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Rechercher : religion de la santé

  • Voeux et perspectives 2017 sur l'analyse de l'Eglise adventiste du septième jour en France

    Une année dense en recherches et publications sur l’Église adventiste du septième jour en France s’achève. Je retiendrai trois temps forts. Le premier est la sensibilisation de décideurs à la complexité de l’adventisme. Le second est l’entrée par mes soins de l’Église adventiste du septième jour dans l’Atlas à sortir sur les minorités religieuses. De manière connexe il y a les améliorations portées à des ouvrages généraux (encyclopédies et dictionnaires). Le troisième et dernier est la publication par les éditions adventistes Vie et Santé et son courageux directeur Jean Claude Nocandy de mon livre, Regards croisés sur l’Église adventiste du septième jour.

    Médiatiquement il y a l’actualité cinématographique adventiste. Politiquement la campagne des primaire, l’élection de Donald Trump et l’entrée au gouvernement américain de Ben Carson restera un moment historique majeur. En interne, la révision du statut d’Ellen White et le refus d’ordination de femmes pasteurs lors du dernier synode de la SDA reste extrêmement révélateur des différentes grilles de lectures qui coexistent dans cette église.
    Notre blog avec des milliers de visiteurs uniques et parfois des dizaines de milliers (lors des élections américaines) a passé un cap dans la notoriété au point que je me demande s’il ne faille pas totalement le refondre en un véritable site internet d’informations et d’analyse de la recherche sur la SDA. Quoi qu’il en soit vous remarquez que 2016 a été une année où l’Église adventiste du septième jour fut au centre de plusieurs problématiques sociales. Les régimes alimentaires en été furent une illustration joyeuse lors de l’été.

    En 2017 je termine la réalisation de mon livre le plus important sur la SDA. Une revisitation de l’histoire de la SDA et des études sociologiques inédites feront de ce livre une véritable innovation sur cette église qui apporte une valeur ajoutée au protestantisme en France. Déjà mes remerciements à Bernard Blandres pour un bref et déterminant échange sur William Miller qui a permis de surmonter des obstacles historiques.

    Que souhaiter ? Que 2017 soit donc l’année de l’accentuation de la compréhension scientifique de la SDA pour concrétiser l’ambition du bien vivre ensemble au-delà des formes et variations de croyances.

    Bonne fêtes de fin d'année et que 2017 soit l'année de l'appréciation heureuse des différences entre les croyances.

  • Religon et valeurs en France et en Europe

    valeurs et religion en France et en Europe.JPG « Quelle influence la religion exerce-t-elle sur les valeurs ? Dans quelle mesure être catholique, protestant ou musulman favorise-t-il le développement d'attitudes singulières et des comportements originaux ? Telles sont les questions qui parcourent cet ouvrage. Dès ses travaux fondateurs, la sociologie s'est intéressée aux liens entre religion et valeurs. Il s'agit ici de prolonger ce souffle pionnier en questionnant les sociétés d'aujourd'hui, en France et en Europe, à partir de données de notre temps. Les registres de l'activité humaine envisagés dans cet ouvrage sont divers : sexualité, politique, morale, économie - autant de domaines successivement passés en revue. Des mutations récentes comme l'impact des migrations sur les religions et les valeurs qui leur sont associées sont également prises en compte. Une nouvelle interrogation surgit alors : au lieu de s'étonner d'un « retour du religieux » en ce monde du début du XXIe siècle, ne faut-il pas plutôt se demander s'il s'est jamais vraiment éloigné ? »Autour de Claude Dargent, Raphaël Liogier et Bruno Duriez, plusieurs auteurs réintérogent les liens entre religions et valeurs. Par ordre alphabétique: Pierre Bréchon, Claude Dargent, Fabrice Desplan, Bruno Duriez, Martine Gross, Yves Lambert, Raphaël Liogier, Guy Michelat, Sonia Tebbakh.
    Ma contribution poursuit l'analyse du lien entre valeurs adventistes et antillanité. Mais notons surtout que ce volume renferme l'une des dernière contributions du regretté Yves Lambert, dont la notoriété scientifique s'est entre autre justifiée par les analyses qu'il réalisa sur les valeurs et la religion en Europe.

    Le fichier ci dessous en PDF vous permettra de découvrir le sommaire de cet ouvrage.

    RELIGION ET VALEURS EN FRANCE ET EN EUROPE.pdf

  • Point de départ d'une analyse des Fakes news en adventisme - Vidéo parodique ”Le Pape légalise la pédophilie”

    Cet extrait est une parodique et extrait de l'émission Groland de canal+. Elle a été largement diffusée via les réseaux sociaux dans les groupes religieux protestants dont l'Eglise adventiste. Cette blague est ainsi devenue une Fake News car les individus y ont donné une importance démesurée puisque nombres ont crédité cette simple blague.
    "Fake-news" est devenue une expression à la mode. Donald Trump a renversé le sens du terme pour désigner les analyses opposées à son regard. Les historiens des groupes religieux savent que la distillation volontaire de fausses informations et plus particulièrement, l’adhésion à ces dernières n’est en rien nouveau. Cependant, l’amplification de fake-news par les réseaux sociaux accélère aussi leurs impacts sur les groupes religieux. C’est particulièrement vrai dans les groupes messianique-millénaristes.
    L’idée que je développe peut être présentée très simplement. Les groupes qui ont un discours de la fin du monde, où le politique est un acteur central sont particulièrement exposés aux fake-news. Les groupes millénaristes messianiques comme les adventistes ou encore les communautés évangéliques ont en commun un discours sur l’avenir axé autour de la parousie. Ces groupes se distinguent par des lectures de la chronologie des faits qui précéderont et constitueront cette fin du monde présumée. Des divergences existent aussi sur l’organisation de la vie au paradis. Toutefois, ces divergences essentielles pour des théologiens sont mineurs pour le sociologue et l’historien du fait religieux. En effet, plus pertinent est la logique transversale présente dans ces groupes dans le rapport à la société globale.
    Les millénaristes messianiques considèrent (ce ne fut pas toujours le cas, et des exceptions demeurent) la fin du monde comme imminente et imprévisible. Il faut donc que le croyant reste capable de saisir tous les indices pouvant permettre de déceler la fin. Les essentialistes (pour dire ici ceux qui vont à l’essentiel) diront que ce débat est fumisterie car tous les individus peuvent mourir, avant la parousie et qu’il faut donc être préparé en permanence à la fin des temps, la fin du monde pour qu’un décès survienne chez un individu préparé (en phase avec les exigences divine) afin de ressusciter pour aller au paradis. Il faut donc être toujours prêt. Mais cette préparation (et on en vient aux fake-news) implique de percevoir les indices éventuels qui surviendraient dans la sphère politico-religieuse. Parmi ceux-ci, il y a l’alliance supposée entre la papauté et le pouvoir politique. Il faut dire que les groupes millénaristes messianiques protestants, souvent d’essence américaine, gardent de ce terreau une mise à distance et une critique de l’Etat. Dans le cas adventiste cela est perceptible par exemple sur la crainte d’une loi (loi du dimanche) qui imposerait le dimanche au détriment du samedi comme jour obligatoire d’adoration ! Je suis déjà venu sur cette idée dans l'Atlas des religions minoritaires.
    Une observation assidue, en particulier de membres militants qui distillent des informations pour susciter et surtout maintenir la passion de la parousie, fait penser aux entrepreneurs moraux de Becker. Mais cette attitude, faites dans la précipitation du rythme des réseaux sociaux alimente la peur à partir de faits totalement erronés parce que hors contexte, tronquées ou simplement fausses.

    On retrouve, comme par hasard, souvent le Pape dans ses informations. Les membres des communautés y croient, au point qu’il devient impossible de leur faire approcher un discours rationnel sur le sujet.

    L’extrait de l’émission Groland qui circule dans les groupes protestants est à ce titre édifiant. Dans sa dynamique parodique, ludique et provocante, le Groland parodie CNEWS et fait un faux reportage selon lequel un nouveau texte sacré a été découvert, validé par le Pape et qui légitimerait la pédophilie. Vaste blague qui ne peut que faire rire avant de passer à autre chose, sauf pour le conspirationnistes millénaristes messianiques. Ce n’est qu’un exemple qui montre comment les fake-news trouvent chez des individus avides d’indices de la parousie, un terrain favorable. Mais rien de nouveau sous le soleil.

  • 1910 - 2010 Un siècle d'adventisme en Guadeloupe d'Eliane Sempaire-Etienne (dir.)

    Sous la direction d’Elian Sempaire Etienne, l’ouvrage dont je viens de prendre possession, publié depuis quelques jours, est une monographie mémorielle qui reprend, à partir de données internes à l’Église adventiste du septième jour (SDA) les grandes progressions et enjeux de la SDA en Guadeloupe. Réalisé à la demande de l’Église adventiste de la Guadeloupe comme indiqué dès la première page, l’ouvrage consolide la mémoire adventiste. Il est le versant guadeloupéen de l’Adventisme à la Martinique de Jean Luc Chandler publié en 2003. D’ailleurs il s’en réfère souvent et épouse le même format.

    1910 – 2010, un siècle d’adventisme en Guadeloupe reconstruit le regard de l’Église adventiste sur son histoire guadeloupéenne. De ce fait, il faut bien garder à l’esprit de par la commande et les contributions qu’il s’agit d’une mémoire. Je parle de mémoire au sens de Krzysztof Pomian, c’est-à-dire d’un domaine de l’histoire soumis à la sensibilité des acteurs sociaux. Il ne s’agit donc pas d’une construction scientifique globale et non orientée. En d’autres mots il est une première contribution significative pour l’écriture à venir d’une histoire, objectivée et scientifique de l’Église adventiste du septième jour en Guadeloupe. Là n’est pas un reproche car, le travail de mémoire réalisé ne s’est pas économisé de méthodes scientifiques. Entretiens, archives, enquêtes, les auteurs et surtout Elian Sempaire Etienne ont fait un travail titanesque. L’ouvrage est inédit et de nombreux points forts permettent de l’apprécier en attendant qu’il donne naissance à un prolongement scientifique. Je ferai quelques remarques rapides, des reproches qui j'espère seront reçues positivement et surtout je soulignerai (certes furtivement) la forte attente scientifique que suscite judicieusement Elianse Sempaire Etienne.

    Premièrement, il s’agit d’une monographie mémorielle très utile pour une communauté religieuse définitivement encrée dans le paysage antillais. Il contribuera à la transmission de la mémoire adventiste. La différence entre mémoire et histoire est importante. La mémoire renvoie à un rapport subjectif avec une représentation souvent passionnée de l'histoire. Cependant l'histoire reste une construction, qui prend en compte la mémoire, pour dépasser le regard qu'ont les individus sur leur trajectoire (Voir Krzysztof Pomian Sur l'histoire, folio histoire, Paris, Gallimard, 1999 et Paul Ricoeur La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paris, Points-Seuil, 2000). En gros je dirai que la mémoire est le regard que l'on a sur l'histoire fort de ses sensibilités et l'histoire est la prise en compte de la mémoire dans un discours global. L'un et l'autre deviennent aujourd'hui de plus en plus proche car les acteurs sociaux veulent devenir des acteurs de leur histoire. De plus les historiens se rendent de plus en plus compte que la mémoire n'est pas contre l'histoire, mais un des éléments constitutifs.
    Cette remarque préalable est importante car l'ouvrage est une photographie de la mémoire adventiste. ll reprend donc les représentations adventistes sur sa propre évolution dans la société guadeloupéenne. De fait, au sens de Peter Berger Un siècle d’adventisme en Guadeloupe est un ouvrage de « plausibilité » car il consolide la mémoire, la socialisation des adventistes et son acceptabilité sociale.
    Deuxièmement, outre les étapes de l’évolution de l’Église adventiste en Guadeloupe et des biographies inhérentes à l’exercice, on retrouvera surtout les axes classiques de développement de l’adventisme. Dans le cas caribéens, comme je viens de le montrer dans l’Atlas des religions minoritaires, le colportage et le système éducatif ont été des atouts majeurs. Mais Elilane Sempaire va plus loin. Elle rappelle la philosophie de l’Education adventiste et son expression en Guadeloupe. Elle revient sur l’installation des structures éducatives adventistes et de la montée en puissance du lycée La Persévérance, aujourd’hui premier lycée de Guadeloupe au dernier classement des établissements scolaires [C’est nous qui rajoutons cette précision].
    Dans une île marquée par le besoin d’une éducation éthique, structurante, loin des violences, la cité scolaire adventiste de La Persévérance s’est toujours démarquée. Autour d’elle un réseau de petites écoles participe au rayonnement de l’éducation adventiste.

    gospel-et-francophonie-une-alliance-sans-frontieres.jpgUn autre chapitre se démarque sous la plume de Philippe Nacto car particulièrement bien structuré « La musique au sein du mouvement adventiste du septième jour ». Il doit être lu en lien avec l’ouvrage que vient de publier Sébastien Fath Gospel et francophonie aux éditions Empreintes.
    Nacto souligne le rôle fondateur et la forte influence adventiste sur l’évolution de la musique religieuse protestante en Guadeloupe. De son influence des débuts venus des USA, la pratique musicale adventiste a connu différentes phases de progression où les chorales et les groupes de chants furent déterminants sous l’impulsion de chefs de chœur pionniers. Le chapitre n’épargne pas les débats qui se sont un temps développés dans la tension au sein de l’adventisme autour d’usage de la batterie et du Ka dans les communautés. Ces instruments furent un temps honnis car perçus comme non ascétiques en raison des rythmes et de la mémoire de l’esclavage. Et là, l’auteur est extrêmement précis : « L’Église chrétienne dans son évolution, a fait la guerre aux musiciens… et l’adventisme n’en fait pas exception ». Il rajoute « […] un objet, même quand c’est un instrument de musique, ne peut être condamnable […] il ne peut être ni bon ni mauvais au sens propre du terme. […] En un mot le procès fait aux instruments n’avaient aucun fondement » (pp. 277, 278). Dans ce chapitre le rôle pionnier et amplificateur de groupes adventistes pour le développement du Gospel et du Negro spiritual est détaillé sans oublier également l’impulsion donnée aux chœurs d’enfants.

    Le chapitre qui suit mérite également une attention particulière car il revient sur un autre levier classique du développement adventiste à savoir le rapport à la santé. Sous la plume de Eliane Sempaire Etienne et Robert Quiko, on redécouvre les actions adventistes autour de la santé. L’auteure arrive à bien souligner le fait que la santé est en adventisme un élément central qui permet de faire un lien constructif avec l’ensemble de la société. De fait, les actions et surtout les organismes adventistes ont souvent progressé dans ce cadre en lien avec les structures étatiques ou régionales prolongeant ainsi le rôle de l’État. C’est en ce sens que j’ai d’ailleurs créé la notion de Religion de la santé avec la SDA comme type.
    On apprécie également en fin d’ouvrage les nombreuses données statistiques qui conduisent à mieux appréhender la réalité objective de la présence adventiste.

    Alors que reprocher à cet ouvrage; quelques chapitres malheureusement trop succincts, furtifs peu étayés, parfois trop évasifs viennent donner à l’ensemble un aspect inégal. Tel est particulièrement le cas de petits appendices sur la "formation permanente" (p123 - 130) qui devraient constituer un unique chapitre. Ce même reproche se confirme au regard du chapitre "L'organisation du mouvement : tranches d'âge, projet et réalisation" (p 199 - 206). Ces pages se rapprochent plus de la présentation synthétique d'un rapport alors que les autres chapitres sont construits plus rigoureusement. Il faut dire que les passages concernés ne sont pas réalisés par Elian Sempaire-Etienne. Les contributions faites directement par Elian Sempaire Etienne qui a une expérience éditoriale sont denses. Il en va de même pour le chapitre déjà mentionné de Philippe Nacto.

    Le principalement manque demeure dans la nature et la complexité de l’exercice à savoir un regard critique sur le développement de l’adventisme, ses tensions avec l’ensemble de la société et ses clivages internes, car l’histoire et la sociologie de l’adventisme conduisent indiscutablement à parler des adventismes pour souligner les variabilités des perceptions au sein de ce mouvement religieux. De fait, on ne peut être que surpris par l'absence de lien avec la littérature scientifique sur l'histoire de l'Eglise adventiste. L'ouvrage semble se raisonner hors champ, comme s'il tenterait de se suffire pour rendre compte de l'histoire adventiste. C'est le cas lorsque les auteurs font des liens avec l'adventisme à échelle mondial dans l'histoire et l'organisation. L'absence de bibliographie peut se comprendre à l'aune de cette critique. C'est le prix d'un travail uniquement axé sur la mémoire. 

    A la décharge des auteurs ce n’était pas le but de leur travail. L’objectif premier était d’écrire, d’acter la mémoire adventiste et son caractère multiforme. Et là, il est plus que dépasser et pousse à souhaiter un bon accueil de l’ouvrage. Ce dernier ne manquera de devenir un repère pour comprendre et analyser par la suite la place de l’adventisme en Guadeloupe. En tous les cas, il donne envie qu’Eliane Sempaire Etienne qui porte l’ouvrage publie une étude des facteurs du succès adventiste et les relations entre cette église et la société guadeloupéenne dans ses tensions et convergences pour reconstruire la dynamique de ce lien. Bravo à Eliane pour ce travail colossal.

  • Suite... Les défis nouveaux défis de l'Eglise adventiste en France (IV): La formation des cadres

    La formation des cadres adventistes

    FAT, faculté adventiste de Théologie, adventisme, adventiste, Eglise adventiste, formation adventiste, Collonges sous salèveC'est un chantier permanent comme pour toutes associations, structures, entreprises ou administrations. Les formations adventistes, délivrées essentiellement dans son campus de Collonges sous Salève, ouvrent aujourd'hui à la révolution épistémologique décrite ci-dessus. C'est un atout pour l'effet de génération.
    La formation adventiste, disons-le, est théologiquement forte. Dans la continuité de Miller, un esprit systémique est important dans la formation adventiste. Richard Lhemann l'a magnifiquement mis en évidence dans son ouvrage sur les adventistes. De plus, l'adventisme en France est sensible à former les individus aux attentes sociales. Sur ce point, il faut saluer l'ouverture d'un master de relation d'aide. Cela correspond aux demandes sociales. La relation d'aide est ancienne dans l'Eglise adventiste. Densifier celle-ci avec l'apport des équipes d'Empreinte formation est un plus. Remarquons que des universités ouvrent des diplômes en victimologie et sur l'accompagnement psychologique. Prendre ce cap dans la formation adventiste (où une formation en psychologie existait déjà) va également permettre de bien poser les limites entre approche théologique et psychologique, tout en admettant les ponts entre ces deux domaines du savoir.

    L'introduction d'une formation en relation d'aide illustre le souci d'avoir des cadres proches des besoins fondamentaux de l'humain, pris dans les contraintes et contradictions de la vie sociale.Par contre, un défi majeur reste : l'imbrication avec l'Enseignement supérieur.
    FAT, faculté adventiste de Théologie, adventisme, adventiste, Eglise adventiste, formation adventiste, Collonges sous salèveSi la Faculté adventiste a historiquement bénéficié de liens avec l'Université de Strasbourg, aujourd'hui la formation adventiste n'est pas suffisamment intégrée au monde de la recherche. Cet isolement ne sert pas. Créer un laboratoire de recherche, ou une association avec un laboratoire national public, est une exigence minimale qui n'est pas remplie. Il est vrai que pour cela le cahier des charges est lourd. Il forcerait les enseignants adventistes à obtenir un statut universitaire au Conseil National des Universités. Mais c'est le prix d'une meilleure qualité. Cela n'entraverait en rien l'autonomie adventiste dans son fonctionnement, ses choix de domaines d'investigation, ses recrutements, etc. Une telle perspective permettrait aux enseignants et étudiants adventistes de se confronter d'avantage à d'autres, de se stimuler dans une recherche où la compétition est forte, et de relativiser son regard pour mieux l'affiner. Le rayonnement adventiste serait plus grand. Bien plus qu'un simple échange, un partenariat avec un laboratoire du CNRS, où la création d'un laboratoire avec des chercheurs associés issus de laboratoires publics, est un enjeu central. La question du coût sera un frein mais, le rayonnement, la crédibilité nationale et internationale ou encore la capacité à montrer son expertise au-delà du religieux passe par là. Le retour sur investissements sera sans doute immense. La notoriété légitimement construite attirera des étudiants, des éditeurs, des synergies avec des universités... tant de choses que les universités tentent d'avoir et qui sont à portée de mains de la faculté de Collonges.

    L'adventisme a une expertise au-delà du religieux. La santé, l'éthique, la sexualité, l'accompagnement psychologique, le lien social, sont des domaines où la formation adventiste peut rapidement exceller aux côtés des offres de Vaux sur Seine ou encore (le chemin à parcourir là est immense mais réalisable) de certaines facultés catholiques. Mais pour y arriver il est nécessaire d'intégrer les chemins institutionnels de la recherche scientifique. D'ailleurs nombres de chercheurs adventistes déjà actifs dans la recherche, surtout en sciences dures peuvent immédiatement être mobilisés. Médecins, professeurs de médecines, cadres hospitaliers, physiciens, littéraires, informaticiens, etc. sont des universitaires membres de l'Eglise adventiste et absents de l'organigramme de la formation. D'autres adventistes qui ont délaissé la recherche peuvent trouver là un stimulant pour revenir à leur premier amour. Voir des adventistes avec deux doctorats et qui n'ont pas de lieu pour valoriser ce savoir est quand même une perte. Prendre la voie de la recherche institutionnelle tout en gardant son identité permettrait également aux cadres adventistes ainsi formés d'augmenter les capacitésà se développer dans des domaines inexplorés. Donner cette possibilité à ses cadres est également une perspective qui doit stimuler.

  • La démarche écologique en adventisme: leçon à partir de ”L'Eglise verte”

    Eglise verteL’Eglise verte est un label qui a un succès important dans les paroisses catholiques, basé sur l’encyclique Laudato Si du pape François publié en 2015. Le label demande une conception de l’individu dans une approche environnementale, économique, sociale et spirituelle. Il est finalement un versant de la théologie catholique au développement durable. Rappelons que le développement durable est la capacité des générations actuelles à satisfaire leurs besoins tout en garantissant aux générations futures cette même capacité. Pour cela il faut satisfaire les besoins économiques, sociaux et environnementaux. Laudato Si peut être sociologiquement perçue comme une conscience catholique récente pour s’impliquer dans le développement durable au sein des paroisses. Le Label Eglise verte est un aspect opératoire de l’encyclique. Par effet de comparaison il montre une certaine conscience protestante ancienne sur le sujet mais qui ne s’est pas organisée pour se systématiser. Je prends dans le cadre de ce blog l’exemple adventiste. En 2009 j’écrivais une note sur l’écologie adventiste, et en 2010 sur la particularité de la notion d’écologie dans l’adventisme. Dans ces notes je soulignais l’importance d’une approche non culpabilisante, responsable, globale de l’écologie déjà présente dans l’adventisme.

    Paroisse-écolo.jpgDans son histoire, l’église adventiste s’est construite en intégrant la dimension écologique comme un atout. Concevoir l’individu dans son univers économique, social et environnemental marque l’adventisme dès la fin du XIX. Des figures qui un temps étaient adventistes comme le docteur John Harvey Kellogg, les institutions sanitaires adventistes, le système de santé  aujourd’hui et surtout l’éducation permanente à l’écologie dans l’adventisme au travers du programme des jeunes, illustrent l’implication écologique.
    La notion d’écologie n’est pas ici enfermée dans la biodiversité. C’est une dimension. Il faut voir l’écologie adventiste dans sa perspective holistique. La notion induit un respect profond des objectifs de Dieu pour la création, pour l’homme placé dans l’interaction avec cette dernière et surtout dans sa fonction de gestionnaire. Cette fonction implique de considérer que l’individu doit optimiser son lien avec la création, ses rapports sociaux et sa capacité à innover. Cette assertion qu’est l’innovation est très présente dans l’adventisme. Que ce soit dans les universités, les hôpitaux, les laboratoires de recherches, les relations avec les Etats, l’adventisme est certainement une « église verte ».
    Paradoxalement, l’adventisme n’a pas développé une démarche environnementale aussi aboutie que celle de l’Eglise verte et cela peut surprendre car en 150 ans elle a accumulé un savoir faire. Il existe des circulaires, une somme impressionnante de messages, d’ouvrages, invitant à avoir des pratiques écologiques. La notion adventiste de gestion chrétienne de la vie est d’ailleurs une vision écologique et holistique très aboutie.
    De fait, il est apparu avec une évidence trompeuse que ces acquis se transformeraient en actes concrets, spontanément. L’adventisme n’a pas systématisé un développement actif des connaissances écologiques applicables à grande échelle, immédiatement, dans toutes les églises locales comme dans le catholicisme. C’est certainement une perspective à développer.
    Comment valoriser une dense connaissance écologique pour que celle-ci ait désormais une forme active dans les communautés locales ? Comment s’assurer d’une diminution des empreintes écologiques de chaque église ? En quoi la communauté locale peut être un atout dans les changements comportementaux de ses paroissiens ? Des actions existent sur chacun de ces points mais nécessitent aujourd’hui une coordination, une amplification. Peut être que la mise en réseaux d’initiatives avec la FPF, le CNEF, le CEEF sont à penser. Quoi qu’il en soit, dans un monde où le développement durable touche toutes les institutions sociales, les groupes religieux doivent s’imaginer à la pointe de l’innovation. Sur ce terme nous reviendrons rapidement.

  • De retour

    Non, ce n'était pas les vacances, mais une dense activité m'a empêché d'échanger avec vous. Désolé pour ce long silence. Dès demain je corrige cela en vous publiant des notes déjà préparées. La première consistera en la rapide présentation du livre "Ces protestants que l'on dit adventistes". A demain.

  • Sortie le 18 septembre 2019 aux Editions Bayard de l’ouvrage LES MINORITES RELIGIEUSES EN FRANCE, dirigé par Anne Laure

    Présentation de l’Editeur

    « Cet ouvrage inédit, réunissant près de 80 sociologues, ethnologues, anthropologues, historien, veut permettre une meilleure connaissance des groupes religieux présents en France et leur évolution récente. Dans une approche inédite, il propose une série de chapitres présentant chacun en détail un groupe religieux. Ces mouvements religieux sont regroupés par grands ensembles confessionnels, ce qui permet de saisir la diversité interne de chacun de ces ensembles. Ce livre offre une couverture inégalée dans la présentation des groupes religieux, en évoquant certains déjà connus, mais en éclairant également d'autres qui restent largement à découvrir.
    Présenter, dans un ouvrage unique, l'ensemble des groupes religieux minoritaires de France fournira certainement un outil de travail extrêmement précieux à toute personne cherchant à connaître l'un ou l'autre d'entre eux. Cette vue d'ensemble fournit un élément précieux de connaissance du panorama religieux français. Elle permet également de saisir le positionnement des groupes dans l'espace public et les uns par rapport aux autres, contribuant ainsi à une meilleure intelligence du fait religieux dans la France contemporaine ».

    Ce que l’on peut en dire globalement
    Le challenge était intense et incroyable. Pour moi, réunir dans un même ouvrage, surtout dans un unique volume un tel panorama était insurmontable. Pourtant Anne Laure Zwilling, assisté de Lionel Obadia, Joëlle Allouche Benayoun et Rita Hermon Belot, l’a fait! Et Bravo. La mobilisation des chercheurs par différents laboratoires de recherches a été un atout.
    L’intense travail, de plus de 1 300 pages, est organisé en 7 sections.

    • Les religions asiatiques
    • Les catholicismes
    • Les christianismes orientaux
    • Les islams
    • Les judaïsmes
    • Les protestantismes
    • Les groupes « hors classement traditionnel »

    On pourra à mourir discuter de cette taxinomie et son contenu. L’avantage incontestable de ce dernier est de permettre une lisibilité, une comparaison, des groupes dans une société française où le lien avec le religieux participe à structurer la vie sociale.
    Même si c’est évident, il faut admirer le soin porté à mettre le pluriel dans chaque section. Evidemment, la pluralité des contributions affirme ce pluriel qui n’est qu’un constat de la réalité sociale.

    L’Eglise adventiste du septième jour est dans de la section sur les protestantismes. J’y développe son histoire et des aspects rarement mis en lumière de celle-ci. L'implantation française a été l'axe central du volet hisotorique. S'ajoute, son lien avec l’Etat, ses logiques internes de formation, les tensions qu’elle connait ou encore les enjeux de recherche qui restent à réaliser.

    Alors…
    L’ouvrage permet de faire, de manière systématique, scientifique, sous forme encyclopédique et pédagogique le point sur les minorités religieuses en France. Rien que cela invite à féliciter Anne Laure Zwilling qui de fait devient une artisane du mieux vivre ensemble. Bravo à elle.

  • La relation au religieux de Richard Wright via l’Église adventiste du septième jour et le méthodisme.

    Richard Wright, Eglise adventisteL’œuvre de Richard Wright est incontournable dans l’histoire littéraire, politique et religieuse. Dans l’Amérique ségrégationniste elle pose les jalons d’une meilleure compréhension des représentations mutuelles entre les Blancs et les Noirs (les majuscules sont celles de Wright). En filigrane, l’Église adventiste du septième jour dans le sud de l’Amérique ségrégationniste, est un élément critique présent dans la toile de fond de Black Boy, l’autobiographie romanesque de Whright. Et plus qu’un livre, Black Boy m’apparaît comme un type de relation, de représentation, de la SDA construite par des individus ayant eut un parcours intime avec l’Église adventiste.

    Richard Wright est présenté comme « le premier grand écrivain noir à succès ». Dans Black Boyi il dépeint les cruautés raciales. S’ajoute une description fine des stéréotypes réciproques entre Noirs et Blancs (les majuscules sont de l’auteur) dans le sud américain ségrégationniste. Wright prend le temps de restituer les rationalités que développent les individus. Rendre compte des causes profondes qui expliquent les comportements semble être son obsession. De longs passages proposent au travers des yeux du jeune Richard d’entrer dans la construction des représentations sociales et raciales des Noirs par l’Amérique blanche raciste et vice versa. Ainsi l’auteur via son expérience et sa création littéraire participe à une sociologie descriptive des relations sociales et des rationalités. L’ouvrage ressemble en de nombreux points aux œuvres interactionnistes des sociologues de l’Ecole de Chicago. Parmi les causes sous-jacentes à l’activité humaine en contexte ségrégationniste, Wright insiste sur les impacts d’une pratique religieuse littérale. Plus globalement, le religieux protestant apparaît comme une instance symbolique qui n’oriente pas les individus vers une connaissance du monde et de soi. Au contraire, ce religieux contribuerait à renforcer, reproduire la domination. C’est en partie à cette fin que Black Boy use de l’Église adventiste du septième jour et du méthodisme. L’Église adventiste est ainsi un moyen littéraire astucieux pour établir les tensions posées entre la quête de liberté et l’ascèse religieuse protestante littérale, voire fondamentaliste. Le méthodisme est quant à lui l’espace où la pression sociale, via la manipulation de sentiments, se réalise pour contraindre à la conversion religieuse. Ces deux traditions religieuses extrêmement liées par l’histoire et le contenu des croyances sont en fait utilisées comme archétype du religieux. La notion d’archétype renvoie à la définition philosophique qui fait d’un modèle particulier le réducteur d’un modèle plus général. J’utilise le terme également au sens de Carl Gustav Jung, c’est à dire une image inconsciente d’une singularité qui renvoi à un ensemble vaste et qui alimente l’inconscient collectif. Découvrir finalement l’adventisme et le méthodisme dans Black Boy c’est finalement accéder à la représentation du religieux chez Wright.

    C’est au travers des yeux du jeune Richard, narré avec recul et reconstruction par l’auteur, Richard Wright, que nous allons percevoir l’adventisme. Le lecteur le rencontre au travers plusieurs filtres Ainsi, l’Egise adventiste du septième jour nous arrive par le biais de 1) l’expérience familiale de Wright, 2) de ses relations sociales, 3) de sa perception de l’institution scolaire. Quant au méthodisme ilest utilisé pour illustrer le religieux comme un espace de pression sociale.

    La construction - restitution, romanesque de Wright est si fidèle aux enquêtes que je mène sur la perception de la SDA par des anciens individus ayant été socialisés dans la SDA que l’on pourra peut être parler d’une perception Wrightienne de l’Église adventiste du septième jour. Voyons concrètement ce dont il s’agit à partir du jeune Richard dans Black Boy.

    1. La socialisation familiale

    Richard Wright, Eglise adventisteWright a été socialisé via sa grand-mère et sa tante en contact intime avec l’Église adventiste du septième jour. Il a fréquenté les structures de plausibilité adventistes dont les activités de jeunesse et l’Ecole (si on accepte de considérer l’école comme une structure de plausibilité).
    Dans un matriarcat fragile, son éducation se construit autour de sa mère malade, sa grand-mère et sa tante. Ce sont ses deux dernières, adventistes du septième jour, qui vont s’investir pour que Richard devienne un adventiste.
    Engagé dans une recherche de sens, préoccupé par la bonne distance à construire avec l’Amérique blanche ségrégationniste, poussé à devenir autonome, Richard considérera l’adventisme intransigeant porté par sa grand-mère comme inopérant et aux antipodes de ses priorités. Outre cette incompatibilité, le rejet de l’adventisme transmis se manifestera par une rationalisation de ce dernier débouchant sur son refus.
    Richard se présente aux côtés de sa mère, comme usé des contraintes des pratiques religieuse de sa grand-mère qui les hébergeait. D’ailleurs la règle familiale surtout défendue par sa tante consistait à appliquer les normes adventiste à tous. De fait, Richard rajoute qu’il était « forcé de faire semblant d’adorer Dieu, exigence qu’elle formulait en échange de mon entretien » (p. 173). Une lassitude obligea à envisager de déménager dans une extrême précarité. Les mots du jeune Richard ne sont pas tendres. La religiosité de sa grand-mère est présentée comme strictes, rythmée d’une « demi-douzaine de prières familiales et quotidiennes que grand-mère exigeait de tous ; de l’entendre décréter que la journée commençait à l’aube et la nuit au crépuscule ; des divagations interminables sur la Bible ; des invocations individuelles marmonnées à l’occasion de chaque repas ; des ses théories d’après lesquelles, le samedi était le jour du Sabbat, ne d’entre eux deux qui habitaient chez elle n’était autorisés à travailler ce jour-là ».
    Intransigeance, application dépourvue de pédagogie, l’absence d’adaptation aux attentes, le rigorisme, le littéralisme, caractérisaient l’adventisme dans lequel Wright est socialisé par sa famille.

     2. Vision de l’école adventiste et des liens sociaux
    La vision de l’école se construit en lien avec la famille. On comprendra aisément au regard de sa perception de l’adventisme familial que Wright a une vision négative de sa scolarisation et des liens sociaux développés dans une école adventiste où, sa tante Addie enseigne.
    Addie avait réalisée ses études dans l’école adventiste de Hurtsville dans l’Alabama. C’est sous son impulsion que le jeune Richard est scolarisé dans une institution adventiste. L’objectif explicite était de contraindre Richard à se soumettre aux normes religieuses de la famille. La perception de l’école montre l’éloignement entre Richard et le cadre qui lui est imposé. Les élèves sont présentés comme :

    (...) une espère docile ; ils manquaient de ce sens aigu de la rivalité qui faisait des garçons et des filles des écoles communales un groupe où tout garçon était mis à l’épreuve et jugé à sa valeur, une communauté au sein de laquelle il avait un aperçu de ce qu’était le monde. Ces garçons et ces filles manquaient totalement de caractère et de volonté ; leur langage était plat, leurs gestes vagues, leur personnalité était inaccessible à la colère, à l’espoir, au rire, à l’enthousiasme, à la passion et au désespoir. Il m’était possible de les considérer avec une objectivité inconcevable pour eux. Ils étaient entièrement soumis à leur milieu et n’en pouvaient , imaginer d’autre alors que je venais d’une sphère d’exigence peuplé de porte battantes, de cabarets, de gares de triages, de rotondes de chemin de fer, de bandes de vauriens, de digues, de rivières, d’orphelinats ; javais erré de ville en ville, de maison en maison, ; je m’étais mêlé aux grandes personnes d’une manière probablement peu recommandable pour moi. Je dus surveiller mon langage et mettre un frein à mon habitude de jurer, mais pas avant d’avoir chosé plus de la moitié d’entre eux et mis tante Addie dans un était d’embarras voisin du complet désarroi . (pp. 177, 178)

    L’école permis à Richard de conceptualiser ses relations avec ses camarades. Il objectiva les différentes perceptions du monde social qui existaient entre lui et ses camarades adventistes. La naïveté, la soumission, le manque de curiosité, sont pour Richard caractéristiques des jeunes adventistes. Son vécu s’était consolidé d’expériences avec la violence du monde des adultes qui manquaient aux jeunes adventistes dociles.

    3. Perception du religieux
    Vous l’avez compris ; la construction du lien entre l’adventisme et Wright se fait dans la prise de distance, l’opposition, la tension et la critique négative. Il en va de même pour les éléments de croyances adventistes. Voici, de mon avis, l’extrait le plus explicite du livre qui marque l’opinion de Wright sur l’Église adventiste.

    Les Anciens de son [il par le sa grand-mère] église commentaient un Evangile surchargé d’images de vastes lacs de feu éternel, de mers englouties, de vallées remplies d’ossements blanchis, d’un soleil qui réduisaient tout en cendres, d’une lune sanglante, d’étoiles qui tombaient sur la terre, de bâtons changés en serpents, de voix qui émanaient des nuages, d’hommes marchant sur les eaux, de Dieu chevauchant les tempêtes, d’eau changée en vin, de morts qui se levait et ressuscitaient, d’aveugles qui voyaient, de paralytiques qui marchaient… un Salut grouillant de bêtes fantastiques avec des têtes, des cornes, des yeux des pieds multiples… des Sermons sur des statues qui possédaient une tête en or, des épaules d’argent, des jambes en bronze et des pieds d’argile ; une Histoire cosmique commençant avec le temps et se terminant dans les nuages célestes qui se retireaient avec le deuxième Avènement du Christ… des Chroniques qui s’achèvent avec l’Armageddon, Drames bourrés de billions d’êtres humaines n’ayant jamais vécu ou étant morts et qui devant tous affronter la justice divine… (pp. 173, 174).

    Richard ne présente jamais l’adventisme comme ayant été « son » église, mais celle d’une grand-mère dont le mode d’application des normes religieuses adventistes rencontrent le refus chez le jeune Wright. Il connaît tout le symbolisme adventiste mais préfère nous en faire une restitution sous la forme d’une liste à la Prévert. L’effet recherché est là ; difficile cohérence, irrationalité, naïveté, etc. Cette liste dans sa forme, son rythme est une critique forte. Surtout ces croyances restent attirantes mais se contenteraient de l’émotionnel. Malgré le désire de croire, les croyances adventistes s’opposent pour Wright à l’évidence des constatations objectives d’un individu dont la quette reste la liberté, l’égalité, la vie. Ainsi il indique qu’ « en écoutant ce langage des sermons farcis d’images saisissantes je me sentais émotionnellement poussé à croire, mais aussitôt sorti de l’église, voyant le gai soleil et sentant la vie palpitante des gens de la rue, je savais que rien de tout cela n’était vrai et qu’il n’arriverait rien » (p. 174)

    Richard Wright, Eglise adventistePourtant, on découvre parfois Richard désireux de faire des efforts pour croire et satisfaire sa famille. Une anecdote est à ce titre édifiant. Suite à un malentendu sa grand-mère pense que Richard a entendu un ange lui parler. De malentendu en malentendu c’est toute la communauté religieuse qui voit dans Richard une expression surprenante de la puissance de Dieu. Le malentendu soulevé, Richard note la grande déception de sa grand-mère qui avait anticipée une énorme satisfaction et un prestige religieux à avoir un petit fils qui communiquerait directement avec Dieu. Tout se passe comme ci, la quête d’un extraordinaire religieux devenait tellement intense dans l’église adventiste qu’il devenait aussi le terrain propice de la naïveté.
    Une autre situation cocasse retient l’attention. Sa tante Addie et sa grand-mère utilisent ses camarades pour le convaincre de se convertir après un cycle de conférences sur la « Renaissance de la foi ». La famille et les camarades réalisent une pression pour que Richard se baptise. Un échange avec un de ses camarades est à ce titre édifiant. Celui-ci développe des arguments pour sensibiliser Richard.

    Un garçon qui habitait de l’autre côté de la rue vint me voir u après midi […]. Il parlait avec tant de naïveté que je pouvais distinguer nettement la trame de son saint complot et entendre grincer les rouages des intrigues de grand-mère. […]
    - Tu n’es pas sauvé,
    - Je me trouve très bien comme je suis, dis-je en riant
    - Ne ris pas, Richard c’est grave. […]
    - Mais tu ne veux pas sauver ton âme ?
    - Il n’y a rien à faire, je n’arrive pas à sentir la religion, (…)
    - As-tu vraiment essayer de sentir Dieu ?
    - Non. Mais je sais que c’est inutile (…)
    - Tu serais pret à faire dépendre le sort de ton âme d’une question de fierté et de vanité […]. Richard, pense au Christ qui est mort pour toi et a répandu Son sang pour toi. Son sang précieux sur la croix.
    - Il y en a d’autres qui ont répandu leur sang, risquai-je? […]
    - Au Richard, tu es perdu dans les ténèbres du monde (…) viens dans la maison et laisse-moi prier pour toi.
    - Je ne veux pas te vexer (…) et vexer Dieu non plus (...)
    Il fut choqué. Il essuya ses yeux mouillés de larmes.
    Il m’aurait été impossible de lui dire ce que je pense de la religion. La question de savoir si je croyais en Dieu ou pas n’était pas encore réglée dans mon esprit

    Plus que la réalité du salut qui est au centre de la thématique religieuse chrétienne protestante en particulier millénariste, Richard ne perçoit pas la pertinence de cette idée. Être sauvé n’est pas pour lui un impératif. De fait, tout discours lui proposant de « sauver son âme » rencontre une fin de non recevoir. Cette posture choque, dérange ses relations qui sont impliquées dans le religieux et contrairement à lui y voient une grande pertinence. Le religieux lui apparaît fait d’une double irrationalité. La première comme nous l’avons déjà dit via l’adventisme est le manque de cohérence perçue dans la longue liste des croyances. Mais, cela semble secondaire. Plus important est l’inadaptation du religieux à ses préoccupations. Finalement c’est cette incompatibilité qui prime chez Wright, lui qui a une quette de la liberté dont les acquis se veulent empiriques et immédiats. De fait, objecter un refus au salut, ce n’est pas une simple négation de celui-ci mais c’est le refuser même dans la perspective de son existence réelle, car incompatible. Et c’est cela qui va tenir en permanence Richard loin des siens.

    4. Espace de tension et de pression sociale.
    Wright ne décrit pas le champ religieux comme un espace homogène. Il note les tensions qui peuvent exister entre méthodisme et l’adventisme (en grande partie issu du méthodisme). Cela se perçoit au travers du refus de la grand-mère d’accepter l’adhésion de sa fille, la mère de Richard à l’Église méthodiste (256).
    Bien plus que part les liens de camaraderies de Wright, c’est au travers du méthodisme que s’affirme une vision du religieux comme un espace de manipulation et de pression sociale. Richard indique que l’étrangeté du protestantisme méthodiste puritain l’attirait. Son envie de faire société avec des noirs semblait se satisfaire par les liens sociaux proposés par le méthodisme. Loin de cette attente les liens sociaux sont présentés par Richard comme un performant moyen de contrainte.
    Tel fut le cas lors de son baptême. Suite à une série de conférences. Le pasteur manipula les jeunes au travers des mères déjà membres d’église. Richard parle de « ruse ». Il compara chaque mère à Marie, les invita à s’agenouiller et prier pour leurs fils. Face à cette situation, Richard indique sa difficulté à « réprimer son dégoût » pour un pasteur qui manipulait les sentiments maternels. C’est ainsi que le pasteur fit les mères demander à leur fils de se convertir et se baptiser en respect du sentiment maternel. Les mères pleuraient et les fils désarmés les suivirent pour entamer un processus d’adhésion par le baptême. Résistant à cette pression émotionnelle, Richard du faire face à sa mère. « Viens, fils, laisse ta vieille maman te mener à Dieu, dit-elle d’un ton suppliant. Je t’ai donné le jour, laisse moi t’aider à sauver ton âme… J’ai toujours essayer d’être une bonne mère pour toi… Tu n’aimes donc pas ta pauvre mère infirme, Richard ?... »
    Malgré ses réticences, sa colère intérieure et son dégoût face à la situation, Richard devint membre de l’Église méthodiste suite à son baptême. L’adhésion est uniquement le fruit de la pression sociale et a ainsi un a un sens uniquement administratif et non convictionnel. Ainsi on rencontre un Richard qui déclare par la suite s’ennuyer ferme à l’école du dimanche. Les lui paraissent dénudées d’intérêt (265).

    Richard Wright, Eglise adventisteMalgré une socialisation au sein de la SDA, y compris dans l’une de ses écoles, le jeune Richard avait construit définitivement une vision de l’adventisme comme un espace où les dominés noirs sous la ségrégation reconstruisaient un monde utopique, et cela sous une domination blanche que les dominés n’osaient percevoir. On le ressent dans sa description critique de la symbolique adventiste dans la continuité. Dans une société déchirée par la haine décrite également par James Bladwin, Richard Wright présente la religion également comme déchirée, déchirante. Elle participe à réconcilier les individus sans les construire dans une projection de l’avenir. Elle rapproche les individus sans faire lien entre eux. Paradoxal. L’avalanche de rite et de pression semble participer à la survie sous l’oppression et non à la construction sur le long terme, à la reconstruction d’individus victimes de la ire des injustices à savoir la négation de leur humanité. Pourtant c’est le but du religieux. Un but qui n’est pas atteint même si l’impression de le satisfaire domine. A ce titre le religieux vu par Wright au travers de l’archétype adventiste et méthodiste est une leçon in eclesia et extra eclesia.
    C’est aussi une œuvre qui invite à accepter l’inacceptable ; le droit de ne pas croire et de préférer un autre bonheur que le salut, même pour ceux qui y croient. Et là, l’œuvre de Wghrit est un défi. En d’autres points elle est. J’en veux le fait que Wright trouve incongru toutes les barrières entre noirs et blancs sous prétexte que l’un ait fait souffert l’autre, lui le témoin-victime de la ségrégation. Finalement, ne fait-il pas du religieux ?

    En conclusion:
    En fait, il ne faudrait pas conclure. Mais notons qu'au travers de l'adventisme et du méthodisme, utilisés comme un archétype Wright critique le religieux en notant son incompatibilité avec les quêtes d'un individu subissant la ségrégation. Espace de tensions, de concurrence, de domination, d'incongruité, d'infantilisation, de croyances futiles... Ce religieux est loin des besoins de conquêtes, de conciliation avec les différences, de moteur du dynamisme social. FInalement, Wright critique une forme de religiosité. Les figures de sa grand-mère, sa tante, sa mère, sont là aussi pour le rappeler. Aujourd'hui Wright ne serait certainement pas membre d'une communauté adventiste ou méthodiste. Certainement il en serait un grand détracteur, mais aussi certainement il serait surpris de la métamorphose du croire dans ses groupes religieux où nombres de croyant, ad hoc, veulent voir concilier conquêtes politiques, civiques, humanistes et croyances.

  • 3ème séance : Formation Association AGIR

     

    381705721.jpgInformation importante.

    La 3ème séance de la Formation Agir prévue initialement le 25 mars à 18h30 au sein de la Sorbonne est reportée. Elle se déroulera en fin de parcours. Des contraines d’emploi du temps m’empêchent d’être présent.
    Les participants ont pu apprécier l’actualité de notre dernière séance qui parlait, avant les médias, de l’enquête de l’INSERM sur le Comportement sexuel des français. Nous nous étions appuyés sur celle-ci pour illustrer la démarche sociologique et comprendre des liens entre comportements intimes et religion. Nous reparlerons dans d’autres séances de sexe et de religion avec plus de précision. La suite du programme est accessible en téléchargement. Pour plus d’info cliquez ici et revoyez la note déjà publiée. Vous y trouverez également les documents à télécharger sur la suite du programme et les coordonnées pour toutes informations.

     

  • Suite... Les défis de l'Eglise adventiste en France - (II) Les défis organisationnels (Première partie)

    Une amplification de la prise en compte de la pluralité culturelle.

    Eglise adventiste; Défi; challengeIl est extraordinairement intéressant (si on peut se permettre ce langage) de noter l'évolution de l'adventisme en France. Et là, l'Eglise adventiste française est semblable à l'ensemble de la société française. Jusqu'aux années 90 l'adventisme devait faire face aux nombreuses cultures de ses membres dans un pays à la tradition colbertiste, jacobine et à la mémoire sélective sur l'histoire coloniale. Conséquence ; la hiérarchie adventiste était bien loin de ressembler aux militants. Les choses n'en sont plus là. La forte migration d'antillais adventistes laisse de plus en plus la place aux flux de l'Est, de Russie, d’Amérique latine (Brésile) et d'Europe du Sud. La diversité culturelle des membres impose de plus en plus une diversification des représentants adventistes, même si le chemin est encore très long. 

    Les études sur cette question débutent dans les années 70 dans l'espace francophone (Canada, Martinique). Dans l'Hexagone l'analyse de la place des cultures non autochtones dans l'adventisme s'élaborent fin des années 70 début des années 80. Elles ne sont pas nombreuses et notent des difficultés à avoir un regard d'équité (je n'ai pas dit égalitaire!) sur les adventistes migrants. Ronald Coffin par exemple, note les inéquités et inégalités de traitement entre antillais et hexagonaux et j'ai moi-même prolongé l'analyse à partir de données de Coffin complétées, sur les différences de gestion entre pasteurs antillais et autochtones. Attention, le contexte de l'époque pèse et est une source importante de compréhension. La France est dans une perspective très centralisée. Elle n'a pas développée une sensibilité à la diversité culturelle. L'Etat est très parisien, la décentralisation n'est même pas encore balbutiante et la mémoire d'une décolonisation ratée est une plaie ouverte. D'autre part, les antillais réalisent une migration de travail et l'important est l'insertion sociale et non l'insertion dans l'organisation religieuse.
    défi; adventiste; FFN; Fédération France Nord; Fédération France Sud; Eglise adventiste; Union des églises adventistesLes années 90 vont marquer le besoin de reconnaissance dans l'organisation adventiste et apparaîtra de plus en plus des responsables adventistes venus d'autres cultures et qui graviront davantage l'échelle du pouvoir adventiste.
    A la fin des années 90, début du nouveau millénaire le chemin parcouru peut être mesuré. Les migrations qui nourrissent l'adventisme sont diversifiées. L'influence numérique antillaise bien qu'importante recule proportionnellement. Il semble même qu'un reflux commence à être observé (A confirmer par les historiens dans quelques années!). Des églises dites ethniques existent ce qui était impensable dans la France des années 70's, 80's.

    Comme pour de nombreuses organisations religieuses protestantes, à l'instar des groupes évangéliques (même si là les adventistes ont du retard), l'adventisme a du s'adapter aux évolutions de sa sociologie dans l'expression religieuse, les rites et sa cohésion relationnelle. Sur ce point, alors qu'elle épousait dans les années 80 les normes de l'idéal politique, l'Eglise adventiste semble, avec difficultés mais succès, prendre le virage de la représentativité sociologique. Le parcours est encore long si une comparaison avec les groupes évangéliques doit être réalisée, cependant l'adventisme est sur la bonne trajectoire, en dépit des frictions internes parfois.

    Dans une moindre mesure, certaines réticences que rencontrent l'inéluctable nécessité de s'adapter aux évolutions culturelles de ses membres s'explique par le défi organisationnel.

     

    Culture du résultat dans le maintien des exigences


    Le défi organisationnel est certainement le chantier le plus important que connaît l'adventisme. Il doit répondre à plusieurs contraintes :

    1. Se conformer à l'évolution de la sociologie adventiste

    2. Renforcer la performance, l'efficacité, d'un adventisme inconnu du grand public

    3. Prendre en compte les impacts de la crise économique

    L'adventisme est une organisation avec une importante structure hiérarchique à la forme pyramidale. Les communautés locales forment la base et le sommet, la tête, se trouve aux USA. C'est un classique de l'analyse stratégique. Plus les échelons sont nombreux moins l'organisation est réactive, flexible. Mais dans le cas d'une église ce n'est pas un contresens selon moi, car le but d'une église n'est pas de s'adapter aux évolutions à court terme. Au contraire, la fiabilité de l'organisation passe par une stabilité éthique, théologique qui est portée par une organisation également stable. Le prix est le risque d'être souvent en friction avec attentes sociales. Je parle de friction non au sens de tension, mais de décalage comme le chômage frictionnel par exemple Fixité de l'organisation et adaptabilité aux évolutions sociales sans remise en cause des fondamentaux est donc une difficulté majeure pour les églises. On rencontre cela dans l'adventisme. Pour y arriver la fixité de l'organisation doit s'appuyer sur des outils permettant de saisir l'efficacité de ses actions. Et là nous venons à un point précis des défis adventistes.

    L'adventisme français doit de plus en plus accepter l'utilisation d'outils de mesure de son action. Il ne s'agit pas uniquement de savoir si une action à conduit à un succès, ou si une forme de pratique pastorale est meilleure qu'une autre, mais plus largement de se positionner par rapport à un objectif donné. Cela ne peut pas être fait sans une évaluation permanente. Dans d'autres continents, cela est évidents. Existe ainsi pêle-mêle dans l'espace adventiste : carnets de bords, ratio de baptêmes par pasteurs, ratio du nombre d'études bibliques, durée moyenne des conversions, coût moyen par membre d'une conversion, fréquence des thèmes prêchés (homilétique), correspondance entre thèmes abordés et attentes sociales...
    Cette culture de l'évaluation, qui est bien plus que la simple information, connaît des résistances en France. Elles sont importantes. Globalement l'artifice de langage consiste à opposer qualité et quantité.
    Vous l'avez compris, l'un des défis adventistes est le management. Difficile pour cette église habituée dans son histoire à se concentrer sur la réalité, la qualité des engagements, de s'intéresser maintenant à l'accord entre qualité et quantité. Cela se comprend. Historiquement, la quantité n'était pas une priorité. Elle découlait automatiquement de la qualité. L'adventisme du XIXe étant une innovation théologique mais surtout organisationnelle, elle répondait à des demandes et rencontrait ipso facto son public. C'est encore le cas dans les pays où sont succès est vivace. Cependant en France, cette logique entretien l'ultraminorité adventiste qui ne rencontre pas « naturellement » un public.

     

    Une révolution institutionnelle poussée par la crise économique.

    défi; adventiste; FFN; Fédération France Nord; Fédération France Sud; Eglise adventiste; Union des églises adventistesC'est pour moi le plus gros défi et le plus explosif. La structure adventiste est dense. La crise montre à toutes les organisations, y compris religieuses qu'elles doivent réduire la voilure et augmenter en efficacité. C'est un chantier adventiste très ancien. Concernant la France l'une des propositions est de faire disparaître un échelon administratif, celui des Fédérations afin d'avoir une Union d'églises.
    Pour bien comprendre ce dont il s'agit il faut avoir différents points de repères en tête. L'organisation pyramidale adventiste est redistributive. Plus nous gravissons les échelons dans l'organisation adventiste plus on rencontre une concentration de ressources (humaines, économique, médiatiques, expertises, pouvoir...). Comme un Etat central, la structure pyramidale permet de garantir à toutes les communautés adventistes un accès aux ressources nécessaires à son fonctionnement. Petites ou grandes églises ont donc leur pasteur, l'accès aux outils adventistes, etc. C'est indéniablement une performance. On rencontre ainsi une homogénéité dans les communautés adventistes qui sont toutes en interconnexion.
    Toucher à l'organisation adventiste doit permettre de garder cet acquis afin. L'Union d'églises garantie cet élément majeur. Elle a pour avantage également de réduire en période de crise économique les dépenses adventistes et devraient selon ses défenseurs accroître la productivité adventiste. En effet en faisant disparaître un échelon administratif, il serait mis fin à une incongruité. Nombres de pasteurs adventistes se transforment dans les niveaux hiérarchiques supérieurs en administratifs, au moins partiellement. Ces derniers retrouveraient donc leur fonction initial, à savoir celui d'évangéliste et/ou de pasteur. Ainsi avec moins de dépense l'Eglise adventiste réduirait le ratio habitants/pasteurs. Elle accroîtrait le maillage du territoire et sa capacité de répondre aux besoins des membres les plus isolés géographiquement.

    Ce changement rencontre les plus grandes résistances en raison des avantages acquis et de la peur du changement. Il prend l'allure d'un serpent de mère alors qu'il est une évidence.
    En période de crise économique les membres de l'Eglise sdventiste sont de plus en plus vigilants sur les dépenses. Le débat reprend un élan chez de simples membres qui voient l'écart qui s'installe entre leurs capacités financières et les besoins croissants de l'église qui les sollicite. La chasse aux postes de dépenses inutiles est donc ouverte pour augmenter la performance adventiste. Et là, on revient sur ce que nous disions car tout s’emboîte. L'évolution institutionnelle adventiste est possible que si est mis en place des outils de mesures performants des activités adventistes.
    Attention, il ne faut pas voir là une impasse mais une opportunité. Nous l'avons dit : l'adventisme a devant lui un vivier de progression dans ses activités à l'interface entre religion et société. Réduire les coûts par une réorganisation stratégique permettrait un redéploiement vers les actions performantes, crédibles où la rentabilité des investissements est grand. Je pense concrètement aux maisons de retraites, aux actions sociales, sanitaires, humanitaires et médicales. Faudrait-il encore que le long terme l'emporte sur l'immédiat.

    Le défi organisationnel a d'autres déclinaisons plus locales pour chaque communauté adventiste. Elle touche également à la formation des cadres adventistes qui vient de connaître un changement dans le bon sens. Là sera des éléments de la prochaine note de cette série.

     

  • Découvrir un groupe religieux minoritaire

    Près de 14 millions d’individus sont des membres de l’Eglise Adventiste. Dans l’hexagone on en compte entre 10 et 11 000. Si on rajoute les 27 900 adventistes des DOM TOM (Nouvelle Calédonie comprise), on dénombre officiellement près de 39 000 adventistes en France . Pourtant cette religion et ses membres sont méconnus . Voilà quelques chiffres pour mieux les penser.

  • Nouvelle photo de la victime supposée de DSK

    Connafissatou diallo ophélia,photo victime dsk,identité victime dsk, Sofitel New Yorktinuons sur le buzz! Voici la dernière photo de la victime supposée de DSK. Il y aurait eu une confusion avec la photo précédente selon LePost.fr, avec sa collègue Ophélia. Ceci s'expliquerait par un profil très voisin puisqu'elle aurait comme Ophélia 32 ans. Les conjectures vont sur son origine. Tout cela n'enlève rien à nos commentaires précédents.

  • Les raisons au Non de la Martinique et de la Guyane

    REFERENDUM OUTRE MER.jpgCe n'est pas un secret, j'aime lire le journal La Croix. Déjà je suis certain de ne pas y trouver des informations que je fuis. Mais ce qui fait que j'en parle rapidement ce matin est la Une du numéro 38560 de ce mardi 12 janvier. « Outre-mer, la peur de l'inconnu ». Le titre est certainement plus accrocheur que réaliste. Il épouse l'ensemble des autres analyses sur le Non, non, non, des martiniquais et des guyanais au référendum de dimanche. Cependant à bien lire les colonnes l'analyse est plus nuancée que le titre peu laisser apparaître. Dominique Quino, l'éditorialiste a en de nombreux points vue juste. Que dit-il ?

     

     

    Il faut dépasser « une lecture cynique du résultat » qui conclurait que « les « lecteurs  ont craint un désenchentement de la métropole et une baisse des financements (minima sociaux, etc.), soutien plus faible de la part de l'Europe dont les font sont très présents dans ces régions ». C'est d'ailleurs l'explication des tenants du Oui. Il est vrai, comme le signale Christiane Taubira sur de nombreux médias et dans le Croix qu'un discours de peur a été distillé par certain partisans du Non qui instrumentalisaient le désengagement de l'Etat. Mais il faut aller plus loin comme l'indique Dominique Quino : et si ce « Non signifie également un attachement plus grand à la France ? »
    Rajoutons que ce Non, de mon avis, est une excellent preuve de la lucidité des territoires d'Amérique (Guadeloupe, Martinique, Guyane et singulièrement Saint Martin, Saint Barthélémy). Alors qu'elles ont suivis les souhaits des groupements protestataires menés par les organisations d'influence indépendantistes, elles n'ont pas suivis ces dernières qui soutenaient le Oui ouvertement ou sur le bout des lèvres. Comme si elle reconnaissance à ces organisations une réelle expertise dans la protestation sociale, mais ne les créditent pas quand il s'agit de construire un projet politique commun.
    Le précédent référendum de 2003 avait produit le même résultat en Guadeloupe et en Martinique. Faut-il conclure que les DOM ne savent pas où elles vont et ont peur de l'avenir. Mais non. Elles savent où elles ne veulent pas aller et c'est déjà excellent. L'échec politique local et national est de ne pas pouvoir proposer une voie qui prend en compte l'attachement à la France et les particularités insulaires. Pour cela ces territoires attendent l'émergence d'une classe de dirigeants porteurs et concrétiseurs (si on peut se permettre le terme) d'espoirs. Et là, la route est encore longue.
    Le Non n'est donc pas une réponse de la peur ou un attentisme. Il est une injonction à la responsabilisation des politiques et des organisations syndicales. Elles voulaient pour la plupart que les populations donnent un blanc-seing. Mais comme tous les individus rationnels les populations d'Outremer veulent juger sur pièces. D'abord le projet politique, puis le vote. C'est le contraire qui était proposé. L'étonnant dans tout cela c'est qu'une classe politique dans son ensemble ait pu penser que le contraire est possible !

     

     

  • Retour

    Bonjour à tous.

    LE BLOG REPREND. Le dernier livre m'a pris temps et énergies plus que prévu. J'espère qu'il sera rapidement dans les librairies. Je vous en dirai plus une fois quelques incertitudes surmontées.

    Nous reprendrons sur l'identité antillaise, les grèves et la religion. Puis, je vous présenterai ce sondage très intéressant sur l'Eglise Catholique vue par les divorcés. Un détour par l'actualité et le procès de la scientologie n'est pas à exclure. Alors à bientôt ici.