes ne figurent pas sur nos registres et je ne les connais pas", indique dans ce communiqué le pasteur de l'église d'Evry, Charly Reson.
    L'Église adventiste du septième jour de France compte 12.660 membres en France métropolitaine et 33.998 membres dans l'Outre-Mer français.
    La police judiciaire d'Evry a été chargée de l'enquête.

     

    Il suffit de lire ce communiqué pour se rendre compte du décalage entre son contenu et la lecture du service de presse adventiste.
    Tous les lecteurs ont noté que j'insistais sur l'incompatiblié entre exorcisme et adventisme. Ce qui choque visiblement c'est que la journaliste reprend le mot ambigüité. Oui, il y a des us, coutumes, mots, discours qui peuvent être réinterprétés par certains comme compatibles avec l'exorcisme. Et là il n'y a rien de nouveau. Dès les années 70, des sociologues et anthropologues le notaient.
    Jean Paul Barquon qui manipule mes propos indique que je fais des généralités concernant l'aspect antillais de l'adventisme. N'avez vous pas vu le mot « PRINCIPALEMENT » dans le communiqué de l'AFP ? Lui non. J'ai donc raison de dire qu'il y a une difficulté à gérer la question antillaise finalement.
    D'autre part, ce dernier semble ne pas savoir que je conseille des étudiants de la Faculté adventiste de Collonges. Pourquoi me rendrais-je disponible pour ces derniers si je méprise leur formation ?
    Le communiqué adventiste est une manœuvre pour calmer sans doute des susceptibilités internes qui ne savent pas l'échange que j'ai eu par mail avec Monsieur Barquon. Il y aurait énormément à dire et redire. Le but maintenant, en constatant l'effort de la communication adventiste, est de me discréditer auprès de ses membres. Cela témoigne surtout d'une incapacité adventiste à parler sereinement d'elle même en quittant son langage pour entrer dans un discours ouvert.
    Ceux qui veulent le détail de ma pensée, peuvent lire mon blog à l'adresse www.dixmai.com où je reviens largement sur cette affaire, y compris sur l'hilarité qu'elle a entraîné chez des adventistes. Ce rire est pour moi un signe maturité.
    Je demande à l'Eglise adventiste un droit de réponse (évidemment il sera rejeté) car les mensonges sont flagrants. Comment expliquer l'écart de perception entre nombreux internautes et adventistes avec celle de la direction adventiste ? Quoi qu'il en soit le département des communications adventiste devrait plutôt commenter le dernier rapport de la Miviludes où je pense qu'elle figure injustement (de façon indirecte) et du sens que peuvent donner des individus à ses discours quand ceux-ci sont réceptifs à l'exorcisme, plutôt que de se lancer dans une campagne de dénigrement.
    Notez, cher lecteur, que c'est moi qui ait indiqué au service de communication adventiste que la presse s'interrogeait sur les liens entre la victime et la communauté de Paris Est, alors que cela n'avait pas été évoqué. Pourquoi l'indiquer si l'objectif est de nuire ?
    Le Président de l'Union des adventistes m'a demandé une audience que je lui ai accordé. Nous verrons si ce tête à tête permettra de lever les mensonges flagrants et d'obtenir le droit de réponse. Je peux quand même rêver !
    En complément, je vous porte la réponse par mail que j'ai adressé, instantanément à Monsieur Barquon à la lecture de sa manipulation.

     


     

    De fabrice desplan

     à: Barquon Jean-Paul

    date 23 mai 2011, 11:03

    objet :Réponse au communiqué du 21/05/2012

    Cher JP,

    Je manifeste ici toute ma surprise face au dernier communiqué dans la suite de l'affaire de Grigny. Il y aura toujours des divergences entre la lecture sociologique de l'adventisme et la perception même du groupe de son identité. Là, est une réalité qui ne gène pas. Je note qu'il existe des ambiguïtés dans le discours de pasteurs envers l'exorcisme chez ceux qui entendent et y seraient sensibles.
    Je n'ai jamais mis en doute la qualité de la formation, mais des us de certains. Pourquoi l'insinuer ? Il y a une différence entre la pratique professionnelle et la formation professionnelle !
    Mais ma plus grande surprise reste le fait que ce communiqué n'indique jamais que j'ai insisté sur le fait que l'Eglise adventiste ne pratique pas l'exorcisme. Pourquoi ? A quelles fins ?

    Les médias du groupe France TV  insistaient d'ailleurs sur un pan de ma réponse en disant:
    Mais Fabrice Desplan tient à être clair : "l’Eglise adventiste en France n’incite pas ses membres à (des rituels d’exorcisme)", explique-t-il sur son site. "Une marginalité de membres (ou d’)anciens adventistes s’adonnent à de tels rituels. Dans le cas d’individus adventistes, cela ne peut être que des initiatives déconnectées des orientations de l’adventisme français." Selon lui, l’exorcisme est généralement le fruit d’adeptes originaires d’Afrique ou des Antilles. "Les adventistes ont une très grande difficulté à gérer l’expression antillaise. La gestion magico-religieuse prend de la place", souligne le sociologue.
    La fin de cette déclaration peut m'être reprochée, mais passer sous silence le fait que partout a été repris l'incompatibilité entre exorcisme et adventisme en France est une mauvaise foi flagrante.
    Entendu par nombres de services cette insistance a convaincu là où les communiqués de tes services étaient inopérant, alors que ce n'était évidemment pas l'objectif. Je retiens donc la lecture et le vécu interne à l'adventisme que traduit ce communiqué. 
    J'ai compilé 39 mails d'adventistes confirmant mes remarques et remerciant que je dissocie adventiste et exorcisme clairement. Nombreux autres n'ont même pas été ouverts.
    Sera t-il possible un jour pour l'Eglise adventiste de parler sereinement de toutes ses dimensions ? 
    Mais le plus important est pour moi une mise à jour de votre communiqué, en reprenant avec honnêteté mes dires, en rappelant clairement, malgré les divergences inhérentes et normales, que j'ai clairement indiqué que l'Eglise adventiste ne pratique pas d'exorcisme. C'est le fond du dossier qui mobilise et il serait intègre de le mentionner. 
    D'autre part, comment oser parler de "généralité", là où à chaque fois je parle de MARGINALITE ? Le communiqué est ici loin des propos qui peuvent être relus.

    Merci d'accéder à ce doit d'informations complémentaires.

    FD

     VERSION EN TELECHARGEMENT

  • Joseph Bates : le vrai fondateur de l'adventisme sabbatiste (1/2 de JL Chandler)

    Bates et le millérisme

    Joseph Bates est un sacré personnage ! Dans son Autobiography, il narre une vie bourrée d’aventures palpitantes. C’est le cinquième des sept enfants de Joseph et Deborah Bates. Il a grandit à New Bedford, un port dans le Massachussetts, qui est la capitale de la pêche à la baleine aux Etats-Unis. L’attraît de la mer ! Bates n’y a pas résisté. A quinze ans, il s’engage dans la marine marchande. Pendant vingt-et-un ans, il mènera une existence pleine de risques et de voyages exotiques à travers les mers de la Caraïbe, de l’Amérique du Sud, de l’Europe et de la Russie. Il a tout connu : les tempêtes, les naufrages, le péril de la noyade et l’abordage des pirates. Son bateau se trouvera piégé au beau milieu de batailles navales entre l’Angleterre, les Etats-Unis et la France. Il sera prisonnier des Anglais en 1812.

    Dans un sens, son mariage en 1816 à Prudence Nye, une amie d’enfance, a contribué à le « stabiliser ». En 1822, il devient le capitaine d’un navire. Et à ce moment là, il réforme ses habitudes de santé. Il abandonne totalement l’alcool et le tabac. Deux ans plus tard, il trouve une Bible - le Nouveau Testament - que Prudence a glissée dans sa malle de voyage. Il la lit assidûment. Il découvre l’amour et la grâce de Dieu. En 1827, il est baptisé par immersion et il devient un membre de l’Eglise chrétienne – autrement appelée la connexion chrétienne.                   
    Après avoir amassé une petite fortune (11 000 dollars), Bates se retire de la marine en 1828. Mais ce jeune « retraité » ne reste pas inactif. Il s’occupe des propriétés de son père. Pendant douze ans, il s’implique dans deux causes : la tempérance et l’abolition de l’esclavage. A ses propres frais, il fait aussi bâtir une école d’instruction professionnelle pour des jeunes garçons.
    En automne 1839, Bates entend parler de William Miller. Il rejette l’idée d’une date pour le retour du Christ mais son intérêt s’avive quand quelqu’un lui dit que Miller soutient ses arguments par un grand nombre de textes bibliques. Il lit son ouvrage : Evidences de l’Ecriture et de l’histoire sur la seconde venue de Christ, vers 1843. En mars 1841, à son invitation, Miller prêche à Fairhaven et New Belford. Bates est impressionné ! Il remarque : « Sa prédication était très intéressante et très en avance sur ses écrits » (Autobiography, p.256).            
    Bates déploie toute son énergie dans la prédication du retour du Christ. Il occupe de hautes responsabilités dans l’organisation millérite. C’est lui qui présidera la conférence générale de mai 1842, l’un des rassemblements les plus importants de l’histoire du mouvement. Il dépense toute sa fortune pour faire avancer la nouvelle. En mars 1844, il vend sa maison pour payer ses dettes car il ne veut rien devoir à personne lorsque Jésus revient. Après le désappointement, il va poursuivre, avec cette même détermination, sa quête des éléments de vérité comme on rassemble les pièces d’un puzzle. Mais pour comprendre ce qui va se passer, remontons un peu en arrière dans le temps.                
     

    Les millérites sabbatistes
    Vers 1840, l’Eglise baptiste du septième jour, qui a été fondée à Londres en 1617 avant de s’exporter aux Etats-Unis en 1671, connaît une période de réveil spirituel. Ces quelques milliers de chrétiens sabbatistes américains agitent la question du sabbat parmi les protestants. Au début de l’année 1844,  Rachel Oaks – ou Oakes – (1809-1868), une baptiste du septième jour de l’état de New York, qui visite sa fille Delight à Washington dans le New Hampshire, parle du sabbat aux gens de la communauté. Le premier converti est apparemment William Farnsworth, son beau-frère, et celui qui l’aurait convaincue sur la doctrine du retour du Christ. Un autre converti est Frederick Wheeler, un pasteur et un fermier méthodiste millérite. Durant un service de communion, celui-ci invite les participants à « obéir à Dieu et à garder en toutes choses ses commandements » durant l’attente du retour de Jésus. Emoustillée par son injonction, Oaks lui rend une visite amicale. Elle le met au défi d’observer les dix commandements, et en particulier le quatrième :

    « Pense à observer le jour du sabbat et fais-en un jour consacré à l’Eternel. Tu travailleras six jours pour faire tout ce que tu as à faire. Mais le septième jour est le jour du repos consacré à l’Eternel, ton Dieu ; tu ne feras aucun travail ce jour là... Car en six jours, l’Eternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, mais le septième jour il s’est reposé. C’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du sabbat et en a fait un jour qui lui est consacré. » (Exode 20.8-11)    

    La remarque d’Oaks touche profondément Wheeler. Il fait une recherche biblique sur le sabbat et en mars 1844, il se met à l’observer. Plusieurs membres suivent son exemple. La congrégation de Washington est la seule congrégation millérite sabbatiste. Mais vers la fin de l’été 1844, d’autres millérites auraient accepté la doctrine du sabbat. C’est le cas de Thomas Preble (un prédicateur baptiste qui accompagna parfois Miller dans ses voyages), apparemment par l’intermédiaire de Rachel Oaks. En septembre 1844, le journal millérite, The Midnight Cry, note à plusieurs reprises l’activité des baptistes du septième jour. Ouverts à la recherche biblique, ses rédacteurs n’ont pas d’avis tranché sur le sabbat. A leur opinion, « la loi ne demande pas aux chrétiens de mettre à part un moment particulier comme un temps consacré » mais ils concèdent que si l’étude de la Bible convainc une personne du contraire, elle doit aussi conclure que « le moment particulier que Dieu nous demande de sanctifier est le septième jour de la semaine, qui est  le samedi » (LeRoy Froom, Prophetic Faith of our Fathers, vol.4, p.944).
    A quelques semaines du 22 octobre, Wheeler et Preble ne sentent pas la nécessité de convaincre leurs amis millérites sur un changement de jour de repos. Mais après le désappointement, Preble écrit un article dans le journal Hope of Israel du 28 février. C’est le premier article millérite sur le sabbat. En mars 1845, il publie aussi un tract sur le sujet.  
    Les participants de la conférence d’Albany de mai 1845 n’ignorent pas le point de vue de Preble mais ils décident ne pas s’associer à qu’ils considèrent être une caractéristique du Judaïsme. Et déjà, les albanistes se désignent officieusement comme des « adventistes du premier jour » comme pour se démarquer des adventistes « du septième jour ». En fait dans leur esprit, les millérites qui se réunissent le sabbat sont des spiritualistes – dont ils veulent absolument se distancer - car certains (plus nombreux que le minuscule courant sabbatiste) se sont mis à l’observer. Pas très longtemps ! Dès l’été 1846, la pratique du sabbat disparaît parmi eux. L’historien Merlin Burt observe que, dans leur quête fanatique de nouveautés spirituelles, ces spiritualistes ont essayé le sabbat sans saisir sa vraie signification théologique : ils ne l’ont pas lié à la création et aux dix commandements (Clyde Hewitt, Midnight and Morning, p.271-272).         
    Moins de trois ans après son acceptation du sabbat, Preble renonce aussi à l’observer quand il obtient la gestion d’une grande propriété. Il ne veut pas s’abstenir de faire des transactions commerciales le samedi. Néanmoins, sa contribution à l’adventisme est significative car son article et son tract sur le sabbat attireront l’attention de Joseph Bates et de John Andrews (un adolescent de 15 ans), deux futurs fondateurs de l’adventisme sabbatiste. De son coté, Rachel Oaks observera le sabbat jusqu’à la fin de ses jours. Elle deviendra une adventiste du septième jour quelques mois avant sa mort en 1868 – après que ses doutes soient levés sur des rumeurs qu’elle a entendues sur James et Ellen White. A ses funérailles, Stephen Haskell saluera son héritage spirituel : « Elle dort mais le résultat d’avoir introduit le sabbat parmi les adventistes est bien vivant » (Review and Herald, 3 mars 1868).                 

     

    Bates et le sabbat
    En avril 1845, Joseph Bates, à 52 ans, lit l’article et le tract de Thomas Preble sur le sabbat. Dans l’introduction du tract, celui-ci cite une déclaration de William Miller affirmant que le sabbat a été créé pour « être un signe éternel et une alliance perpétuelle », un fait qui prouve « sans l’ombre d’un doute qu’il s’impose de la même manière et pour la même raison à l’Eglise chrétienne comme aux Juifs » (According to the Commandment, p.3). Miller a-t-il songé à observer le sabbat ? En a-t-il été dissuadé à cause des spiritualistes ? On n’en sait rien.                
    Avec sa minutie habituelle, Bates étudie le sujet à fond. Il compare les arguments de Preble avec la Bible. En quelques jours, il est convaincu qu’il n’y a jamais eu de changement biblique du jour de repos. Peu après, en avril ou en mai 1845, il rend visite à Frederick Wheeler car il a entendu parler de sa congrégation sabbatiste de Washington dans le New Hampshire. Il arrive chez lui vers 22 heures. La famille Wheeler est déjà couchée. Bible en main, les deux hommes discutent toute la nuit et jusqu’après midi le jour suivant. Puis Bates prend le chemin du retour. Sur un pont, à l’entrée de New Bedford, il croise James Hall. Celui-ci le salue :

    - Qu’elles sont les nouvelles, capitaine Bates ? 

    - Les nouvelles sont que le septième jour est le sabbat et que nous devons l’observer.

    -  Eh bien je m’en vais à la maison lire ma Bible et regarder cela.

    Après avoir croisé Hall, l’infatigable Bates assiste à une réunion millérite. Avec le tract de Preble à la main, il parle du sabbat. Deux semaines plus tard, Hall et sa femme se mettent à l’observer. Quelques millérites se joignent à eux. Pour Bates, le sabbat est une vérité essentielle. Nous verrons pourquoi dans la seconde partie de cet article.

  • Il y a 200 ans, William Miller connaissait son expérience de conversion

    miller.jpgWilliam Miller, réformateur leader du mouvement de réveil le millérisme est de toute évidence un meneur d'hommes. Lors de la guerre de sécession il s'est fait remarquer comme un soldat efficace face aux anglais. L'un des faits d'armes du capitaine Miller fut à la bataille de Plattsburg le 11 septembre 1814. Dans un rapport rédigé de sa main il écrit sa satisfaction d'être des 5500 soldats qui avaient mis en déroute 1 5000 anglais dont des généraux qui avaient vaincus Napoléon1. Cette séquence marqua Miller et affirma chez lui les convictions déistes. Sylvester Bliss raconte que Miller indiqua « qu'un tel résultat dans de telles circonstances adverses me sembla être l’œuvre d'une puissance plus grande que celle de l'homme seul »2.

    La guerre semble avoir entraîné une distance entre Miller et les religions institutionnelles, en particulier l'église Baptiste de son éducation. Installé près de la ferme de son père décédé, il se rend peu à l'église de Low Hamton sauf lors des sermons présidés par un des ses oncles.
    Bliss raconte que lors de la commémoration du deuxième anniversaire de la bataille de Plattsburg en 1816, certainement marqué par l'événement, Miller fut porté par une vague d'émotions. Le dimanche suivant, Bliss relate une nouvelle forte poussée d'émotions qui envahit Miller chargé de lire à l'église un texte sur les responsabilités des parents. Ce 11 septembre 1816 marque le début d'une quête de sens de Miller pour orienter à sa vie à partir des textes bibliques. La suite sera un puissant mouvement de réveil, Le Millérisme, dont l’Église adventiste du septième jour sera le principal surgeon.
    La fin de l’année 2016 marque donc le 200e anniversaire de l’expérience de conversion de Miller selon les archives. Comme souvent dans l’Amérique du XIX cette conversion est en faite une refondation interne au protestantisme. Baptiste, même s’il avait déjà commencé à prendre des distances avec sa communauté, Miller ne va pas délaisser le protestantisme. Il va participer à le réorienter. Pas étonnant que par la suite, plusieurs leaders eux mêmes issus d’autres groupes religieux, vont le rejoindre pour fonder le millérisme. Même s’il n’a pas été fondateur de l’Église adventiste du septième jour, William Miller reste un leader charismatique, de mon avis pas assez (en faite, mal) étudié.

    Le 200e anniversaire de sa conversion est l’occasion de rappeler l'apport large au protestantisme et plus largement à la pensée de Milliam Miller. Franc-Maçon, lecteur des Lumières, anti esclavagiste attiré par l’expérience de la nouvelle République de Haïti, autodidacte, Shérif et juge, fin connaisseur de l’histoire, prédicateur, stratège militaire, couturier… l’homme est dense. La fin de sa vie n’a certainement pas été à la hauteur de ses contributions au-delà même du protestantisme. Je ne suis pas historien, mais souvent, sans le vouloir, l’histoire permet la réhabilitation d’hommes par des biographies denses et non partisane. Une telle biographie dans l’espace francophone est à réaliser, surtout que Miller a été influencé par des auteurs et acteurs de la révolution française, dont le fameux député du Pas de Calais, Thomas Paine.

     

    1 Mervyn Maxwell, Tell it tothe World, Pacific Press Publishing, 1976

    2 Sylvester Bliss, Memoirs of William Miller, Boston, 1853.

  • Le défi de la réorganisation des cultes suite aux Covid-19 (I)

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    Depuis plusieurs semaines je suis interrogé par des communautés religieuses sur les conséquences d’une réorganisation des rituels en raison de la Covid-19. Des dimensions complémentaires doivent être distinguées sur ce point. Pour le comprendre je vous propose trois notes sur le sujet, chacune revenant sur une des dimensions à prendre en compte lors de la réorganisation des cultes. Commençons par la dimension ergonomique pour appliquer les mesures d’hygiène visant à circonscrire la diffusion d'une pathologie infectieuse, ici la Covid-19.

     

    La dimension hygiénique et ergonomique

    L’organisation spatiale est devenue un enjeu majeur. C’est à partir de ce dernier que toutes les autres réorganisations se réalisent. Pour qu’une communauté religieuse prenne en compte les contraintes infectieuses il faut donc qu’elle réaffirme le cœur, l’essentiel du sens de son action afin que la gestion de l’espace contribue à atteindre l’objectif assigné. Mais commençons par un point important qu'est la redéfinition de la relation avec l'Etat. Dans la prochaine note nous soulignerons les questions que la relation avec l'Etat soulève.

    • Revoir la relation à l’Etat.

    L’expérience de Mulhouse l’a montré. Lorsqu’une communauté religieuse organise librement, en autonomie ses manifestations fort du cadre de 1905, elle doit cependant être prête à renforcer ses liens avec les décideurs pour enrayer des conséquences indésirables comme les épidémies. Les communautés doivent désormais renforcer la traçabilité des flux d’individus, au moins sur une période glissante de 14 jours, durée d’incubation maximale de la Covid-19, pour aider à retrouver toutes les personnes susceptibles d’être infectées en son sein. Cela réinterroge bouscule les habitudes mais il y a un équilibre, entre les libertés (d’associations, de croyances et autres libertés fondamentales), à trouver par rapport à l’impératif de santé. Ce renforcement ne peut pas être présenté et considéré comme un flicage. C’est aujourd’hui une nécessité transitoire qui doit être limitée dans le temps.

    • La distance physique

    Les indications de distanciation physique varient en fonction des pays, des formes d’activités et de l’évolution des circulaires. En France, le repère d’1m est la norme. Initialement cela imposait un espace de 4m² par personne ce qui rendait impossible l’accueil du public avec les jauges habituelles. Au mieux certains pasteurs m’indiquaient devoir réduire de 75% les capacités avec cette contrainte. L'arrêt du Conseil d'Etat rendant illégal la fermeture des lieux de culte et l’évolution récente consistant à appliquer l’écart 1m linéaire à des groupes facilitent l’organisation des rituels et l’accueil des publics. Ainsi une même famille peut être rassemblée et séparée des autres familles d’un seul siège. La règle reste identique pour les groupes d’amis, mais son application dans les églises reste complexe. En effet, tous les individus peuvent se présenter comme un groupe d’amis, il faudra alors identifier les groupes qui résident ensemble ou pas.

    • Particularités des enseignements à destination des enfants (écoles du dimanche/sabbat)

    Les écoles du dimanche, les écoles du sabbat ont cette caractéristique d’être des enseignements cultuels à type culturel. Cela a donné dans le passé des échanges vifs et des conflits juridiques notamment avec l’administration fiscale. Nombres de communautés évangéliques organisent l’enseignement de l’école du dimanche sur les normes de l’enseignement scolaire. L’évolution des circulaires de l’Education (disparition des 4m², utilisation des masques quand le mètre linéaire ne peut être garanti) facilite désormais les activités des écoles du sabbat et du dimanche.

    • Sens de circulation

    Il est mis en place pour éviter les croisements. Là est un véritable casse-tête. Toutefois les communautés arrivent localement à le mettre en place.

    • Mise en place de processus de désinfection

    Les communautés disposent désormais de distributeurs de gel hydroalcoolique à l’entrée. Mais la complexité vient de l’obligation de désinfection régulière des locaux. Cela nécessite un personnel formé et disponible. C’est cela qui réduit, comme dans les lycées, les possibilités d’accueil et la polyvalence des activités. En plus les contraintes de désinfection imposent une limitation des objets que les individus peuvent se passer entre eux, ce qui n’est pas sans conséquence sur les gestes rituels et les écoles du sabbat/dimanche.

    • Place des masques

    Les communautés encouragent le port du masque. Certaines en font un outil obligatoire. Dans les faits, les membres des organisations religieuses protestantes optent massivement pour le port du masque. Toutefois, les communautés doivent être en capacité de proposer des masques. Cela a donné naissance à une chaîne de solidarité pour la confection de masques par des membres. Parfois des communautés ont réalisé des masques avec des logos, verset, images, faisant des masques des supports de communication.

    • Intégrer le distanciel

    Lors du confinement les groupes religieux ont amplifié l’utilisation d’outils numériques afin de garder un lien. Cette nécessité demeure pour : (1) permettre un retour graduel en présentiel ; (2) satisfaire les membres qui considèrent encore précoce un retour dans les lieux de cultes ; (3) continuer les activités en gardant le lien quand localement les lieux ne permettent pas de réouverture ; (4) continuer à toucher un nouveau public éventuellement découvert grâce aux télécultes et (5) garder de manière définitive la complémentarité entre distanciel et présentiel qu’il y ait virus ou pas.

    Sur ce point les églises comme l’Eglise adventiste qui disposent de structures médiatiques ont pu voir l’apport capital de ces derniers et de leur valeur ajoutée. Les chaînes Youtube de groupes et de pasteurs évangéliques furent et demeurent particulièrement visitées. Les radios associatives eurent également une place singulière lors du confinement pour que l’esseulement ne se transforme pas en isolement.

    • Former

    Les communautés ne peuvent échapper à l’obligation de formation sur l’hygiène et les risques juridiques. En particulier les laïcs en charge de l’entretien des locaux doivent être formés. C’est l’ensemble des corps du diaconat et de l’anciennat qui sont ici des cibles principales. Pour cela les communautés disposent de ressources internes suffisantes comme des professionnels de santé et du droit pour former. L’appartenance à une structure fédérale comme dans le cas adventiste est un atout pour mutualiser les compétences. L’intégration organisations comme la (FPF) Fédaration Protestante de France, le Réseau (FEF) Fraternel évangélique français, le (CNEF) Conseil National des évangéliques, Fédération des Eglises Evangéliques Batistes de France, (l’UEELF)l’Union des Eglises Evangéliques Libres de Fance, etc. peut être un levier.

     

    Mise en oeuvre

    • Une forte conscience

    L'application des mesures impose une réduction des jauges, de la capacité d'accueil de tous les sites religieux. Pour y faire face, il n'y a pas d'encouragement à un retour absolu, massif, obligatoire, dans les lieux de culte.  Les communautés religieuses ne veulent plus être un sujet médiatique avec le Coronavirus comme ce fut le cas aux premières heures des foyers de contamination à Mulhouse. Il y a donc une grande conscience des risques.

    • Échelonnement de programmations

    Le casse-tête d'organisation dans les groupes où la densité de membre est importante impose de proposer plusieurs services de culte en condensant la programmation. C'est d'ailleurs une difficulté majeur pour les communautés qui fonctionnaient sur ce mode avant la pandémie. Cet échelonnement peut se réaliser qu'en se recentrant sur les activités essentielles. Cela ne peut se faire sans une prise de conscience globale de l'importance des rituels menés sur site et de la complémentarité d'activités menées dans la sphère privée (cultes familiaux, formation continue, maintien dans les réseaux de communication...) 

    Conclusion intermédiaire

    Vous l'avez compris avec ces quelques éléments furtivement présentés, la réouverture des lieux de culte est un challenge organisationnel. Il est identique aux défis que les écoles et entreprises ont surmonté. D'ailleurs les solutions sont proches voire identiques. Cependant dans le cadre religieux ces changements imposent une réflexion sur le coeur des activités menées dans les lieux de cultes.

     

  • A découvrir ou redécouvrir ”En quête d'identité. Les grandes étapes des croyances adventistes” de George R. Knight

    En quête d'identité George Knight, Eglise adventiste du septième jourL’ouvrage de l'historien adventiste George Knight publié en 2008 pour les francophones me semble passer trop inaperçu auprès du grand public et des adventistes. Préfacé par Neal C. Wilson ancien Président de la Conférence génrale des adventistes, En quête d'identité est très connu dans les rangs universitaires. Il est central dans l’enseignement de l’histoire de l’adventisme donné à la Faculté de Collonges sous Salève.
    A sa sortie française, les éditions Vie et santé insistaient sur les différentes figures marquantes présentes dans le livre et qui allaient influencer la théologie adventiste. Mais à le relire alors que personnellement je revisite l’histoire adventiste, le livre de Knight est bien plus. Il transporte le lecteur aux premières loges des « grandes étapes de l’histoire des croyances adventistes », comme le stipule son sous-titre. 

    « La plupart des fondateurs de l’adventisme ne pourraient pas joindre à l’Église aujourd’hui s'ils devaient accepter les 28 croyances. » (G.R. Knight)


    L’auteur commence par une observation qui m’est chère. « La plupart des fondateurs de l’adventisme ne pourraient pas joindre à l’Église aujourd’hui... ». En effet nombreuses croyances étaient rejetées par les fondateurs, James White, Joseph Bates ou J. V. Himes. Tous refusaient la Trinité et étaient des unitariens. Il en va de même pour nombres de croyances. Mais le plus intéressant est le rejet de James White d’un credo. Il refusait que l’on dresse une liste de croyances fondamentales. Impensable pour James White car ce serait construire des barrières prétextes pour rejeter des individus.
    Georges Knight montre tout au long de son ouvrage comment l’adventisme est devenu une administration religieuse qui développe par luttes d’influences une théologie qui se conforme de plus en plus au christianisme. C’est vrai que l’on retient de l’histoire de la théologie adventiste les vives débats de 1888 sur la justification par la foi. Mais à lire notre auteur entre les lignes, ces débats son le propre des mouvements religieux qui se consolident. La surprise vient plus des logiques non théologiques, purement organisationnelles et qui auront des impacts sur la théologie.

    Pour le sociologue ce travail est intéressant car il remet en cause l’approche magique, spectaculaire de la révélation. Derrière ce mot se cache simplement les innovations et interactions sociales. Evidemment celles-ci peuvent pour le croyant être impulsés par le divin. C’est en cela que ce livre est mémorable. Il ne met pas en cause la notion de révélation mais la démystifie permettant ainsi son analyse et sa critique.
    Une chose est claire pour l’auteur et j’en suis content car il s’agit de mon cheval de bataille. L’identité adventiste est dynamique et est une construction dont tous les outils peuvent être compris.

    En quête d’identité est un livre incontournable pour ceux qui veulent avoir une vision historique distanciée sur l’adventisme.

    George R. Knight, En quête d’identité. Les grandes étapes de l’histoire des croyances adventistes. Ed. Vie et Santé, Dammarie-les-Lys, 2008. 242 pages, 13,70€ version papier et 6,99€ version numérique.

  • Adhésion de l'Eglise Adventiste à la Fédération protestante (2)

    medium_ALeloo_Magazine.JPGJe m'étais engagé auprès de vous à revenir sur la question de l'adhésion de l'Eglise adventiste à la FPF. J'aimerai dans les mois qui suivent vous proposer une lecture en terme de "reconnaissance mutuelle". Pour cela j'attends que se réalise une journée d'Etudes sur la question, qui est en cours d'organisation avec différents spécialistes. Après les vacances je serai en mesure de vous en dire plus. Pour l'instant, Charles, lecteur habituel de ce blog, membre de l'Eglise Adventiste, indique, l'interview suivante de JP Barquon, nous deveçant sur ce thème de la "reconnaissance mutuelle". Cette dernière, donnée au Magazine Aleloo, explicite dans un langage pédagogique, court et simple (format évidemment contraingnant de ce genre d'exercice) l'adhésion adventiste à la FPF. En attendant que je vous propose une vision qui sera complémentaire à celle-ci, de mon avis, cette interview demeure pédagogique.Au passage notez l'évolution des chiffres de l'adventisme surtout dans les DOM/TOM et la place d'Ellen Whote dans la présentation que fait Aleloo de l'adventisme.

     INERVIEW EXTRAT DE ALELOO MAGAZINE  

     

     Adventisme et protestantisme : une reconnaissance mutuelle.

    medium_JPBarquon.2.jpgLe 11 mars dernier, l’Union des fédérations adventistes de France (UFA), a été admise au sein de la FPF, après deux ans de probation. Critiqués par certains chrétiens évangéliques, en raison de leur attachement au sabbat et surtout aux écrits de la prophétesse Ellen White, les adventistes du 7ème jour sont désormais officiellement membres de la grande famille protestante - en France et dans plusieurs autres pays. Le pasteur Jean-Paul Barquon est secrétaire général et responsable du département des communications de l’UFA. Il estime que cette adhésion répond à la reconnaissance par les adventistes de leurs racines protestantes.

    Une Eglise évangélique un peu particulière

    L’adventisme, a été organisé en dénomination aux Etats-Unis en 1863. Il est né dans les années 1840 d’un mouvement de réveil interconfessionnel annonçant le retour imminent du Christ. Il est présent en France depuis 1874 (l'Eglise adventiste du septième jour a été officiellement organisée en association cultuelle le 26 janvier 1918). A l'heure actuelle, il y a 11 000 adventistes en France métropolitaine (33 000 dans les Dom/TOM) et 13 500 000 dans le monde (membres adultes baptisés). Ces chiffres n'incluent pas les nombreux enfants et sympathisants. Les croyances fondamentales des adventistes sont les mêmes que celles des évangéliques : justification par la foi seule, salut par grâce, pleine autorité des Ecritures (sola scriptura), etc. Certaines croyances « particulières », telles que l’observance du sabbat/samedi ou la non-immortalité de l’âme, sont en fait héritées d’autres mouvements protestants. Quant à l’autorité des écrits d’Ellen White, l’une des pionnières de l’adventisme, elle n’est pas placée sur le même plan que celle de la Bible.

    Aleloo.- L’Union des Eglises adventistes de France vient d’adhérer à la Fédération protestante de France : quelles ont été les motivations de cette adhésion ?

    Jean Paul Barquon.- En adhérant à la FPF, l’Union des Fédérations adventistes de France (UFA) n’adhère pas à une Eglise protestante. D’une part la FPF n’est pas une Eglise : c’est une association loi 1901 qui rassemble une variété d’églises issues de la Réforme protestante, mais aussi de différents mouvements de réveil. Elle rassemble également des IOM (Institutions, œuvres et mouvements). D’autre part, il n’existe pas une église protestante mais des églises protestantes : une famille issue de deux grands courants historiques (luthériens et calvinistes-réformés) mais encore des libristes, des baptistes, des évangéliques, des pentecôtistes et des charismatiques. Cette diversité est une richesse. Depuis la séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905, il était inévitable que tôt ou tard l’Eglise adventiste du septième jour se retrouve dans ce panel. Se démarquer du phénomène sectaire peut entrer en considération mais ce n’est pas une motivation essentielle, car ce serait superficiel et bien incomplet. La motivation principale est simple : reconnaître nos racines protestantes, considérer les autres églises comme des partenaires et non pas comme des adversaires.

    A.- Comment s’est effectué le processus d’adhésion et comment cette adhésion a-t-elle été reçue par les Eglises adventistes ?

    J.P. B.- L’Eglise adventiste a été invitée dès 1905 à devenir membre de la Fédération protestante, puis en 1946 la demande fut renouvelée par le président de la FPF, le pasteur Marc Boegner. Ce n’est pas une nouveauté. Mais le président de l’unique Fédération adventiste de l’époque se tournant vers ses responsables hiérarchiques pour obtenir un conseil à ce sujet, n’a pas été encouragé à aller dans cette direction. Les mentalités évoluent. Les pasteurs adventistes ont une solide formation théologique universitaire et se considèrent comme de véritables protestants. Au sein d’un même pays comme la France, en raison du brassage de la population, nous trouvons au sein de nos églises, une pluralité culturelle et une grande diversité ethnique. Il est possible de trouver des membres dans nos églises qui regardent les autres dénominations religieuses au sein du protestantisme comme des concurrentes, voire des adversaires à l’implantation du message adventiste. Or, nous devons apprendre à respecter les autres. La décision au sein de l’Eglise adventiste de France ne s’est pas faite d’un coup de baguette magique. Elle émane dans un premier temps de la résolution de plusieurs assemblées générales de l’Union franco-belge, de 1991, de 1993 puis de la consultation du corps pastoral, de comités des deux fédérations adventistes de France, d’une rencontre spéciale à Lyon en novembre 1995, de visites dans les églises et d’une assemblée générale de l’Union du 8 février 2003, avec le vote favorable de la majorité des délégués (86 pour et 18 contre). Ces différentes consultations, et votes ont permis de déposer définitivement notre candidature à la FPF. Entre temps depuis 1993, il y a eu la naissance d’une commission paritaire émanant du Conseil de la FPF qui a entrepris un dialogue régulier sur l’examen de toutes les croyances de l’Eglise adventiste. Puis le dialogue s’est instauré au niveau local dans les différentes régions avec les pastorales, pour aboutir à deux années de probation à compter de 2003. Le 11 mars 2006, lors de l’assemblée générale de la FPF, au même titre que les quatre églises évangéliques de type pentecôtiste en demande, l’UFA est devenue membre de la Fédération protestante de France avec sur 68 délégués votants, 63 voix favorables, 2 abstentions et 3 non.

    A.- A-t-elle dû faire des concessions sur le plan théologique ou éthique pour y parvenir ? Est-elle plus ou au contraire moins « évangélique » à présent ?

    J.P.B.- Pourquoi faire des concessions sous prétexte d’adhésion ? Si l’on n’avait pas été capable de nous prendre tels que nous étions, nous n’aurions pas accepté de devenir membres de la FPF. La FPF n’est pas une Eglise et elle ne demande pas à ses membres d’aligner leurs confessions sur un modèle présenté comme un étalon avec une profession de foi commune à tous. La Charte de la FPF précise clairement dans son préambule que « chaque Eglise membre de la FPF conserve les formulations de la foi, les expressions cultuelles, les formes de présence dans la société et les priorités du témoignage auxquelles elle est attachée. » Notre adhésion ne nous a pas rendus plus ou moins évangéliques qu’avant. Tout chrétien qui croit en Jésus-Christ et passe par une nouvelle naissance en vivant dans la grâce, ne peut être qu’évangélique. Nous n’avons pas besoin, en tant qu’adventistes, d’une adhésion pour devenir évangéliques. Là encore les préjugés sont parfois tenaces, à notre égard, au sein du courant évangélique français, notamment en raison de trois aspects : le regard que nous portons sur Ellen White, puisque nous acceptons les dons spirituels, le maintien du culte le sabbat et notre attachement à certains principes de santé . Mais ni le don de prophétie, ni la pratique du sabbat, ni l’adhésion à des principes de santé ne sont des conditions de salut. Certains évangéliques pensent que nous avons remplacé les écrits bibliques par ceux d’Ellen White. Si c’était le cas, ce serait de la pure hérésie. La Conférence générale des adventistes s’est exprimée sur cela depuis bien longtemps et l’a rappelé par une déclaration en juin 1982. Lors du dialogue entrepris avec la Fédération luthérienne mondiale, de 1994 à 1998, cet aspect a été largement abordé, sans complexe. Les adventistes considèrent les écrits bibliques comme l’autorité normative sans aucune réserve (norma normans). Mais les luthériens comme les adventistes attribuent une autorité à d’autres documents considérés comme norme dérivée (norma normata). L’autorité d’Ellen White est une autorité dérivée. Elle a fermement souscrit au principe du sola scriptura et les adventistes testent ses écrits d’après l’Ecriture, d’où l’existence du centre de recherche WhiteEstate.

    A.- Qu’attendez-vous de cette adhésion ? Que va-t-elle apporter à l’Eglise adventiste de France ? Que vont apporter les adventistes aux autres Eglises membres ?

    J.P.B.- J’attends de cette adhésion ce que toutes les Unions ou fédérations membres de la FPF sont en droit d’attendre conformément à la Charte : un témoignage commun de l’Evangile, une complémentarité des dons et des compétences, une interpellation réciproque, une parole commune sur des problèmes éthiques à transmettre à nos contemporains, etc. Mais j’attends surtout l’existence d’une commission théologique, voire d’un colloque sur des thèmes précis, pour montrer enfin que nos particularités, comme la célébration du culte le sabbat à notre niveau, ne sont pas une fantaisie. La société biblique française, avec l’Alliance biblique, a profité depuis longtemps de la présence d’exégètes adventistes, qui ont contribué, par exemple, à la traduction de la Nouvelle Bible Segond. Les protestants « historiques » ne se sont jamais plaints de la contribution des adventistes au CPCV (Comité protestant des centres de vacances), aux émissions du service télévisé protestant de France 2, aux émissions de radio ou même des accords de la Faculté de théologie protestante de Strasbourg avec la Faculté adventiste de Collonges-sous-Salève.

    A.- Peut-on envisager de voir un jour l’Eglise adventiste membre d’une fédération évangélique telle que la FEF ?

    J.P. B.- Ce n’est pas à l’ordre du jour. La FPF a une dimension différente de celle de la FEF. La FPF existe depuis 1905, alors que la création de la FEF est beaucoup plus récente. La FEF est nécessaire puisque les Eglises évangéliques sont souvent de type congrégationaliste et ne sont pas forcément organisées et structurées. D’une manière générale, nous nous sentons proches des chrétiens évangéliques, au niveau du vécu et du dynamisme. Mais aussi nous nous sentons proches des églises protestantes historiques au niveau de la formation théologique du corps pastoral. Ceci dit, je crois qu’il est nécessaire que l’UFA entreprenne un dialogue avec l’AEF (Alliance évangélique française) et avec la FEF pour éviter les malentendus et les préjugés, mais pas en vue d’une adhésion.


    Source: Aleloo Magazine

  • Chantiers 2009

    2009.jpgLoin d’une simple convenance : BONNE ANNEE. Souhaitons-nous déjà de nous souhaiter ce qui doit l’être en se posant des objectifs réalisables.Surchargé, je vous néglige. Je ferai mieux rassurez-vous. Quels sont les premiers sujets sur lesquels nous viendrons en ce début d’année. Je vous parlerai des ponts relationnels possibles entre l’Eglise Adventiste et l’Islam à partir de ma propre expérience comme responsable, sous la responsabilité de Régis Dericquebourg, au sein de l’Institut Avicenne des Sciences Humaines durant 2 ans. Peut-être que cela fera écho à la rencontre du même type organisée à Collonges. Je rappelle que l’Institut privée Avicenne avait pour objectif de donner une formation supérieure en théologie, droit et sciences-humaines sur le monde musulman. Je dis « avait » car l’IASH est à ce jour un vaste échec (peut-être nous y reviendrons).
    Nous parlerons brièvement de la Revue Adventiste. Chandler vous a déjà proposé un développement. Mais comme j’ai partiellement travaillé sur des sommaires de la Revue durant quelques mois je vous parlerai d’un échec fort intéressant que j’ai eu en voulant analyser les Revues Adventistes.

    Nous parlerons également du mormonisme. C’est un mouvement religieux qui m’intéresse de plus en plus de part quelques ressemblances ave l’Eglise Adventistes (vraiment quelques). Evidemment nous parlerons à plusieurs reprises de l’ouvrage Ces protestants que l’on dit adventistes. Il est à ce jour un succès de librairie surprenant en raison du sujet abordé. Peut-être l’avez-vous dans les mains et avez-vous des critiques, des passages dont vous n’êtes pas proches ou encore des paragraphes qui vous ont surpris positivement… j’espère que vous partagerez vos commentaires ici.

    Voilà plusieurs chantiers. Il y en a d’autres dont l’écriture de deux ouvrages. L’un sur l’Eglise Adventiste et l’autre sur la notion d’Espérance. Ils seront petits. Pour l’heure le second à l’avantage sur le premier en raison des cadres qu’offrent les éditeurs.

    Autre chose : nous parlerons de la relation d’aide. C’est un concept et des actions fortes intéressantes très présentes dans des églises protestantes.

    Allez… encore un chantier que je vous confie : l’étude en cours sur les liens entre pratiques médicales et laïcités. Parlant de médecine sachez qu’en Espagne, en Juillet, un des axes des réflexions des sociologues de la religion réunis en congrès sera les liens entre religion et santé. Là je parlerai de l’adventisme et du mormonisme.

    Bon, j’espère que ces chantiers iront jusqu’au bout. Surtout, mon désire est de partager leur évolution avec vous durant cette année. Dès la semaine prochaine nous commencerons par la Revue Adventiste en complément à la présentation de Chandler.

     

     

  • Petit retour sur l'Université d'été de la relation d'aide (Lyon 26-28 aout, 2008)

    université d'été relation d'aide.JPGL’université d’été de la relation d’aide organisée par Empreinte dirigé par M. Poujol, s’est révélée très intéressante. J’y ai participé au travers d’une séance plénière et d’ateliers avec d’autres participants. Sans réécrire le programme je dois noter les intéressantes rencontres faites avec G. Aurouze (FAT, Collonges), Etienne Séguier (Journaliste, La Vie) et Lytta Basset (Neuchâtel) et de nombreux professionnels de l’accompagnement (psychiatres, médecins, psychothérapeutes, assistants sociaux, etc.)

     

    Que retenir ? Lors de la plénière j’ai tenté d’indiquer que l’individu en religion ne peut être considéré dans un singulier. L’individu est pluriel. Il change, il évolue. Mis en perspective avec la pluralité des individualités, ont peut dire que les individus sont pluriels. Pourtant les religions institutionnalisées peuvent donner l’impression du contraire et favoriser, sans le vouloir, une lecture naïve qui se résume en l’idée « tous les mêmes ». Je développais l’idée que la notion de « manipulation mentale » résulte de ce simplisme.Pour conforter mes dires que je me suis appuyé sur les parcours de conversions. Premièrement, la manière de raconter sa conversion est un processus social, très codifié. L’impression qui en sort est une uniformité des discours et donc des individus. Mais il ne faut pas tomber dans ce piège car, à regarder de plus près tous les parcours de conversion ne sont pas identiques et marquent des relations différentes aux croyances et aux institutions religieuses. Plus particulièrement, ils révèlent des constructions différentes d'individualités. Le public étant essentiellement composé de professionnels de la relation d’aide chrétienne, il s’agissait de les sensibiliser sur ces pluriels de l’individu. Le but était de les sensibiliser à intégrer leur pratique professionnelle dans une vision plus complexe de l’individu, où le praticien, en écoutant la parole des individus intègre, sans le vouloir le jeu social qui codifie le langage et donne l’impression d’une uniformité des individus. Comme je le concluais après 1h30 de présentation, « Le défi de l’accompagnant est de sortir du jeu comme pion, pour en devenir un observateur, interne ou externe, conscient des enjeux du jeu. »

    Le propos fut bien plus dense il sera l’objet d’une diffusion sous une forme encore à décider par les organisateurs. Pour plus d’info sur ce point : 7ici@wanadoo.fr, Les éditions Farel, ou http://www.relation-aide.com/

  • L’Église adventiste du septième jour dans le fil de l’actualité recensé par l’AEIMR

    L’Association d’Étude et d’Information sur les Mouvements religieux est devenue depuis plusieurs décennies une référence « non institutionnelle » (des guillemets parce que je ne vois pas comment mieux dire) d’informations et d’analyses du fait religieux. Autour de Bernard Blandre l’AEIMR a été certainement la première structure à étudier l’histoire de l’Église adventiste du septième jour de manière systématique et systémique. L’Église adventiste du septième jour est ainsi abordée dans une histoire globale (pardonnez le singulier) des mouvements religieux minoritaires.

    Historien, Blandre a réalisé une véritable archéologie de l’Église adventiste du septième jour. Cet agrégé d’histoire qui officie à Sarreguemines est certainement le plus grand spécialiste du millérisme, des adventismes dont l’Église adventiste du septième. C’est aussi un fin connaisseur du jéhovisme sur lequel il a plusieurs fois publié.
    En cette fin d’année l’AEIMR diffuse une brochure de 42 pages sur les faits marquants des groupes religieux. Dans ce travail de compilation, on peut extraire des informations administratives qui concernent l’Église adventiste du septième jour en France. Elle touche surtout la création et/ou la déclaration officielle de communautés ou à contrario d’extinction d’églises.

    Voici 9 dates dans le tableau ci contre à retenir de l’Église adventiste du septième jour pour l’année 2016 en France. Remarquons la dissolution d'une petite structure, la création de huit autres dont une régionale dans le Nord Ouest.

    A ces dates l’AEIMR indique deux publications :

    1. Bernard BLANDRE, « Aux origines des étudiants de la Bible : l’adventisme », cahier hors-série de Mouvements Religieux, 2016 (AEIMR, BP 70733, F. 57207 Sarreguemines cedex), 4€ (le cahier fait le point sur l’origine commune des nombreux groupes qui se réclament de Russell, dont les témoins de Jéhovah).
    2. Fabrice DESPLAN, Regards croisés sur l’Église Adventiste du Septième Jour, Dammarie-les-Lys, éditions Vie et Santé, 2016