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Rechercher : religion de la sant%C3%A9

  • ”Réveil du religieux, éveil de la société”

    Dominique KounkouA l'initiative de Maître Dominique Kounkou j'ai participé mardi 22 mars au colloque « Réveil du religieux, éveil de la société » qui s'est déroulé à Paris. J'aurai pu relayer l'information mais j'avoue que pris par de nombreuses autres activités j'ai négligé le blog et plus précisément de transmettre plusieurs informations dont celle-ci. J'étais présent que l'après-midi et je n'ai pas pu profiter des interventions matinales autour de Haïti. L'après midi a été porté par des thématiques où s'entrecroisent droit et sociologie. Parmi les intervenants trois universitaires, Régis Dericquebourg, Laburthe Torla et Fabrice Desplan. Ajoutons la présence de Me Gérard Ducrey dont l'oeil expert est d'une richesse exaltante.


    Régis DericquebourgRégis Dericquebourg a fait une sociologie de l'évolution de champs professionnels de la psychothérapie et montré comment la nouvelle législation qui laisse une grande place aux médecins et psychiatres, résulte du poids social, de l'influence, de ces professions au détriment d'autres, plus légitimes sur la question comme les psychologues. Sa présentation basée sur des éléments factuels organisés chronologiquement revient sur la stratégie de psychologues qui s'appuient sur une sémantique et des actions « anti-sectes » afin de crédibiliser le souhait d'être une profession qui encadre la psychothérapie. Dericquebourg montre que la clef de la psychanalyse et de la psychothérapie est, à des degrés différents mais importants, la réalisation d'une analyse de l'analyste. Ce dernier doit faire sa propre psychothérapie. Cet élément épistémologique sujet à discussion mais présent n'a pas été mobilisé dans le lobbying auprès des parlementaires par les professions instituées (psychologues et psychiatres). Bien leur ait pris parce que ce critère légitimerait les psychothérapeutes ! Mais surtout Dericquebourg démontre que dans le jeu d'influence entre professionnels dont le but est d'avoir la main mise sur le statut de psychothérapeutre,
    "les psychologues avaient participé à l'élimination des psychothérapeutes en validant théoriquement la notion de dérive sectaire mais qu'il n'en n'avaient pas profité puisqu'ils sont relégués à une obligation de formation complémentaire comme les médecins qui eux font peu de psychologie dans leurs études".

    Fabrice DesplanDans un autre registre, j'ai continué une réflexion entamée dans le dernier numéro de Conscience et Liberté autour de la diffamation de groupes religieux. A partir de la jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l'Homme j'ai voulu montrer que le droit Européen tente d'imposer une lecture des minorités religieuses loin de la stigmatisation sociale. CE n'est pas une tendance uniforme. Cependant les arrêts de la Cour prennent de la distance avec les positions admises jusqu'à présent du droit dans nombres de pays pour tenter de rééquilibrer les échanges en faveur de groupes qui jusqu'à présent sont perçus comme des menaces alors qu'ils composent, comme d'autres, le tissus social sans actes subversifs.

    Maitre Gérard DucreyMaitre Gérard Ducrey, qui n'est plus à présenter, a insisté sur l'évolution des arrêtes de la CourEDH dont le dernier sur les crucifix en Italie est de son avis majeur ouvrant des portes à la liberté religieuse et de croyance. Réaffirmant mon propos, Me G. Ducrey note toutefois la difficulté procédurale à se faire entendre de la Cour. Il insiste particulièrement sur les interactions entre politique et CourEDH. De fait, il appelle à la vigilance sur le renouvèlement de sièges au sein de la CourEDH, en espérant que cela n'entrave pas une dynamique bien encrée de la Cour en faveur des libertés de religions et de croyances.

    Professeur Laburthe TolraLa conclusion de la journée réalisée par le Professeur Laburthe Torla qui rappelle la complexité de la place du religieux aujourd'hui. Il insiste sur les difficultés du législateur à accepter cette complexité et à vouloir la simplifier autours d'intérêts. Le religieux est un élément du dynamisme social qu'il faut approcher en lui laissant toute sa complexité. Pour celui qui est un des plus grand anthropologue français de la religion c'est une évidence mise à mal qu'il faut maintenant reconstruire.

    Les interventions formeront un ouvrage qui sortira avant la fin de l'année afin de permettre à tous un prolongement des réflexions qui y seront proposées.

  • La Fédération Suisse Romande et du Tessin lance le festival de la santé

     Eglise adventiste, Religion, Santé, Suisse, Fédération Suisse Romande et du Tessin, Festival de la santéLa fédération adventiste de Suisse Romande et du Tessin (FSRT) lance le festival de la Santé. Cette initiative traduit parfaitement le concept de Religion de la santé dont l’adventiste est une illustration majeure. En lien avec les professionnels et autorités, la FSRT a construit une programmation où sur la base des acquis scientifiques elle sensibilise le public à différents équilibres indispensables à la santé. Le handicap est un thème central pour cette première. Exercices, expositions, débats… sont des déclinaisons proposées. Ce qui me paraît capital et faussement banal est l’idée que la santé est un ensemble d’équilibres aux effets relationnels. Si cette conception de la santé dans sa dimension interactive est un acquis, elle a été de tout temps portée par l’adventisme. La santé est non seulement un sentiment de bien être (pas une absence de pathologie!) mais aussi une relation équilibrée avec ses entourages. Ce n’est pas seulement la perception d’un équilibre biologique et psychologique, mais également social. Dans une société, où de nombreuses pathologies, souffrances sont indiscutablement issues des déséquilibres relationnels, l’initiative adventiste est à saluer.
    D’autre part, comme religion de la santé, l’adventisme Suisse fait de cette manifestation d’abord un outil de promotion de la santé. De ce fait, l’action sanitaire éducative est capitale. Elle montre bien que les religions de la santé ont une éthique de responsabilité qui ne doit pas être assimilée à du prosélytisme. En effet l'objectif n'est pas la conversion mais d’établissement de bonnes pratiques de santé. Cependant, cela s’inscrit dans l’idée de mission. Soyons précis. Je l’ai écrit dans mon ouvrage Regards croisés sur l'Eglise adventiste du septième jour, l’éthique de responsabilité c’est se sentir responsable du bien être et du salut de concitoyens et responsabilliser ces derniers. C’est avoir des actions concrètes dans ces buts. Dans ce cadre, le bien être supplante le désir de conversion, sans l’exclure. Et c’est ce qui s’exprime très explicitement dans nombres de manifestations de santé adventiste en Europe francophone surtout sous l'impulsion Suisse. La FSRT mène des actions de santé, pédagogiques ouvertes, d’essence adventiste, scientifiques, montrant la perception large de la mission religieuse au sens d’une éthique de responsabilité, sans bercer dans le prosélytisme.

    C’est un équilibre difficile que la FSRT a su construire. En ce sens, le festival de la santé, additionné à d’autres actions de la FSRT, permet à l’adventisme Suisse de consolider sa place d’acteur social dynamique. Elle répond ainsi aux attentes sociétales vis-à-vis du religieux. Mais certainement le contexte Suisse favorise cette consonance entre attentes sociétales (et sociales) et l’offre religieuse adventiste. Et hors contexte Suisse, indiscutablement, la FSRT montre dans l’adventisme francophone en pays développés une perspective à suivre, voir à reproduire.

    En complément lire sur le sujet :

    La santé dans l’adventisme, une action ouverte et non du prosélytisme

    Religion de guérison et religion de la santé

    Santé anthropologie et adventisme

    Et l’ensemble des notes sur les liens entre adventisme et santé

  • Fake News en adventisme sabbatiste (IV). La perte de vitesse de la rationalité.

    Fake NewsDepuis Max Weber nous savons que le religieux est un espace d’expression de la rationalité. Le religieux anime la rationalité par des actes et des croyances dont la finalité est l’obtention du salut. On peut bien parler de rationalité car les actions sont construites logiquement, se légitiment par expérimentation et laissent la place à une évaluation. Plus que le bien fondé qui n’intéresse pas le sociologue il y a la structure de penser et d’agir.
    Il est indéniable que dans l’offre religieuse, l’Eglise adventiste du septième jour se démarque encore, même s’il y a là une perte de vitesse, par des actes rationnels. Surprenant pour certains, mais empiriquement vrai, l’Eglise adventiste du septième jour offre un équilibre entre rationalité scientifique et quête du salut. Le développement en son sein d’actions de préventions sanitaires par des professionnels de santé ou encore l’engouement pour le développement de la sont des exemples probants. Cela fait écho à l’histoire adventiste où le déisme scientifique a été un levier majeur de Miller à aujourd’hui.

    FAke NewsCe cadre a été longtemps un rempart contre les fausses informations vérifiables. Des communautés locales avaient un protocole strict de vérification des contenus des discours des individus qui avaient une responsabilité dans le groupe. Il est vrai que l’objet était avant tout de vérifier la compatibilité entre ce qui serait dit et les croyances officielles adventistes. De plus, pour grand défaut, ces protocoles empêchaient une flexibilité, une adaptation face à la rapidité des questions sociales. Mais, le glissement vers des expressions émotionnelles marque un retournement. Je l’ai déjà indiqué en notant que l’évolution de la structure même du programme adventiste le sabbat illustre ce glissement où la rationalité perd de sa place.

    Lors d’une observation de terrain il y a quelques mois, j’écoutais dans une communauté adventiste une responsable de l’enseignement des enfants raconter une histoire. Visiblement plus que l’histoire, c’est l’envie de convaincre les enfants et l’assemblée qui prévalait. En effet, la conteuse relata (si ma mémoire est bonne au Brésil) qu’un lion élevé en captivité avait préféré se détourner du lait et d’aliment carné et opter pour des légumes. Preuve était faite selon elle du bien fondé du régime alimentaire végétalien et des positions adventistes sur l’hygiène alimentaire. Vous devez penser que je caricature. Ben non. Heureusement que je prends des notes !

    Ce qui m’a surpris, c’est que cela se déroulait dans une ville qui est un pôle universitaire avec des facultés de médecine et de vétérinaire ! Evidemment la légèreté de la démonstration fait rire, mais elle fut diffusée. Pire, non remis en cause et exprimée devant toute une assemblée.

    Que montre cela ? L’absence de rigueur minimale dans l’enseignement a fait passer l’objectif de l’enseignement au détriment de la démonstration. Et là est un ressort des Fake News. Peu importe les moyens, la fin est la priorité. Et d’ailleurs, plus c’est gros, plus cela passe (au moins en apparence).

    Fake NewsEn devenant de moins en moins exigeante sur le fond et la forme de son enseignement, la SDA laisse entrer les jalons, les repères cognitifs qui par la suite seront des booster de fake news. L’allongement de la durée des programmes et la place de plus en plus grandes aux convocations émotionnelles font de l’adventisme dans certaines communautés (je pense que le phénomène se généralise) une religion qui perd une de ses valeurs ajoutées à savoir un discours religieux dont la construction se cimentait rationnellement. Finalement, de plus en plus de discours et de situations qui se développent dans l’Eglise adventiste du septième jour confirment ce que savent les sociologues depuis longtemps : un groupe religieux est surtout un groupe religieux parce que social, c’est-à-dire qui connait les mêmes réalités et problèmes que l’ensemble de la société.

  • La présidente de l'UNADFI condamnée pour diffamation envers les témoins de Jéhovah

    L’information n’a pas été divulguée par les médias avec le même zèle qu’ils ont à participer à la désinformation sur les groupes religieux. Heureusement que mon ami Sébastien Lherbier-Lévy est là avec le Droit des religions pour recenser les décisions de droits, toutes tendances confondues, qui concernent les organisations religieuses.

    Catherine Picard devra faire attention désormais à la sémantique qu’elle emploie pour caractériser les groupes religieux. Le rapprochement qu’elle faisait entre la Mafia et les Témins de Jéhovah méritait le courroux du droit et justifie les 6750€ que l'Unadafi devra verser aux associations jéhovistes plaignantes. Tout le monde sera d'accord que ce n'est pas lourd pour une organisation qui s'enferme dans la dérive.
    Je vous laisse lire la rapide restitution, sous forme de dépêche que Sébastien a indiqué sur son site.
    Rajoutons une chose : si cette condamnation permet de traiter les groupes religieux minoritaires dont les Témoins de Jéhovah avec plus de respect républicain, je pense qu’elle a tardé, car le venin de l’ADFI a déjà arrosé maintes organisations religieuses sans une once de respect pour ces derniers. La différence religieuse mérite de ne pas être stigmatisée par un vocabulaire de l’opprobre. Espérons que nous pourrons parler bientôt de la jurisprudence Picard.

  • Dans la peau de l'historien de JL Chandler

    Mais dans l’envers du décor, écrire l’histoire n’est pas qu’une partie de plaisir. Surtout lorsqu’elle est religieuse. Et donc depuis un certain temps, l’envie de publier un article sur la démarche scientifique de l’historien m’a titillé. Elle s’est définitivement cristallisée quand une internaute m’a posée dernièrement « la question qui tue » sur l’histoire qui est derrière l’Histoire. En substance, elle demandait - je généralise son interrogation - : « comment sait-on que quelqu’un a reçu un message de la part de Dieu ? » Autrement dit, qu’elle est la certitude de l’historien sur l’authenticité d’un récit, de surcroît avec une dimension de transcendance ? Il n’y a pas de réponse simpliste à ces questions mais je partagerai quelques étapes de réflexion indispensables à notre quête de savoir. Ce raisonnement part de loin. Il semblera au départ un peu éloigné de notre sujet mais suivez-le jusqu’au bout et vous découvrirez la solution.

     

    Les limites de la raison
    La première étape de notre réflexion est philosophique. Dans « Le discours de la méthode », René Descartes a révolutionné le monde de la science – le mot provient du latin scientia qui signifie « la connaissance » - en proposant une méthode rigoureuse d’acquisition du savoir. Pour atteindre son but, qui était de prouver l’existence de Dieu, il a basé son raisonnement sur une idée simple et « géniale » : démarrer la recherche du savoir par le doute, en écartant d’emblée toutes les idées présupposées et apporter, étape par étape, les preuves (les certitudes) de cette connaissance. Néanmoins, il n’a pas été jusqu’au bout de cette logique. Il s’est gardé de douter de sa propre existence, – d’où sa fameuse phrase, « je pense, donc je suis » - sinon il n’aurait pas pû écrire une ligne de son traité. Si l’on doutait sur tout, on éliminerait de nombreuses connaissances.
    Malheureusement, Descartes a fait une regrettable erreur de raisonnement. Sa méthode s’est basée uniquement sur le pouvoir de la raison. La raison pure et absolue ! C’est là que le bâts blesse. La raison est une capacité formidable pour explorer tous les chemins de la connaissance. Elle a fait reculer les frontières de l’irrationalité, de l’ignorance, de la superstition et de la bigôterie mais elle n’est pas absolue. Elle ne peut pas tout expliquer et tout prouver. Je ne peux pas prouver que j’aime ma femme, l’émotion, la beauté d’un coucher de soleil, l’art, la créativité, la conscience, l’esprit, les sens ou les axiomes mathématiques - que 0 est 0 et non -1 ou 1 (certains mathématiciens se demandent si zéro est un nombre et une réalité dans la nature !). Il y a des choses que nous savons intuitivement et apriori. La raison pure ne suffit pas dans notre recherche de la connaissance.
    D’autre part, la raison n’opère pas dans le vide. Elle s’exerce à partir des informations que nous recevons. Or ces données sont limitées et  souvent incomplètes. A l’échelle de l’univers, quelle est la somme totale de nos informations ? Albert Einstein a suggéré très généreusement que nous connaissons moins de 0.5% de la masse totale des informations dans l’univers. En supposant que c’est vrai, plus de 99.5% de la réalité cosmique échapperait au processus de notre raison.

     

    La foi et la raison
    La seconde étape de la réflexion entre dans la sphère métaphysique. La « preuve » cartésienne de l’existence de Dieu a vite été jetée aux oubliettes parce que, comme Eugenie Scott observe, « on ne peut pas enfermer une divinité omnipotente dans un tube d’essai ». Ceci n’a pas empêché l’Occident d’accepter dans un grand enthousiasme la méthode cartésienne. Au point de produire l’excès du rationalisme qui impose arbitrairement le dogme scientifique d’une dichotomie entre la foi et la raison. La foi serait quelque peu irrationelle ; la raison serait logique et éclairée. La croyance serait métaphysique (invérifiable) mais la science serait exacte. La frontière entre la science et la religion serait hermétiquement tracée. Mais sur quelles preuves s’appuie ce raisonnement ?     
    Jusqu’au XIX e siècle, la plupart des savants occidentaux – Pascal, Galilée, Kepler, Newton, Farraday, Pasteur et beaucoup d’autres – n’ont vu aucune opposition entre la foi chrétienne et la recherche scientifique.
    Certains d’entre eux étaient théologiens. Ils étaient ouverts à la possibilité d’augmenter leur savoir par une révélation extérieure à la seule force de la pensée. Ce raisonnement ne leur a pas semblé déraisonnable. Au contraire. Dans leurs observations scientifiques, ils ont vu des évidences d’une conception intelligente de la nature – confirmée par la science moderne. Ils ont conclu qu’il n’y a pas d’horloge sans horloger. Pour conclure autrement, il faut en vérité une contorsion assez extraordinaire des règles du raisonnement logique.
    Dans les faits, le rationalisme à l’état pur n’existe pas. La pensée procède par doses simultanées de foi, d’intuition et de raison. Dans mes lectures, j’ingurgite les données de dizaines de livres scientifiques. A mon étonnement, les savants semblent souvent avoir plus de foi que les théologiens. Des dizaines de théories scientifiques – parfois ahurissantes - ne sont pas soutenues par des preuves, tout au moins suffisantes. Certaines sont même invérifiables. Mais souvent on leur accorde le bénéfice du doute. Le cosmologue Carl Sagan a appelé le big bang « notre mythe scientifique moderne » (Cosmos, p.213).  Abondant dans ce sens, le cosmologue Edward Harisson appelle la cosmologie « la nouvelle religion d’aujourd’hui » (Dick Teresi, Lost discoveries, p.161). D’un autre coté, des milliers de découvertes archéologiques apportent des évidences de la véracité historique des récits bibliques. On en fait trop peu cas.
    L’astrophysicien Trinh Xuan Thuan observe : « Ce qui est nouveau, c’est que la science a découvert qu’elle a des limites. Les Grecs pensaient que la raison pouvait résoudre tous les problèmes, qu’elle pouvait appréhender tous les phénomènes. Mais la science, à mesure qu’elle progresse, s’est rendu compte que la raison ne peut pas aller au bout du chemin dans certains cas » (Le monde s’est-il créé tout seul ?, p.61). On sait aujourd’hui que la science n’est pas d’une exactitude absolue. En 1931, le mathématicien Kurt Gödel a démontré un théorème – le théorème de Gödel – qui a choqué les savants. Il a montré que l’arithmétique contient des énoncés « indécidables » dont on peut jamais dire par le raisonnement logique s’ils sont vrais ou faux. Aussi certains problèmes mathématiques ne seront jamais résolus par un ordinateur. On ne pourra jamais prédire le temps ou la trajectoire d’un électron avec précision. Pour la science, certaines choses resteront des mystères et seront à jamais imprévisibles.

     
    L’histoire religieuse et la raison
    La troisième étape de la réflexion porte sur la philosophie de l’histoire. Pour les rationalistes, l’histoire religieuse pose problème. Dieu, Satan, le paradis, les miracles, la création, les esprits, les visions ou les prophéties ne sont pas forcément des concepts déraisonnables ou faux historiquement. Mais dans le cas du judéo-christianisme, ils font appel à une autre source d’information, la révélation biblique (qui fournit certaines informations sur la réalité cosmique), que les rationalistes trouvent proprement inavenue. En vertu de quoi ? Thomas Jefferson, le troisième président des Etats-Unis, a écrit sa propre version des Evangiles en excluant la naissance virginale, les miracles, les prédictions et la résurrection du Christ parce qu’ils entraient en conflict avec sa vision du monde. Mais est-ce honnête et objectif de tronquer les faits qui défient le raisonnement rationaliste ?

     
    La méthodologie historique

    J’en viens maintenant à la méthodologie historique et à la question : « Qu’elle est la certitude de l’historien sur l’authenticité d’un évènement à caractère métaphysique – un miracle, une vision ou une révélation ? » En examinant les faits, il se pose une série de questions :

    1. « Quelle est l’ancienneté du document historique ? » Il faut au moins un siècle et deux générations d’écart pour créer une légende. Pour une raison toute simple. De leur vivant, les témoins démentiraient les faits fabriqués par le créateur d’une légende. Par exemple, l’authenticité des évènements rapportés dans les Evangiles est difficilement contestable car ils ont été écrit une trentaine d’années après les faits.

    2. « Quels éléments corroborent les faits ? » Les autres écrits contemporains (les critiques, les documents officiels, les tombes, etc) sont des sources appréciables de vérification. Par exemple, les documents originaux sur la biographie de Jules César n’existent plus. Les plus anciennes copies que l’on possède ont été écrites dix siècles après les faits.  Pour autant, les historiens considèrent les faits authentiques parce qu’ils correspondent aux informations que l’on connaît de l’époque. Autre exemple : de nombreux historiens pensent que la résurrection du Christ est un fait historique véridique. En effet, plusieurs historiens non chrétiens (romains et juifs) contemporains aux apôtres, tous hostiles au christianisme – notamment Flavius Josèphe -, ont attesté l’historicité de l’existence de Jésus-Christ mais surtout ils n’ont jamais démenti l’histoire, assurément « scandaleuse » à leurs yeux, de la résurrection. Etrange non ? Pas fous ! Selon l’apôtre Paul, Christ est apparu à au moins 500 personnes après sa sortie du tombeau (1 Corinthiens 15.6). Ceux-ci les auraient contredit.

    3. « Quels sont les motivations du personnage historique ? » Les historiens valident l’historicité d’un fait quand le personnage n’a aucun intérêt à le raconter. Que gagne le prophète Jérémie à inviter Sédécias, le roi de Juda, à déposer les armes et à se constituer prisonnier de Nabuchodonosor, le roi de Babylone, sinon que de se faire exécuter pour haute trahison ? Ce message prophétique est donc attesté comme étant authentique.

    4. « Quelle est la personnalité du personnage ? » Quel est son profil psychologique et sa cohérence comportementale ? Par exemple, la biographie du prophète Daniel révèle une personnalité très équilibrée. On ne trouve pas chez lui des signes de folie de grandeur, d’amertume ou d’irrationalité. Au contraire ! Trois rois lui confièrent les plus hautes responsabilités de l’état. On n’a aucune raison de penser que ses visions prophétiques – qui se sont accomplies à travers l’histoire - sont le fruit d’un esprit dérangé et déraisonnable.

    5. « Quelle est la cohérence entre le fait et la révélation biblique ? » Dans le cas du judéo-christianisme, si Dieu existe, il doit communiquer  avec ses créatures et la Bible doit indiquer comment on identifie les évènements miraculeux et visionnaires authentiques. Selon elle, la vraie connaissance est un mariage de la foi et de la raison (Hébreux 11.1) – une foi raisonnable en somme. Les historiens lui reconnaissent une valeur historique inestimable. 70% de son contenu rapporte des faits historiques ! Par rapport aux documents de l’Antiquité, la mythologie y est notoirement absente.

    6. « Quel est le contexte ? » Idéalement, l’historien veut visiter le lieu où l’évènement s’est produit. Ce contact direct permet de saisir des détails et des subtilités qui peuvent lui échapper. J’ai étudié l’histoire et la théologie de l’Eglise adventiste à l’université Andrews dans le Michigan, le berceau historique de l’adventisme. Je me suis immergé dans la culture, l’histoire, la géographie, le climat et la mentalité des gens de cette partie du monde. Ceci contribua à éclairer mon regard sur les débuts de l’adventisme.

     

    L’adventisme et la raison

    Les millérites n’ont pas opposé la foi à la raison. William Miller a appelé l’étude de la Bible, « un festival de la raison ». Les sabbatistes suivront leurs traces. Dans cet esprit, Ellen White a écrit : « Les expériences passées du peuple de Dieu ne doivent pas être traitées comme des faits morts » (Manuscrit 346). L’adventisme devait être un objet de la recherche historique.
    Est-ce raisonnable de suivre la règle rationaliste inapplicable d’une utilisation unique et absolue de la raison ? Nous l’avons vu, la science ne le peut pas. En étudiant l’histoire religieuse, nous ne cherchons pas des preuves absolues sur les faits rapportés mais des évidences raisonnables et suffisamment concluantes.

  • Dynamisme de l’enseignement privé adventiste en Guadeloupe : Le complexe scolaire de La Persévérance.

    Parler de dynamisme permet de mettre l’accent sur le caractère mouvant de l’adventisme. Cette religion n’est en rien figée. Il est donc faux de dire que les adventistes pensent ainsi, agissent de telle manière, en s’appuyant sur des anciennes convictions et observations. En effet, même s’il y a des permanences, les croyances et pratiques évoluent en fonction des contextes sociaux. J’insiste sur ce caractère dynamique aux Antilles car certains penseraient que l’adventisme serait un ensemble dogmatique figé. De plus, la notion de dynamisme est en clin d’œil à la culture antillaise qui connaît aussi un fort dynamisme. Là également il s’agit de contrecarrer des préconceptions. En un mot, parler de dynamisme conduit à renverser les idées reçues sur le religieux antillais.
    Ce dynamisme est perceptible quand on regarde la place que prend l’adventisme. Je prend un exemple bien précis : celui de l’éducation en Guadeloupe. Les établissements adventistes, du primaire au lycée, sont considérés, à des degrés diverses comme contribuant de manière significative à un enseignement de qualité. Une particularité forte symbolique est l’exemple de La Persévérance.

    La Persévérance est un complexe éducatif allant du primaire au lycée. A ces débuts il s’agissait d’un véritable défi. En effet, deux ans après la seconde guerre mondiale, alors que la Guadeloupe connaît les séquelles économiques et politiques de la tuerie qui venait de se dérouler en Europe, il était loin d’être évident de penser que la priorité était à la construction de ce qui allait être le premier établissement religieux protestant d’enseignement en Guadeloupe. Il est vrai qu’il s’agissait pour la Conférence générale d’intensifier et de diversifier l’implantation adventiste en Guadeloupe.
    Mais le défi était grand. Outre les difficultés dues à la sortie de la Guerre, par la suite, le groupe scolaire du faire fasse aux troubles qu’allaient connaître le quartier de son implantation. Pourtant, revers de la médaille c’est cette implantation qui va garantir son succès. La Persévérance sera connue comme « une bulle de paix, dans une zone délabrée » me racontait un ancien parent d’élève. Les valeurs adventistes devenaient progressivement une raison qui poussaient adventistes et non adventistes à inscrire leurs enfants dans cette école.
    La qualité de l’enseignement distillée fut parfois décriée. Aujourd’hui ce n’est plus l’opinion commune. La Persévérance est d’ailleurs pour nombres, un bon compromis entre valeur et qualité de l’enseignement.
    La première école privée protestante en Guadeloupe a donc réussi le défi des années 40, à savoir
    assurer la continuité de l'ensemble des valeurs chrétiennes et morales au travers d’une instruction de qualité, et de préparer de bons citoyens.
    Cette réussite de La Persévérance, appréciée insuffisamment au sein des rangs adventistes, a participé à donner à l’adventisme une visibilité sociale, comme le remarquait Raymond Massé dans les années 70. En d’autres termes, La Persévérance à contribuer, de mon point de vue, significativement, à faire de l’adventisme guadeloupéen, une religion de notoriété. Cette institution aidera de manière déterminante à faire la « bonne réputation » de l’adventisme (j’assume l’expression). Sa proximité géographique avec la Fédération guadeloupéenne est un élément à prendre en compte dans l’explication.
    L’évolution de la place de La Persévérance dans les représentations des individus marque bien le dynamisme énoncé plus haut. Cet établissement su prendre des virages, parfois difficilement (je me rappelle de la présidence engagée de Lucile Sabas). Comme toute structure d’autres défis sont là. Citons-en seulement deux :

    1. Le premier est certainement de garder le haut niveau d’exigence moral, qui fait de La Persévérance une structure remarquable et particulière.
    2. Le second est de se hisser au sommet de la hiérarchie des établissements scolaires.

    Répondre à ces défis nécessite que l’adventisme antillais apprécie à sa juste valeur cet outil. Pourtant paradoxalement, maintes adventistes ne semblent pas conscient de l'enjeu de la bonne représentativité que permet cette structure.

  • L'adventisme dans le rapport de la Miviludes

    Rapport Miviludes 2011, Sectes apocalyptiques, Télécharger le rapport contre les sectes, télécharger le rapport Miviludes, Eglise adventiste, secte, 2012 fin du monde, adventisme, fin des tempsLe dernier rapport de la Mission Interministérielle de Vigilence et  Luttes contre les rives Sectaires (DIVILUDES) vient d'être remis au Premier Ministre par son Président, George Fenech. Le rapport se penche sur les mouvements millénaristes et messianiques qu'elle résume dans la terminologie de groupes apocalyptiques.
    La Miviludes dans son premier chapitre fait un tour d'horizon de l'actualité des thèmes apocalyptiques. Après avoir très sommairement rappelée quelques déclinaisons du millénarisme et du messianisme, la Miviludes insiste principalement sur l'actualité de la fin des temps autour du New Age, et avec une moindre importance sur l'adventisme. Concernant l'adventisme voici ce qui en ressort :

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    Aujourd’hui, le millénarisme est au cœur de la doctrine qui prévaut notamment chez les Témoins de Jéhovah, chez les adventistes et les mormons (Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours), ainsi que dans la majorité des mouvements protestants. (P. 30)

    Que quelques groupes sont nommés avec l'adventisme et « une majorité des mouvements protestants ». Étant un des objets de ce blog il convient de revenir sur la place de l'adventisme dans le rapport et cela malgré le détournement de mes propos dont l'Eglise adventiste s'est rendue coupable dans son B.I.A, distribué à grande échelle, en prolongement d'une affaire d'exorcisme et de séquestration.

    L'allusion à l'adventisme comme un des mouvements apocalyptique dont le discours appellerait, selon la Miviludes, à des risques reste très globale et manque de précisions utiles. Il faut noter que l'une des particularités du christianisme, et en son sein le protestantisme qui est ciblé par la Miviludes, est d'avoir un discours adventiste, une approche de la fin des temps, avec énormément de variations. Jean Séguy (†) soulignait même la présence importante d'un catholicisme adventiste. Même si Jean Séguy n'est pas, avec un étonnante surprise, en bibliographie, la Miviludes note que :

    L’adventiste désigne quant à lui une doctrine issue d’une branche du protestantisme centrée sur l’attente du retour du Christ a la fin des temps, au jour dernier. Cette doctrine possède un sens commun avec le millénarisme par l’affirmation d’un savoir sur la fin du monde tire de l’interprétation biblique ou de prophéties. (p, 32)

    En lisant cette définition il n'y a pas que l'absence de Séguy en référence qui rend perplexe. Jean-Paul Willaime, Sébastien Fath, Raymond Massé, Bernard Blandres, Régis Dericquebourg ou encore David Beriss, Philippe Delisle, Laennec Hurbon... et surtout Henri Desroches (†) ont traité, pour ne parler que de ces derniers, de l'adventisme français, dans des orientations et problématiques très diverses. Et je ne tire pas la couverture vers moi qui ait le plus publié sur l'adventisme français tout en recevant des coups de bâtons de l'Eglise adventiste du septième jour, alors que la presse considère unanimement (sans que je le veuille) mes travaux comme éclairant favorablement le dynamisme de ce groupe religieux dans l'Europe Francophone. Par quelques aspects, certaines allusions de la Miviludes rallient l'histoire des religions et la sociologie des religions, même s'il y aurait tellement à redire. Ainsi, globalement (encore une fois il y aurait tellement à préciser...) la Miviludes dit concernant la doctrine adventiste :

    En parallèle, cette doctrine spécifique prend en compte davantage le constat de l’évolution négative de l’homme (conséquence du niveau de corruption de l’homme et de la dégradation de la société) que le rapport à la Terre et a des concepts écologiques. Pour les adventistes, aujourd’hui, face à une situation humaine et sociétale dégradée, il serait parfois légitime d’attendre voire d’espérer la fin imminente de ce monde, correspondant à un châtiment face au constat d’évolution négative de l’homme. Parmi les descendances de l’adventisme classique né en 1831 aux États-Unis et par suite des nombreux schismes issus de cette doctrine, on va retrouver à la fois les Témoins de Jéhovah, les églises adventistes, l’Église universelle de Dieu et l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. (32)

    On perçoit en filigrane le risque perçu par la Miviludes. Il ne s'agit pas ici de dire si cela est exact ou pas. Prenons la question autrement : est-ce une présentation qui correspond à la complexité de la réalité sociale protestante et plus singulièrement adventiste ?

    rapport miviludes 2011,sectes apocalyptiques,télécharger le rapport contre les sectes,télécharger le rapport miviludes,eglise adventiste,secte,2012 fin du monde,adventisme,fin des tempsLa réponse est non. Pour cela disons déjà simplement ce qu'est un groupe messianique. Ce sont des groupes qui espèrent en la venue d'un messie pour établir un ordre nouveau. On parle de groupe millénariste quand dans la chronologie des faits qui annoncent l'ordre nouveau intervient une période de "mille ans". L'adventisme est un type majeur du millénarisme messianique comme le soulignait Henri Desroche à l'inverse de ce que vous trouverez dans wikipédia. Ce rappel fait que nombres d'organisations peuvent être englobées et au-delà du christianisme.

    Maintenant que le vocabulaire est posé, un reproche central peut être opposé à la Miviludes, c'est celui du catastrophisme. L'adventisme est présenté uniquement comme un potentiel risque alors que l'observation sociologique laisse apparaître une réalité plus complexe. Les membres des organisations protestantes considérées comme apocalyptiques s'investissent de plus en plus dans la société globale et n'ont pas un regard sans espérance sur l'avenir et le quotidien. Au contraire les organisations protestantes tendent à être un source d'encrage rationnel dans la société, loin de pessimisme et du catastrophisme. Ce dernier existe mais n'est pas une réalité univoque. La complexité de messianisme millénariste est dans un discours qui dépeint une réalité et un avenir pessimiste, tout en se considérant comme ayant des responsabilités religieuses, morales, éthiques qui poussent à s'investir dans la société. Ils se perçoivent comme des forces constructives et donc loin d'un langage de la destruction, mais de la construction. Evidemment dans un complexité. L'attente d'une fin imminente n'est d'ailleurs pas uniquement dans la destruction générale du monde. Nombres de groupes tempèrent cet aspect de leur discours face à l'épreuve du temps. Beaucoup intègrent d'autres aspects plus relatifs comme la simple mort naturelle à l'échelle individuelle. L'ambition n'est certainement de participer à une destruction du monde, même si celle-ci est encore une fin décrite comme inéluctable, heureuse et impossible à situer exactement dans le futur, sauf exception.

    rapport miviludes 2011,sectes apocalyptiques,télécharger le rapport contre les sectes,télécharger le rapport miviludes,eglise adventiste,secte,2012 fin du monde,adventisme,fin des tempsParler des groupes protestants millénaristes comme des espaces qui participent au dynamisme de la vie sociale loin des exemples dramatiques de morts collectives semble être une difficulté pour la Miviludes. C'est peut être un choix non exclusif ! Dans ce cas, il est à regretter de ne pas le rencontrer dans le rapport clairement même si des interprétations marginales peuvent surprendre et doivent attiser la vigilance. Plusieurs mouvements protestants étant dans le viseur de la Miviludes même si seul l'Eglise adventiste est nommé, il faudra certainement s'attendre dans le jours qui suivent une réaction de la Fédération Protestante de France, ce qui après tout serait tout à fait légitime.

  • Petite brève sur plus de 160 ans de présence adventiste dans la presse française.

    Archives, Presse, Eglise adventiste du septième jour

    L'Eglise adventiste du septième jour apparaît dans la presse dès le XIXe siècle en France. En 1852 dans le journal catholique L'ami de la religion du Roi, journal de revue ecclésiale (1814-1862), Henry de Courcy présente la SDA comme une secte qui remporte la palme du produit le plus honteux du protestantisme (p. 504).

    Les journaux Le temps (Numéro 6590 du 7 mai 1879) et Le Gaulois (numéro 3298 du 9 septembre 1891) relatent l'installation de l'Eglise adventiste du septième jour en notant la modernité des stratégies de communication adventistes. Les tentes adventistes qui hébergent le public, le professionnalisme de l’installation, la capacité à communiquer étonnent. Globalement, la presse note l'insistance adventiste à observer le samedi comme jour de repos. Cet attrait « exotique » de la SDA attire l’attention.

    Les journaux soulignaient le refus d'adventistes de participer aux activités militaires le samedi malgré des condamnations de tribunaux. Juste avant la Grande guerre, La Croix relate une condamnation en Allemagne d’un adventiste objecteur de conscience. (La Croix, 8532 13-01-1911, La Croix, 9509 du 15-03-1914, Le Journal 7789 du 23/01/1914, Paris-soir 4600, du 29/01/1936…). Ceci permet de souligner que Desmond Doss rendu célèbre dans le film de Mel Gibson Tu ne tueras point (2016) n’était pas l’unique adventiste ayant du subir des brimades au sein d’une armée lors de conflits mondiaux. Ce fut également le cas pour maintes de jéhovistes.

    Le quotidien parisien Le Matin (1884-1944) dans son édition du lundi 4 février 1895, reprend dans une brève intitulée « Suprématie de la loi civile » la confirmation en appel, par le Conseil Fédéral Suisse, à des amendes les adventistes qui refusent de scolariser le samedi leurs enfants. Le Matin décrit en 1930 le baptême par immersion pratiqué par les adventistes. Cet autre « exotisme » adventiste fait plus que surprendre. Le journal le qualifie de « pittoresque ». Le Parisien dans une tentative d’analyse du rite baptismal par immersion indique l'étrangeté de l'immersion en notant toutefois qu'il s'agit d'une pratique répandue bien que globalement inconnue en France (Le Parisien 12030, 6/10/1909).

    La SDA est donc initialement décrite dans la presse comme une secte en tension avec la société globale. Des journaux y voient une pratique américaine surgeon du fondamentalisme religieux. Cette image va persister mais sera enrichie par un adventisme qui répond à des attentes sociales. En effet, la SDA a été plus récemment présentée dans les médias en France au travers de ses actions sociales (ADRA), sa maison de retraite, ses manifestations culturelles et cultuelles, ses participations à des activités interconfessionnelles. Ses responsables participent à l'émission Présence protestante de la FPF et des radio confessionnelles chrétiennes. La perception de l'adventisme dans les médias français a toutefois souffert d'un fait-divers en 2011 où des individus se réclamant de le SDA furent interpellés puis condamnés en 2014 pour des faits de torture par exorcisme. Cependant l'image de l'adventisme semble rester discrète et positive.
    A l'échelle internationale, la présence du célèbre neurochirurgien adventiste Ben Carson et de Ted Cruz, sénateur (époux de Heidi Cruz femme adventiste), face à Donald Trump pour les primaires républicaines aux USA en 2016 a remis la SDA en avant plan, sans pour autant changer sa perception en France (Fabrice Desplan, 2016).

    L'intérêt adventiste pour la santé a été très souvent souligné par la presse. Reprenant l'étude Adventist Health Study 2, la revue Sciences et vie1 indique que l'espérance de vie des végétariens est supérieure de 10ans par rapport aux individus ayant un régime carné. En juin 2013, le journal Le Monde2 remarquait la centralité de la santé dans le discours adventiste. Le Figaro santé soulignait le 21 juin 2016 que :

    L'un des premiers bénéfices identifié dans une vaste étude scientifique le fut dès 1984, dans l'American Journal of Epidemiology, après vingt années d'observation de plus de 27.000 Californiens membres de l'Église adventiste du septième jour. Des protestants dont l'hygiène de vie recommande le végétarisme ou, à défaut, l'alimentation la moins carnée possible, mais aussi de ne pas boire, ne pas fumer et de faire de l'exercice. Un bon terrain d'étude pour les épidémiologistes qui souhaitaient isoler le paramètre «viande ». Résultat: une mortalité coronarienne (cardiaque) supérieure de 60 % chez les consommateurs quotidiens de viande par rapport à ceux qui en mangent moins d'une fois par semaine.

    Que retenir ? Si vous avez lu le dernier chapitre de mon lire Regards croisés sur l’Église adventiste du septième jour, la SDA reste peu abordé par la presse et reste un objet de curiosité. Cependant depuis son installation en France comme le montre 164 ans de presse écrite, elle est une organisation religieuse qui globalement est décrite comme porteuse de valeurs ajoutées. La santé, l’éducation, l’intérêt porté à la Liberté religieuse et de conscience, sont des arguments non exclusifs rapportés par la presse pour souligner l’originalité, la valeur ajoutée de la SDA.

  • La justice reconnaît l'aumonerie des Témoins de Jéhovah

    Témoins de Jéhovah, Prison, Aumonerie jéhovah en prison, centre de detention de MuretLors de mon intervention à Paris à l'occasion du colloque Réveil du religieux et éveil de la société, je revenais sur différentes stigmatisations malgré une jurisprudence de plus en plus sensible à l'égalité de traitement d'individus en fonction de leur pratique et croyance. Maître Ducrey prolongeait dans ce même sens. Nous notions, successivement, l'entêtement du Ministère de la justice face aux demandes de Témoins de Jéhovah qui veulent exercer en prison leur culte. Malgré une jurisprudence européenne claire, des jéhovistes sont discriminés en prison en raison de leur pratique religieuse. La position de l'administration carcérale est très tendue autour de l'aumonerie. Elle rechignait, et rechigne, à étendre aux jéhovistes le droit à une aumonerie et donc de satisfaire directement aux besoins religieux des prisonniers de cette organisation religieuse.

    Le récent arrêt admibistratif marque une grande victoire pour les jéhovistes, mais plus largement pour le respect des diversités des pratiques religieuses qui répondent aux exigences légales. Non seulement la cours reconnaît aux TJ le droit à l'exercice de leur culte mais surtout elle déboute l'administration pénitentiaire qui refusait jusque là de reconnaître l'aumonerie jéhoviste.

    Il faut le reconnaître, cela ouvre une jurisprudence sur laquelle il faudra veiller. Le travail pour les surveillants en prison est complexifié, mais ce n'est rien face au respect des libertés, dont celles de religion et de conscience. Et, là, ce n'est pas être jéhoviste ou non qui compte, c'est le respect de libertés fondamentales qu'il faut protége.

    Reste que le Ministère peut se pourvoir en Cassation. Mais au regard de la jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l'Homme, se serait un risque bien vil car la CEDH ne manquera d'imposer à la juridiction française le plein droit des plaignants jéhovistes.

  • Célébration idolâtre de Johnny Hallyday selon Michel Serres

    Michel Serres, Idolâtrie de JohnnyL'enterrement de Johnny Halliday ne peut qu'interroger l'analyste du fait religieux. En parler c'est poser l'idée de pouvoir traiter le sujet différemment que l'a proposé les médias et la liesse. C'est d'ailleurs cette convergence dans une forme de dévotion nationale d'un homme qui pousse à la réflexion. De plus l'exercice est compliqué car il faut veiller à ne pas blesser vainement.
    L'exercice est compliqué. Il fallait bien un grand Michel Serres pour l'aborder avec une facilité et une profondeur extrême. Dans la chronique Le sens de l'Info sur France Info avec Michel Polacco, Michel Serres montre combien que les funérailles de Johnny ont été une célébration qui a fait du chanteur décédé une véritable idole. Oui, vous avez bien lu. Serres note l'omniprésence de vocabulaire religieux dans les interventions des proches et stars françaises.
    Le plus fin était de souligner les attitudes de la foule, des individus dans l'Eglise, des hommes politiques et des stars. Tous à leur place, dans leur rôle, ont réalisé une véritable dévotion. Michel Serres ose (et bravo) la question: à quelle religion participaient tous ces gens ?
    Cette cérémonie, indique le philosophe, avait tous les traits du polythéisme. Pour lui cela illustre l'idée de Bergson selon laquelle la société est une machine à fabriquer des dieux. Ce fut le cas avec Johnny devenu une idole et sacralisé à l'Eglise de La Madeleine par d'autres idoles (stars) en formation. C'est l'illustration selon Serres de l'apothéose qui est la transformation d'un mortel en dieu! Tout est dit et bien dit. Mieux, écoutez.


    podcast

  • Archives video de la commission parlementaire relative à l'influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséque

    medium_s_levy.jpgUne brève note pour informer que Sébastien Lherbier signale la mise en ligne des archives vidéo de la commission parlementaire. Comme lui, dans la continuité de la précédente note, je vous invite à visionner l’audition de Didier Leschi, responsable du Bureau des cultes au Ministère de l’Intérieur. Enfin, regardez des réactions des parlementaires, qui se renferment à observer les Témoins de Jéhovah avec un dogmatisme sectaire, alors que l’auditionné, s’appuyant sur ces observations et la jurisprudence, invite à considérer les TJ comme une association cultuelle.

     

    Les archives : http://www.lcpan.fr/sommaire_secte.asp

     

    Plus particulièrement l’audition de Didier Leschi du 17 octobre et diffusée le 23 octobre : http://www.lcpan.fr/secte29.asp?tc=000000

     

    Blog de Sébastien Lherbier : Droits des religions.

  • Du caractère diffamatoire de propos visant à dénoncer la dangerosité des pratiques d’un mouvement religieux.

    Dans son édition datée du 23 septembre 2009, le quotidien Le Monde reproduit, au registre des publications judiciaires, le texte suivant : « Par arrêt du 10 juin 2009, la  11ème chambre A de la cour d'appel de Paris a condamné Jean Pierre BRARD à indemniser la Fédération chrétienne des témoins de Jéhovah de France, à la suite de propos diffamatoires tenus par lui et diffusés dans le journal télévisé de TF1 de 20 H du 20 juillet 2006 ». Cet arrêt, qui annule partiellement le jugement du Tribunal de grande instance de Paris du 11 juillet 2008 et condamne le prévenu à verser un Euro de dommages intérêts à la Fédération chrétienne des témoins de Jéhovah de France, revêt, en dépit de son caractère plutôt confidentiel, un intérêt certain pour le droit des religions.

    Lire la suite sur http://www.droitdesreligions.net

  • Retour de légitimation intellectuelle du racisme d'A. Finkielkraut sur fond d'antiracime et d'anti-antisémitisme

    medium_finkielkraut_alain.jpgL’approche de l’humain par la sociologie de la religion produit souvent des conclusions qui déroutent ceux qui restent enfermés dans une vision monochrome du Monde tel Alain Finkielkraut. Après avoir traité les antillais de fainéant, au mépris de l’évidence historique d’individus qui courbèrent l’échine sans un sou de salaire (Cf. à ce sujet la réponse de R. Confiant), monsieur Finkielkraut, profite de son auditoire grandissant pour de nouveau faire l’amalgame voulu, maitrisé et provocant entre antisémitisme et revendications noires en France. 

  • Les frères : de Plymouth à nos jours. Une critique protestante de la modernité

    Je reçois des livres par la poste directement en lien avec le blog. Ce sont des ouvrages de sciences humaines qui traitent

    Massimo Introvigne, Domenico, Les freres de plymouth à nos jours.jpg

    de la religion. D'autres traitent des Antilles. Souvent il s'agit simplement de plaquettes d'éditeurs. A force d'en recevoir, il devient évident, de simplement vous faire part des livres reçus. L'idéal est d'avoir vos réactions sur les ouvrages. Pour commencer, j'ai regardé dans les cartons (plus de place dans la bibliothèque) et je me suis rappelé du livre "Les frères ; de Plymounth à nos jours. Une critique protestante de la modernité" de Massimo Introvigne et Domenico Maselli. Je pouvais vous en faire ici un compte rendu, mais j'ai trouvé la présentation qu'en fait Bernard Blandre dans la revue Mouvements religieux (Mouvements Religieux, numéro 334-335, mars-avril  2008, p. 15). Elle est très pédagogique. Alors je fais un copier-coller. Surtout, Bernard Blandre est le meilleur français historien de l'adventisme. Plus largement c'est un spécialiste des mouvements millénaristes, dont l'Eglise Adventiste. Bénéficier de son regard est donc essentiel. Voici sa présentation de l'ouvrage*.

    Le livre de M. Introvigne et D. Maselli présente un mouvement protestant aux multiples ramifications qui trouve ses origines dans le renouveau millénariste qui a accompagné et suivi la Révolution française de 1789 et dans l'œuvre du jésuite chilien Manuel Lacunza, Venida del Mesias e gloria y majesdad (1811) traduit en anglais par Edward Irving en 1827. Lacunza écrivait que le royaume de Dieu n'était pas encore établi, que l'Antéchrist se manifesterait dans le cadre d'une grande crise de la chrétienté dont la Révolution française était un début, que le clergé romain était devenu apostat et donc que les Juifs redevenaient la partie active de l'Eglise. L'Antéchrist persécutera les Juifs fidèles à Dieu ; alors Jésus ressuscitera les chrétiens morts et rencontrera au ciel les croyants vivants et ressuscités. Il apparaîtra en gloire, vaincra le clergé apostat, s'installera à Jérusalem d'où il règnera sur le monde. Alors surviendra le jugement dernier.

    Ces thèses millénaristes ont été adoptées par des groupes plus ou moins informels de protestants britanniques attachés à la conversion personnelle, hostiles aux Eglises établies et à toute forme de structuration ecclésiastique, notamment à Oxford, Dublin, Plymouth et Bristol. Aucun chef ne dirigeait l'ensemble à lui seul, mais la personnalité de John Nelson Darby a profondément marqué le mouvement.
    Darby croyait à la méchanceté innée de l'homme. Il voyait dans l'histoire une série d'interventions divines (dispensations), chacune ayant échoué à cause des hommes. Mais il subsiste un résidu fidèle. L'Eglise devait avoir des apôtres, des anciens et des diacres mais du fait de la défaillance des apôtres il est impossible de reconstituer une Eglise apostolique. Le résidu doit donc se détacher des Eglises établies et créer des assemblées locales qui attendent le retour du Christ et participent à la sainte cène. Du monde anglo-saxon, le mouvement s'est répandu sur le continent européen ; le livre contient des développements importants sur l'implantation en Suisse et en Italie.
    Dans ce mouvement qui n'a jamais eu de dirigeant unique, les oppositions doctrinales, les réticences à toute forme d'autorité supérieure au groupe local et a contrario la tendance d'assemblées influentes pour des raisons historiques (à Londres notamment) à intervenir dans les affaires intérieures des autres, ainsi que le degré plus ou moins grand d'ouverture ou de fermeture aux contacts avec d'autres groupes religieux ont provoqué de multiples dissidences. Une lecture cursive du livre donne l'impression d'un extraordinaire fouillis résultant de processus complexes de composition - décomposition - recomposition suivi de nouvelles ruptures. Une classification établie par l'US Bureau of the census complétée par les travaux de Piepkorn aboutit à distinguer une dizaine de tendances, des Frères I aux Frères X, la distinction essentielle étant celle qui sépare les frères larges des frères stricts. Une lecture plus attentive permet d'y voir plus clair, et de remarquer l'existence de divers groupes qui n'ont pas fait l'objet d'une numérotation, certains importants comme l'Eglise locale de Watchman Nee et Witness Lee.

    Un livre utile pour une première approche d'un mouvement religieux complexe.

    * Voir le site du CESNUR : http://www.cesnur.org/2008/freres_01.htm

  • L’écologie politique: une réécriture de l’écologie adventiste.

    écologie politique.jpgLes études des sociologues ont démontré durant tout le XXe siècle que l'on ne peut pas opposer modernité et religion. L'une influence l'autre. Les valeurs religieuses ont participé à faire émerger la modernité. De son côté la modernité a accentué une distance avec les institutions religieuses. Mais il y a des points sur lesquels les problématiques récentes de notre société ne font que relancer des acquis religieux anciens. Tel est le cas de l'écologie politique. Les écolos seraient peu à être d'accord, mais en de nombreux points l'écologie politique est une réécriture de croyances religieuses.

    Ecologie politique 02.jpgEn France les Verts y ont ajouté des questions sociales et éthiques distante de la religion comme le mariage des homosexuels. Mais si on regarde les fondamentaux que l'écologie politique ils sont communs à des positions religieuses. Une meilleure gestion des ressources, le souci des générations futurs, faire de la bonne gouvernance écologique un moteur de croissance, ou encore une amélioration des relations entre les générations sont des points forts de l'écologie politique présents dès les premières heures du judaïsme. Mais aujourd'hui, c'est certainement l'Eglise Adventiste qui est une meilleure représentante de la présence de valeurs religieuse dans l'écologie moderne. On le sait grâce aux nombreuses études américaines et une simple lecture de la profession de foi adventiste, les membres de cette église ont une plus grande espérance de vie quand ils appliquent les préceptes adventistes. Nous l'avons déjà dit sur ce blog, l'adventisme sensibilise grandement ses membres aux problématiques sanitaires et écologiques. C'est en ce sens que j'ai parlé d'une religion de la santé (on peut dire la même chose sur l'éducation). Prohibition de drogue, d'alcool et de tabac, encouragement à l'exercice physique, apprentissage du respect de la nature, le souci de minimiser l'empreinte écologique, l'éducation à la santé, et j'en passe car la liste est longue. L'adventisme créera tout un univers de sens pour sensibiliser ses membres. Il parlera de Gestion chrétienne de la vie. Le libellé est très explicite et a été repris dans les discours écologiques. La gestion chrétienne de la vie n'est rien d'autre que l'Ecologie politique ! Que retenir ? Simplement ce que disait Jean Séguy en 1993 concernant l'adventisme : « les adventistes du septième jour constituent un groupe religieux qui tend à intégrer les principes de l'éthique protestante à ceux de l'éthique sociale et environnementale ». De fait, Jean Séguy parlait « d'Ecologisme adventiste ». Sur ce point, Pierre Cabant note dans sa thèse de doctorat sur « L'Ethique de l'environnement adventiste » que « le concept adventiste de gestion chrétienne de la vie semble préparer les répondants adventistes à intégrer les trois valeurs de base, telles que la sauvegarde de l'environnement, l'équité sociale et le progrès économique, tout en se fondant sur les valeurs religieuses propres à leur confession. Les valeurs sociales et éthiques de l'adventiste n'entreraient pas en conflit avec les objectifs du développement soutenable ».

    Ecologie politique 03.jpgCela me permet d'insister sur le fait que l'adventisme en intégrant la Fédération Protestante de France contribue à orienter le protestantisme français vers les préoccupations sociales et environnementales. Ce n'est pas une nouveauté, mais les conceptions adventistes sont les plus en phases avec les défis de l'écologie politique. De fait, l'adventisme est aussi une réponse religieuse ancienne, pertinente aux questions écologiques. Voici qui conduit à affirmer que les enjeux de la modernité ne s'opposent pas en permanence avec les propositions religieuses. Il y a des ponts entre les deux. L'adventisme en est un. Sans jeu de mots négatif il permet une véritable mise au vert de la religion à une époque où l'on voit rouge quand on parle de religion.